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Prix Fermat 8 juin 2023

Prix scientifique Pierre de Fermat

attribué à

Christian JOACHIM et Olivier GUILLERMET

Salle des Illustres le 8 juin2023

Présentation par Michel CARRIER (33ème fauteuil)

Monsieur le Maire, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire perpétuel, Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres associés, Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

C’est à une équipe que nous allons aujourd’hui remettre le Prix Pierre de FERMAT, prix scientifique de l’Académie du Languedoc. En effet? Christian JOACHIM et Olivier GUILLERMET sont étroitement associés dans la réussite de la course internationale de nano-voitures : « Nanocar Race II » organisée à Toulouse au Centre d’élaboration de matériaux et d’études structurales, bien connu des Toulousains par la Boule de Rangueil.

On peut dire que cette histoire commence en 1974, lorsque le chercheur Arie Aviram propose une diode moléculaire faite d’une seule molécule de 1.5 nanomètre de long.

En 1979, Christian Joachim alors âgé de 22 ans propose de miniaturiser à l’extrême tout un circuit électronique dans une seule molécule.

En 1985, il en fait sa première thèse de doctorat : première thèse au monde sur l’électronique moléculaire.

A cette époque, la communauté scientifique oppose à Christian Joachim le problème expérimental délicat de la prise de contact électrique avec une seule molécule.

1986 : Le microscope à effet tunnel vient tout juste d’être inventé dans les laboratoires de recherche d’IBM à Zurich. Christian Joachim part pour New York travailler avec Arie Aviram. Sa mission : utiliser ce tout nouveau microscope pour connecter la pointe du microscope à une seule molécule-interrupteur. Il y parvient pour la première fois en septembre 1987.

La molécule toute seule devenait alors un dispositif électronique. Pouvait alors être envisagé un circuit électronique calculateur miniaturisé dans une seule molécule qui devait remplacer les puces électroniques dans le futur et rendre plus écologique leur fabrication industrielle.

Avec son collègue Jim GIMZEWSKI  à Zurich, à l’occasion dune expérience qui ne se déroule pas normalement, la molécule se met à tourner toute seule, sous l’effet du peu d’énergie qu’elle capture de sa surface support. C’est  la première roue moléculaire. La mécanique d’une molécule venait d’être découverte. S’en suivirent l’invention de la brouette moléculaire à 2 roues et de la molécule à 4 roues. Au milieu des années 2000 apparaissent les premières molécules moteurs et les molécules engrenages de 1 nanomètre de diamètre.

Avec Olivier GUILLERMET et les années 2000 arrive une nouvelle génération de chercheurs. Avant d’arriver au CEMES en 2006, Olivier Guillermet consacrait son travail de recherche à la réalisation et la caractérisation d’hétéro-structures à l’échelle atomique. Avec l’arrivée de nouveaux microscopes à effet tunnel très basse température, Olivier Guillermet étudie les interactions mécaniques et électroniques entre la pointe du microscope et une seule molécule.

En 2011, Olivier Guillermet surprend les rotations d’une seule molécule à 3 pales puis d’une nouvelle molécule à 6 dents.

Après la « Nanocar Race I » de 2017, Christian JOACHIM décide d’organiser la « Nanocar Race II » à Toulouse. Dès 2020, Olivier GUILLERMET s’entraîne donc avec les chimistes et physiciens de son groupe de Nanosciences pour devenir le pilote de la molécule-voiture de l’équipe Franco-Japonaise Toulouse-NARA.

En 2022, Olivier Guillermet sera surtout la cheville ouvrière de la mise en place du contrôle à distance par Internet des microscopes à effets tunnel très basse température des 8 équipes de la course répartis sur la planète. Olivier Guillermet va par exemple mesurer les 1/2 secondes pour qu’un ordre de conduite donné depuis la Boule de Toulouse parvienne à la molécule de l’équipe japonaise du NIMS, située à Tsukuba au Japon et pour que cette molécule-voiture se mette à avancer de 1 nanomètre.

Je n’oublie pas que le juge arbitre de cette course était l’ancien directeur du CEMES Jean-Pierre Launay, grand chercheur s’il en est, que je connais depuis déjà quelques années et qui est présent dans cette salle.

Evènement mondial, retransmis en direct depuis la Boule de Toulouse, la « Nanocar race II » sera suivie fin mars 2022 en direct par plus de 50 000 personnes.

Olivier GUILLERMET né en 1977 est Maître de Conférences à l’Université Paul Sabatier, chercheur dans le groupe Nanosciences du CEMES/CNRS. Il est titulaire d’un doctorat en Sciences des Matériaux de l’Université de Marseille Méditerranée.  A son actif  on peut compter de nombreuses publications dans des revues internationales à comité de lecture.

Christian JOACHIM né en 1957 est directeur de recherche de classe exceptionnelle au CNRS. Il est titulaire d’une thèse de docteur ingénieur obtenue à Sup’Aéro et d’un doctorat en physique quantique de l’Université Paul Sabatier. La liste des publications scientifiques ainsi que l’activité consacrée à la diffusion des connaissances vers un large public par Christian JOACHIM est absolument impressionnante et je me garderai bien de la citer. Il a également reçu de très nombreuses récompenses.

Chers amis, malgré l’invisibilité à notre œil de la matière sur laquelle vous travaillez ( le millième du micron), les avancées fondamentales que vous  réalisez sont d’une importance capitale pour l’avenir.

C’est pourquoi, au nom de l’Académie du Languedoc, je suis très honoré de vous remettre le Prix scientifique Pierre de Fermat.

Photo François-Régis GASTOU

Prix littéraire

Prix littéraire de la ville de Toulouse
attribué à

Guillaume POUDEROUXet Bernard DELOUPY
pour

« Freight Dogs ou Les forçats du fret »

8 juin 2023 (Salle des Illustres)

Présentation par Maryse Carrier (52ème fauteuil)

Monsieur le Maire, Monsieur le Secrétaire perpétuel et Monsieur le Président de l’Académie du Languedoc, Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres associés, Mesdames et Messieurs, chers amis.

