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Carles DIAZ, Prix de poésie Bernard BLANCOTTE

Présentation de Carles DIAZ 
Prix de poésie Bernard BLANCOTTE de l’Académie du Languedoc

pour son recueil de poésie « POLYPHONIE LANDAISE »

Présentation par Maryse CARRIER 52ème fauteuil
(11 mars 2023) 

 Monsieur le Secrétaire perpétuel et Monsieur le Président de l’Académie du Languedoc, Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres associés, Mesdames et Messieurs, chers amis…

            – Première surprise : les Editions Gallimard ont adressé un jour à l’Académie du Languedoc le recueil de poésie de Carles Diaz, intitulé « Polyphonie landaise », pour nous faire découvrir à la fois une œuvre et un poète d’exception, un poète franco-chilien d’expression française, né le 23 septembre 1978 à Providencia, située dans la banlieue Est de Santiago du Chili.

            – Deuxième surprise : Après de brillantes études au Chili il obtiendra le titre de docteur en histoire de l’art à l’université… de Bordeaux. Puis renonçant à l’enseignement, il occupe depuis 2018 la fonction d’attaché parlementaire, chargé des dossiers liés à l’éducation, à la culture, au patrimoine ainsi qu’à la vie associative et au sport. Vaste programme !

         D’autre part Carles Diaz très attaché à la culture occitane, est un membre actif de « l’Ostau occitan », et a même publié en 2019 un ouvrage bilingue Français/Oc, intitulé « Sus la talvera », plusieurs fois récompensé, car notre poète et historien de l’art est très investi dans le domaine de la protection patrimoniale des langues et de leur promotion.

         – Carles Diaz, vous résidez actuellement à Bordeaux dans le département de la Gironde, limitrophe du département des Landes, dont la géographie est très éloignée de celle de votre Chili natal !

         Et voici que ce « somptueux paysage » des Landes de Gascogne (comme vous le désignez) va exercer sur vous une irrépressible fascination que vous allez transcrire dans cet étonnant diptyque, intitulé « Paratge » complété par  « Polyphonie landaise », aux textes magnifiés par une langue choisie, mais complexe  car riche en symboles et métaphores !                                                                                   

Commençons par « Polyphonie landaise », composée de 26 textes rédigés dans une prose lyrique et sobre. Convaincu de l’existence de « multiples réalités supérieures et d’une langue de haute portée reliée à l’insaisissable qui donne les clés du monde », vous avez éprouvé « l’envie de passer de l’autre côté du miroir » pour définir tous les éléments : les forêts de pins (avant le désastre de 2022), leur parfum, le vent, le sable, la végétation, les sources, la dune, les pierres, du feu visible ou invisible…. »  Car ce sont bien tous ces éléments perceptibles et imagés qui caractérisent ce paysage, cette réalité, ce terroir des Landes, en sorte que, défiant le temps, « la beauté insigne des éléments s’arrache à l’oubli ».

         Dès le premier texte, le poète nous prévient en ces termes : « La tempête qui se prépare répandra le souvenir des cendres dispersées sur ces terres… »

        Le thème le plus récurrent étant celui de la lande (comment pourrait-il en être autrement ?), Carles Diaz, chantant le paysage qui échappe à toute temporalité,  nous la présente comme « Eternellement… pareille à elle-même »… « Elle s’enfuit, s’efface et revient embrasser un pays dépecé par la lumière ».

      Précisons que la lumière avec ses variations est omniprésente dans votre recueil : « Comme un mirage errant sur l’abreuvoir, reflétons la carrière du soleil qui darde ses flèches sur l’épi ! Perdons-nous pour ensuite aller à sa rencontre, l’accueillir et célébrer son lumineux retour ».

        Mais « dans le piège de la lumière », c’est aussi « le silence (quasi sacré pour vous)  qui est en embuscade », avec « le souvenir des ravines asséchées… des mélopées abandonnées et des mots inaudibles que je voudrais libérer de la poussière pour les accorder à la clarté indomptée de l’aube », dites-vous.

        Car le rapport au paysage n’est-il pas conditionné par le silence, l’observation, la concentration, sachant qu’il ne s’agit pas d’une contemplation passive, mais plutôt holistique, et que « la prétendue monotonie du paysage est fausse et obsolète ».

D’autre part la réalité des Landes, réservoir dynamique d’une mémoire, s’est forgée sur différentes strates, historiques, culturelles :

         Tantôt c’est une muleta qui doit triompher : «  Le taureau meurt fier comme le soldat à la poitrine offerte, fauché sur un champ de trèfles ; il meurt terrassé par l’ange aux brocarts de soie, fidèle au nom de ce dieu créé par lui-même à partir de la roche ».

       Tantôt le poète « …cherchant la beauté des grands espaces… dans les champs… » nous dit : « Ces croix de station au bord des chemins rappellent le souvenir d’un mystère errant… je vois un cortège de bannières à l’étoffe ancienne… et les souvenirs d’une beauté nouvelle viennent se confondre avec les écheveaux du temps volé. Elles sont portées par des jeunes gens recueillis, ralliés par l’amour de l’homme et l’entente avec l’invisible ».

Ainsi la réalité des Landes, combattant l’inachevé et la disparition, acquiert une puissance susceptible d’être universelle, voire universalisée.

   – Dans son prolongement, le deuxième volet de ce diptyque s’intitule « Paratge », vocable intraduisible de l’ancien occitan, que l’on retrouve  dans  la « Chanson de la Croisade contre les Albigeois ». Or les 35 poèmes en vers libres de « Paratge » abordent la question de la recherche d’une « noblesse d’âme », si chère aux troubadours occitans, qui ont célébré l’amour, l’honneur, la droiture mais également le  respect  de la personne humaine dans toute sa dimension.

          Ce respect quasi-sacré était d’ailleurs présent lui aussi dans l’autre partie, « Polyphonie », avec l’évocation du roi des Landes, le  pin, qui vous inspire même  de la compassion car avec : « Une entaille au flanc, les larmes de résine filent le long de son tronc ». Mais cet arbre, c’est aussi cette « feuille sur laquelle vous écrivez », or cette feuille ne vient-elle pas de l’agonie d’un de ces arbres ? »

En fait un subtil va et vient s’établit entre les 2 parties de ce diptyque, sans oublier que votre recueil fait fi de la temporalité.

            – Je terminerai en rappelant le titre « Polyphonie », qui en littérature désigne une technique narrative dans laquelle l’auteur superpose plusieurs thèmes qui se font écho selon des règles contrapuntiques. Or le maître du contrepoint en musique Jean-Sébastien Bach n’a-t-il pas repris une technique développée dès le Moyen Âge, qui a  vu fleurir toute une culture où poésie et musique étaient intimement liées pour constituer un art unique ? C‘est ainsi que le diptyque « Polyphonie landaise »/ « Paratge », (ce dernier faisant référence aux troubadours) mérite amplement le qualificatif d’art total.

           Je précise que dans ce recueil comme dans tous les autres, Carles Diaz nous invite à observer la réalité autrement, réaffirmant sans cesse des valeurs inaliénables, intemporelles, humanistes, si chères aux troubadours ; et j’ajouterai que notre poète est surtout animé de la profonde conviction que le poème est le moyen suprême non seulement d’observation du monde mais qu’il a aussi la noble vocation de le transformer dans « Un fracas de race rude/qui creuse dans le noir/pour en extraire la lumière », et aussi « pour entrer vivant dans la mort ».

                         

  Monsieur Carles Diaz, au nom de l‘Académie du Languedoc, je suis heureuse de vous offrir le prix Bernard Blancotte, écrivain et poète de Revel, président cofondateur de l’Académie du Languedoc durant l’année universitaire 1964-1965.

 

Réponse de M. Carles DIAZ

Toulouse, le 11 mars 2023

Monsieur le Secrétaire perpétuel et Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres de l’Académie des arts, lettres et sciences de Languedoc,

Toute création artistique est un exercice en miroir, une émanation de la vie. Je conçois l’écriture comme un médium, comme une transparence et dans cette transparence la parole est à la fois un lieu, une force et une promesse. Quand la poésie refuse d’être un ornement et s’adresse à quelqu’un, dépouillée du bavardage, de la complaisance et de la vanité, elle est tout à fait multiple, intemporelle et capable d’éveiller une volonté, de renverser le réel, de convoquer la nature sensible de l’humain et son devenir, de parler au présent et susciter un lien possible.

