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Prix Fermat 2018 de l’Académie du Languedoc

ACADEMIE DU LANGUEDOC
37 Rue Bénézet
31300 Toulouse

PRIX DE MATHEMATIQUES PIERRE DE FERMAT
ATTRIBUE A

MICKAËL LAUNAY LE 23-10-2018

 

Madame la sénatrice,
Monsieur le Perpétuel
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Académiciens et membres associés,
Mesdames et Messieurs les Amis de l’Académie,

 

            Les occupations professionnelles ne permettent pas à Mickaël Launay d’être avec nous aujourd’hui, dans ce palais du Luxembourg, pour recevoir les éloges et le prix de mathématique Pierre de Fermat pour son livre ‘’Le grand roman des maths’’, que nous attribuons pour la première fois. C’est le Canada qui profite actuellement de ses compétences. Mais son éditeur, soucieux des intérêts scientifiques de Mickaël, nous fait l’honneur de le représenter en la personne de Madame Marie Foache.

            J’ai pour habitude de contacter le récipiendaire et de dialoguer avec lui, afin de découvrir son cœur, son âme, ses désirs profonds, son idéal de vie et de détecter en lui une ‘’force naturelle’’ qui anime en général les gens hors du commun.

            Je n’ai pas eu ce plaisir. Vous êtes à Paris et vous voyagez beaucoup, je suis à Toulouse en retraité tranquille, ce qui n’a pas permis de nous rencontrer. Je le déplore car un échange est toujours profitable aux antagonistes.

Vous êtes né le 25 septembre 1984 à Bressuire dans les deux Sèvres.

Vous préparez l’entrée aux grandes écoles à Bordeaux au lycée Montaigne, puis vous intégrez en 2009 l’Ecole Normale supérieure, rue d’Ulm, comme le président Georges Pompidou, ce qui est un parcours très exceptionnel. Cela ne vous suffit pas car, en 2012 vous obtenez le doctorat en mathématique, spécialité probabilités.

 C’est par hasard, flânant chez un libraire, que j’ai eu la bonne idée d’acheter un de vos livres. Dès les premières pages de lecture, j’ai ressenti un désir profond de connaitre la suite de votre récit extraordinaire et, vous m’avez réconcilié avec les mathématiques.

            Le secret de cette réconciliation est de présenter des faits, puis, d’expliquer que la nature et l’esprit humain collent avec les maths. Par exemple, les chiffres arabes que nous utilisons ont été créés en Mésopotamie par un berger gardien de moutons, qui désirait les compter. Il utilisa ses deux mains et constata qu’il y avait dix possibilités, d’où le calcul base dix.

            J’ai donc fouillé dans internet pour vous découvrir. Il y a beaucoup d’information à consulter. Puis je me suis attardé à relire votre livre ‘’Le Grand roman des maths ’’ dans lequel vous expliquez avec beaucoup de simplicité afin d’être compris par tous les esprits, les phénomènes reliés aux mathématiques. Ainsi, les pierres taillées à l’époque néolithique et paléolithique obéissent à des règles de mathématique.

            Les ballons de football sont composés de morceaux de toile ou de cuir au format à cinq ou six côtés pour obtenir une sphère la plus parfaite possible. Durant toute ma jeunesse j’ai tapé dans un ballon sans connaitre cette règle évidente.

            Si une pièce de monnaie lancée mille fois en l’air tombe sur pile, à la mille et une fois le scénario extrême de pile ou face est toujours le même, bien que la probabilité d’être face est considérablement certaine.

            Les exemples sont nombreux où les mathématiques sont reines et expliquent les merveilles de la nature.

Vous allez recevoir le prix de mathématique Pierre de Fermat. Il naquit à Beaumont de Lomagne dans le Gers, soit en 1601 ou 1607. Ce doute est dû à deux demi-frères de la fratrie qui portaient le prénom de Pierre. C’était chose courante à l’époque, lorsque le premier né décédait en bas âge, on donnait à nouveau le même prénom. Bien qu’il fit des études et une carrière professionnelle dans le droit public, il s’intéresse aux mathématiques à partir de 1630. Il s’installe à Toulouse, se marie et aura sept enfants. Il décède à Castres le 12 janvier 1665. Il développe ses théories et définit ses théorèmes, sans trop les démontrer. Ainsi il écrit au mathématicien Mersenne ‘’J’ai si peu de commodité d’écrire mes démonstrations, que je me contente d’avoir découvert la vérité et de savoir le moyen de la prouver, lorsque j’aurai le loisir de le faire’’.