 

            Le roman « Freight Dogs ou Les forçats du fret » (des Editions Gilletta) méritait bien d’être signé par 2 co-auteurs, Guillaume Pouderoux et Bernard Deloupy :  

               Si pour des raisons professionnelles Guillaume Pouderoux vit aujourd’hui à Paris, il faut savoir qu’il est né à Toulouse. Tout jeune il s’est intéressé aux pionniers de l’aéronautique ce qui l’incita à fréquenter très tôt l’aérodrome de Toulouse-Lasbordes.

Il fut durant plusieurs années Pilote instructeur militaire dans l’Aéronavale et depuis 2017 il exerce non seulement en tant que Officier Pilote de Ligne chez Air France, mais aussi comme Formateur en « crew resource management ».

Et en tant qu’écrivain, il sait parfaitement faire appel à son propre vécu professionnel.

              Bernard Deloupy quant à lui, est né à Oran et vit actuellement à Nice mais c’est Perpignan qui est le berceau de la famille Deloupy. Et d’ailleurs son grand-père a été ingénieur de la ligne ferroviaire du fameux « petit train jaune », qui relie toujours Villefranche-de-Conflent à Latour-de-Carol !

Mais Bernard a opté pour une carrière de journaliste, d’écrivain, de consultant en communication et de coach littéraire, faisant de lui la personne idéalement complémentaire pour Guillaume.

        Votre  roman a donc été écrit à 4 mains, ce qui constitue à la fois son originalité et sa force et vous avez visiblement œuvré tous deux dans une parfaite osmose littéraire.

               Après une belle préface signée Virginie Guyot, ex-pilote de chasse, première femme au monde – et seule à ce jour – à avoir dirigé la patrouille de France, la dédicace extraite de « Vol de nuit » de Saint-Exupéry, donne le tempo de ce  roman : « Dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent ».

                Et nous voici plongés dans les péripéties d’un thriller haletant où chaque fin de chapitre plonge le lecteur dans un suspense permanent.

Rien ne sera épargné à Yann, notre héros, devenu pilote d’avion cargo ou forçat du fret, après une carrière d’officier de l’aéronavale française… Devant transporter en effet du fret de Tromsoe à Longyearbyen (sur l’archipel du Svalbard), Yann devra réaliser un atterrissage dans des conditions extrêmes et en catastrophe. Le sabotage de l‘avion, un colis suspect et une étrange tentative d’empoisonnement ne font qu’accroître le mystère.

Bientôt nous apprendrons que «l’Objet flottant Amundsen 9 » est en grande perdition quelque part sur l‘océan Arctique ; cet iceberg, ce morceau de banquise sur lequel œuvre une « Expédition scientifique secrète du Conseil de l‘Arctique » s’est étrangement détaché de sa banquise d’origine et part à la dérive. Yann se verra alors réquisitionné par l’armée norvégienne pour une « mission Top secret » à savoir : apporter vivres et carburant de chauffage aux membres de cette expédition.

Face à cette mission de sauvetage qu’il qualifie lui-même de suicidaire, notre pilote ne se dérobera pas et portera bien assistance à personne en danger, renouant ainsi avec les défis et le sens de l’abnégation des pionniers de l’Aéropostale, St-Ex, votre modèle, Mermoz « le héros absolu » et  Guillaumet, l’un des plus grands pilotes lui aussi.

Mais Yann a toutefois l’impression de jouer « le rôle de l’espion choisi comme victime expiatoire » au milieu de « relents de guerre froide » dit-il, sans savoir que sur la péninsule – russe – de Kola, « un long cachalot d’acier vient de plonger dans les flots », tandis que l’un des hublots de son « Pétrel Alpha » explose tout à coup sous un impact de balle…

Seul un petit groupe d’Inuits pratiquant des soins chamaniques va opportunément nous offrir un peu d’humanité au milieu de ce monde de brutes.

   Or qui essaie à tout prix d’obérer les chances de réussite de Yann, en empêchant que l’expédition scientifique internationale soit secourue ? Et surtout : A qui profite le crime ? 

                     Il faut dire que ce roman palpitant ne se résume pas à l’écriture d’un simple thriller :

C’est ainsi que nous allons assister d’un bout à l’autre à de multiples conversations très souvent ultrasecrètes sur l’état du monde et son avenir et surtout sur la guerre que se livrent une vingtaine de pays à propos de certaines régions de notre planète, comparée à un « marigot où s’ébrouent les sauriens » !

Nous entrerons alors entre autres dans l’intimité du quartier général de la CIA, nous pénétrerons dans l’insolent gratte-ciel le plus élevé, celui de l’Imperial Oil Compagny, où sévissent une dizaine d’hommes qui se savent les rois du monde ; nous assisterons à une édifiante conversation entre un banquier renommé et un homme d’affaires des plus véreux. Et nous pénètrerons même dans « Le bunker de l’Apocalypse » !

Le cynisme atteindra son apogée lorsque le Secrétaire général des Nations unies à New-York, lisant les prévisions alarmistes du Giec et désirant mettre en garde les populations, devra capituler face au chantage de l‘homme le plus puissant du monde… Mais qui est-il donc, cet homme ?

Bref, nous constatons que les grands prédateurs de ce monde sont à l’œuvre  et « chacun voulant sa part de gâteau, la curée a commencé », car leur cupidité est immodérée !

Mais au fait que va enclencher à la fin l’intervention surprise de ces quelques  « gringos prétentieux », « geek chicanos », ces jeunes surdoués de l’informatique ?…

Je laisse aux futurs lecteurs le plaisir d’édifiantes découvertes !! 

En conclusion je dirai que votre roman, qui n’est pas une dystopie, est passionnant car il offre plusieurs facettes : c’est tout d’abord un thriller certes, parfait scénario éventuel, mais un thriller au souffle épique qui sert de prétexte à une démonstration géopolitique implacable et inquiétante, destinée à secouer les consciences, à susciter un sursaut de l’humanité dans le but de « construire ensemble un monde meilleur », car comme a dit Saint-Exupéry : « Dans cet océan de ténèbres, les rares lumières signalent le miracle d’une conscience ».

Guillaume et Bernard, je suis particulièrement honorée de vous attribuer à tous deux le Prix littéraire de l’Académie du Languedoc et de la ville de Toulouse.