La profondeur de la parole est un défi, une mise à l’épreuve permanente, car il s’agit d’une condition. Elle demande à l’écrivain de saisir et d’affronter la réalité avec sa part de lumière et de ténèbres ; de vivre dans le monde, avec le monde, de concilier réflexion et sensibilité, imagination et travail. Écrire demande de vivre au bord d’un abîme, d’avoir une constellation dans le cœur, une source d’eau vive dans l’esprit et une brûlure d’amour dans la chair.

Parce que quand on écrit, on le fait avec la foi du naufragé sous la tempête, avec l’ardeur d’un visionnaire, avec le courage d’un héros face à l’épreuve, avec la force de l’agriculteur labourant le champ avec son attelage, avec la persévérance d’un vigneron qui prend soins de sa vigne, avec la patience d’un boulanger dans son fournil et avec la minutie d’un tailleur de pierres.

Je veux dire par là que le fait poétique va de pair avec le souffle de l’esprit où qu’il se trouve ; qu’un poème se doit d’être un horizon renouvelé, un morceau de bravoure et un idéal en perpétuel mouvement. Telle est mon ambition et la quête permanente qui anime mon travail.

Je suis reconnaissant d’être ici ce soir, avec vous, et voudrais vous remercier de cette distinction que vous avez bien voulu m’attribuer.
Je me sens honoré. Je tiens à vous le dire sincèrement :  le Languedoc résonne dans ma tête comme une épopée lointaine, comme une patrie qui, plus qu’un imaginaire ou un découpage territorial, est un Esprit et un idéal. Rien qu’en écoutant sa langue et en regardant ses fortifications, j’y ressens l’héritage de la culture cathare, de la civilisation occitane et ses valeurs universelles, ses principes et aspirations irréductibles dont le Paratge est la formulation la plus nette. Ce Paratge du XIIe siècle qui n’a d’égal que la symbolique qu’il représente. Il concerne encore et toujours notre destinée d’humains. Le Paratge doit être notre étendard pour l’égalité entre les êtres humains et guider l’engagement essentiel qu’il faut pour donner dignité et sens à la vie.
Carles DIAZ
 
Le recueil de Carles DIAZ « POLYPHONIE LANDAISE » est édité par les éditions Gallimard dans la collection nrf.

Présentation Michel GASC membre associé

Présentation de Michel GASC
en tant que membre associé de l’Académie du Languedoc
par Jean-Jacque CUBAYNES 6ème fauteuil

Chères consœurs, Chers confrères, Mesdames, Messieurs

Je commencerai par un très bref parcours biographique : Michel Gasc est né il y a un peu plus de 70 années à Garidech petite commune  à 17 km au nord-est de Toulouse.

Il passe son enfance dans son village natal, puis gagne Toulouse pour faire toutes ses études secondaires au Lycée Bellevue à Toulouse. Il poursuit non loin de là des études universitaires de médecine avant d’être reçu à l’internat.

Marié depuis plus de 40 ans,il est le père de deux enfants, un garçon et une fille.

Médecin il exerce la rhumatologie pendant toute sa carrière à l’Union et également dans un cabinet de groupe à Toulouse.

Dans ce contexte professionnel, il  exerce la fonction de président de la Société Midi-Pyrénées de Rhumatologie pendant une vingtaine d’années et celle de vice-président du Collège Français des Médecins Rhumatologues. Il a été membre du bureau national de lutte contre l’ostéoporose: la SOFOC.

Probablement hyperactif, à côté de cette activité professionnelle déjà très prenante, Michel trouve le temps de se passionner selon son expression, pour des « activités non professionnelles »

La première, la plus ancienne, la peinture ; il commence au début des années 2000 en copiant des tableaux de maîtres : De Vinci, Botticelli, Ingres, Cézanne, Renoir, Bonnard…

Il participe à plusieurs reprises aux expositions des Artistes Occitans.
Un de ses peintres favoris est Auguste Renoir,  il a l’honneur, d’être invité par la ville de Cagnes-sur-Mer et le musée des Collettes pour une conférence sur la vie et l’œuvre du grand artiste et ses difficultés à peindre liées à sa polyarthrite, manière d’associer expertise médicale et plaisir esthétique.

Dans le même esprit, lors d’un congrès médical, il donne  une conférence sur les vanités en peinture.

Autres activités qu’il cultive avec le sérieux de l’artisan, beaucoup plus manuelles celles-là, la menuiserie et l’ébénisterie.

Complètement autodidacte, il se prend d’amour, pour le travail du bois, il réalise  plusieurs meubles de style : bibliothèque, fauteuil, table bouillotte, colonnes grecques, il travaille actuellement à confectionner un bureau cylindre de style Louis XVI.

La sculpture l’attire, il rencontre notre confrère académicien Sébastien Langloys avec qui il a le plaisir de réaliser d’après photo un buste de Victor Hugo, un de ses écrivains favoris.

Il avoue aussi pratiquer des activités beaucoup plus conventionnelles, telles lecture, écoute de musique (Beethoven notamment), jardinage.

Quand je vous parlais d’hyperactivité, il me semble en avoir donné la preuve.

Je terminerai par une touche plus personnelle en vous disant que Michel Gasc sait être un ami précieux, attentionné, sensible, droit et rigoureux dans sa pensée et ses actes, bienveillant et chaleureux dans sa relation à l’autre, en un mot un parfait honnête homme.

Je vous remercie.

Soirée de Gala 11 mars 2023

Soirée de Gala de l’Académie du Languedoc
Hôtel Palladia – 11 mars 2023

Allocution d’ouverture par le Secrétaire perpétuel Dr Jean-François GOURDOU.

Mot du Président Henri COUSSE

Présentation de membres associés :

Présentation de Raymond de SAINT-MARTIN en tant que membre associé par le secrétaire perpétuel JF GOURDOU 1er fauteuil

Présentation de Serge GAMBELIN en tant que membre associé par Pierre PEREZ 38ème fauteuil

Présentation de Michel GASC en tant que membre associé par Jean-Jacques CUBAYNES 6ème fauteuil

Présentation de Vanessa DUC-PUGET en tant que membre associée par Jean-François-Régis GASTOU 54ème fauteuil

Présentation de Sylvie ABADIE BASTIDE en tant que membre associée par Georges BENAYOUN 23ème fauteuil

Attributions de Prix de l’Académie :

Prix du roman André SOUBIRAN attribué à  Jean-Marie BRUGERON. Présentation par le président Henri COUSSE  9ème fauteuil.

Prix d’histoire Gratien LEBLANC attribué à  Jean-Paul RIFFARD. Présentation par François-Régis GASTOU  54ème fauteuil.

Prix de poésie Bernard BLANCOTTE attribué à Carles DIAZ. Présentation par Maryse CARRIER 52ème fauteuil.

Prix de sculpture Georges GUIRAUD attribué à Béatrice FERNANDO. Présentation par Syllvie ABADIE membre associée et Joële REBERGA34ème fauteuil.

Prix de poésie Pierre GOUDOULI attribué à Laurent MACE. Présentation par Louis GALTIE 17ème fauteuil.

Prix de peinture Renée ASPE attribué à Alain MULLER. Présentation par le secrétaire perpétuel JF GOURDOU 1er fauteuil.

Prix de peinture Henri MARTIN attribué à Annie TCHAM. Présentation par Danielle MORA 10ème fauteuil.

Prix de la photographie Jean DIEUZAIDE attribué à Philippe GUIONIE. Présentation par Bernard POULHIES 29ème fauteuil.

Prix de théâtre Daniel SORANO attribué à Hervé CADEAC. Présentation par Michel CARRIER 33ème fauteuil.

Prix de musique Déodat de SEVERAC attribué à Dominique RIEUX. Présentation par Georges BENAYOUN 23ème fauteuil.

Merci à François-Régis GASTOU, Maryse et Michel CARRIER, Monique GRIESS pour les photographies insérées dans ce site concernant cette soirée de gala du 11 mars 2023.

