Histoire du Languedoc

HISTOIRE DU LANGUEDOC (nouvelle version)

par Jean-François GOURDOU
Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

L’Académie du Languedoc porte le grand et beau nom du Languedoc.
Ce nom du Languedoc réveille en nous de nombreux souvenirs et nous interroge.
Que représente-t-il exactement ?
En effet le Languedoc recouvre et correspond à des identités assez différentes qui se superposent, sans limites très précises, car le Languedoc a beaucoup évolué pendant 2000 ans.
Le Languedoc a ainsi plusieurs identités sur les plans linguistique, géographique, historique et administrative.
Aussi nous allons les préciser et les retrouver ensemble.

I – LE LANGUEDOC SUR LE PLAN LINGUISTIQUE

Le nom du Languedoc correspond au nom des pays où est parlé la langue d’oc, soit le langage des habitants de cette région depuis le début du Moyen Age. Cette langue d’oc provient directement du latin en passant par la langue romane du début du Moyen Age. Elle est une langue à part entière la plus proche du latin entre l’Italien et l’Espagnol.
La langue d’oc tire son nom de la façon dont les habitants du Sud de la France disaient oui qui se disait « oc » par opposition avec les habitants du Nord de la France pour qui oui se disait « oïl ». Ainsi les pays du Nord de la France étaient les pays de langue d’oil.
Au Moyen Age la langue d’oc était une langue officielle, parlée et écrite avec une grammaire et une littérature, elle était même appelée vu son raffinement : la langue des troubadours. C’était donc une grande et belle langue, bien loin du discrédit qui lui a donné son appellation de dialecte ou de patois. Cette appellation correspond en fait aux différentes variations et cousinages de la Languedoc en fonction des différentes régions du Sud de la France.
En effet, la langue d’oc correspond à tout le Sud de la France.
Autour du noyau central le « langadocian » correspondant à la grande région autour de Toulouse et à toute la région côtière de la Méditerranée, il existe d’autres régions de la langue d’oc incluant à l’Ouest le « Gascon », au Nord le « Limousin » et « l’Auvergnat » et à l’Est le Provençal Sud divisé en Alpin et Méditerranéen au Sud, soit une très vaste région dite aussi du midi ou midy.
Il existe en plus des différences dans le parler dans chaque sous région, le patois du Tarn étant un peu différent du Toulousain.
Tout cet ensemble linguistique du Languedoc correspond aussi à l’Occitanie.
L’Occitanie correspond donc au grand Languedoc linguistique. Ce nom d’Occitanie provient des pays d’oc, de la langue occitane ou simplement de l’occitan.
Ce nom est très ancien, venant semble-t-il des tribus celtiques Auccitanes de la région d’Auch, dont les habitants s’appellent toujours les Auccitans. Ce nom fut alors diffusé à la provincia Romaine et utilisé dès l’époque latine puis réapparu au Moyen Age.
On le retrouve dans diverses chartes écrites en occitan.
L’Occitanie recouvre donc le grand Languedoc linguistique incluant le Provençal, le Gascon et l’Auvergnat, dialectes cousins.
Ce nom d’Occitanie a pris actuellement un grand essor pour symboliser les pays de la langue d’oc dans sa terminologie réelle occitane. Il correspond ainsi à tout le Sud de la France celui de la civilisation occitane.
Malheureusement depuis le 19ème et le 20ème siècle la langue d’oïl, devenue langue officielle de la France, s’est imposée à tout le Sud de la France du Languedoc, du fait de son administration centralisée et de l’école avec son enseignement uniforme, mais on peut espérer la continuité de notre chère langue d’oc par le renouveau actuel de l’Occitanie et du Languedoc par sa langue et ses traditions, soutenues en particulier par l’Académie du Languedoc.