Eloge Nathalie VINCENT-ARNAUD

Présentation de Nathalie VINCENT-ARNAUD
8 juin 2023
par Maryse CARRIER 52ème fauteuil

Monsieur le Maire, Monsieur le Secrétaire perpétuel et Monsieur le Président de l’Académie du Languedoc, Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres associés, Mesdames et Messieurs, chers amis.

Nathalie Vincent-Arnaud est née à Toulouse et a grandi à Cahors. Après de brillantes études littéraires à Toulouse et Montpellier, elle enseignera dans le secondaire de 1988 à 1990. Elle exercera ensuite en tant qu’attachée temporaire d’enseignement et de recherche jusqu’en 1994. Maître de conférences à partir de 1995 à l’Université Toulouse le Mirail, elle sera nommée en 2010 professeur des Universités, au Département d’Etudes du monde anglophone, toujours à l’Université Toulouse-le Mirail appelée aujourd’hui Jean Jaurès.  J’ajoute qu’elle parle trois autres langues : l’allemand, mais également l’espagnol et le latin (scolaire dit-elle) !

Quant à son époux, il était lui aussi professeur agrégé d’anglais à l’Université de Bordeaux.

               Le CV professionnel de Nathalie est impressionnant, par la quantité et la qualité des travaux effectués :

Ses domaines de prédilection étant très vastes, elle intervient conjointement au Département des Etudes du Monde anglophone, au Département de Lettres modernes, au Cetim (Centre d’Etude en traduction, interprétation et médiation) et au Département Art et Com, initiant dans ces deux derniers sa relation privilégiée entre littérature, musique et danse classique, ce que nous retrouverons d’ailleurs dans son parcours.

Mais ce n’est pas tout, elle assume également de multiples responsabilités pédagogiques et administratives à l’Université Jean Jaurès et au Cned, elle encadre des travaux d’étudiants et des jurys de Master, thèses et même HDR (Habilitation à Diriger des Recherches) et elle participe aux commissions de Spécialistes et aux Comités de sélection en vue du recrutement d’enseignants- chercheurs ainsi qu’à des jurys et commissions d’examens et concours (CAPES, concours d’entrée à L’ENSICA, au CETIM  etc)!

Et à la lecture de son CV, nous découvrons que Nathalie exerce également des activités et des responsabilités scientifiques dans des sociétés savantes et des groupes de recherche,  qu’elle a des responsabilités éditoriales, et qu’elle organise maints colloques, congrès et journées d’étude…

          Par ailleurs la liste de ses propres travaux de recherche avec ouvrages ou articles parus sur des thématiques très éclectiques est, elle aussi, impressionnante : j’en ai compté plus de 70, auxquels il faut ajouter plus de 20 articles pour des rubriques purement artistiques et environ 45 communications.  Il faut dire que l’écriture constitue la moitié du métier d’enseignant-chercheur et que cette activité rejoint d’autre part parfaitement son côté plutôt solitaire.

En outre plus de 20 recensions d’ouvrages sont à son actif, ainsi qu’une quinzaine de conférences hors cadre universitaire !

            Quant à ses activités littéraires personnelles, il s’agit sans aucune surprise de l’écriture poétique, pour laquelle elle a été maintes fois honorée, obtenant en effet plus d’une vingtaine de Prix de la part entre autres de la Société des Poètes français, de la Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie, du Printemps des Poètes, de l’Association parisienne Astrée, et deux prix de l’Académie des Jeux floraux qui lui a attribué une Immortelle en 2022 et une Primevère en 2023.

Et permettez-moi de pêcher par manque d’objectivité en clôturant cette belle liste non exhaustive sur deux prix qui me tiennent particulièrement à cœur : En 2022 vous avez obtenu le 1er prix de Poésie du concours « Les Arts littéraires » que je connais bien, ainsi que le prix André Gastou de l’Académie du Languedoc, obtenu récemment dans cette belle salle des Illustres ! 

  Je sais d’autre part qu’avant même d’être membre en 2022 de la prestigieuse Association des Traducteurs littéraires de France, elle s’est passionnée pour de multiples  traductions… la traduction elle aussi correspondant comme la poésie à son  inclination pour la solitude.         

            Et nous devinons aisément que sur le plan personnel, Nathalie exerce des activités artistiques liées directement à tous ses domaines de recherche : à savoir tout d’abord la danse (classique et contemporaine) et bien sûr la musique (piano en ce qui la concerne), car la musique la fascine depuis toujours.

C’est ainsi qu’un soir, jeune étudiante à l’époque, elle se rendait à un concert d’Ivry Gitlis à la Chapelle des Carmélites, lorsqu’un étranger en voiture lui demanda où se trouvait cette chapelle.  « J’y vais » dit-elle, à quoi il répond « Montez, vous allez me guider ». Dans la voiture elle se rend compte que l’étranger n’est autre que le célèbre violoniste en personne. A l’arrivée,  étonnement du public massé devant les portes ! Mais la chapelle est en travaux, le concert reporté au lendemain au théâtre des Mazades, où l’artiste – souvenir indélébile pour elle – la recevra dans sa loge après le concert !

           Nathalie, vous m’avez confié un jour que durant votre adolescence 3 métiers vous attiraient, dont celui de traductrice, ce que vous êtes en partie aujourd’hui.

Mais vous aviez également une appétence très marquée pour deux autres professions : architecte, domaine mêlant à vos yeux art et science, ou médecin, car vous aimiez le mélange de culture scientifique et d’humanisme de la médecine. Et dites-vous : « C’est encore à la croisée de ces passions que je me situe aujourd’hui, lorsque je m’interroge sur mon rapport à l’humain et au monde qui m’entoure ».

C’est dire, chère Nathalie, que vous qui vivez votre vie si intensément, comme Ivry Gitlis vivait sa musique, vous êtes non seulement une enseignante-chercheuse remarquable, mais aussi une personne généreuse, un exemple de cette sagesse humaniste, que Paul Eluard évoqua un jour en ces termes : « Il n’y a pas d’enthousiasme sans sagesse, ni de sagesse sans générosité » !

            Et c’est pour toutes vos qualités, votre investissement sans faille, votre engagement au service de la culture que l’Académie du Languedoc a le plaisir de vous accueillir en tant que  Membre associé !