Merci à Dominique RIEUX de nous avoir autorisés à présenter la vidéo du morceaux de sa composition qu’il a interprété pour cette soirée de Gala.

Eloge funebre de Roger ANGO

ELOGE FUNEBRE DE ROGER ANGO ACADEMICIEN AU 19 ème FAUTEUIL

Décédé le 27 février 2023 à Toulouse dans sa 92ème année
Obsèques religieuses le vendredi 3 mars à 14 H30 
en l’église Saint -Esprit rue Henri Desbals.
Inhumation au cimetière de Râpas de Toulouse

Par le Secrétaire Perpétuel le Docteur Jean-François Gourdou

Cher Roger ANGO

L’Académie du Languedoc est venue en ce jour de deuil, honorer de sa présence avec une gerbe de fleurs à nos couleurs, notre fidèle ami Roger ANGO Académicien titulaire de 19ème fauteuil.

Nous présentons nos chaleureuses condoléances à toute sa famille en particulier à sa sœur France, à sa fille Valérie, à son fils Dominique, et à ses 5 petits-enfants et ses amis venus nombreux en ce jour de recueillement de Bénédiction.

ROGER ANGO  a été un fidèle et brillant membre de l’Académie du Languedoc pendant 35 ans, c’était actuellement notre doyen. En effet vous aviez reçu le 6 juin 1991 à Paris de la part de la section parisienne de notre Académie, le prix Clémence Isaure. Puis vous avez été installé membre titulaire au 19 ème fauteuil le 20 janvier 1998 à Paris au Sénat qui est un de nos lieux prestigieux de séances solennelles. Votre parrain était notre regretté José Badie secrétaire perpétuel à l’époque. Vous avez ensuite été nommé le 6. 02 .2001 au 14 ème fauteuil de notre sœur ou fille l’Académie d’Occitanie.

Vous étiez bien un vrai Languedocien. En effet vous êtes né en 1930 à Montauban puis vous avez vécu en Ariège à Saint Girons, vous avez fait ensuite de bonnes études au lycée Fermat avec mention au bac et à l’Université de Toulouse où vous avez obtenu le diplôme de professeur agrégé de lettres en Anglais, suivi d’un séjour en Angleterre comme enseignant.

Ensuite vous ferez une belle carrière dans l’Education Nationale successivement professeur d’anglais au lycée Berthelot de Toulouse puis dans des fonctions administratives conseiller principal d’éducation au lycée nord de Toulouse puis au collège de Cazères 31 et ensuite Principaldu collège Clémence Isaure des allées Charles de Fitte de Toulouse et en 1992 vous serez Proviseur honoraire. Il faut préciser l’histoire du nouveau collège Clémence Isaure de Toulouse qui fut ainsi nommé par Roger Ango en hommage à son prix de l’Académie du Languedoc en 1991.

MAIS ROGER ANGO avait encore d’autres qualités notoires vous étiez un grand sportif un grand rugbyman en première division, trois fois finaliste du championnat de France avec le Sporting puis vous deviendrez secrétaire, trésorier, entraineur et président du Club de Rugby le TOEC à Toulouse. Vous recevrez à Toulouse en 1989 les gloires du rugby néozélandais et par un grand hasard le prêtre qui a officié à vos funérailles était néozélandais d’origine aussi il a chanté dans sa langue en dansant autour de vous le chant de son club de rugby.

Vous aviez encore d’autres passions la politique en Ariège avec les radicaux de gauche et  les Echecs et vous aviez obtenu de l’Académie de l’Education de faire des cours et concours à tous les élèves de vos classes. Aussi, du fait de tous vos mérites, vous avez eu des décorations prestigieuses : la Médaille d’or de la Jeunesse et des Sports et vous serez élevé au grade de Commandeur des Palmes Académiques

TRES CHER ROGER ANGO l’Académie du Languedoc gardera toujours le souvenir d’un grand Académicien, d’une personnalité marquante de Toulouse et surtout d’un fidèle ami convivial et chaleureux .nous ne t’oublierons pas .Au Revoir , A    Dieu .

Eloge funebre de Nicole GRADT-GARNIER

ELOGE   DE NICOLE GRADT-GARNIER
SAMEDI  3 DECEMBRE 2022  –  EGLISE DE BLAGNAC 31

PAR JEAN FRANCOIS GOURDOU

 TRES CHERE NICOLE, CHERS ACADEMICIENS, CHERS AMIS ET FAMILLE DE NICOLE GRADT-GARNIER

En tant que secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc j’ai l’honneur de faire pour la deuxième fois l’éloge de Nicole GRADT-GARNIER suite à son décès le 26. novembre 2022. Elle fut une grande académicienne du Languedoc, une muse de notre Académie.

En effet vous avez été installée membre titulaire au 44ème fauteuil le lundi 19 juin 2006 dans la magnifique salle des illustres du Capitole. Vous aviez deux parrains le regretté José BADIE D’ARCIS mon prédécesseur et moi-même.

D’une part vous êtes bien une vraie languedocienne, née à Toulouse le 3 mars 1931 fille du célèbre colonel GARNIER, descendante du tout aussi célèbre Président CAYROL de la cour d’appel de Toulouse et du briquetier de la Lande Joseph GALINIER d’où votre tombeau du cimetière de la Lande

Vous avez encore été l’épouse de toute une vie de monsieur Daniel GRADT grand expert comptable de Toulouse commissaire aux comptes et expert prés les tribunaux.

Vous avez eu ensemble 3 enfants Helene Laurent et Jérôme puis plusieurs petits enfants à qui nous adressons nos plus chaleureuses condoléances

Vous avez fait vos études au lycée Saint Sernin de jeunes filles de Toulouse et vous avez embrassé un temps une carrière médicale en devenant infirmière diplômée d’état  mais vous avez suivi  votre vocation d’artiste en entrant à l’école des beaux arts de Toulouse dans la section dessin et surtout en devenant  l’élève du sculpteur maitre TERRAZASSASE rue croix Baragnon.

D’autre part vous avez eu une grande carrière artistique de sculpteur avec votre atelier dans votre superbe hôtel particulier au 44 de la rue du capitaine Escudie tantôt au rez de chaussée en hiver et en haut en verrière en été.

Vous vous êtes spécialisée dans les terres cuites et les bronzes à la cire perdue dans la célèbre fonderie ILHAT de Frouzins en réalisant des bustes et de superbes femmes nues avec des noms Delphine ,Magali , Natacha. la mère et l’enfant, éveil de l’Europe

Nous en admirions quelques unes sur les marches de l’escalier, lors des sympathiques soirées que nous avons connu chez vous avec Daniel et tous vos amis.

Aussi vous avez expose vos œuvres dans de nombreux salons et galeries : à la mairie d Escalquens, au grand palais de Paris en 1992, au château de Brissac à Angers, au salon de l’espace Branly à Paris en 1997 ,au salon Septemvir de Bordeaux en 1997, au salon des artistes français à Paris ,au musée Jean Jaurès de Castres, au salon national des beaux arts de Paris et surtout au carrousel du Louvre à Paris en 1999’, 2000’, 2004

Aussi vous avez eu de nombreux prix dont celui de la ville de Toulouse pour le buste du maréchal Soult du jardin Sacarin au destin rocambolesque après un vol, prix aussi de la mairie d’Escalquens et du conseil général et surtout en 1997 le prix de sculpture Sarabezolles de l’Académie du Languedoc

Je terminerais en évoquant la maison de Soulac les temps heureux des vacances, de la pêche mais aussi encore des expositions artistiques. Au revoir chère Nicole, nous garderons tous ton souvenir de gaité, d’amitié et d’artiste, merci de votre attention.

Eloge funèbre Michel BASELGA

ACADÉMIE DU LANGUEDOC

ELOGE FUNEBRE DE
MICHEL BASELGA ACADEMICIEN AU 35éme FAUTEUIL

LUNDI   23 JANVIER2023 – EGLISE DE BALMA 10h

PAR LE DOCTEUR JEAN FRANCOIS GOURDOU
SECRETAIRE PERPETUEL

 

 MONSIEUR LE MAIRE DE BALMA, LES ADJOINTS, LES CONSEILLIERS ET MEMBRES DE LA MAIRIE        

 MESDAMES MESSIEURS LES AUTORITES CIVILES, MILITAIRES ET RELIGIEUSES, CHER MICHEL BASELGA

L’Académie du Languedoc tient a honorer son fidele membre titulaire Michel BASELGA décédé accidentellement le mercredi 18 janvier 2023.