II – LE LANGUEDOC SUR LE PLAN GEOGRAPHIQUE ACTUEL

Le Languedoc sur le plan géographique est nettement plus réduit et restreint. Il ne correspond en fait actuellement qu’à trois départements côtiers de la Méditerranée, à savoir l’Aude, l’Hérault et le Gard, allant ainsi du Roussillon au Rhône et de la mer Méditerranées à la barrière montagneuse du Sud du Massif Central.
La région Toulousaine de la Haute-Garonne en étant séparée ainsi que tout autour au Nord, l’Ariège, le Tarn, l’Aveyron et une partie de la Lozère et de l’Ardèche.
Le Languedoc géographique étant donc bien plus petit que le Languedoc linguistique et historique comme nous allons le voir plus loin.
Il est fait d’une vaste plaine côtière le bas Languedoc, le pays du vin, avec plusieurs grandes villes construites au bord de rivières. Carcassonne, Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes, Uzès, et d’une barre montagneuse dite le Haut Languedoc avec la Montagne Noire, les monts de l’Espinouse, les Cévennes, et les monts de Lozère. Cette région est ainsi très diverse sur le plan géographique elle est de ce fait très touristique avec ses montagnes dont le parc du Haut Languedoc et ses stations balnéaires à bord de la méditerranée.

 III – LE LANGUEDOC SUR LE PLAN HISTORIQUE

Le Languedoc a une très longue histoire avant et après le Moyen Age mais son nom n’est réellement apparu pour désigner le Sud de la France qu’à la fin du Moyen Age après 1271.

A – ORIGINES DU LANGUEDOC

LA PREHISTOIRE
La région du Languedoc a été habitée dès la préhistoire. De nombreux témoignages persistent dans les tombes à tumulus, les dolmens, les mégalithes et les oppidums nombreux dans toute la couronne montagneuse du Languedoc.
Les âges de la pierre, du bronze, et du fer ont été très présents dans toute la région montagneuse habitée alors par les ligures, les celtes et les Ibères.

LE ROYAUME DES CELTES VOLQUES
Les Celtes-Gaulois venus de l’Europe vinrent s’installer dans notre région bien avant le IVème siècle avant Jésus Christ. Deux peuples, nommés les Volques, occupèrent le pays. Les Volques Tectosages dans la région de Toulouse et les Volques Arécomiques dans la région de Nîmes à Béziers. 

LES GRECS
Les peuples Méditerranéens de l’Orient, Grecs essentiellement, fondèrent dès le VIème siècle avant Jésus Christ des comptoirs commerciaux ou Emporium avec de nouveaux ports, comme Marseille et Agde, apportant la riche culture antique orientale qui persistera longtemps.

LES CARTHAGINOIS
Annibal, le Général Carthaginois, traversa notre région venant d’Ibérie en direction de Rome en 218 avant Jésus Christ lors des 2èmes guerres puniques.
Mais Carthage laissa une grande empreinte en Ibérie avec de nombreuses villes côtières dont Barcelone au nom de la famille régnante de Carthage les Barca.

LA PROVINCIA ROMAINE
Les Romains conquirent et occupèrent alors notre région de façon progressive de 120 avant Jésus Christ au VIème siècle après Jésus Christ.
La province romaine fut créée tout d’abord en Provence avec la ville d’Aix, comme capitale, puis à Narbonne, puis à l’ensemble du Sud des Gaules, remontant d’un côté jusqu’à Toulouse et au Roussillon et de l’autre, dans la vallée du Rhône, jusqu’à la cité de Vienne.
Il y eut successivement :

  • la 1ère province avec Aix d’où le nom de Provence,
  • la grande Provincia au bord de la Méditerranée avec tout le Sud des Gaules et ensuite division en trois régions :
  • la première Narbonnaise avec Narbonne et Toulouse comme capitales,
  • la deuxième Narbonnaise de la Provence avec comme capitale la ville d’Aix,
  • la Viennoise avec comme capitale la ville de Vienne.

Le nom de Septimanie provient du nom de la 7ème légion Romaine venue d’Egypte ayant développé la ville de Nîmes.
Le Consul Cnéius Domitius couvrit la Provincia de voies Romaines, dont la célèbre via Domitia, réunissant l’Italie à l’Espagne le long du pourtour Méditerranéen, à travers les nombreuses nouvelles villes Romaines : Arles, Nîmes, Béziers, Narbonne.
La civilisation Romaine avec sa langue, sa culture, et son administration s’installa durablement dans notre région qui fut ainsi longtemps totalement Romanisée.
Le Christianisme s’installa ensuite vers le IVème siècle.