Cérémonie solennelle 8 juin 2023 Salle des Illustres

Photographies de Michel Carrier

Séance solennelle de l’Académie du Languedoc
8 juin 2023

Allocution d’ouverture par le Secrétaire perpétuel, Dr Jean-François GOURDOU.

Allocution du Maire de Toulouse représenté par Francis GRASS Adjoint au maire

Remise de la Médaille de Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques à Dominique DELPIROUX

1 – Installation du Général Maurice ROUGEVIN-BAVILLE au 35ème fauteuil  par le Président Henri COUSSE (9ème fauteuil)

2 – Installation de Pierre CARAYON au 19 ème fauteuil par Gérard ELBAZ (25ème fauteuil)

3 –Présentation de Jean-Paul RIFFARD en tant que Membre associé par le Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU (1er fauteuil)

4 – Présentation de Nathalie VINCENT-ARNAUD en tant que Membre associée par Maryse CARRIER(52ème fauteuil)

5 – Grand prix littéraires de la ville de Toulouse à Guillaume POUDEROUX et Bernard DELOUPY par Maryse CARRIER  (52ème fauteuil)

6 – Prix du livre d’Histoire Ernest ROSCHACH  à Jean PENENT par Ludovic SEREE DE ROCH (7ème fauteuil)

7 – Prix de peinture Renée ASPE à Jean-Pierre CONDAT par le secrétaire général François-Régis GASTOU (54ème fauteuil)

8 – Prix de photographie Germaine CHAUMEL à Michel VIALA par Bernard POUILHES (29ème fauteuil)

9 – Prix de Sculpture Georges GUIRAUD à Claude SANS par Sébastien LANGLOYS (5ème fauteuil)

10 – Prix scientifique Pierre de FERMAT à Christian JOACHIM et Olivier GUILLERMET par Michel CARRIER (33ème fauteuil)

11 – Prix de Théâtre Maurice SARRAZIN à Sébastien DOURNAC par Georges BENAYOUN (23ème   fauteuil)

Les dinosaures en Occitanie

Communication : « Les dinosaures en Occitanie » (Résumé)

Communication de Dominique Delpiroux (Membre associé)
13 mai2023
devant l’Académie du Languedoc

1)  Le Mas d’Azil

Bien connu pour avoir abrité les hommes préhistoriques de l’aziléen ou les Protestants, le Mas d’Azil est aussi une zone géologique où l’on trouve beaucoup de fossiles de dinosaures.

Ainsi au XIXe siècle, l’abbé Jean-Jacques Pouech, qui était géologue, archéologue, historien… y a découvert des œufs de dinosaures. Il les a confiés à un savant, qui pensait qu’il s’agissait d’œufs de crocodiles. Or, un siècle plus tard, on comprendra qu’il s’agissait d’œufs de dinosaures, et que c’est notre abbé qui en a fait la première découverte mondiale !

2) La plage des ptérosaures

A Crayssac, dans le Lot, on a découvert les vestiges d’une ancienne plage où l’on distingue parfaitement les traces laissées par les pattes des ptérosaures, animaux volants du Jurassique. Là aussi, découverte mondiale : les ptérosaures ne se déplaçaient pas, comme on l’imaginait, sur deux pattes comme les oiseaux, mais à quatre pattes, ou plus exactement avec les coudes !

3) La vallée des dinosaures

Autres traces de pas de dinosaures, à Montjaux, dans l’Aveyron. Là, il s’agit d’un gros carnivore, du genre T. Rex. Non loin de là, à Tournemire, on a retrouvé le squelette d’un plésiosaure, un reptile marin du jurassique.

5) Espéraza

La haute vallée de l’Aude est très riches en fossile, notamment de dinosaures. Le site a été découvert par Pierre Clottes, instituteur, frère du grand préhistorien Jean Clottes et est fouillé depuis une trentaine d’années par Jean Le Loeuff qui a découvert le squelette d’un nouveau genre : ampélosaurus, le lézard des vignes, sorte de diplodocus à pointes qui mesurait une bonne vingtaine de mètres !

6) Mèze et Cruzy

Ces deux sites de l’Hérault contiennent de nombreuses espèces. A Mèze on a surtout récolté des œufs. A Cruzy, on trouve la trace de sauropodes, de carnivores, et le Gargantuavis, un dinosaure ressemblant à une (très grosse!)  autruche.

7) Sainte Enimie

Dans une grotte connue des spéléologues à Saint-Enimie dans la Lozère, on a tout récemment découvert des traces de pas de dinosaures… au plafond ! En fait, les marques se sont imprimées en positif sur la couche venue recouvrir le limon d’une rivière qui a depuis disparu.

 

Les dinosaures de la région sont donc, en vrac : des ampélosaures, des rhabdodons, des ptérosaures, des troodons, Quelques raptors, des titanosaures, des ankylosaures (Strutiosaurus) et des oviraptors.

Cliquer ici pour obtenir le dossier complet

 

Communication 18 avril 2023 : « La Traviata »

« La Traviata »     Opéra de  Giuseppe VERDI

Communication de Maryse CARRIER (52ème fauteuil)
18 avril 2023
devant l’Académie du Languedoc

 

Pourquoi présenter « La Traviata » aujourd’hui ? Parce que cet opéra figure au programme du Capitole du 21 au 30 avril prochain.

Comme vous le savez peut-être déjà, le samedi 29 avril, un écran géant sera déployé place du Capitole pour retransmettre en direct les deux matchs de rugby et de foot et entre les deux à 18h : retransmission de « La Traviata » en direct de la scène du théâtre du Capitole !

Pour composer en 1853 «La Traviata», sur un livret de Francesco Maria Piave, Verdi s’inspira de la pièce de théâtre au succès retentissant « La Dame aux camélias » (1848) d’Alexandre Dumas fils, tirée de son roman homonyme, largement autobiographique, relatant l’histoire d’amour impossible entre l’auteur et une courtisane Marie Duplessis, morte de la phtisie à 23 ans. Chez Dumas l’auteur deviendra Armand Duval (mêmes initiales !) et Marie, Marguerite Gautier.  Mais ces deux héros deviendront chez Verdi Violetta Valéry et Alfredo Germont…

Malgré un début difficile, cet opéra en trois actes connaîtra un succès jamais démenti et deviendra bientôt l‘un des plus applaudis au monde.

