Archives de catégorie : académie

29-11-2024 Prix Fermat à Julie BATUT

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Prix Pierre de FERMAT à Julie BATUT
par
Michel CARRIER (33e fauteuil)
 
 
29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

Julie BATUT est une pure languedocienne née d’une mère ariégeoise et d’un père tarn-et-garonnais.

Maitre de recherche au CNRS c’est une chercheuse exceptionnelle qui se distingue par son engagement remarquable envers la science et l’innovation.

Passionnée par l’embryologie et la nécessité de comprendre comment une cellule va donner un organisme, c’est au Centre de Biologie du Développement sous la codirection de Marc Moreau et Isabelle Néant qu’elle a fait sa thèse en embryologie -sujet : « La caractérisation des gènes cible du calcium impliqués dans l’induction neurale chez le xénope » Evidemment, nous savons tous que le xénope est un amphibien type crapaud utilisé en laboratoire pour sa facilité d’élevage.

En 2004, thèse en poche, Julie BATUT passe 3 ans à Londres en tant que post-doctorante. Elle en reviendra avec une connaissance approfondie des techniques de pointe en imagerie.

Depuis 2004 elle travaille sur la mise en place de l’organe olfactif chez le poisson zèbre. Il s’agit de caractériser les processus qui permettent de coordonner l’acquisition de la forme et de l’identité des cellules olfactives pour former l’organe olfactif au cours du développement. Pourquoi le poisson zèbre ? Car son embryon est transparent ce qui facilite l’imagerie. Je n’entrerai pas ici dans le détail des recherches en cours mais le but est d’avoir des pistes pour réparer les dysfonctionnements de l’organe olfactif humain.

Sa démarche est empreinte d’une vision systémique, ce qui lui permet de développer des approches interdisciplinaires et de collaborer avec des chercheurs d’horizons variés : mathématiciens pour modéliser la formation de l’organe olfactif, automaticiens du LAAS pour développer une puce olfactive microfluidique permettant de tester des agents pharmacologiques, les bio-informaticiens pour l’analyse d’images et le séquençage de l’ARN.

Vous l’avez compris, il s’agit d’une chercheuse de haut niveau qui s’appuie sur une équipe dont Julie BATUT dit qu’elle est merveilleuse.

 

Mais, si aujourd’hui Julie BATUT a été choisi par notre Académie, ce n’est pas seulement pour ses qualités de chercheuse de premier plan, mais parce qu’elle incarne aussi un modèle d’engagement envers la transmission des connaissances et la formation des nouvelles générations de scientifiques.

Julie Batut est particulièrement engagée dans la promotion et le soutien des études scientifiques auprès des filles.

Elle participe activement à plusieurs associations : administratrice de « Femmes et sciences », coordinatrice nationale de « Vers les scolaires », conférencière de « Les Maths en scène », vice-présidente de l’association « Les Chemins Buissonniers », etc., etc., Son engagement se manifeste de plusieurs manières :

  • Elle œuvre particulièrement pour encourager les jeunes filles à s’intéresser aux sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM). Par ses initiatives, elle vise à briser les stéréotypes de genre souvent associés à ces domaines.
  • Julie Batut s’investit dans des programmes de mentorat, où elle accompagne personnellement des jeunes filles, leur offrant des conseils et des ressources pour les aider à poursuivre des études scientifiques.
  • Elle organise des ateliers, des conférences et des événements où des femmes scientifiques partagent leurs expériences et leur parcours, inspirant ainsi les jeunes générations à suivre des voies similaires.
  • Julie BATUT collabore avec le système éducatif (de la maternelle aux universités) pour mettre en place des initiatives visant à rendre les études scientifiques plus accessibles et attrayantes pour les filles.
  • Elle s’exprime également sur l’importance de l’égalité des sexes dans le domaine scientifique et s’emploie à sensibiliser le public et les décideurs sur les obstacles que rencontrent encore les filles et les femmes dans ces domaines.

Quand on sait qu’aujourd’hui les études supérieures comprennent 56% de filles et que les filières scientifiques telles que « Numérique et science informatique » ou « science de l’ingénieur » n’en comprennent que 10 % à 13%, que les CPGE et les écoles d’ingénieurs n’en comptent que 26%, il est effectivement importante de soutenir des actions telles que celles menées par des personnes comme Julie BATUT.