En effet Michel BASELGA a été un brillant académicien de l’académie du Languedoc.

Tout d abord il reçu le 24 septembre 2007 dans la salle des illustres du capitole un prix littéraire pour son livre « Balma deux mille ans d’histoire. »

Ensuite le 12 décembre 2012 il fut installé membre associé par notre regretté secrétaire perpétuel José BADIE, lors d’une séance solennelle a la mairie de Colomiers.

En effet il avait toutes les qualités requises, languedocien du nord natif de Viviez en Aveyron et depuis balmanais.  Grand acteur de la vie aéronautique de Toulouse et conseiller puis maire adjoint de Balma, où ses 50 ans d’élu viennent d’être juste fêtés dignement par le maire Vincent NOVES en la mairie de Balma.

 Michel BASELGA organisa le 27 juin 2013 avec le maire Alain FILOLA une magnifique séance solennelle dans la salle des fêtes de la mairie de Balma honorant par des prix des femmes et des hommes de talent de Balma dont le peintre Philippe VERSELOTTI.

Aussi, ayant été assidu et actif avec plusieurs conférences, il a été installé le 29 novembre 2017 membre titulaire au 35ème fauteuil de notre académie à la succession du regretté Jean-Jacques ROUCH, lors d’une superbe séance solennelle dans la salle des illustres du Capitole présidée par le maire Jean-Luc MOUDENC, avec comme co-parrain son ami le curé BATISSE de Balma, que nous remercions pour sa chaleureuse célébration et hommage.

cher Michel BASELGA l’Académie du Languedoc ici présente par plusieurs membres, adresse à toute sa famille son épouse Renée et ses deux enfants, ses plus chaleureuses condoléances.

Cher Michel BASELGA nous t’adressons nos fidèles amitiés et nous conserverons longtemps le souvenir d’un grand gestionnaire élu, d’un grand et très aimable humaniste, d’un grand historien de Balma, d’un grand académicien et surtout d’un très grand ami.  Adisias

Merci de votre attention                                            

une gerbe de fleurs a été offerte par l’Académie du Languedoc

Eloge funèbre de Lucien VIEILLARD

ELOGE DE MONSIEUR LUCIEN VEILLARD

POUR SES OBSEQUES LE MARDI 30 NOVEMBRE 2021 A 10h30

DANS LA BASILIQUE SAINT SERNIN A TOULOUSE

PAR LE DR JF GOURDOU SECRETAIRE PERPETUEL

 

TRES CHER LUCIEN

Les membres de l’ACADEMIE DU LANGUEDOC sont venus nombreux honorer et accompagner leur éminent et fidèle confrère en ce jour de deuil.

 LUCIEN VIELLARD a été installé membre titulaire de l’ACADEMIE du LANGUEDOC au cinquième fauteuil le 8 juin 2001 à Toulouse et depuis il a été fidèle et assidu à nos réunions et séances solennelles.

LUCIEN VIEILLARD est bien un vrai languedocien né un jour de Noël  le 24 décembre 1923, rue le jeune ce qui le faisait toujours dire avec sourire :  un vieillard rue le jeun

LUCIEN VIEILLARD  fit  de bonnes études à Toulouse  à la faculté de droit , mais Lucien avait 20 ans pendant la deuxième guerre mondiale aussi il  s’engagea activement  dans la résistance, pour ces faits d’armes il reçut de nombreuses décorations dont Chevalier de la légion d’honneur,  Commandeur de l’ordre du Mérite, médaille du combattant et médaille de la Résistance.

 LUCIEN VIEILLARD devint huissier dans l’Hérault puis  progressivement directeur de la caisse de retraite ORGANIC  à Rennes en Bretagne

Mais a 45 ans LUCIEN VIEILLARD eu  une passion dévorante la peinture et à partir de cette époque il  sera artiste peintre  pendant presque 50 ans  jusqu’à nos jours, avec une  grande carrière internationale.

LUCIEN VIEILLARD  était   autodidacte et a été classé  peintre naïf, toutefois il se définissait plutôt comme peintre Imaginaire , plutôt natif  car sa peinture est d’après lui  pure et sincère

Sa peinture, essentiellement à l’huile, est très colorée, très précise avec des lignes nettes, presque toujours avec un bleu aux légers nuages. Sa peinture est figurative représentant des sites, des lieux des châteaux églises ,monuments emblématiques de nombreuses villes comme pour Toulouse les Jacobins, le pont   neuf, le pont Saint-Michel, pour Paris bien sur la tour Eiffel. Par contre pas de portrait toutefois quelques natures mortes.

Cette peinture est aussi étonnante car les tableaux sont presque toujours vides sans   personne, sans activité, sauf parfois en train, une vieille voiture voire en avion pour Toulouse un airbus  bien sûr.

Les monuments sont ainsi fixés dans le temps et dans un espace de rues vides comme un dimanche.

 Les Tableaux de LUCIEN VIELLARD,  comme tous ceux des artistes peintre en général, sont ainsi fixés pour l’éternité ce qui perpétue la mémoire et la personnalité  de l’artiste

 

LUCIEN VIEILLARD   commença la peinture à Toulouse avec en 1968 sa première exposition officielle dans la célèbre galerie                 Chappe aujourd’hui disparue, puis ensuite en 1970 rapidement à Paris dans la galerie Antoinette .il aura alors dans la presse d’excellents articles du célèbre galeriste de peinture ANATOLE JAKOVSKY

Un point particulier les tableaux de LUCIEN VIEILLARD sont tous signés LUC VIEILLARD en effet il était souvent nommé par sa famille et lui-même de ce prénom diminutif de LUC, car peut-être il se plaçait ainsi sous la protection de Saint LUC  le saint patron des artistes  peintres.

A partir de 1968 LUCIEN VIEILLARD va donc peintre régulièrement sans relâche, exposant tous les ans dans de nombreux salons et galeries de France du monde entier, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, Italie, en Slovaquie, en Israël, aux USA, au Venezuela, au Japon et même à Singapour.

 En 1995 avant qu’il soit membre titulaire de l’Académie il avait été connu et reconnu par notre ACADEMIE et avait reçu notre prix de peinture Renée Aspe lors d’une mémorable et magnifique séance solennelle au Conseil Départemental, alors logé dans les bâtiments de la préfecture que présidait alors le président PIERRE IZARD.

Les œuvres de Lucien vieillard sont présentes dans de nombreuses villes de France et dans le monde entier dans de nombreuses collections privées et dans de nombreux musées.

Enfin récemment en 2019 le conseil Départemental de la Haute Garonne avec son président le docteur Georges MERIC, lors d’un superbe cocktail, à crée et inauguré une grande salle particulière nommée SALLE LUCIEN VIEILLARD, dans le château de la Réole du Gers, pour exposer de façon permanente le leg de son vivant de 49 toiles de LUCIEN VIEILLARD.  On peut encore sur place se procurer le catalogue des œuvres exposées .C’est ainsi une consécration bien méritée qui perpétuera la mémoire et la grande notoriété de LUCIEN VIELLARD.

CHER LUCIEN L’ACADEMIE DU LANGUEDOC, SES 60 ACADEMICIENS TITULAIRES ET LES NOMBREUX MEMBRES ASSOCIES ET AMIS DE L’ACADEMIE T’ADRESSENT AINSI QU’A TA FAMILLE LEURS FIDELES AMITIES .