                             Après un émouvant prélude, les premières scènes du premier acte nous plongent dans l’ambiance particulièrement festive, frivole et un rien délétère d’un salon parisien très bourgeois du 19ème siècle, où se déroule la fête organisée par et chez Violetta Valery, une courtisane de haut rang, mais dont l’état de santé est très précaire, puisqu’elle souffre de phtisie, c’est-à-dire de la tuberculose, disent plusieurs convives. Et pourtant nous entendons Violetta affirmer son credo, son frénétique Carpe diem, à savoir : « Je me donne au plaisir,  c’est le meilleur remède à mes malheurs », répète-t-elle en effet avant d’entonner avec  tous les invités la célèbre chanson à boire, le fameux Brindisi.

        Et voici qu’un invité, un jeune homme, Alfredo Germont, va bientôt exprimer à Violeta la profonde et sincère passion qu’il éprouve pour elle. Violetta le met en garde contre elle-même mais lui offre toutefois le camélia de son corsage…

        Puis, les invités partis, dans une magnifique et célèbre aria, où elle avoue le « trouble de son âme », et qui se terminera dans une « gigantesque pyrotechnie vocale » (réservée à des cantatrices hors pair, à « una donna di prima forza » comme disait Verdi qui ne ménageait pas les cordes vocales de ses interprètes !), Violetta vocalisera plusieurs fois sur le mot « Gioir ! », c’est à dire « Jouir ! Jouir ! » et surtout « Sempre libera !»  (« Toujours libre !»).

                                        Que dire de ce premier acte ?  Qu’il s’inscrit sous le double signe de la fête mais aussi de la passion d’un jeune homme romantique, épris d’une pétulante courtisane, personnage principal de cet opéra, « La Traviata », qui signifie la dévoyée.  

        N’oublions pas que l’action se situe vers 1850 c’est à dire durant le Second Empire, ce qui rappelle d’ailleurs « La Vie parisienne » d’Offenbach et toute la capitale vibrait alors au rythme des plaisirs annonciateurs de la Belle Epoque.

          Et n’oublions pas non plus qu’au 19ème s. Paris était la ville des courtisanes, qui souvent mouraient jeunes et qui ne devaient pas tomber amoureuses, car elles risquaient alors de perdre leur protecteur et surtout leur fortune. On les nommait courtisanes, demi-mondaines, horizontales ou lorettes (du nom d’un quartier parisien). Elles ont fait tourné les têtes, ruiné quelques têtes couronnées…

           Tout cela nous rappelle quelques chefs-d’œuvre littéraires, comme par exemple : « Marion Delorme » de Victor Hugo, « Nana » de Zola, « Splendeurs et Misères des courtisanes » de Balzac et au siècle précédent « Manon Lescaut » de l’abbé Prévost.

Deux autres figures emblématiques  vont marquer également leur époque : Sarah Bernhardt, « la Divine », artiste multi-talents mais qui a su aussi vivre de ses charmes  comme sa mère, une demi-mondaine… Et pour le 100ème anniversaire de sa mort (26 mars 1923), une expo lui est consacrée en ce moment au Petit Palais à Paris jusqu’à la fin août.

La Belle Otero également, dont les charmes faisaient chavirer les cœurs et qui, annonçant un jour son tarif à un roi des Belges médusé (le roi Léopold II), lui précisa : « Mais à ce prix-là vous aurez aussi le petit déjeuner ! ». Il paraît qu’elle se serait retirée à la tête d’une fortune colossale !

           Certes les courtisanes ont toujours existé, mais elles étaient nombreuses sous le Second Empire, que Zola qualifia d’ « immense lupanar ». Car Paris en effet, notre capitale « dévergondée », n’était que le reflet d’une société en pleine mutation, où tout le monde voulait profiter de la manne de la révolution industrielle et où l’on vit en outre émerger une nouvelle classe sociale, la haute et moyenne bourgeoisie, qui ne pensait qu’à singer les us et coutumes des aristocrates.               

                             Dans l’acte II nous retrouvons Violetta dans une maison de campagne près de Paris car par amour pour Alfredo elle a renoncé aux séductions de la vie parisienne. Mais nous apprenons qu’elle est en train de vendre tous ses biens pour subvenir à leurs besoins.

        Et voici que Germont, le père d’Alfredo – absent pour le moment – entre en scène. S’ensuit un long et poignant duo de 20mn, entre lui et Violetta, l’une des plus belles scènes du théâtre de Verdi et surtout point de bascule de cet opéra !

Germont en effet va tout d’abord se livrer à un véritable chantage affectif : craignant que la liaison indigne de Violetta et Alfredo porte préjudice à son fils mais aussi à la réputation de sa fille, promise à un beau parti, il demande à la jeune femme de renoncer à Alfredo. « Plutôt mourir » s’écrie-t-elle !

 Ce père va ensuite développer avec cynisme des arguments spécieux sur le temps qui tue les charmes, sur l’ennui qui s’installe dans un couple et ose terminer en affirmant qu’il n’est lui-même que le messager de Dieu…

C’est alors que se produit l’impensable : Violetta dans sa grande générosité décide de se sacrifier par amour, sachant qu’elle en mourra, ce qui va même émouvoir Germont !

          Puis dans une fameuse lettre à Alfredo, Violetta – seule à présent – annonce à ce dernier qu’elle retourne à son ancienne vie, vers son ancien protecteur, tandis que nous entendons un solo de clarinette d’une écriture déchirante.

         Mais lorsqu’arrive Alfredo, Violetta, bien que très agitée, ne dévoile rien à son amant, à qui elle s’adresse en ces termes : « Aime-moi, Alfredo ! Oh, aime-moi, comme je t’aime ! ». On peut dire que l’orchestre ici explose, c’est l’un des sommets émotionnels de l’opéra, une phrase de feu, un « parangon de la déclaration d’amour ». Or Alfredo, sans doute un peu naïf, ne comprendra que lorsqu’un valet lui apportera plus tard la lettre de Violeta.