Pour toutes les qualités que je viens de citer et que représente Julie BATUT, l’Académie du Languedoc lui décerne le Prix Pierre de FERMAT 2024.

Avec toutes nos félicitations, applaudissons la lauréate.

29-11-2024 Karine GUITON livre jeunesse

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Prix du livre jeunesse à Karine GUITON
par
Louis GALTIE (17e fauteuil)

29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

     Chacun d’entre nous se souvient de son premier livre d’enfant avec attendrissement : ouvrage de contes pour les plus anciens, livre de BD, Tintin ? peut-être Bécassine ? Pour moi ce furent Lancelot du Lac et la fée Viviane. Je revois encore le palais de cristal enfoui sous le mystérieux étang de Bretagne.

     Aujourd’hui le commerce en librairie des éditions pour les jeunes atteint des sommets : 25 pour cent des livres achetés neufs relèvent de cette catégorie et le chiffre total économique dépasse les 500 millions d’euros ! Cela amène naturellement à nuancer le problème de l’abandon du goût de lire pour les nouvelles générations.

     L’Académie du Languedoc n’avait pas encore remis un prix de Littérature Jeunesse. C’est pourquoi nous sommes particulièrement heureux de combler cette lacune.

Karine Guiton est d’abord vendéenne avec ses 2 parents instituteurs d’un village d’une centaine d’habitants. Elle passe son temps dans la bibliothèque scolaire et à partir de « Fantômette », « Alice détective», se hausse jusqu’à Pagnol et Zola .

Au collège Karine « squatte » le CDI et son professeur de français lui fait découvrir les Contes Fantastiques de Villiers de l’Isle Adam et bien d’autres découvertes se pressent et se précisent : Dino Buzzati Duras, Steinbeck,Maupassant, Kafka .  Aujourd’hui elle aime beaucoup Jonathan Coe, ElsaFerrante, CaroleMartinez, Baptiste Andrea, Atlan . .. Karine est aussi une fervente des Univers Jeunesse avec le travail des illustrateurs comme Pierre Mornet, François Roca, Suzy Lee ,…

Karine était donc tombée très jeune dans le « chaudron » de la littérature. Son père a saisi tout de suite cette inclination et l’a poussée dès 8 ans à imaginer une histoire, à la lire devant ses camarades. Sa voie était tracée. Solides études universitaires : licence de Lettres Modernes, DUT des métiers du livre, concours d’assistante de conservation du Patrimoine et des Bibliothèques.

Après avoir participé à un atelier d’écriture à Muret au prix du jeune écrivain, Karine qui est maintenant languedocienne finit par oser se lancer. Tout de suite une grande réussite avec le récit des »Tourterelles », histoire autour de la liberté, paru aux éditions de la Palissade qui circule jusqu’en Chine ou il a été traduit en 10000 exemplaires !!! Ce premier succès a été suivi par 6 autres romans dont « La Sorcière des marais » prix Azéma au salon du livre de Montauban, » Train de Nuit »   paru chez « Etagère du bas » illustré par Clémence Monnet .

Dans ses récits Karine évoque les sujets qui lui tiennent à cœur : les liens avec la nature et les animaux, la notion de liberté, la différence, le vivre ensemble, le deuil, les secrets de famille, les amitiés enfant personnes âgées … Ses idées surgissent souvent lors d’un voyage et cela tombe bien car Karine bourlingue un peu partout en France à la rencontre des enfants : en Occitanie pour des salons du livre, des festivals, mais aussi en Mayenne , dans le département du Nord ,en Gironde, en Bourgogne, en Haute Savoie .

    Insérée dans le réseau des bibliothèques de Toulouse Karine travaille actuellement dans celles des quartiers Pinel et la Roseraie.

Karine est accompagnée ce soir par son mari Éric, ingénieur en informatique et par Sacha qui poursuit d’excellentes études au lycée Saint Sernin .

Il y a tant d’autres éléments à mettre en exergue que je ne peux y parvenir en quelques petites minutes mais la beauté et la magnificence de la Galerie des Illustres me feront pardonner.