LE ROYAUME DES WISIGOTHS

Les Invasions marquèrent de façon importante notre région.
Les Wisigoths tout d’abord, venus d’Europe Orientale vers le Vème siècle, fondèrent un royaume à l’Ouest de la province Romaine avec Toulouse pour capitale.

LES FRANCS
Mais en 506, après la défaite des Wisigoths à Vouillé, dans la Loire, les Francs de Clovis vinrent s’installer jusqu’à Toulouse ne laissant aux Wisigoths que le pourtour Méditerranéen dénommée alors la Gothie ou reprenant le nom de Septimanie.

LES SARRASINS
Les Sarrasins musulmans venus du Maroc en 711 envahirent notre région après l’Espagne en ayant écrasé les Wisigoths.
En 732 leur remontée vers le Nord fut stoppée par Charles Martel, vers Poitiers. Celui-ci les refoula au Sud, mais ils restèrent encore en Septimanie.
Ils ne furent définitivement refoulés en Espagne qu’en 759 par Pépin le Bref.

LE ROYAUME DE FRANCE

Les Rois de France Carolingiens.
Dès 759 les Rois de France avaient réuni le Nord et le Sud des Gaules créant le début de la France.
Charlemagne en 800 consolida son vaste Empire en refoulant les Sarrasins ou Maures au-delà des Pyrénées et en installant une nouvelle administration dite féodale.
Les régions étant administrées par des ducs chefs militaires avec au-dessous d’eux en lien de vassalité les marquis pour les marches ou frontière de l’Empire et les comtes et vicomtes pour l’intérieur de l’Empire.
Au début ces hauts fonctionnaires étaient révocables mais dès le 9ème siècle ils devinrent héréditaires et peu à peu se rendirent presque indépendants avec la diminution du pouvoir royal.

 LE COMTÉ DE TOULOUSE

Les Comtes de Toulouse fondèrent alors une longue dynastie à partir de 790 avec le Comte Guillaume, ou Guilhem en Langue d’oc, dit « au court nez » du fait d’une blessure au combat contre les Sarrasins, par la suite ils prirent le prénom de « Raymond » d’où le nom de dynastie « Raymondine ».
Le Comté de Toulouse dépendait du duché d’Aquitaine avec les Vicomtés d’Albi, Carcassonne, Razès, Velay (ville du Puy) et Gévaudan (ville de Mende), les Vicomtés étant administrés par des vicomtes vassaux des comtes de Toulouse.
Le duché ou marquisat de Narbonne ou Gothie ou encore Septimanie comportait les Comtés de Narbonne, Béziers, Agde, Lodève, Nîmes et Maguelone, comtés dépendant directement ou indirectement des comtes de Toulouse, ceux-ci devinrent aussi comtes de la ville de Saint-Gilles d’où leur nom.
Enfin le duché de Provence comprenait les Comtés de Viviers (dans l’Ardèche) et d’Uzès.
Les comtes de Toulouse par mariage devinrent encore marquis de Provence, leur territoire correspondant alors à presque la moitié Ouest de la Provence.
Ainsi au 12ème siècle les comtes de Toulouse régnaient sur tout le Sud de la France en possession directe ou en suzeraineté de vassaux. Montpellier toutefois en était séparé, étant indépendant puis possession du Royaume d’Aragon.
Mais le Comté de Toulouse allait bientôt s’effondrer du fait d’une part de la querelle avec ses vassaux en particulier les vicomtes Trencavel d’Albi, Carcassonne, Béziers, Nîmes et d’autre part surtout l’arrivée de la nouvelle religion des Cathares.
En 1209 le Pape Innocent III déclara la Croisade contre les hérétiques, les Albigeois ou Cathares, qui mit le pays à feu et à sang et permit l’installation de nouveaux barons catholiques du Nord, compagnons de Simon de Montfort, le chef de la Croisade.