          Alfredo, atterré, décidera alors de partir à Paris, pour retrouver sa maîtresse dans l’hôtel particulier de son amie Flora, où comme au tout début la fête bat son plein avec des invités travestis en bohémiennes, matadors, picadors espagnols (La corrida, un sujet récent à l’époque, puisqu’importée en France en 1853 – date de la création de cet opéra – lors du mariage de Napoléon III avec Eugénie de Montijo, grande amie de Prosper Mérimée qui avait rédigé vers 1830 les fameuses « Lettres d’Espagne »)

             Il faut bien voir que tous ces divertissements, ces fêtes (qui ont toujours fasciné Verdi) permettent en fait au compositeur de détendre l’atmosphère après les affrontements auxquels nous venons d’assister et avant ceux qui se préparent, sachant que malgré l’apparente frivolité de la fête, le thème de la corrida, comme plus tard dans l’opéra « Carmen » créé en 1875,  induit en filigrane un registre plutôt dramatique !

           Et voici qu’Alfredo, animé d’une impitoyable jalousie et d’un pitoyable désir de vengeance, arrive chez Flora. Il va couvrir Violetta d’insultes et perdant tout contrôle, dans un geste aussi théâtral que vulgaire, il humilie publiquement son ancienne maîtresse en jetant son argent aux pieds de cette femme, car  dit-il « elle a gaspillé pour moi toute sa fortune… je veux effacer une telle tache » ! Tous les invités, sidérés, ne peuvent que stigmatiser la conduite d’Alfredo.               

                           En fait dans ce deuxième acte Violetta se heurte à plusieurs obstacles : le premier s’appelle Germont, ce père tout corseté dans ses certitudes et sa morale bourgeoise.

Rappelons que l’implacable puissance patriarcale qui avait été dénoncée par les révolutionnaires de 1789, a été rétablie par le Code civil de Napoléon, octroyant à nouveau l’autorité du mari sur sa femme, du père sur ses enfants. Et c’est au nom de cet ordre bourgeois que Germont revendique pour sa fille un beau mariage non entaché d’une liaison déshonorante au sein de sa famille.

          Mais nous savons bien que la plupart des écrivains du 19ème siècle, de Stendhal à Baudelaire, de Flaubert aux frères Goncourt, de même que Maupassant, ont choisi le célibat pour célébrer l’amour libre et dénoncer l’hypocrisie de leur milieu, sachant que les bons bourgeois de l’époque, tous avec épouses, après une rude journée de tracas boursiers, adoraient aller s’encanailler dans les bras d’une courtisane qu’ils entretenaient !

 Mais le deuxième obstacle, n’est-il pas Violetta elle-même ? Ne dit-elle pas en effet à Germont : « A la malheureuse/ qui un jour est tombée/ tout espoir est enlevé de se racheter/ Si Dieu même clément lui pardonne/l’homme pour elle sera impitoyable ». C’est pourquoi Violetta, consciente de la fatalité, de la malédiction qui pèse sur elle, décide de se sacrifier. Reconnaissant son indignité, elle trouve juste son châtiment et l’accepte.

        Par ailleurs le personnage de Germont a peut-être été inspiré à Dumas fils par la figure de son propre père, qui n’a reconnu son fils qu’à l’âge de 7 ans et qui l’obligera à rompre avec la demi-mondaine Marie Duplessis, craignant que son fils lègue toute sa fortune à cette femme.

D’autre part nous savons que Verdi a vécu plusieurs années au grand jour son amour hors mariage avec Guiseppina Strepponi, une soprano italienne, qu’il épousera plus tard, mais qui n’a jamais été acceptée par les habitants de sa commune de Busseto, cet opéra se révélant peut-être comme un miroir accusateur tendu à ses contemporains. 

                        Le troisième et dernier acte est placé sous le signe de l’attente. D’action il n’y en a plus. Tout ici concourt au pathétique.

          Violetta lit la célèbre lettre de Germont : il lui apprend qu’il a révélé à Alfredo le sacrifice qu’elle a fait pour lui et qu’Alfredo va venir chercher son pardon !

Mais Violetta, désespérée et visiblement très souffrante, sent de plus en plus l’approche de la mort : « Adieu ô vie/ Adieu, beaux rêves souriants du passé… » et elle implore Dieu de lui pardonner et de la recueillir, les auteurs n’hésitant pas à faire appel ici à la religion. Car cet acte III, point ultime de la chute physique, matérielle (elle est ruinée à présent), sociale de Violeta, se révèle comme l’apogée de l’ascension morale de la courtisane.

         Dehors le Carnaval bat son plein, cette bacchanale ne faisant que souligner la déchéance sociale de Violetta, totalement exclue à présent de ces fêtes qui nourrissaient précédemment son existence.

          Et lorsqu’enfin arrive Alfredo, dans un duo particulièrement bouleversant et dithyrambique, les deux amants s’embrassent, s’enlacent, s’enflamment, échangeant promesses radieuses et pardons mutuels. Mais la cruelle réalité impose sa loi : « Ah ! grand Dieu, mourir si jeune !» se lamente la jeune femme.

          Puis dans un nouvel élan de grande générosité, Violetta adjure Alfredo de ne pas l’oublier mais d’épouser une femme digne de lui, à laquelle il offrira son portrait, qu’elle lui donne, ce portait scellant d’une certaine façon la réconciliation du monde bourgeois et de son monde à elle que par ce geste elle transcende. Et elle ajoute qu’au ciel elle priera pour eux.

            Et enfin croyant soudain sentir en elle une « force insolite », telle une renaissance, elle prononce ce fameux cri d’extase terminal « Oh, joie !», puis brusquement elle s’effondre, morte. Morte de maladie ou d’amour ou des deux à la fois ?

                     Ce troisième et dernier acte nous renvoie tout d’abord à une profonde préoccupation de Verdi, qui craignait alors de perdre sa compagne malade, Guiseppina Strepponi. Il faut dire que la mort a souvent frappé Verdi (sa première épouse jeune, ses 2 enfants en bas âge et à un an d’intervalle) et Verdi ressentait la mort comme une malédiction qui pesait lourdement sur son destin, « Maledizione ! » répétait-il souvent.