29-11-2024 Anne-Marie VERGNES prix André Gastou

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Prix de poésie André GASTOU  à Anne-Marie VERGNES
pour son recueil « Frissons de vie »
par
Maryse CARRIER (52e fauteuil)
 
 
29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

Née à Toulouse, Anne-Marie Vergnes n’a jamais quitté la Ville rose, où durant 25 ans elle exerça une belle carrière administrative à l’Université Paul Sabatier. Dès son plus jeune âge, Anne-Marie a été fascinée par la littérature, et plus particulièrement par la poésie, car la poésie est son oxygène, comme pour son grand-père paternel et son père qui possédaient tous deux ce don précieux de l’écriture.

Nous ne sommes donc pas surpris d’apprendre qu’Anne-Marie fut pendant 20 ans sociétaire de la Société des Poètes français, que depuis 1993, elle est membre de la Société des Poètes et Artistes de France et membre de la Société des Poètes sans frontières dont elle est rédactrice depuis plus de 20 ans pour la revue « l’Etrave ». Et elle est également membre du Jury des Arts littéraires pour la catégorie Poésie bien sûr !

Je ne peux pas évoquer tous les prix qu’elle a obtenus, je citerai simplement les 3 prix de l’Académie des Jeux Floraux dont un œillet d’argent, le Prix Anna de Noailles offert par la Société des Poètes français, le Prix Paul Eluard des Jeux Floraux du Béarn entre autres…

De nombreuses publications d’anthologies, plusieurs recueils de poésie, des publications dans des revues d’Arts et Lettres, et de multiples interventions (dans le cadre de salons littéraires, de récitals poétiques, dans des écoles …) nous confirment bien qu’elle fait de la poésie son univers !

 

        Le recueil « Frissons de vie », édité en 2024 par Alpha-Presse Toulouse, est le témoignage de l’impérieuse nécessité de l’écriture : « Les mots s’habillent de robes de lumière, ils habitent en moi… je les emporterai au-delà des fenêtres du temps… dans mon souffle éternel » a-t-elle écrit.

      L’alexandrin puis plus tard la prose poétique se sont naturellement imposés à elle, devenant sa « musique intérieure, son souffle, une autre rive où poser la lumière du monde ».

     Son inspiration est liée à la nature, à l’homme, aux saisons de la vie, et surtout à l’amour.  En voici quelques exemples sublimes :

     Dans une vision très panthéiste de la nature, Anne-Marie nous dit : « Tu réveilles mon âme au murmure des sources/ Je suis fille du vent, épouse des ruisseaux/ Je m’emplis de ton souffle aux chemins de ta course/ Et je suis cri de vie parmi tes chants d’oiseau ».

     Le thème récurrent de l’eau est illustré par « Les chants bleus de l’écume » : « Leurs voix montent au ciel et la nuit les reprend/Au vertige lunaire essaimant des fleurs d’onde/Et l’or blond du silence au lit tiède s’éprend/ de leur ultime écho jusqu’aux sources du monde ».

     Mais les partances de l’être humain ne laissent pas Anne-Marie insensible. C’est ainsi qu’elle ne peut qu’admirer la résilience des migrants lorsque : « Au soir de pleine mer, par les flots endigués/ Ils abandonnent là leur âme solitaire/ Pétrie de rêves fous sans penser à demain/ Noyant au front des jours leur vie crépusculaire/ où renaîtra un jour, peut-être, un lendemain… ».

      De même le musicien des rues, nouveau troubadour, libre, jonglant avec l’espoir et le rêve : « S’il choisit de porter sa lyre en bandoulière/ Si des oiseaux de lune ont fleuri sous ses doigts/C’est pour porter plus loin ses notes de lumière/ Ses arpèges-credo qui deviennent sa foi ».

      Et nous ne pouvons que constater à quel point Anne-Marie jongle avec la musicalité des mots, la musique étant d’ailleurs omniprésente dans son univers.

     Quel plus bel hommage à l’être aimé que ces quelques vers du poème intitulé « Harpe d’amour » : « Ce soir je suis ta source et tu es ma rivière/ Ta cascade en émoi m’invente un crescendo/ Tu es mon fleuve nu où je suis gondolière/Et je deviens musique et tu es concerto ».