Mon cher Mickaël Launay, vous méritait d’une manière certaine d’être honoré et, au nom de l’Académie du Languedoc à Toulouse, je vous décerne le prix de mathématiques Pierre de Fermat.

Merci à tous pour votre attention.

Fait à Paris, Palais du Luxembourg

Le 23 octobre 2018

Jean-Claude Martinet
Trésorier-dispensateur

Fraternité

Fraternité

par Robert MOSNIER (21ème fauteuil)

Dans le triptyque qui marque nos édifices publics en France, un seul est d’inspiration chrétienne « Fraternité » les deux autres non exempts de controverses relèvent de principes philosophiques et animent des idées politiques.

            La fraternité renvoie l’universalité et l’unité de la condition humaine, elle incarne une même identité, fait fi des différences, contradictions, dépasse l’antagonisme culturel, les oppositions tout autant que les craintes, les haines inassouvies, les violences répétées, les espaces et les temps confisqués.

            Elle exprime l’être en humanité, notre origine commune qui dépasse nos trahisons, surmonte nos faiblesses, efface nos égoïsmes et cette volonté omnipotente de dominance.

            Liberté et égalité préfigurent les lois, les codes, régissent nos modes de vie en société, exposent nos contradictions, selon nos points de vue amples ou réducteurs, mondes en mouvement qui renvoient à un aspect fini, bonheur hypothétique appuyé sur la notion relative du progrès, la fraternité c’est l’outrance du don, l’amour inconditionnel.

            Fraternité est un combat pour l’action, ne tolère aucune mesure et frôle la démesure, côtoie l’infini, déroule une dysrégulation, n’a d’autre frontière que le pardon et d’idéal que l’espérance.

            Elle irrite car elle détruit nos schémas de vie, transgresse la raison, oublie nos constructions durement élaborées et malmène toute vérité. Elle est aussi obligation de dépasser nos chocs culturels, notre volonté d’instituer un parcours où l’on tend à influencer l’autre comme détenteur d’expérience et de vérité.

            Nos esprits, qui se veulent ordonnés et rationnels, ont besoin de repères, d’assurances, de bienveillance, de contrôles et de remerciements. L’éducation s’y prête, l’intention est alors manifeste et répugne à la gratuité.

            Fraternité en cas de non-retour paraît une utopie ou du moins un chemin si long et aventureux que l’on n’ose s’y engager, elle est une position où le moi s’efface au profit d’une abstraction.

            C’est l’idéal de la passion, s’abandonner à la transcendance, au-delà du cadre protecteur de nos lois ou de la culpabilité émotionnelle que l’on institue.

            Pour autant l’histoire s’accélère, les frontières explosent, les comportements violents expriment ce mal-être du renoncement mais surgissent de partout des mouvements de miséricorde, de désintéressement, d’intérêt pour un prochain qui n’est plus si lointain, un exotisme qui nous pénètre et nous influence par sa proximité.

            Laissons mûrir ce qui est semé !

Prix de poésie Clémence Isaure (Archive)

LE GRAND PRIX « Clémence ISAURE » DE POESIE

par Jean-François GOURDOU (Secrétaire perpétuel)

Ernest Georges LANNES créa ce premier prix annuel en 1964 à Paris puis à Toulouse. Cela  au début de l’Académie du Languedoc quand celle-ci était surtout à Paris. Il fallait alors faire bien connaître Clémence ISAURE de TOLOSA à Paris lors des réunions parisiennes en particulier dans les fastueux salons du Sénat où se déroulaient certaines séances. Depuis, ce prix a été arrêté dans l‘Académie du Languedoc puisqu’elle siège actuellement uniquement à Toulouse.
Cela en respect de la vénérable Académie des Jeux Floraux de Toulouse qui en réclamait à juste titre la paternité. Les nouveaux secrétaires perpétuels de l’Académie des Jeux Floraux Mr SERMET, le Professeur Roger MERLE, Mr le président NEYRAL DE PUYBUSQUE, Mr le professeur Georges Mailhos et le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc, Mr José BADIE d’ARCIS et Mr André GASTOU secrétaire général, tous trois plus conciliants, se sont concertés et très amicalement l’Académie du Languedoc a « rendu » en 1998 le prix Clémence ISAURE à l’Académie des Jeux floraux.
Aussi, d’excellentes relations se sont rétablies entre les deux Académies, l’Académie du Languedoc devenant ainsi l’amie, la fille spirituelle de l’Académie des Jeux Floraux.
Depuis, nous sommes très honorés de voir le secrétaire perpétuel ou un mainteneur des jeux floraux  répondre et assister à nos séances annuelles, qu’ils en soient remerciés pour l’honneur et l’amitié qu’ils nous font.

