Prix littéraire

Prix littéraire de la ville de Toulouse
attribué à

Guillaume POUDEROUXet Bernard DELOUPY
pour

« Freight Dogs ou Les forçats du fret »

8 juin 2023 (Salle des Illustres)

Présentation par Maryse Carrier (52ème fauteuil)

Monsieur le Maire, Monsieur le Secrétaire perpétuel et Monsieur le Président de l’Académie du Languedoc, Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres associés, Mesdames et Messieurs, chers amis.

 

            Le roman « Freight Dogs ou Les forçats du fret » (des Editions Gilletta) méritait bien d’être signé par 2 co-auteurs, Guillaume Pouderoux et Bernard Deloupy :  

               Si pour des raisons professionnelles Guillaume Pouderoux vit aujourd’hui à Paris, il faut savoir qu’il est né à Toulouse. Tout jeune il s’est intéressé aux pionniers de l’aéronautique ce qui l’incita à fréquenter très tôt l’aérodrome de Toulouse-Lasbordes.

Il fut durant plusieurs années Pilote instructeur militaire dans l’Aéronavale et depuis 2017 il exerce non seulement en tant que Officier Pilote de Ligne chez Air France, mais aussi comme Formateur en « crew resource management ».

Et en tant qu’écrivain, il sait parfaitement faire appel à son propre vécu professionnel.

              Bernard Deloupy quant à lui, est né à Oran et vit actuellement à Nice mais c’est Perpignan qui est le berceau de la famille Deloupy. Et d’ailleurs son grand-père a été ingénieur de la ligne ferroviaire du fameux « petit train jaune », qui relie toujours Villefranche-de-Conflent à Latour-de-Carol !

Mais Bernard a opté pour une carrière de journaliste, d’écrivain, de consultant en communication et de coach littéraire, faisant de lui la personne idéalement complémentaire pour Guillaume.

        Votre  roman a donc été écrit à 4 mains, ce qui constitue à la fois son originalité et sa force et vous avez visiblement œuvré tous deux dans une parfaite osmose littéraire.

               Après une belle préface signée Virginie Guyot, ex-pilote de chasse, première femme au monde – et seule à ce jour – à avoir dirigé la patrouille de France, la dédicace extraite de « Vol de nuit » de Saint-Exupéry, donne le tempo de ce  roman : « Dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent ».

                Et nous voici plongés dans les péripéties d’un thriller haletant où chaque fin de chapitre plonge le lecteur dans un suspense permanent.

Rien ne sera épargné à Yann, notre héros, devenu pilote d’avion cargo ou forçat du fret, après une carrière d’officier de l’aéronavale française… Devant transporter en effet du fret de Tromsoe à Longyearbyen (sur l’archipel du Svalbard), Yann devra réaliser un atterrissage dans des conditions extrêmes et en catastrophe. Le sabotage de l‘avion, un colis suspect et une étrange tentative d’empoisonnement ne font qu’accroître le mystère.

Bientôt nous apprendrons que «l’Objet flottant Amundsen 9 » est en grande perdition quelque part sur l‘océan Arctique ; cet iceberg, ce morceau de banquise sur lequel œuvre une « Expédition scientifique secrète du Conseil de l‘Arctique » s’est étrangement détaché de sa banquise d’origine et part à la dérive. Yann se verra alors réquisitionné par l’armée norvégienne pour une « mission Top secret » à savoir : apporter vivres et carburant de chauffage aux membres de cette expédition.

Face à cette mission de sauvetage qu’il qualifie lui-même de suicidaire, notre pilote ne se dérobera pas et portera bien assistance à personne en danger, renouant ainsi avec les défis et le sens de l’abnégation des pionniers de l’Aéropostale, St-Ex, votre modèle, Mermoz « le héros absolu » et  Guillaumet, l’un des plus grands pilotes lui aussi.

Mais Yann a toutefois l’impression de jouer « le rôle de l’espion choisi comme victime expiatoire » au milieu de « relents de guerre froide » dit-il, sans savoir que sur la péninsule – russe – de Kola, « un long cachalot d’acier vient de plonger dans les flots », tandis que l’un des hublots de son « Pétrel Alpha » explose tout à coup sous un impact de balle…

Seul un petit groupe d’Inuits pratiquant des soins chamaniques va opportunément nous offrir un peu d’humanité au milieu de ce monde de brutes.

   Or qui essaie à tout prix d’obérer les chances de réussite de Yann, en empêchant que l’expédition scientifique internationale soit secourue ? Et surtout : A qui profite le crime ? 

                     Il faut dire que ce roman palpitant ne se résume pas à l’écriture d’un simple thriller :

C’est ainsi que nous allons assister d’un bout à l’autre à de multiples conversations très souvent ultrasecrètes sur l’état du monde et son avenir et surtout sur la guerre que se livrent une vingtaine de pays à propos de certaines régions de notre planète, comparée à un « marigot où s’ébrouent les sauriens » !

Nous entrerons alors entre autres dans l’intimité du quartier général de la CIA, nous pénétrerons dans l’insolent gratte-ciel le plus élevé, celui de l’Imperial Oil Compagny, où sévissent une dizaine d’hommes qui se savent les rois du monde ; nous assisterons à une édifiante conversation entre un banquier renommé et un homme d’affaires des plus véreux. Et nous pénètrerons même dans « Le bunker de l’Apocalypse » !

Le cynisme atteindra son apogée lorsque le Secrétaire général des Nations unies à New-York, lisant les prévisions alarmistes du Giec et désirant mettre en garde les populations, devra capituler face au chantage de l‘homme le plus puissant du monde… Mais qui est-il donc, cet homme ?

Bref, nous constatons que les grands prédateurs de ce monde sont à l’œuvre  et « chacun voulant sa part de gâteau, la curée a commencé », car leur cupidité est immodérée !

Mais au fait que va enclencher à la fin l’intervention surprise de ces quelques  « gringos prétentieux », « geek chicanos », ces jeunes surdoués de l’informatique ?…

Je laisse aux futurs lecteurs le plaisir d’édifiantes découvertes !! 

En conclusion je dirai que votre roman, qui n’est pas une dystopie, est passionnant car il offre plusieurs facettes : c’est tout d’abord un thriller certes, parfait scénario éventuel, mais un thriller au souffle épique qui sert de prétexte à une démonstration géopolitique implacable et inquiétante, destinée à secouer les consciences, à susciter un sursaut de l’humanité dans le but de « construire ensemble un monde meilleur », car comme a dit Saint-Exupéry : « Dans cet océan de ténèbres, les rares lumières signalent le miracle d’une conscience ».

Guillaume et Bernard, je suis particulièrement honorée de vous attribuer à tous deux le Prix littéraire de l’Académie du Languedoc et de la ville de Toulouse.