     Et cet amour, cet éros si souvent empli de généreuse sensualité et conjugué sous maintes facettes, atteint un suprême degré de spiritualité dans le poème « A la source du ciel … » lorsque elle écrit : « Je t’offrirai des fleurs d’opale et de lumière/Et je te conduirai au temple du soleil/ Où nous boirons l’azur à la source première/ Emus et radieux dans le matin vermeil ».

 

En conclusion je dirai que si la poésie pour Anne-Marie est un héritage d’amour familial, « ce qu’est l’onde à la source », elle est aussi un grand acte d’amour pour nous tous, car les images et les couleurs exprimés à travers elle, sont la musique imprimée en son cœur et nous dit-elle : « Je vous en fais offrande » ! Merci infiniment, Anne Marie, pour ce beau cadeau, qui mérite d’être récompensé.

       L’Académie du Languedoc est donc heureuse, chère Anne-Marie, de vous offrir le prix de Poésie André Gastou pour votre recueil « Frissons de vie » !

29-11-2024 Prix André Soubiran à Michel DUTHIL

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Prix du roman André Soubiran à Michel DUTHIL
pour son roman « Dans l’arrière pays du silence »
par
Maryse CARRIER (52e fauteuil)
 
 
29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

 

      Michel Duthil, vous êtes un pur Languedocien, né à Pamiers de parents toulousains. Vous êtes marié et père de famille.

     Très tôt vous vous êtes orienté vers l’enseignement, avant d’opter pour une formation de psychologue scolaire puis clinicien. Mais une approche approfondie de la psychanalyse vous ouvrira la porte des centres psychiatriques en direction des parents et des enfants puis en cabinet.

    La retraite actuelle ayant réactivé votre désir latent de création littéraire, vous êtes l’auteur du roman intitulé « Dans l’arrière pays du silence » édité en 2024 chez Az’art Atelier Editions.

 

         Votre roman s’inspire d’un évènement réel, un concert de chant grégorien donné à la chapelle des Carmélites de Pamiers et suivi dans la nuit du décès – subit –  de la Prieure.

     Il faut dire que votre roman, à l’écriture fluide et au vocabulaire particulièrement choisi, tissera une longue suite de situations surprenantes, voire mystérieuses !

     Nous apprendrons tout d’abord que votre héroïne Elise fut une jeune-fille brillante, étudiant les Lettres à l’Université de Toulouse, mais elle sera profondément meurtrie par l’échec d’une intense relation amoureuse avec un personnage atypique, qui refusera de reconnaître l’enfant qu’Elise va mettre au monde. La jeune mère optera alors pour une décision douloureuse qui s’inscrira à « l’encre indélébile sur son registre mémoriel ».

      Suite à ces déceptions successives et profondément troublée par ses lectures philosophiques et surtout théologiques, Elise va prendre une seconde décision lourde de conséquences elle aussi : entrer au Carmel de Pamiers, régi par  une Règle particulièrement exigeante.

     Stupéfaction de la part de ses proches, tous la priant de ne pas sacrifier sa vie dans cet « enfermement mortifère », au risque d’éprouver ensuite des regrets.

     Mais Elise ne déviera pas « du parcours sisyphéen de son engagement » et même, dit-elle un jour à son amie, s’« il me vient parfois des images sensuelles et si mon corps a des frémissements… tu sais bien à qui désormais je voue mon Amour… » (avec un A majuscule).

     …« Dieu est-il celui que l’on croit ? » se demande-t-elle pourtant, sa  foi en effet pouvant lui paraître parfois ébranlée par le virus du doute.

    Cependant Mère Elise de Saint Augustin, devenue Prieure, tenue en haute estime par toutes les nonnes, va « offrir, 35 ans durant, son corps et son âme à une laborieuse immolation », car dit-elle « J’ai pris le layon étroit qui me mena du Spirituel nébuleux au Religieux incarné… ».

 

        Vous orchestrez ensuite votre roman sur la voie d’une enquête policière, un dangereux criminel s’en prenant aux Carmélites dans plusieurs villes de France, promettant de « vider tous ces couvents inutiles », voués par ailleurs à la disparition, mais par manque de vocations !