 NOUS NOUS SOUVIENDRONS TOUJOURS DE TOI ET DE TON ŒUVRE EN CREANT TRES BIENTOT UN NOUVEAU PRIX DE PEINTURE LUCIEN VIEILLARD. AU REVOIR

                                                                                                                                 DR JF GOURDOU

Eloge funèbre René TOLLEMER

ELOGE DU DOCTEUR RENE TOLLEMER

EGLISE D’AULON LE VENDREDI 11 FEVRIER 2022 A 15 h

PAR LE DOCTEUR JF GOURDOU
SECRETAIRE PERPETUELDE L’ACADEMIE DU LANGUEDOC

CHER GRAND AMI RENE, CHER LOUIS SON CHER FRERE, CHERS ENFANTS DE RENE,

CHERS NOMBREUX AMIS DU DOCTEUR RENE TOLLEMER

EN TANT QU’AMI A PLUSIEURS TITRES DE RENE TOLLEMER J’AI L’HONNEUR DE FAIRE SON ELOGE

Lorsque pour la délégation de l’ordre de Malte nous allions ensemble en voiture de Toulouse à Lourdes en passant par AULON, RENE me racontait son enfance à AULON et à SAINT GAUDENS.

Sa famille était originaire de Normandie du Cotentin ou il est né le 3 avril 1944 dans le village de SURTAINVILLES.

Ses parents après la guerre s’installèrent ensuite agriculteur à AULON, ainsi le jeune RENE fit ses premières études à SAINT GAUDENS, ou il noua de nombreuses et fidèles amitiés

RENE brillant élève fit ensuite de belles études supérieures la faculté de Médecine à Toulouse mais aussi à la faculté de Droit de Toulouse et de Paris

Dès lors il collectionna les diplômes de médecine en 1974 médecine du travail, en 1977 médecine du sport, en1981 psychiatrie, en1983 médecine aéronautique, en 1975 réparation du dommage corporel, en1980 gériatrie gérontologie, en1980 médecine d’urgence, en 1988 médecine subaquatique, en1985 médecine aérospatiale, en 1989 médecine d’assurances et en 1993 DEA de droit pénal. Puis une brillante thèse de doctorat en médecine et un équivalent en Sciences.

Mais comme RENE avait peu d’argent, celui-ci eut le mérite de financer lui-même ses études en étant en 1966 surveillant« pion disait-il » au lycée Fermât de Toulouse, puis maitre d’internat au lycée Rolland Garros et stagiaire à l’hôpital Marchand de Toulouse.

Enfin le 1 mai 1974,LE DOCTEUR RENE TOLLEMER installa son cabinet de médecine générale au célèbre 83 rue Bourassol à Toulouse, puis assez vite le 1 mai 1977définitivement de médecine psychiatrique. Il fut un travailleur Infatigable jusqu’ à son AVC il y a deux ans le laissant paraplégique, après un séjour en maison de retraite à Toulouse Saint-Simon, il avait eu le courage de revenir dans son appartement continuer ses expertises. Mais dimanche dernier à 17 h il décèdera brusquement dans son salon. Ainsi le docteur Tollemer aura eu 48 ans d’exercice médical, félicitations.

Nous nous sommes bien connus depuis longtemps à PLUSIEURS TITRES, comme beaucoup ici de ses amis venus ici lui rendre hommage.

Tout d’abord bien sûr EN MEDECINE, comme moi, surtout en qu’ en Expert médical près les tribunaux et la cour d’appel de Toulouse ou il fut un grand expert local et international . En  effet il eut plusieurs missions d’ expertises , de colloques, conférences à l’étranger où il voulait souvent m’emmener avec lui  mais mon métier de chirurgien ne l’a pas permis, ainsi il se rendit  au Portugal en 1986, en Egypte au Caire en 1985,  au canada en 1987, en 2000 en   Pologne, en Ukraine en  Russie , au Tadjikistan, en 2001 au Liban , en 2012 en Ouzbékistan …ainsi il fut un grand expert civil et pénal un  grand voyageur couvert encore de diplômes Internationaux. Mais il eut aussi de notables  fonctions locales de chargé de cours dans plusieurs disciplines, juge assesseur des tribunaux du TASS et du TCI, médecin Coordinateur de la République, et Professeur associé   dans plusieurs universités étrangères.

Il était aussi présent dans la VIE PUBLIQUE, René m’avait amené plusieurs fois faire campagne électorale à Saint-Gaudens où il fit partie un temps de l’équipe municipale.

Mais ensuite c’est surtout dans la vie associative où RENE excellait dans plusieurs associations.

Bien sûr tout d’abord dans les sociétés nationales et internationales D’EXPERTISES MEDICALES dont il fut administrateur de la compagnie des experts de Toulouse avec ici en hommage son président le docteur Georges Benayoun et sur le plan international président de l’EDEFI des experts de l’union Européenne.

Je citerai aussi L’ORDRE DE MALTE, RENE très croyant en faisait partie comme moi en tant que médecin. Il  avait assisté pendant plusieurs années au Grand Pèlerinage annuel de mai à Lourdes, il gérait aussi avec moi la délégation de Malte de Tarbes-Lourdes, aussi il avait reçu la médaille d’argent de l’ordre de Malte, une de ses préférées.

Ensuite une association qui lui tenait à cœur :  l’ASSOCIATION FRANCO-BRITANNIQUE du souvenir des anciens combattants Anglais et Français des deux dernières guerres mondiales. il en était le président national et de la région. Récemment lors d’une réunion repas de l’AFB, RENE malgré son handicap était venu en fauteuil roulant assister à la réunion. Il m’avait alors  confié la présidence de Midi-Pyrénées et avait remis  plusieurs médailles , en particulier au docteur Georges Benayoun, aussi le drapeau de l’AFB fut ici présent pour honorer notre cher RENE.

Une autre association lui tenait surtout très  à cœur LA LEGION D HONNEUR. Il avait été nommé          chevalier le 27 février 2004 et ensuite Officier il y a quatre ans lors d’une grande cérémonie au monument aux morts de Toulouse. Il était très assidu aux réunions de la SEMLH de sa section , Toulouse ouest  dont il fut vice-président, sous la présidence du professeur Virenque ici présent et du président  régional d’alors le  colonel Serge job ici présent, avec aussi Joële  Réberga, porte drapeau.

Une autre association encore lui tenait aussi très à cœur L’ACADEMIE DU LANGUEDOC, vénérable Académie de Paris et Toulouse. Il fut installé le 24 juin 2011 membre associé dans la salle des illustres du Capitole de Toulouse avec ses deux parrains le docteur Georges Bénayoun et moi-même, vu son assiduité il devint ensuite rapidement membre titulaire au 20éme fauteuil. 7 Académiciens sont ici présents avec leurs médailles pour lui rendre hommage avec la Bannière de l’Académie.

RENE a encore fait partie de plusieurs autres associations et a reçu de nombreuses autres décorations dont la médaille d’argent du travail et la médaille d’or de la jeunesse et des sports.

LE DOCTEUR RENE TOLLEMER FUT AINSI UN GRAND MEDECIN EXPERT EN PSYCHIATRIE, UN GRAND AMI, UN HOMME AIMABLE, TOLERANT, DISCRET, SOCIAL, UN FIDELE ET ASSIDU MEMBRE et PRESIDENT D’ASSOCIATIONS, UN SAVANT ET UN GRAND HUMANISTE.

Aussi en tant que secrétaire perpétuel et au nom de tous les membres de l’Académie du Languedoc, de l’ordre de Malte et de l’AFB j’adresse ici à notre cher RENE toutes nos chaleureuses amitiés et toutes nos amicales condoléances à sa famille, son frèreLlouis, son fils et son épouse, sa fille et son époux, et ses 3 petits-enfants et à tous ses amis et amies qui l’ont accompagné jusqu’à cette grande messe d’hommage de ce jour dans cette belle église et cimetière d’AULON.

 RENE TOLLEMER NOTRE AMI RESTERA TOUJOURS PAR L’ESPRIT DANS NOS FIDELES MEMOIRES

DR JF GOURDOU SECRETAIRE PERPETUEL ADLT.

Communication 17 janvier 2023

La Joconde de Montal

par Louis GALTIE (17ème fauteuil)

Le dessein de cette présentation n’est pas de vous retracer la vie d’un grand génie ni d’analyser une œuvre qui est devenue un mythe de l’Humanité. Il s’agit plus modestement de vous conter le périple du célèbre tableau entre 1940 et 1945 dans notre actuel Midi-Pyrénées. Je m’appuierai sur des documents officiels référencés et je passerai parfois par des anecdotes de détail qui, d’après moi, précisent des événements dont s’emparent des légendes de toutes sortes.