Comté de Toulouse
Le Comté de Toulouse en 1209

En 1229 au traité de Meaux à Paris le roi de France Louis IX futur Saint-Louis imposa au comte de Toulouse Raymond VII le mariage de sa fille unique avec son frère le comte Alphonse de Poitiers.
En 1270 Saint-Louis mourut en croisade à Tunis, son frère Alphonse et Jeanne de Toulouse moururent peu après à leur retour de la croisade à Gênes.
Enfin en 1271 à la mort sans enfant du comte Alphonse de Poitiers et de son épouse Jeanne de Toulouse l’ensemble des territoires du Comté de Toulouse et de Poitiers furent rattachées directement à la couronne Royale de Paris. Philippe III le Hardi hérita dans le même temps du Royaume de France et du Comté de Toulouse.
C’est ainsi que se termina l’indépendance relative au Sud de la France du Comté de Toulouse qui allait devenir le Languedoc.

B – EN 1272 CREATION DU GRAND LANGUEDOC

On parla alors de Province du Languedoc et des Etats du Languedoc. Le Languedoc apparut alors réellement, pour nommer, réunir, et administrer les différents territoires du Sud de la France rattachés directement à la couronne Royale de France après les différentes guerres, croisades, et traités du début du 13ème siècle, faisant ainsi disparaître le Comté de Toulouse et la Vicomté d’Albi qui s’était montrée trop indépendante par la passé et hérétique.
Le Roy de France Philippe III le Hardi fils de Saint-Louis choisi le nom de Languedoc en 1272 pour supprimer définitivement le Comté de Toulouse. Il choisit ce nom fédérateur de Languedoc pour rassembler et supprimer tous les anciens Marquisats, Comtés, Vicomtés, Baronnies, passant ainsi de la féodalité des comtes de Toulouse à la monarchie absolue.
Ainsi furent créés les Etats du Languedoc pour administrer la nouvelle province du Languedoc.
Ceux-ci s’organisèrent assez rapidement et durèrent jusqu’à la Révolution Française de 1789.
Le Languedoc soutint alors, sans faille, la couronne de France en particulier pendant la Guerre de Cent Ans, elle participa aussi largement au règlement de la rançon du Roi Jean Le Bon.
Aussi la couronne de France accorda en remerciement de nouveaux privilèges aux Etats du Languedoc.
En 1302 Le Parlement de Toulouse recevait sa première organisation.
En 1349 Les Etats du Languedoc intégraient Montpellier suite à la cession par le Roi d’Aragon.
En 1444 Le parlement du Languedoc devint permanent siégeant à Toulouse.
En 1478 Création de la Cour des aides du Languedoc.
En 1523 Création de la chambre des comptes du Languedoc siégeant à Montpellier.
En 1471 Sous Louis XI création des Sénéchaussées. Toulouse deviendra le lieu habituel de la réunion des Etats du Languedoc avec Montpellier et Pézenas.
Malheureusement au 16ème siècle, les guerres de religions entre Catholiques et Protestants endeuillèrent tout le Languedoc.
Les Etats du Languedoc et la Province du Languedoc étaient administrés par un Gouverneur, des Sénéchaux, des Bayles et un Parlement.
Les Gouverneurs étaient de véritables vice-rois, du reste le poste était souvent confié à un grand seigneur de sang royal. Il y eut en effet le duc d’Anjou père de Charles V puis le duc de Berry, le connétable de Bourbon et les trois derniers ducs de Montmorency.
Leurs pouvoirs étaient importants à la fois administratif, militaire et judicaire. Mais suite au soulèvement du 3ème duc de Montmorency, celui-ci fut décapité à Toulouse dans la Cour du Capitole en 1632 pour trahison au Roi en ayant soulevé le Languedoc contre lui. Le Cardinal Richelieu remplaça les Gouverneurs héréditaires par des intendants nommés révocables ainsi plus dévoués et fidèles à la couronne royale.
Deux furent célèbres jusqu’à la Révolution, Henri d’Aguesseau de 1673 à 1685 et Lamoignon de Basville de 1685 à 1718.
Les gouverneurs construisirent de belles résidences en particulier à Carcassonne le Bastion dans la ville neuve.
Les Sénéchaux ceux-ci étaient de grands fonctionnaires administrant la province pour le roi et le gouverneur sur les mêmes plans, administratifs, militaires et judiciaires. Il y en avait trois, un à Toulouse, un à Carcassonne et un troisième à Beaucaire.
Les Bayles étaient encore des officiers Royaux sous les ordres des Sénéchaux dans des circonscriptions plus petites, par la suite au 17ème siècle leurs prérogatives passèrent aux « Présidiaux » des tribunaux.
La province du Languedoc comprenait :
Le Haut Languedoc : capitale Toulouse comprenant le Toulousain, l’Albigeois, la région de Castelsarrasin, le pays de Mirepoix et la partie occidentale de l’Aude. Le Comté de Foix avec le Couserans et le Comminges étant en dehors du Languedoc, de même le Roussillon espagnol jusqu’à Louis XIV.
Le Bas Languedoc : capitale Montpellier, comprenant Carcassonne, le Razès, le Narbonnais, le Biterrois, le Nîmois et les trois régions annexes du Bas Languedoc :
Le Gévaudan : capitale Mende, le Vivarais, capitale Viviers, et le Velay, capitale le Puy.
Soit une région composite sans communauté naturelle, faite d’une plaine côtière méditerranéenne et de deux renflements, l’un vers la plaine de la Garonne avec la région de Toulouse, l’autre vers la plaine du Rhône avec les régions d’Alès, Mende et le Puy.
Soit des régions multiples réunies en une seule province par décision administrative royale. La province des Etats du Languedoc étant ainsi plus grande que le Languedoc géographique actuel.