       Et voici qu’est soupçonné comme tueur des carmels le fameux Bruno Giovanni, le chef de chœur du concert donné, nous le savons, à la chapelle des Carmélites de Pamiers, lors du Festival Gabriel Fauré, ce compositeur de l’ineffable, natif de Pamiers, en quête perpétuelle d’un « au-delà » de la musique et dont on célèbre cette année le centenaire de la disparition.

      D’autre part comment expliquer le décès subit de la Prieure au terme de ce concert dirigé par ce brillant chef de chœur ?

      Tous ces évènements laisseront très perplexe l’inspecteur de police qui suite à la mort mystérieuse de la Prieure poursuivra ses investigations « dans un dédale d’incertitudes », tentant de se satisfaire de la sentence d’un vieux psychanalyste disant « L’identité n’est pas une, elle est multiple ». 

       Et c’est la toute dernière ligne du roman qui nous fournira la clé de toutes ces énigmes que bien entendu je ne dévoilerai pas !

    

 En conclusion nous pouvons dire que votre roman passionnant fourmille de questionnements, de secrets, de mystères, les principaux personnages étant en fait tous… en quête d’une vérité.

       Or la Prieure Mère Elise de Saint Augustin n’est-elle pas le plus bel exemple de la quête suprême de la Vérité lorsqu’elle se demande « Qui peut répondre à notre angoisse existentielle ?». Evoluant du religieux au mystique, elle trouvera l’apaisement chez St Thérèse d’Avila et surtout dans le chef-d’œuvre de la poésie espagnole du 16e s. « La Vive Flamme d’amour » de Jean de la Croix, ce dernier expliquant « que le spirituel est au dessus du sens ».

      C’est ainsi que votre héroïne illustre parfaitement l’éternel et insondable mystère de la foi, cette vérité inaccessible dépassant les limites de l’intelligence et de la raison, ce mystère dont votre roman est une brillante métaphore.

 

Monsieur Duthil, l’Académie du Languedoc est heureuse de vous offrir le Prix du roman André Soubiran pour votre roman « Dans l’arrière pays du silence » !

29-11-2024 Pierre DONNADIEU Membre associé

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Installation de Pierre DONNADIEU en tant que Membre associé
par
Louis GALTIE (17e fauteuil)

29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

 

Pierre Donnadieu, 30/01/1957  Villefranche de Rouergue

En 1932, sous le gouvernement d’Edouard Herriot, le Ministère de l’Instruction Publique est devenu le Ministère de l’Education Nationale. Ce changement n’est pas anodin ! si peu d’ailleurs que l’ancienne appellation fit son retour pendant les 3 années de l’Etat Français. Il indique que l’éducation repose toujours et d’abord sur l’instruction mais il ajoute un supplément d’âme républicain , bien entendu non confessionnel ,mais sociétal, social et fermement laïque.

Pierre Donnadieu s’inscrit parfaitement dans ce schéma comme on va le voir et il est donc devenu Proviseur. Qu’est-ce qu’un proviseur ? étymologiquement c’est celui qui a la responsabilité de « pourvoir » mais il me plait aussi de penser que c’est celui qui « prévoit » qui organise l’ensemble de son établissement dans son environnement et se préoccupe avec toute la communauté des personnels et des parents de l’avenir des élèves.

     Après un baccalauréat scientifique et un DEUG de Sciences Sociales Pierre devient conseiller  principal d’Education .Dans son début de carrière Pierre est même passé par le lycée de Sartène en Corse ,ce qui a dû immanquablement lui apporter une expérience intéressante !Proviseur en 1997(à 40 ans )Pierre prend en charge le lycée professionnel du bâtiment à Saint Girons et  ,tout de suite , le social arrive par la présidence du GRETA de l’Ariège ,la création du Comité local Education Economie de ce département ,par le support des maisons de la solidarité en .liaison avec le Conseil Général.4 ans après, en2001,mutation au lycée professionnel Reffye à Tarbes et toujours le social :mise en place d’une formation d’aide -soignant, habilitation d’agent d’accompagnement des personnes âgées .

Ce profil déjà remarquable n’a pas échappé aux autorités académiques et c’est ainsi qu’en 2003Pierre est nommé Proviseur Vie Scolaire au Rectorat de Toulouse. Ce poste clé permet aux hautes instances de garder le contact avec la vie profonde et réelle du terrain. C’est une nouvelle réussite puisque en 2004 Pierre devient Directeur de Cabinet de Madame la Rectrice c’est à dire de Madame la Ministre Nicole Belloubet présidente d’honneur de notre Académie .