         Mais au-delà des considérations personnelles concernant le compositeur, il faut reconnaître que Violetta, comme d’ailleurs Isolde, Lulu, Carmen, La Tosca… toutes ces grandes passionnées connaissent une forme de purification, de rédemption par l’amour.

Or cet amour dévastateur nourrit inexorablement aux tréfonds de lui-même le germe d’un destin fatal, ce qui est la caractéristique essentielle de la tragédie, à laquelle il confère d’ailleurs sa dignité, sa grandeur, sa noblesse.

Et Violetta dans sa grandeur pathétique illustre bien l’un des thèmes chers aux romantiques, celui de la courtisane réhabilitée certes par l’amour… mais aussi par la mort.

En conclusion on peut dire que cet opéra est le poème d’un amour absolu et impossible, d’un sacrifice cruel et il nous offre sans doute la plus belle étude psychologique de tout le théâtre lyrique romantique.

Mais c’est aussi, comme nous l’avons vu, un mélodrame social, servant de prétexte à la critique d’une certaine hypocrisie de la bourgeoisie. Et n’est-ce pas elle, la courtisane, la Traviata, la dévoyée, qui donne des leçons de grandeur d’âme, de générosité, d’héroïsme du cœur brisé, aux bien-pensants, aux bourgeois de cette société du 19ème siècle, dont elle est finalement une victime expiatoire ?   

 Bref cet opéra est la tragédie de la disgrâce et de la grâce, où la souffrance se fait musique, où les déchirements se traduisent en accents élégiaques, harmonieux et purs grâce bien sûr au génie de Verdi !

Éloge funèbre de E. GEORGES-LANNES

Eloge funèbre de E. GEORGES-LANNES

Prononcé le 28 décembre 1998

Par André GASTOU 47ème fauteuil – Secrétaire général

 

« La Mort, a des rigueurs à nulle autre pareille ;
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est, se bouche les oreilles
Et nous laisse crier… »

 

Ce quatrain, extrait des Stances à Du Perrier, écrites par Malherbe, me semble approprié à ce jour 06 juin 1998 où notre très cher Ami et confrère, fondateur de l’Académie du Languedoc nous a précédés.

Les 3 coups du brigadier, qui faisaient lever le rideau rouge, annonçant le spectacle auquel vous participiez, s’évanouissent aujourd’hui dans les coulisses : le rideau, pour Vous, ne se lèvera plus !

C’est avec une très vive émotion que nous apprenons le départ de notre éminent confrère, mon Ami de toujours. Il était mon cadet de 8 ans. C’est un grand toulousain, le Commandeur Marius Cazeneuve, ami de la Reine Ranavalo, qui nous a rapprochés, car, vous prépariez une conférence sur Madagascar et, je détenais une copieuse documentation sur Cazeneuve. Dès lors nous avons approfondi nos relations, jusqu’à nous rendre compte que vous étiez le beau-frère de mon très grand Ami Elisée Métet. Jusqu’à ce jour-là, nous avons poursuivi chacun notre carrière, confirmant que 2 lignes parallèles finissent à se joindre à l’horizon, en l’occurrence, notre retraite !

Cette conférence complétait les 80 que vous présentiez à un nombreux et fidèle public.

Toulousain 100%, né le 23 avril 1919, rue Tournante de Luppé, vous avez débuté vos études à l’école communale Lakanal, puis ce fut le lycée et la faculté de droit. La guerre 1939, interrompt vos cours. Vous aimez le théâtre et il va vous captiver. Vous créez, car vous aimez créer, une troupe d’acteurs avec laquelle seront joués quelques classiques comme l’Arlésienne. Mais votre activité sera d’être fonctionnaire dans la police. Vous y entrez par concours et vous prendrez votre retraite en tant que commissaire principal d’Enghien-les-Bains. Toutefois, votre activité n’en est pas pour autant réduite. Lorsque vous créez avec quelques amis à Paris, l’Académie du Languedoc, en février 1965, il ne s’agit que d’un petit groupe de languedociens, transplantés à Paris. Vous avez des vues plus larges et nous apporterons des modifications aus statuts en créant, pour les élus, les 60 fauteuils qui la composent actuellement. Très altruiste vous créez « O.L.A.S.S. » : Ordre Littéraire Artistique Scientifique et Social, Membre de nombreuses sociétés, ou associations philanthropiques ; érudit, pourvu d’une excellente mémoire, vos mérites sont grands et reconnus par de nombreuses sociétés. Chevalier du Mérite National – Chevalier des Palmes Académiques – Chevalier des arts et Lettres – Grand Croix de l’Etoile Civique – Commandeur de l’OLASS – du Monde Latin, notamment, car j’en oublie.

Vous n’avez ps pu survivre au décès de votre fidèle et dévouée épouse Henriette et cela vous a terriblement affecté. Elle était votre secrétaire, véritable répertoire téléphonique, elle connaissait tous les numéros de téléphone de vos nombreuses relations, philosophiques, philanthropiques ou culturelles dans toute son acceptation. Elle vous secondait admirablement et était véritablement votre âme. Employée des PTT elle prendra elle aussi sa retraite en tant que chef de service dans cette administration.

C’est au moment où la France reçoit le gratin sportif du monde entier que vous nous quittez. Nous ne vous dirons pas Adieu mais Au revoir. Nous respecterons vos idées et l’esprit de l’Académie.

Hélas, si votre départ a plongé votre œuvre dans a tourmente, elle la subit et elle franchira cette épreuve pour en sortir bien plus ragaillardie, bien plus unie, bien plus dynamique et encore plus productive. Nous ne nous sentons pas abandonnés. Vous demeurez présent à toutes nos manifestations. Nous nous souviendrons : la blessure passée, reste la cicatrice. Soyez certain que nous poursuivrons la tâche que nous nous sommes imposée en élargissant nos activités dans cette belle et grande province du Languedoc.

André GASTOU

Serge GAMBELIN 2023

Présentation de Serge GAMBELIN
en tant que membre associé de l’Académie du Languedoc
par Pierre PEREZ 38ème fauteuil
Hôtel Palladia – 11 mars 2023

Natif d’Occitanie puisque né en 1954 à Valence d’Agen, Serge Gambelin est d’origine vénitienne par ses deux parents.