 Leonard de Vinci, né près de Florence le 14 avril 1452, est arrivé en France en 1516 à la demande de François 1er qui poursuivait une requête précédente du roi Louis XII. Installé à Amboise au Clos Lucé, il présente au roi trois de ses toiles majeures : Le St Jean Baptiste, La Ste Anne et La Joconde.

A son décès en 1519 à l’âge de 67 ans, Léonard fut enseveli dans une chapelle de la Collégiale St Florentin, plus tard ses ossements furent retrouvés et transférés dans l’actuelle chapelle St Hubert dans le parc du château royal.

Quelques dates : Louis XII 1462-1513, roi de 1498 à 1515 a vécu 53 ans.

François 1er 1494-1547. A vécu 53 ans

Victoire de Marignan1515, défaite de Pavie 1525.

 

Le tableau de La Joconde acquis par François 1er, peinture sur bois de 77 cm sur 53 cm, transmis aux collections royales est conservé au Musée du Louvre depuis 1802 sur décision de Napoléon 1er.

Lors de la 1ere bataille de la Marne en 1914 l’assaut de l’armée allemande fut difficilement contenu à quelques dizaines de km de Paris. Les autorités de l’Etat prirent rapidement conscience des dangers que couraient l’ensemble des collections du Louvre, soit par des bombardements, soit par la possibilité de saisies en cas de défaite de notre armée. Déjà on déplaça quelques œuvres majeures vers la province.

Dans les années 1930 un plan structuré de mise à l’abri des trésors du Louvre fut élaboré. Sous la haute responsabilité, technique et morale, de Jacques Jaujard (1895-1967), directeur des Musées Nationaux, il se déroula avec un succès décisif en 1940.Aujourd’hui la porte d’entrée de l’Ecole du Louvre porte le nom de ce très haut fonctionnaire de l’Etat qui demeure de nos jours trop méconnu.

Pour les peintures dont René Huyghe (1906-1997) est le conservateur l’évacuation en zone libre est assurée sans anicroches ; en premier lieu de dépôt au monastère de Loc-Dieu près de Villefranche de Rouergue. Tout ceci n’a été possible qu’avec le travail et l’engagement des gardiens du Musée (ils sont alors une trentaine sans compter leurs familles et plusieurs d’entre eux sont alsaciens-lorrains fuyant l’annexion hitlérienne de leur sol natal)

Rapidement, malgré la splendeur des lieux et des bâtiments claustraux, on constate des difficultés de conservation : humidité, éloignement de tout commerce, et surtout de tout établissement scolaire convenant à ce groupe de déracinés. En conséquence on déménage pour le Musée Ingres à Montauban.

Parmi les familles des gardiens il y a un jeune garçon, Jean Marie Varing (1932-2013) originaire de Boulay en Moselle, 30km de Metz. Il nous a laissé un témoignage spontané et pittoresque de sa vie de gamin. En 1942 il est envoyé par la Croix Rouge en colonie de vacances en Suisse !!! Il va devoir y rester 1 an et demi car fin 42 la zone sud est occupée et les frontières strictement fermées.

Même cause, mêmes effets… en 1943 le Musée Ingres est inondé par un orage et on craint un bombardement allié visant le pont du Tarn accolé au Musée. Il faut à nouveau déménager. Et ce n’est pas simple !!! : par exemple le cadre contenant « les Noces de Cana » mesure 10m de long.

C’est le château de Montal à Saint Jean Lespinasse qui devient la nouvelle destination. Proche de la ville de Saint Céré, dominé par les 2 tours (Turenne et Noailles) de Saint Laurent, à 8 km de la gare SNCF de Biars, sa situation reculée mais ouverte semble idéale. Au même moment d’autres départements du Louvre sont aussi amenés dans plusieurs manoirs ou châteaux tout au près de la rivière Dordogne.

Le château de Montal est un habitué des recours pour abriter des hôtes illustres. En juin 1940 les enfants de la famille royale de Belgique y ont séjourné pendant 3 semaines. Dans l’église paroissiale du village on a pu voir communier Joséphine-Charlotte, Baudouin et leur benjamin le roi Albert II.

A ces dates tragiques, le château, reconstruit de 1520 à 1524 dans le style renaissance, délaissé et dépouillé de ses sculptures à la fin du 19ème siècle, appartient en usufruit à la famille de Maurice Fenaille (1855-1937) grand industriel du pétrole (ESSO) ; nous avons l’honneur de compter parmi nos membres associés Madame Victoire de Montesquiou-Montal qui est l’une de ses arrières-petites filles. Madame de Billy, Madame de Panafieu et leur frère décédé accidentellement sont alors usufruitiers du domaine car leur père en a fait don à la France en 1913. Ceci après que tout avait été magnifiquement restauré, en particulier sous la supervision de Rodin.

 

La Joconde arrive à Montal le 23 avril 1943. Emballée dans sa caisse anonyme, elle n’en sortira jamais jusqu’à son retour à Paris en 1945. En revanche d’autres tableaux furent transportés dans la prairie de la ferme, les jours de beau temps, pour éviter l’humidité et les moisissures !!!

 

 

Sautons rapidement en juin 1944. Un comité de résistance est créé à l’initiative de Monsieur René Huyghe qui en prend le « commandement ». Tout alors va aller vite. Le document photo illustre bien cette période. On voit assez souvent André Malraux qui vient de Dordogne en voisin. Sur le cliché on distingue Jean Leymarie (1919-2006). Originaire de Gagnac, lauréat de grec au Concours Général des Lycées, ce jeune homme parvient à se faire embaucher comme gardien auxiliaire. Il devint le répétiteur en grec de Mademoiselle Frédérique Hebrard (plus tard épouse de Louis Velle) : elle était la fille d’André Chamson responsable du département des objets d’Art au château de la Treyne. Jean Leymarie eut ensuite une carrière brillante et fut directeur de la Villa Médicis à Rome de1978 à 1984.

Jean Marie Varing rentra à St Jean et fut hébergé avec ses parents et une grand-mère dans une vieille bâtisse noble du 15ième siècle à Lacayrouse. C’est pour moi un bien de famille transmis depuis 1797 repéré comme possession des Miers en 1503 lors du dénombrement décidé par Louis XII pour le service du ban et de l’arrière ban.

Ci-contre un nouvel extrait de son témoignage et le brassard FFI de Roger Guth qui est cité dans les résistants de 1944.

 

 

 

 

 

 

  Peut-on écrire après une guerre aussi terrible, après la Shoah, que tout est bien qui finit bien ????

Pour la Joconde et l’ensemble des autres collections du Louvre tout fut facilement « rapatrié » à Paris en 1945. Un personnage toutefois s’imposa, celui de Monsieur Gérald Van Der Kemp (1918-2001) ; missionné à St Jean pour établir un bilan général de l’état des œuvres, il accomplit parfaitement son travail. Avec son épouse il résidait au manoir de Rèvery, demeure d’Anatole de Monzie, ministre important de la 3ème république, ami de Colette, Pierre Benoit et tant d’autres. Un grand malheur les frappa qui attrista vraiment la petite tribu villageoise de 250 âmes. La petite fille ainée du couple mourut subitement à l’âge de 2 ans et fut inhumée dans notre cimetière ; en 1948 leur petite Constance périt dans les mêmes conditions. Fort heureusement était né en 1946 Frank Van Der Kemp qui vit actuellement aux USA.

Gérald Van Der Kemp devint rapidement Conservateur en Chef des Musées de Versailles et le resta pendant 40 ans. Plus tard avec sa nouvelle épouse américaine il remit en état le domaine Monet à Giverny.