3 ans plus tard comme c’est l’habitude, Pierre revient aux commandes et c’est au lycée de Saint Orens où il va mener avec succès, pendant 9 ans, une politique d’ouverture et de qualité. Le lycée Pierre Paul Riquet devient le lycée de l’Espace et le leader d’un réseau d’établissements académiques labellisés « Espace »  Pierre cumule alors la direction de cet établissement d’excellence et la formation continue dispensée par le GRETA de Toulouse (104 personnels permanents ).

      Enfin le bouquet de cette carrière d’élite lorsque Pierre rejoint le lycée Saint Exupéry de Blagnac et préside le Campus Aéronautique et Spatial de Toulouse Occitanie.

     Dans ces conditions Pierre a-t-il trouvé le temps de sa vie familiale ? oui bien évidemment et ses proches sont ici ce soir avec lui, avec nous .

De plus  Pierre a eu tout au long de ces années une vie publique en tant qu’élu.

Dans sa commune de Varen (82) dont il pilote actuellement la création d’un centre culturel intercommunal.

Il na pas reculé devant des responsabilités syndicales, a été personnalité qualifiée à la CP A M.

De 2008-2015 Pierre a présidé l’Association des Pupilles de l’Enseignement Public.

Ajoutons aussi quelques loisirs ; Rugby (ancien joueur et arbitre), Golf, Vélo, Voyages, ….

Comme vous le remarquez à sa boutonnière Pierre est Chevalier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’ordre national du Mérite, Officier des Palmes Académiques. Il participe activement à la vie de leurs associations.

Je suis particulièrement heureux d’avoir eu l’honneur de vous présenter cette belle personnalité.

29-11-2024 Philippe EMERY Membre associé

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Installation de Philippe EMERY en tant que Membre associé
par
François-Régis GASTOU Secrétaire général (54e fauteuil)
 
 
29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

Madame la Ministre,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres Associés,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur,

Tout le monde vous connaît mais personne ne vous connaît.

Cette phrase est plutôt sibylline…et pourtant, je m’explique.

Vous projetez la lumière mais vous vivez dans l’ombre.

Vous êtes, Philippe EMERY, journaliste de presse écrite depuis de nombreuses décennies.

Qui ne connaît pas dans cette assemblée votre écriture, votre signature, vous avez traité, durant votre longue carrière, presque tous les sujets, vos articles paraissant dans notre quotidien régional la Dépêche du Midi.

Malgré cette notoriété, je dois aujourd’hui vous présenter à mes confrères académiciens aussi, j’évoquerai brièvement votre enrichissant parcours professionnel au cours duquel vous avez su exploiter avec talent votre curiosité, votre envie d’informer, votre envie de transmettre.

Vous êtes un véritable Occitan né à Chamalières au pied des volcans d’Auvergne et à la pointe du Pays d’Oc le mercredi 06 août, l’année où le général De Gaulle est nommé président du Conseil afin de rédiger la nouvelle constitution. Votre père d’abord agriculteur devient rapidement agent d’assurance, votre mère, comme il se disait à l’époque, restera mère au foyer. Vos parents ont su vous donner une éducation parfaite en développant votre respect des autres et votre sens de la nature.

Vous pratiquez le Lycée Notre-Dame à Riom puis vous faites des études supérieures à l’université de Clermont-Ferrant où vous obtenez une maîtrise de droit.

Vous vous dirigez vers des études de journalisme à Paris-Sorbonne(CELSA) qui vont vous ouvrir les portes en 1978 de votre premier emploi au journal « La Montagne », quotidien régional cher à l’écrivain, critique littéraire et chroniqueur Alexandre Vialatte.

En 1984, vous poursuivez votre parcours à FR3 Auvergne-Rhône-Alpes et ensuite au journal « la Voix du Nord « à Lille.

Toutes ces années d’expériences passionnantes forgent votre savoir-faire et vous incitent à découvrir d’autres régions françaises où il fait bon vivre et travailler.