C’est à Colomiers qu’il fait ses études primaires et compte tenu de ses résultats, il est admis à Pierre de Fermat, Bac C Mention Bien.

 En survolant sa vie, j’ai appris, qu’il avait créé un groupe de rock en tant que guitariste et fait trois années de conservatoire (trombone). Pour un enfant qui était timide, réservé et solitaire c’est plutôt un beau contre-pied.

 Après avoir hésité entre psychiatrie et architecture, c’est cette dernière qui emporte son choix.

Alors que la majorité de ses amis se tourne vers des carrières médicales considérant que la journée est trop courte pour tout faire, il fait des études sur le sommeil pour tâcher de le diminuer !

Diplôme d’architecte DPLE en 1979
Diplôme d’ingénieur(HQE) Haute qualité environnementale
Diplôme Institut Etudes Urbanisme et Construction.

En bon touche-à-tout, il apprend la danse de salon pendant trois ans, le pilotage d’avion pendant deux ans, puis deux ans d’art dramatique.

Il crée avec trois amis un groupe de réflexion au sein duquel tous les soirs ils « refont le monde ».

Tout en faisant son service militaire à l’Ecole de l’Air de Saintes (Responsable économies d’énergie 1980), il s’installe comme architecte chez ses parents et dès sa sortie du service militaire, il créera avec deux autres architectes une SCM.

Il fonde avec le président de l’ordre des experts-comptables de l’époque, un club d’investisseurs boursiers.

Parallèlement, il crée une société d’architecture filiale d’un groupe national d’ingénierie et 15 ans plus tard il achètera de nouveaux locaux en haut des allées Jean-Jaurès et s’associera avec un ingénieur d’affaires pour approcher une nouvelle clientèle.

Il a deux enfants, fille et garçon tous deux à Paris qui lui donnent toute la satisfaction qu’un père puisse espérer. À vouloir tout sacrifier à ses enfants et à son travail dans ces périodes de crise financière, c’est le couple qui a éclaté il y a une dizaine d’années.

Il n’aime pas :

Lorsque la forme dépasse le fond
que l’on tienne moins compte des intérêts des victimes que de ceux des agresseurs
le fanatisme social, religieux, ou partisans avec la non écoute de l’autre
toutes les incivilités

Il aime :

Le calme dans la nature : humaine, animale, végétale
le plaisir de partager des idées avec des personnes à l’esprit ouvert
le plaisir de connaître et de découvrir dans les nouveaux domaines scientifiques et historiques
le plaisir de faire travailler à l’infini son imagination

Il considère avoir la chance :

d’être bien portant avec des enfants sans problème tout en exerçant un travail qui lui plaît .
de connaître certaines personnes avec qui il peut partager de bons moments dans une région qu’il adore riche pour ses paysages son histoire et sa culture.

Mention spéciale pour Sophie sa compagne, le couple est en train de faire construire une maison aux frontières du Lauraguais entre arbres et vallon, mais cela ne les empêche pas de s’éclipser à Venise Prague ou Dubaï.

 

 

 

 

Michel GASC Membre associé 2023

Présentation de Michel GASC
en tant que membre associé de l’Académie du Languedoc
par Jean-Jacques CUBAYNES 6ème fauteuil
Hôtel Palladia – 11 mars 2023

Chères consœurs, Chers confrères, Mesdames, Messieurs

Je commencerai par un très bref parcours biographique : Michel Gasc est né il y a un peu plus de 70 années à Garidech petite commune  à 17 km au nord-est de Toulouse.

Il passe son enfance dans son village natal, puis gagne Toulouse pour faire toutes ses études secondaires au Lycée Bellevue à Toulouse. Il poursuit non loin de là des études universitaires de médecine avant d’être reçu à l’internat.

Marié depuis plus de 40 ans,il est le père de deux enfants, un garçon et une fille.

Médecin il exerce la rhumatologie pendant toute sa carrière à l’Union et également dans un cabinet de groupe à Toulouse.

Dans ce contexte professionnel, il  exerce la fonction de président de la Société Midi-Pyrénées de Rhumatologie pendant une vingtaine d’années et celle de vice-président du Collège Français des Médecins Rhumatologues. Il a été membre du bureau national de lutte contre l’ostéoporose: la SOFOC.

Probablement hyperactif, à côté de cette activité professionnelle déjà très prenante, Michel trouve le temps de se passionner selon son expression, pour des « activités non professionnelles »

La première, la plus ancienne, la peinture ; il commence au début des années 2000 en copiant des tableaux de maîtres : De Vinci, Botticelli, Ingres, Cézanne, Renoir, Bonnard…

Il participe à plusieurs reprises aux expositions des Artistes Occitans.
Un de ses peintres favoris est Auguste Renoir,  il a l’honneur, d’être invité par la ville de Cagnes-sur-Mer et le musée des Collettes pour une conférence sur la vie et l’œuvre du grand artiste et ses difficultés à peindre liées à sa polyarthrite, manière d’associer expertise médicale et plaisir esthétique.

Dans le même esprit, lors d’un congrès médical, il donne  une conférence sur les vanités en peinture.

Autres activités qu’il cultive avec le sérieux de l’artisan, beaucoup plus manuelles celles-là, la menuiserie et l’ébénisterie.

Complètement autodidacte, il se prend d’amour, pour le travail du bois, il réalise  plusieurs meubles de style : bibliothèque, fauteuil, table bouillotte, colonnes grecques, il travaille actuellement à confectionner un bureau cylindre de style Louis XVI.

La sculpture l’attire, il rencontre notre confrère académicien Sébastien Langloys avec qui il a le plaisir de réaliser d’après photo un buste de Victor Hugo, un de ses écrivains favoris.

Il avoue aussi pratiquer des activités beaucoup plus conventionnelles, telles lecture, écoute de musique (Beethoven notamment), jardinage.

Quand je vous parlais d’hyperactivité, il me semble en avoir donné la preuve.

Je terminerai par une touche plus personnelle en vous disant que Michel Gasc sait être un ami précieux, attentionné, sensible, droit et rigoureux dans sa pensée et ses actes, bienveillant et chaleureux dans sa relation à l’autre, en un mot un parfait honnête homme.

Je vous remercie.