            Restant attaché toutefois à la grande Muse, Egérie de TOULOUSE, nous rappellerons la belle histoire de Dame Clémence Bertrande ISAURE, dénomination dérivant de Dame Clémence Bertrande YZALGUIER

 Elle était issue d’une riche famille Toulousaine les YZALGUIER en occitan devenue ISAURE en français, habituée à la pratique des Arts et des Lettres.
Le sieur Yzalguier vivait au XIVe siècle titulaire d’une nomination royale sur Toulouse d’où sa fortune et fit un  « leg » notable sous forme de « fleurs d’argent » pour « exciter » la jeunesse à l’éloquence, après la terrible guerre des Albigeois et l’inquisition qui s’en suivit qui avait étouffé la culture occitane languedocienne par des gens venus du nord de la langue d’oil de Francie. Un renouveau apparu au début du 14e siècle après ces terribles évènements.
En 1323, fut créé le consistoire du Gai Savoir par sept troubadours de Toulouse en vue de ressusciter et de maintenir les traditions du lyrisme courtois occitan.
Un grand prix poétique et littéraire fut alors créé qui prit le nom en reconnaissance de la vierge Clémence mais aussi de Dame Clémence Bertrande Yzalguier puis Dame Clémence Isaure en souvenir de ses actions et du leg de son mari mais aussi de sa beauté et de sa culture.
Une immense et magnifique fresque signée de Paul LAURENS illustre le premier concours de poésie. On peut l’admirer en montant l’escalier monumental qui mène à la salle des Illustres de la mairie de Toulouse le Capitole.
« Lou Consistori de la Subregaya Companhia Del Gai Saber », invita tous les poètes de la Langue d’oc par un courrier qui a été conservé miraculeusement, à venir au printemps suivant dans un verger sis au faubourg des Augustines quartier St Aubin à Toulouse, disputer un concours de poésie dont le premier prix était une « violette d’or ».

Ainsi, le 03 mai 1324 la « Joïa » fut attribuée à Arnaud VIDAL de CASTELNAUDARY pour une canso en l’honneur de la vierge. Depuis chaque année, les concours se sont perpétués à la même date jusqu’à nos jours.
En 1356, les « legs d’amour » les Lois d’Amour furent promulguées codifiant la métrique, la grammaire et la rhétorique de la Langue d’oc.
Depuis 1527, l’éloge de Clémence ISAURE fut chaque année prononcée pour la fête du 3 mai.
Au 16e siècle la compagnie devint le collège de rhétorique et admis à ses concours des œuvres en français.
Au 16e siècle, après la fronde et le soulèvement du Languedoc par le duc de Montmorency, la compagnie fut suspendue mais en 1694, sur la demande des consuls de TOULOUSE et du président du Parlement de l’époque Pierre de PAPUS de LA CASSAGNERE le roi Louis XIV par lettres patentes octroyées à FONTAINEBLEAU rétablira la compagnie qui fut érigée en « Académie des Jeux Floraux » composées de 40 mainteneurs. En 1773, Louis XV confirma les privilèges de l’Académie.
A la fin du 18e siècle, un roman de Florain popularisa la légende de Clémence ISAURE, incarnation de la poésie mystique des troubadours languedociens.
L’Académie fut supprimée sous la Révolution comme toutes les Académies mais elle fut rétablie en 1808 sous Napoléon.
En 1895, grâce à la générosité du banquier Théodore OZENNE, l’Académie des Jeux Floraux de Clémence ISAURE fut logée somptueusement avec cinq autres sociétés savantes dans l’Hôtel d’Assezat où l’Académie des Jeux Floraux poursuit ses activités depuis plus de 6 siècles autour de la statue de « Dama Clémensa ».
La « patronne » des Jeux Floraux. Ses membres Académiciens sont appelés « Mainteneurs » et sont toujours au nombre de quarante.
Chaque année tous les 3 mai est organisé un concours de poésie dont les prix sont toujours des fleurs réalisées par un orfèvre, une fleur d’or et huit d’argent, violette, lys, œillet, souci et églantine comme pour le célèbre « Fabre d’Eglantine » de la Révolution, si fier de son prix qu’il en fit son nom.
Ainsi, l’Académie du Languedoc s’honore de ses excellents rapports respectueux et amicaux avec l’Académie des Jeux Floraux dont elle est quelque part la fille spirituelle ayant «rendu » amicalement Dame « Clémence ISAURE » à l’Académie des Jeux Floraux en 1998.