En 1985, vous décrochez une place de journaliste à La Dépêche du Midi d’abord à Agen de 1985 à 1988 puis à Cahors en 1991 où vous devenez responsable de la rédaction départementale du Lot jusqu’en 1993. Par la suite vous rejoignez Rodez dans l’Aveyron de 1993 à 1996 puis l’édition Ouest de la Haute Garonne à Colomiers de 1996 à 2000. Vous arrivez enfin à Toulouse en l’an 2000 pour le lancement d’une page quotidienne Info-pratique, puis vous devenez responsable des pages de Quartier, et d’une page hebdomadaire thématique sur l’Urbanisme, l’Architecture et les grands projets toulousains.

Votre travail est des plus passionnants, vous avez désormais de nombreuses cordes à votre arc. En 2011, vous devenez le concepteur et le rédacteur d’un livre supplément de la Dépêche du Midi « Toulouse, naissance d’une Métropole » traitant des grands projets urbains de l’agglomération toulousaine. En 2013, vous devenez également concepteur et rédacteur d’un livre supplément de la Dépêche du Midi « Toulouse, les Transports d’hier et d’aujourd’hui » concernant les transports en commun de l’agglomération.

Depuis, vous avez cessé votre activité journalistique et vous êtes heureux d’être redevenu un homme libre pour satisfaire votre famille.

Vous habitez le quartier St Cyprien et votre maison entourée d’un petit jardin héberge cinq poules et un couple d’oies, animal gardien de Toulouse et emblème du petit journal « L’OIE de St Cyprien » que le Musée de l’Affiche a édité de 1998 à 2007sur l’histoire du quartier.

Ces volatiles, dites-vous, font la fierté de votre épouse.

Avec l’humour qui vous caractérise vous précisez que vous n’avez pas vraiment de « Violon d’Ingres » cependant j’énumère ici tout ce qui vous intéresse : vous lisez beaucoup de romans, vous adorez la poésie de Rimbaud, de Villon ou de Baudelaire. Vous aimez la chanson française et la musique jazz, pop, classique et l’opéra. Vous aimez les vieux films de cinéma, français, italiens ou américains. Vous vous intéressez avec passion à l’architecture et à l’Urbanisme particulièrement de Toulouse et du Languedoc ainsi qu’à l’histoire locale.

Vous avez un faible pour les voitures anciennes et les motos que vous aimeriez bien collectionner.

Vous avez tenté récemment d’apprendre à jouer du saxophone mais sans grand succès.Enfin, vous êtes un épicurien, vous aimez et  vous appréciez les bons vins et les bonnes tables.

Je ne voudrais pas passer sous silence votre goût pour les voyages attisé par votre curiosité naturelle puisque vous avez fait presque le tour du monde.

Votre épouse et vos quatre enfants vous accompagnent avec affection et amour et vous savez profiter pleinement de tous les bons moments familiaux.

Ce parcours remarquable de journaliste a retenu l’attention de notre Compagnie qui est fière de vous accueillir ce soir à l’unanimité des confrères en vous nommant Membre Associé de l’Académie du Languedoc.

Nous vous adressons, Monsieur, toutes nos plus vives et plus sincères félicitations.

François-Régis GASTOU

24-11-29 Président d’honneur HONNORAT

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Installation par Georges BENAYOUN (23e fauteuil)
de Jean HONNORAT Président de la SMLH 31
en tant que
Président d’honneur

29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

Monsieur le Président,
Mon Colonel,

L’Académie du Languedoc m’a demandé de prononcer votre éloge à l’occasion de votre nomination en qualité de Président d’Honneur

C’est avec un réel plaisir que j’ai accepté. Nous nous connaissons un peu.

J’ai eu l’occasion de travailler à vos côtés à l’occasion des diverses manifestations de la Société des Membres de la Légion d’Honneur de la Haute – Garonne, que vous présidez.

Jean Honnorat a été pendant 42 années au service de la France sous l’uniforme. Ce saint Cyrien a déroulé l’essentiel de sa carrière dans les forces parachutistes. Il a notamment dirigé des équipes de compétition parachutiste composée d’athlètes de haut niveau.

Il a également conduit les toutes premières campagnes d’expérimentation et de formation du saut à très grande hauteur sous oxygène.