Cet homme remarquable et son épouse étaient très intégrés dans le village. Aussi, en1949, quand il fallut refondre le bourdon de notre sanctuaire Le versaillais accepta d’en être le parrain tandis que Madame la Comtesse de Billy, marraine, offrait la robe de baptême. Dans l’airain de notre clocher est donc inscrite cette belle dédicace : « je m’appelle Yvonne (Billy), Florence, Constance, mon parrain est Gerald Van Der Kemp, conservateur en chef des musées de Versailles », ce qui n’est pas commun. Enfin pour être complet, il faut dire un mot de l’ecclésiastique que l’on aperçoit sur la photo prise devant la Mairie. C’était Maurice de Laugardière, chanoine de la cathédrale de Bourges. Par aversion totale du nazisme il s’était réfugié dès 1940 au sud de la ligne de démarcation et était devenu le curé du village tout le temps de la guerre.

Sourions un peu ! Le caisson de la Joconde passa donc la guerre à Montal bien caché sous le lit à baldaquin de la « chambre rouge ». C’est ainsi que mon ami Guy, petit-fils du fermier, peut dire sans mentir qu’il a dormi avec la Joconde !!! Hélas !!!, né en 1943 il était encore emmailloté !

Bibliographie :   Michel Rayssac « L’exode des musées » chez Payot.
                                   René Huyghe « Une vie pour l’Art » chez de Fallois
                                  « Renaissance de Montal », publication Amis
                                  du Pays  de St Céré 46
                                 « Jocondes insolites », publication Espace Orlando
                                 St Jean Lespinasse 46

 

Communication 20 décembre 2022

Le renseignement à Toulouse à la fin du siècle dernier et les prémices de l’affaire Mérah.

par Alain DREUILHE 20ème fauteuil

Bonjour à tous.

Je n’ai pas la prétention de traiter en 3 épisodes de quelques minutes le problème du renseignement dans son ensemble…

Je vais tout simplement vous faire part de mes rencontres avec le renseignement écrit avec un petit « r » et un grand « R ».

Commençons par le premier épisode qui va vous rajeunir.

Noël 1966 et 1er de l’an 1967 je suis en mission dans un petit village des Deux Sèvres, La Mothe St Heray où je dois surveiller un polynésien assigné à résidence.
Je ne sais pas ce qu’il avait fait pour mériter cette sanction pénale mais je dois m’assurer qu’il ne sort pas de l’institution religieuse où il est hébergé et qu’il ne reçoit pas d’amis. Ma chambre est à côté de la sienne, comme il est très âgé, lorsqu’il se lève la nuit pour aller aux toilettes, je dois ouvrir un œil prêt à le secourir au cas où il tomberait dans la cuvette des WC. !!!!
J’étais alors affecté à la Sûreté Urbaine de Caen depuis plusieurs années.
Comme j’étais le plus jeune du service (j’étais d’ailleurs le plus jeune Officier de Police Adjoint de France, la majorité à l’époque était à 21 ans et j’avais eu une dispense par passer le concours) c’est donc à moi que revenait cette mission. Personne n’avait envie de passer les fêtes hors de chez soi.
Je n’avais pas le choix.
Le commissaire principal chef des Renseignements Généraux des Deux Sèvres responsable de cette opération, me rend souvent visite pour savoir si tout se passe bien.
La mission n’était pas très astreignante et j’avais beaucoup de temps de libre.
Il constate qu’à chacune de ses visites je potassais pour préparer le concours de commissaire.
Il me dit « j’ai un poste d’OPA de libre à Niort et si vous acceptez cette mutation, vous aurez tout le loisir pour préparer votre concours»

Cette offre m’intéresse et j’obtiens ma mutation pour les RG de Niort.
Le patron me fait un rapide topo sur les RG et me confirme sa proposition.
Vous aurez deux missions :
« La première est totalement ILLEGALE. » Je ne savais pas que le police faisait des choses illégales, mais j’étais si jeune et candide…
« Nous avons mis sur écoute l’ UD CGT et la cellule du Parti Communiste de Niort. Trois matinées par semaine vous enregistrerez ce qu’ils se disent.
Mais surtout n’en parlez à personne. »
J’écoutais attentivement dans une salle très discrète du service et transcrivais fidèlement les propos tenus qui me paraissaient sans aucun intérêt.
Un jour le patron me dit « vous m’avez transmis une pépite » Ah ? laquelle ? « Vous avec interceptez une conversation au cours de laquelle le responsable du PC à dit que le parti communiste des Deux-Sèvres était plutôt pro-soviétique que pro -chinois. C’est très intéressant… » Ah bon ? Je n’en voyais pas l’intérêt, qui cela pouvait-il intéresser ??? Mais puisque le patron était content je l’étais aussi…

La 2ème mission consiste à suivre un individu qui vient environ chaque mois, par le train. « Vous le suivez, vous me rendez compte. Qui il rencontre où il va. »

Le jour dit, je suis à la gare de Niort je vois descendre un individu qui correspond au signalement donné. Pas très grand, portant chapeau.
Il est accueilli par une jolie femme, monte dans sa voiture. Je les suis, je note le numéro d’immatriculation et l’adresse où ils se rendent, un village dans les environs de Niort.
Au retour, je rends compte au Commissaire Principal qui me remercie.
« Monsieur, qui est cet homme que j’ai suivi ? ». Il me répond « c’est le président de la FGDS. »
« C’est quoi la FGDS ??? ». « La Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste » me répond le patron surpris par tant d’ignorance.
« Cet homme peut avoir des responsabilités importantes à l’avenir et il vaut mieux connaître tout de lui. »

Cet homme, vous l’avez deviné, c’était François Mitterrand.

Moi qui me voyais déjà en James Bond de l’ère moderne, j’étais un petit OPA d’un département rural, qui avait identifié une des nombreuses « femmes » de celui qui fut notre président pendant 14 ans. Excusez du peu.

Ce sont mes premières rencontres avec le renseignement (avec un petit r).

Ayant été reçu au concours de commissaire de police, à la sortie de l’École Nationale Supérieure de St Cyr au Mont d’Or, je suis successivement affecté à la sûreté urbaine d’Amiens puis chef de la circonscription de sécurité publique de Carmaux, puis directeur des études à l’école de police de Toulouse chargé des cours de droit pénal général, procédure pénale et libertés publiques, puis directeur départemental des polices urbaines du lot (DDPU à Cahors-commissaire principal), puis chef de la sûreté urbaine de Bordeaux (l’une des plus importantes de France après celle de Lyon), puis directeur de cabinet du préfet de police en Corse et en 1990 je suis nommé Directeur Départemental des Polices Urbaines (DDPU) de la Haute-Garonne, Commissaire Central de Toulouse, ma ville…

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En 1992, intervient une réforme qui devait être la plus importante réforme de la Police Nationale depuis la dernière guerre. Napoléon. C’est ainsi qu’on me l’a présentée 1.
On confie au DDPN (Directeur Départemental de la Police Nationale), non seulement les Polices Urbaines, mais aussi la PAF (Police aux Frontières) et les RG (Renseignements Généraux), nous y revoilà.
Toulouse est choisie comme ville expérimentale (ce qui était souvent le cas) et je suis chargé de conduire cette réforme1 . J’en mesure toute l’importance. De DDPU je deviens DDPN. Une espèce de Préfet de Police (tableau de la Dépêche du 2 avril 1992). Seule la PJ échappait à mon autorité.

C’est le directeur de cabinet du Préfet de Région qui faisait la gueule. Il n’avait plus de raison d’exister.

Je convoque le patron des RG que je connaissais bien. Nous avions travaillé ensemble contre le terrorisme basque lorsqu’il était chef de la BORG à Bordeaux et moi chef de la Sûreté urbaine. (J’aurais peut être l’occasion de vous parler de mes rencontres avec le terrorisme basque et corse…. si cela vous intéresse et si vous êtes sages).