Jules VERNE en son temps

Jules Verne en son temps

par

Robert MOSNIER (21ème fauteuil)

            Explorons l’œuvre de Jules Verne, ce fils l’ainé de famille d’un grand avocat nantais qui entreprit à Paris des études de droit tout en s’adonnant à l’écriture,  poèmes et pièces dramatiques aujourd’hui bien oubliés.

            Il rencontre dans les salons parisiens Alexandre Dumas, il se lie d’amitié et lui restera fidèle, il se marie et achète une charge d’agent de change dont il se défera quelques années plus tard quand son ami et éditeur Hetzel lui proposera une rente à vie suite à l’énorme succès de son premier roman «Cinq Semaines en Ballon» avec la seule obligation de continuer avec la même verve ses romans d’aventure et d’anticipation.

            C’est l’époque des drames historiques, longue suite de tableaux à visée politique contemporaine (Alexandre Dumas, Louis Vitet) mais aussi de drames bourgeois et des travers de ce nouveau monde dont la suffisance et le ridicule triomphent tout autant que l’éphémère d’une vie brutalement interrompue, annonciateurs  de notre théâtre de boulevard ( Émile Augier).

            Le roman historique, sous forme de feuilletons, Eugène Sue dans les Mystères de Paris, Rocambole, de Ponson du Terrail, les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, suivis de vingt ans Après poursuivent l’intérêt initié par le grand Hugo, avec Notre Dame de Paris de nouvelles qui captent l’intérêt des lecteurs où les passions se déchainent et la mélancolie romantique triomphe. Bouvard et Pécuchet, Madame Bovary de Flaubert mettent l’accent sur l’aspect psychologique mais la mièvrerie garde ses droits avec le feuilletoniste Octave Feuillet auteur de la Petite Comtesse, œuvre larmoyante, s’il en est.

            Jules Verne allie aventure et étude de caractères, introduit le suspense, l’impossible. Il s’interroge sur le monde à venir, la puissance de la Science et les intérêts mercantiles d’une société de découvertes qui peut amener l’humanité tout autant à sa perte qu’à sa félicité. Ses personnages  sont l’objet d’une étude fine, le drame n’exclut pas la recherche de personnalités dont la réflexion transcende l’émotion qui ne se dissout pas dans la contemplation de ses insuffisances.

            Une sourde explosion, la dynamite avait éventré le coffre fort géant. .La fumée dissipée, parmi des papiers sans importance, un trésor, une liasse de feuillets manuscrits que l’on croyait disparue

                        Le dernier Roman de Jules Verne,une anticipation « Paris au XXI siècle!»

                        Près d’un siècle après sa mort 1905, la fortune avait encore frappé….

                        Qui est il ce personnage,auteur de soixante dix romans, de pièces de théâtre, de poèmes en vers?

            De la stratosphère ( de la Terre à la Lune) aux entrailles de la terre (les Indes Noires), des profondeurs sous marines ( vingt mille lieux sous les mers)  (autour du monde en quatre vingt jours) d’un Passe Partout, aux voyages mouvementés des (enfants du capitaine Grant) il nous fait découvrir l’ univers, nous ouvre aux autres civilisations, dépasse nos angoisses, transcende nos peurs imaginaires.

            Ce  nantais qui n’a pu être marin, navigue dans son imaginaire, loin du fantastique très au fait des découvertes de son temps, créant celles à venir.