Le Parlement du Languedoc fut créé à l’identique de celui de Paris. Ce fut un des premiers parlement provincial de l’ancien régime.
Il s’agissait d’une cour suprême de justice comme celui de Paris, jouissant du droit de « remontrance », vis-à-vis du Roi.
Le Roi réunissait de temps à autre les Etats Généraux du Royaume et en particulier les Etats Généraux de la province du Languedoc, réuni dès 1319. Ceux-ci se réunirent par la suite tous les ans jusqu’à la Révolution. Les parlementaires recevaient à chaque réunion un jeton de présence d’argent aux armes du Languedoc à la Croix pommetée de Toulouse.

Il y avait le Parlement de justice à Toulouse siégeant dans le château narbonnais des comtes de Toulouse devenu depuis le tribunal de grande instance et la cour d’appel.
Ce parlement était composé de conseillers au parlement, charge devenue héréditaire, ceux-ci élisaient un président qui avait ainsi des pouvoirs très étendus sur tout le grand Languedoc.

Le Parlement de Montpellier s’occupait lui des finances, ayant le privilège de voter voire négocier l’impôt Royal, « le Don gratuit » ou la « Mande » mot venant de l’ordre de la « Main Royale ». L’impôt Royal de la province du Languedoc étant subdivisé pour chaque évêché et chaque paroisse. Les sommes étant levées par les consuls des communes qui les transmettaient à chaque évêché du diocèse, l’impôt étant l’impôt foncier « la taille » basé sur les relevés de propriétés consignés dans les livres et registres des Compoix et des Terriers. L’administration royale étant ainsi à l’époque confiée à l’administration religieuse. Les séances à Montpellier se tenaient à l’Hôtel de ville ou à Pézenas ville voisine.
Les réunions étaient présidées par l’archevêque de Narbonne, président né des Etats, celui-ci se tenait sous un dais entouré à sa droite des 23 évêques de la province ou de leurs représentants et à sa gauche les 23 barons dont les 8 barons du Gévaudan siégeant tous les 8 ans et les 12 du Vivarais siégeant tous les 12 ans.
Au pied de l’estrade siégeaient les représentants des communes au nombre de 68 mais ils ne disposaient que de 46 suffrages.
Enfin au milieu sur une table siégeaient les représentants du bureau.
Cette assemblée était donc composée des trois ordres, Noblesse : avec 23 votes, Clergé : avec 23 votes, et Tiers Etats avec 46 votes d’où un certain équilibre des votes.
Cette représentation des Etats sera par la suite adoptée par les Etats Généraux de 1789.