Nous, en Sécurité Publique, nous avons le nez dans le guidon et il y a un phénomène que nous avons du mal à maîtriser, c’est celui des VIOLENCES URBAINES. Il y avait plusieurs centaines de voitures brûlées à Toulouse chaque année.
Nous arrêtons des individus et ils sont aussitôt relâchés ou condamnés à des TIG qu’ils n’exécutent jamais.
Il faut dire qu’à cette époque la magistrature toulousaine était noyautée par le très gauchiste Syndicat de la Magistrature qui ne facilitait pas notre travail. (mais ça c’est une autre histoire). Le Procureur de la république m’avait dit : « Constituez des dossiers solides et les magistrats même les plus laxistes seront bien obligés de prononcer des peines dissuasives sinon le parquet fera toujours appel».
J’ai donc dit à mon collègue :
« Toi tu as des effectifs, ils vont arrêter de faire des mots croisés, on va travailler différemment. Vous allez louer un appartement à Bellefontaine avec vue sur un point de deal bien connu. De notre côté, on va équiper un fourgon de police avec pneus increvables, grilles aux vitres. On va s’approcher du point de deal notamment la nuit, on va être caillassé. Tu filmeras la scène et nous aussi depuis le fourgon (on avait installé une camera à vision nocturne) et on va constituer des albums qui montreront la dangerosité de nos agresseurs.
On a donc identifié une bande de multirécidivistes et parmi les meneurs on a ciblé un jeune de Bagatelle qu’on appellera Mehdi.
On s’est aperçu très rapidement que ce jeune fréquentait des individus bizarres, habillés d’un genre de soutane blanche, portant barbe bien taillée. Ces types méconnus jusqu’alors fréquentaient les marchés, notamment de Bellefontaine et ils ont entraîné notre cible à la mosquée TABAR à Bagatelle.
On a infiltré cette mosquée et on entendu l’Imam dire : « Soyez fiers d’être musulmans, vous ne serez jamais de vrais Français, pourrissez la jeunesse française, ne vous droguez pas. Bientôt on sera au commande par le ventre de nos femmes. ALLAH AKBAR ! » Ces paroles paraissent banales aujourd’hui, maintes fois entendues depuis, mais dans les années 1995 ce langage nous était inconnu.
En continuant à filocher Mehdi on s’aperçoit qu’il se rend fréquemment (avec des copains identifiés également) dans une communauté ariégeoise à ARTIGAT, tenue par celui que l’on a appelé par la suite l’émir Blanc Olivier Corel, inconnu à cette époque. Ces jeunes étaient envoyés ensuite dans des madresas au Pakistan et on les retrouvait en Afghanistan dans les rangs de talibans.

C’est la filière suivie ensuite par les frères MERAH, les frères CLAIN…Sabri ESSID, Imab DJEBALI…Mohamed MEGHERBI et bien d’autres…
Nous avons beaucoup écrit sur les fondamentalistes, sur les Frères Musulmans, sur ENNADHA, on ne connaissait pas encore DAECH- BOKO ARAM- MORABITOUM- Ben LADEN et consorts. On peut dire que le radicalisme est né en grande partie à Toulouse à la fin du siècle dernier.
On a même vu sur une vidéo un élève du lycée des Arènes égorger un Israélien, pensant qu’il faisait partie du Mossad.
J’ai d’ailleurs été invité à présenter notre dispositif et à soutenir cette thèse. devant le ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement en présence des 96 préfets des départements et des 96 DDPN.
Après avoir été nommé Contrôleur Général, car la mayonnaise avait bien pris à Toulouse. (C’était la seule ville de France de plus de 100 000 habitants où la criminalité avait baissé 3 ans de suite, sans chastiquer les chiffres) On ne pouvait pas dire la même chose ailleurs. Intervient alors la cohabitation et avec Pasqua…….exit la DDPN…..
Je suis devenue DDSP. (Directeur Départemental de la Sécurité Publique.
Après DDPU puis DDPN-enfin DDSP j’étais toujours resté Dédé.

En 1999, je suis invité à terminer ma carrière à l’Inspection Générale et j’ai perdu un peu de vue la situation toulousaine.

En 2022 de retour à Toulouse que je n’avais jamais quittée en réalité, je deviens Juge de Proximité. De nouveau dans le milieu judiciaire, je reprends contact avec mes anciens collègues et notamment avec le patron des RG qui deviendra la DGSI en 2008 avec la fusion avec Direction de la Surveillance du Territoire, mon ami Christian Ballé ANDUY.
Les choses ont bien changé les jeunes ne sont pas recrutés dans les mosquées désormais surveillés mais sur internet et sur les réseaux sociaux et font maintenant le djihad en Irak et en Syrie. Le salafisme a fait son funeste chemin.

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11 MARS 2012 IMAD ZIATEN est assassiné à Toulouse alors qu’il voulait vendre sa moto

15 MARS 2012 2 militaires sont assassinés à Montauban Mohamed LEGOUAD 23 ans et Abel CHENNOUF 26 ans . Loïc LIBER est blessé très grièvement. Il est tétraplégique.

Le 19 mars c’est la tragédie d’OZAR HATORAHA
Gabriel 4 ans, Arié 5 ans leur grand père Jonathan SANDLER et Myriam MONSONEGRO sont assassinés dans les conditions que vous connaissez. Brian BIJAOUI 15 ans est grièvement blessé.

Après la tuerie de Montauban la procureur de Montauban réunit la section anti terrorisme de la PJ Toulouse et Bordeaux et la section antiterroriste de la DCPJ pour visionner la vidéo. Christian BALLE ANDUY demande à participer à cette réunion.. La procureur refuse car il n’est pas habilité.
Tout OPJ pour exercer des missions de police judiciaire doit être habilité par le Procureur Général.
Pour échapper à la surveillance, au contrôle et à la direction de l’autorité judiciaire, les OPJ qui ne font que du renseignement, ne sollicitent pas cette habilitation, c’est le cas de Christian.
Les participants à cette réunion ne reconnaissent pas le tueur.

Le 21 mars Christian BALLE ANDUY voit cette vidéo et LUI reconnaît Mohamed Mérah. Il le suit depuis plusieurs années avec un officier traitant. Il a toujours soutenu que ce n’était pas un loup solitaire contrairement à la thèse de sa direction centrale. Il sait où il loge. S’il avait assisté à la réunion, il aurait reconnu Mohamed Mérah, ils seraient allés l’arrêter et la tuerie d’OZAR HATORAH n’aurait pas eu lieu.

Quand il m’apprend cela, mon sang s’est glacé. Il me dit surtout : «N’en parle à personne il n’y a que Manuel VALLS, Ministre de l’Intérieur à l’époque et le juge d’instruction qui sont au courant ».
J’ai donc gardé ce lourd secret jusqu’au procès d’Abdelkader MERAH (frère de Mohamed), en mars 2019.
Pour l’histoire : il a été condamné à 30 ans de Réclusion Criminelle par la Cour d’Assises Spéciale. Il avait été condamné en première instance à 20 ans et très bien défendu par un grand et talentueux avocat, notre garde des sceaux Dupont Moretti, il a pris 10 ans de plus en appel 2.

Donc, Balle Anduy a témoigné pendant 5 heures devant la cour d’Assises Spéciale d’Appel et il a déballé toute l’histoire mettant en cause sa direction centrale, ce qui lui a valu d’être mis à la retraite anticipée et à l’officier traitant d’être muté en Nouvelle Calédonie.
Les médias se sont fait l’écho de son témoignage et cet homme de l’ombre a été mis en lumière avec une page entière dans la Dépêche (29 mars 2019) avec sa photo. Un membre de la communauté juive de Toulouse que je connais bien depuis que mes parents ont reçu la médaille de YAD VASHEM « Justes parmi les Justes de la nation » a assisté à sa déposition. Il en est sorti bouleversé.

Par la suite, j’ai demandé à Christian qui vit au Pays basque de venir témoigner devant mes élèves de 3ème année de licence en droit de l’Institut catholique et devant mes amis de mon club Lion.
Il me répond chaque fois : « Je n’arrive pas à libérer ma conscience de cette affaire et pour tenter d’oublier je fais de la méditation transcendantale ».

Merci de m’avoir écouté.

1 C’est amusant, car 30 ans après, cette réforme redevient d’actualité avec l’intention d’y inclure cette fois la PJ. J’ai été interviewé à ce sujet par un journaliste de la Dépêche (article du 24 octobre 2022 où je disais que la DDPN était une excellente réforme mais que la PJ ne devait pas en faire partie et qu’elle devait conserver sa spécificité).

2 Je crois savoir que dans sa cellule lorsque Abdelkader Merah fait ses 5 prières et qu’il invoque son avocat, il l’appelle « Ducon Moretti », mais je ne suis pas sûr de ma source!