            Je me souviens de mon émotion, lorsque découvrant l’Islande, terre de glace et de feu,  de landes désolées où s’ébattent des centaines d’espèces d’oiseaux aquatiques, je contemplais le volcan dominant la capitale Reykjavik, où des explorateurs téméraires s’enfonçaient dans son cratère pour fouiller les entrailles de la terre et nous révéler son mystère…

            Présent sur les cinq continents et dans le Cosmos à cette époque de révolution technique et industrielle, deux dates retiennent l’attention et expliquent cette mutation profonde des sociétés, celle de sa naissance 1828 et celle de son décès 1905.

            La France de la Restauration est une France paysanne, elle découvrira lentement le chemin de fer dont le réseau en toile d’araignée vers Paris s’épanouira sous Napoléon III.

            Il faut neuf jours en diligence et coche d’eau  pour gagner de Toulouse la Capitale. En 1856, date de l’arrivée du train, il suffira d’une journée. Le chemin de fer réduit les distances mais faire le tour du monde en quatre vingt jours demeure un tour de force.

            Le temps s’accélère et l’espace se rétrécit, les mentalités changent mais plus lentement. La France en 1870 n’est plus un continent, la Fée électricité illumine les travaux publics du préfet Haussman qui détruit le Paris médiéval, celui d’Hugo et de Notre-Dame, aère la ville, suit les préceptes hygiénistes, élargit les rues, apporte le confort aux classes aisées rejetant le prolétariat ouvrier dans les quartiers insalubres des faubourgs;

            C’est aussi l’exposition universelle de 1867 qui consacre le triomphe des arts, des sciences et des techniques, cette France industrielle à la seconde place derrière l’Angleterre, au coude à coude avec les États-Unis et l’Allemagne qui cherche son unité.

            « Cinq semaines en ballon» l’éditeur Hetzel signe un contrat avec Jules Verne car il nous faut nous élever loin des spéculations d’une  bourse qui enrichit puis ruine les épargnants et nous vaudra la série des Rougon-Macquart de Zola.

            Fin d’un monde, l’esclavage aboli en France en 1848 par Victor Schoelcher le devient aux Etats-Unis : 1861-1865 suite au triomphe du nord industriel sur le sud agricole esclavagiste et cotonnier.

            Si le spirituel trouve un nouvel élan avec Montalembert,  Lacordaire,  loi Falloux, Lamennais condamné pour une vision socialiste trop clivante, le scientisme et le positivisme reprenant le flambeau des Lumières, la notion de progrès et de bonheur dans la science ouvrent de nouvelles perspectives confondues en systèmes idéologiques dont on ne soupçonne pas les conséquences, religions des hommes sans Dieu.

            Un Savant Anglais Charles Darwin, s’inspirant des travaux du zoologiste français Lamarck (Le Transformisme) met à bas la théorie de la création au profit de l’évolution et la sélection des espèces 1859. La génétique nait avec le moine Grégor Mendel  et dans la théorie des rêves, 1896 Sigmund Freud explore l’inconscient, la force des pulsions sur nos comportements et nos responsabilités.

            C’est un monde ancien pyramidal et ordonné qui s’effondre, la terre au centre de l’univers, l’homme créé et libre au profit d’une nouvelle dynamique, le mouvement!

            Jules Verne l’avait pressenti, il en est un des promoteurs. Vers la fin de sa vie, il connaitra le téléphone, le moteur à explosion, la voiture et l’aéroplane, le télégraphe électrique, l’exploration du corps humain au travers des rayons X,  autant de découvertes qui vont changer nos habitudes.

            Le premier sous marin atomique américain passant sous le Pôle Nord portera le nom de Nautilus, hommage rendu à cet immense écrivain.

                                                                   1905

            La Belle Epoque, un monde en sursis qui avec la course aux armements va vers son anéantissement, la catastrophe de la guerre de 14, les lois sociales n’ont pas suivi ces grandes découvertes : ébauche des retraites ouvrières, assurances et prévoyance se mettent en place mais les inégalités se sont aggravées.

                                                     Jules Verne s’éteint

            L’Afrique, ce continent vierge en son centre finit d’être exploré, les Arborigènes australiens seront encore longtemps qualifiés de sauvages ou primitifs. Jules Verne avait loué la grandeur de ces peuplades, mais les fixations et l’ethno-centrisme de l’occident, cette prétendue supériorité marque toujours les esprits.