Le parlement du Languedoc eut une activité « importante » au-delà de son rôle judiciaire à Toulouse et financier à Montpellier.
En effet, il contribua au développement de la province qui à l’époque fut une des plus riches de France.
Il eut une activité économique notable encourageant l’agriculture, dont la vigne, le commerce et l’industrie, en particulier les manufactures de tissus, draps et soieries. Il développa les routes et contribua à la création du canal du midi réunissant les deux mers de la Méditerranée à l’Atlantique.
Il eut aussi une grande activité culturelle artistique et intellectuelle.
Les Etats du Languedoc favorisèrent l’embellissement des villes, à Toulouse les quais de la Garonne, les jardins du Peyrou à Montpellier, avec construction de belles demeures en ville et à la campagne, les hôtels particuliers en ville et les folies à la campagne. Non pas qu’ils soient fous bien au contraire mais parce que ces demeures étaient construites à la campagne dans des feuillages « des folia » en occitan.
Le parlement du Languedoc favorisa aussi les peintres, les sculpteurs, les hommes de lettres, avec de nombreux ouvrages historiques, comme l’Histoire du Comté de Toulouse par Lafaille et l’Histoire générale du Languedoc par Dom Vic et Don Vaissette, les écoles comme celle des Beaux arts de Toulouse et les universités de Toulouse et de Montpellier.
Les sociétés savantes, ainsi Pierre de Papus de la Cassagnère conseiller président du Parlement de Toulouse obtint du Roi Louis XIV la réouverture de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse fermée après la guerre de la Fronde.
Telle fut la province du Languedoc grande province de l’Ancienne France avec ses Etats du Languedoc qui disparurent avec la Révolution Française de 1789.

IV LE LANGUEDOC SUR LE PLAN ADMINISTRATIF DEPUIS 1789

A – LA REVOLUTION DE 1789

La Révolution de 1789 supprima donc les provinces au profit des départements.
Ceux-ci furent créés le 26/02/1790 par décret de l’Assemblée Constituante en prenant souvent le nom du cours d’eau de la région et la réunion d’un ou plusieurs diocèses.
Le Languedoc fut démembré en 9 départements :

  • le Toulousain devint la Haute-Garonne,
  • l’Albigeois devint le Tarn,
  • le Tarn et Garonne fut créé en 1808,
  • le Lauragais Carcasses et Razes devinrent l’Aude,
  • le Biterrois devint l’Hérault,
  • le Nîmois devint le Gard,
  • le Vivarais devint l’Ardèche,
  • et le Velay devint la Haute-Loire.

Il y eut toutefois une réaction conservatrice dit mouvement fédéraliste sous la Convention pour réformer une France du Midi, « le Languedoc » comme l’ancienne Province, mais le projet échoua. Les assemblées de la Révolution Française eurent quelques députés célèbres issus du Languedoc : Fabre d’Eglantine de Carcassonne, Boissy d’Anglas de l’Ardèche, Cambon de Montpellier, et Cambacérès le 2ème consul lui aussi de Montpellier.
Le Languedoc disparut donc dans son nom pendant tout le 19ème siècle et les trois-quart du 20ème siècle mais l’esprit et le souvenir restèrent vivaces dans le parler local le Languedoc.

B – 1982 CREATION DES REGIONS FRANCAISES

REGION MIDI-PYRENEES 2 MARS 1982

Les provinces françaises réapparurent à la fin du 20ème siècle le 2 mars 1982 par la loi de Décentralisation des collectivités locales créant des régions en France rappelant les anciennes provinces.
Mais le Grand Languedoc de la France de l’ancien régime a certes pu renaître mais en fait coupé en deux régions avec quelques abandons à d’autres régions. Une seule des deux régions porte encore le nom de Languedoc mais associé en plus au Roussillon.

Le Languedoc du Nord Ouest dit Ancien Haut-Languedoc de l’ancien comté de Toulouse est devenu la région n° IX dite Midi-Pyrénées regroupant autour de Toulouse le département de la Haute-Garonne et sept autres départements :

  • le Gers,
  • les Hautes-Pyrénées,
  • l’Ariège,
  • le Tarn,
  • le Tarn et Garonne,
  • l’Aveyron,
  • le Lot.

Soit une région plus grande que l’ancien Haut-Languedoc.

Le Languedoc du Sud (Bas Languedoc), de l’ancienne Septimanie et Gothie, est devenu la région n° X dite Languedoc Roussillon regroupant cinq départements :

  • le Roussillon devenu le département des Pyrénées Orientales,
  • les trois départements côtiers du Bas Languedoc,
  • l’Aude, l’Hérault, le Gard,
  • et la Lozère ancien Gévaudan.

A l’époque cette région Languedoc-Roussillon voulait changer de nom et s’appeler Septimanie, certes c’est un beau nom évoquant l’époque Romaine et gothique mais le Languedoc vu sa longue histoire mériterait de rester avec les nouveaux noms, ce qui a été confirmé.
Le nom de Languedoc reste encore d’actualité par l’appellation de Haut Languedoc anciennement Toulousain dévolu maintenant à la région des montagnes du Sud du Massif Central où a été créé un grand parc national.
La région côtière des plaines s’appelant toujours le Bas Languedoc.

Les Régions annexes du Nord Est du Languedoc se sont rattachées à d’autres régions. Le Vivarais et le Velay à la Haute-Loire et l’Ardèche au Lyonnais.

REGION OCCITANIE 1 JANVIER 2016

 

Mais l’histoire continue et en juillet 2014 le président François Hollande envisage de diminuer le nombre des régions de France métropolitaine de 22 à 15. La région Midi-Pyrénées dut alors fusionner avec la région Languedoc Roussillon avec leurs 13 départements. Le nom de cette nouvelle région fut aprement discuté et plusieurs noms furent envisagés incluant encore le nom des Pyrénées et surtout celui du LANGUEDOC pour la nouvelle grande région, ce qui paraissait logique en particulier pour l’Académie du Languedoc. Mais le 1er janvier 2016 le nom du Languedoc ne fut pas retenu, peut-être évoquant trrop l’ancien régime, le nom d’OCCITANIE fut promulgué à la déception des Catalans de PERPIGNAN,

Drapeau d'Occitanie
Drapeau d’Occitanie

toutefois ils eurent en partie gain de cause par le partage du nouveau drapeau de la région représentant une moitié la croix du Languedoc et l’autre les Barres Or de la Catalogne.

 

Région d'Occitanie
La région d’Occitanie

Telles est l’histoire du Languedoc et de la Province du Languedoc sur les plans linguistique, géographique, historique et administratif, héritière d’un long passé de plus de 2000 ans remontant à l’antiquité, au Moyen Age et aux Etats du Languedoc de l’ancienne France.

Après la disparition du nom du Languedoc sous la Révolution de 1789, on a retrouvé, presque 200 ans, après un retour du nom de Languedoc dans la création des régions en 1982 . Deux noms des nouvelles régions proviennent de l’ancien Grand Languedoc : Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon.

Mais le 1er janvier 2016 la nouvelle loi sur les régions a de nouveau suprimé le nom du Languedoc de la région Languedoc Roussillon pour regrouper les deux anciennes régions en une seule nommée OCCITANIE ,du nom du deuxieme nom de la langue d’ oc la langue OCCITANE

TOUTEFOIS LE NOM DU LANGUEDOC de l’ ancienne Province du Languedoc a été et reste encore le nom d’un grand foyer d’art et de culture que s’attache à poursuivre, avec d’autres sociétés, notre chère Académie du Languedoc dont le siège est  à Toulouse ,capitale de l’ancien Comté de Toulouse créateur du Grand Languedoc et de sa chère langue : la Langue d’Oc.

Docteur J.F. GOURDOU