            C’est aussi la séparation non sans violence ni incompréhension de deux mondes, le religieux et le laïc, nécessaire à bien des égards pour la tolérance de la diversité mais qui produit excès et sectarisme.

            Jules Verne, c’est la reconnaissance de l’altérité, il observe, ne compare ni n’exclue, au delà de l’aventure il nous fait découvrir un extraordinaire voyage de confiance et dépassement de soi.

 

10 juillet Retrouvailles académiques et séance solennelle

Quelques souvenirs :

Photos de Maryse et Michel Carrier (Cliquer sur les images pour les visionner)

Une vidéo de P. DE LA VIGUERIE : Notre dévoué tambour, Monsieur SIMON.

Quelques photographies de Michel OLLE

Poème de Marcel CARRIER présenté par Maryse CARRIER

Marcel CARRIER : « Le festin de Ségavène »

 

Poème dit par Maryse CARRIER à l’occasion de la cérémonie solennelle au château de la Cassagnère le 10 juillet 2021.

 

 

LE FESTIN DE SEGAVENE

 Alentour de la fontaine
Qui muse sous le couvert
Les sylvains de Ségavène
Banquettent à ventre ouvert.

Le temps fuit, le cidre mousse.
Quel délice sans pareil !
L’eau murmure sur la mousse ;
Le jour s’enfle de soleil.

Ils y sont tous les compères,
Les croqueurs, les engouleurs,
Les lampeurs de bonnes chères
Au poil de toutes couleurs :

Farou dont le nez bourgeonne
Bigornel qui cligne l’œil,
Pic, la trogne bourguignonne…
« Sens ce poul rouge au cerfeuil. »

Et Clampet le torte-patte,
Cacatol le lèche-plats,
Dril en perruque grenate
Qui sait tant rire aux éclats,

Et Fulbec, en peau de bique,
Micaron, la bouche en cœur,
Roum, aux airs de brun cacique…
« Cette tarte, quelle odeur ! »

Au dessert, Cluf dit la geste
De la Dame aux yeux de jais ;
Binot trousse un conte leste ;
Grél récite quatre lais.

Puis les violes, les harpes,
Luths, théorbes et rebecs
Scandent le Jeu des Echarpes
Fleuri de salamalecs.

Enfin, sur corbel de jade,
Dans un silence dévot,
Glouc apporte la croustade
De framboise et d’aubercot,

Un tortil de paste fine
Peinturé de jaune d’œuf,
Poudré de fleur de farine,
Comme un bel escarbot neuf,

Aux senteurs de rhum d’Antille,
De caramel, de verger,
De galette que l’on grille
Dans le four du boulanger.

Tsil débouche le champagne ;
Pam ! et pam ! foin des peureux !
Ah ! quel pays de cocagne !
Comme un rien peu rendre heureux !

Un nuage au ciel s’étire
Tel un écheveau de soie ;
Le vallon s’emplit de rire ;
L’écho roule de la joie.

Fuse la gaîté gaillarde ;
Vole au vent propos salé.
Le ruissel menu bavarde…
Le souci s’en est allé.

                                                                     Marcel CARRIER

Marcel CARRIER (1909 – 2015)
Prisonnier de guerre de juin 1940 à mai 1945
Auteur de nombreux recueils de poésie, de textes en prose et de pièces de théâtre.

Les poèmes du recueil « Les Chansons du pêcheur de lune », d’où est extrait « Le festin de Ségavène », ont été créés (comme tant d’autres d’ailleurs) au stalag XI A, Altengrabow (dans la province de Hanovre).

Le poète dira un jour :  « J’ai caché ma souffrance au fond de mon cœur et j’ai chanté dans ma prison pour oublier l’enfer du camp .»

Marcel CARRIER fut :

  • 3 fois lauréat de l’Académie des Jeux floraux de Toulouse
  • 9 fois lauréat des Jeux floraux du Languedoc à Montpellier
  • A obtenu en outre 34 prix de différents concours littéraires
  • En 2011, à l’âge de 102 ans, il fut honoré du Grand Prix de poésie André GASTOU de l’Académie du Languedoc.