Après avoir commandé un régiment d’un millier de soldats et soutenu une base de cinq milliers de ressortissants de la Défense, il a rejoint pour la 3° fois Toulouse au poste de sous-chef d’état-major de la brigade parachutiste puis de délégué militaire départemental avant de prendre sa retraite.

Ancien auditeur de l’institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), Jean Honnorat est sur le point d’entamer son 3e mandat de conseiller de défense et de sécurité du préfet.

Il a été Conseiller Municipal à Bruguières afin de se donner le temps d’exercer pleinement ses nouvelles fonctions.

À la tête d’un millier d’adhérents répartis en 12 comités, il aura notamment la lourde charge d’organiser le centième anniversaire de la création de la Société des Membres de la Légion d’honneur. Il a pris la succession du colonel Serge Jop en fin d’exercice de son 3e mandat.

Nous lui souhaitons la bienvenue au sein de notre Académie.

29-11-24 Allocution JF Gourdou

Allocution du Dr Jean-François GOURDOU
Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

Lundi 29 novembre 2024
Salle des Illustres
Capitole Mairie de Toulouse

Monsieur le maire de Toulouse et monsieur le maire 1 adjoint Francis Grass,
Madame la ministre Dominique Faure,
 Mesdames messieurs les représentants des autorités civiles, militaires et religieuses,
Chères consœurs, chers confrères, chers lauréats, Chers amis de l’Académie du Languedoc,
Mesdames, messieurs,

Bonsoir à tous  et en notre  langue d’oc  aditias a toutis

J’ai le grand honneur et grand plaisir en tant que secrétaire perpétuel d’ouvrir cette séance solennelle d’automne2024  de l’Académie du Languedoc.

Tout d’abord l’Académie du Languedoc remercie chaleureusement pour leur fidèle invitation la mairie de Toulouse et en particulier monsieur Jean-Luc Moudenc maire de Toulouse et président de Toulouse métropole et monsieur Francis Grass, maire 1 adjoint de Toulouse, qui préside  aussi nos séances en tant que président d’Honneur de notre académie.

En effet la mairie de Toulouse nous invite fidèlement deux fois par an depuis 60 ans, année  de notre création en 1965 Aussi nous allons fêter en 2025 notre 60e  anniversaire. Encore tous nos remerciements à  la mairie de Toulouse.

De plus cette séance va être une séance solennelle exceptionnelle car un de nos membre le docteur Philippe Adam va recevoir la médaille de chevalier de l’ordre du mérite des mains d’une Ministre Madame Dominique Faure, ministre de 2022 à 2024 au ministère de l’intérieur chargée de l’Europe puis des collectivités territoriales et de la ruralité. Et de plus présidente d’honneur de notre Académie. Félicitations.

Selon la tradition de nos séances solennelles nous aurons 4 installations.Un Président d’honneur le colonel Honnorat, président de l’ordre de la légion d’honneur 31 et 3 membres associés madame Laure Barthet, directrice conservateur du musée saint Raymond, monsieur Philippe Emery célèbre journaliste de la dépêche et monsieur Pierre Donnadieu Proviseur Honoraire.

Nous aurons enfin la remise de plusieurs prix selon encore la tradition pluri culturelle de notre académie avec  6 prix : prix de littérature André Soubiran  à  Michel Duthil , prix d’ histoire Michel Baselga  au collectif de Balma, prix de  poésie André Gastou  à  Anne Marie  Vergnes,  prix du livre de jeunesse à Karine Guiton,  prix scientifique Pierre de Fermat à Julie Batut et comme toujours nous terminons en musique avec  le prix de musique Déodat de Séverac à Marie Cubaynes.

Merci de votre attention, très bonne soirée, vive l’Académie du Languedoc.

29-11-2024 Séance solennelle salle des Illustres Capitole

Académie du Languedoc


Photo : Xavier de Lignerolles

Séance solennelle d’automne du 29 novembre 2024
Salle des Illustres au Capitole
Toulouse

Allocution du Maire de Toulouse ou de  son représentant

Allocution du Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU

Présidence d’honneur :

M. Jean HONNORAT Président de la Société des Membres de le Légion d’Honneur (section 31)
éloge par Georges BENAYOUN 23e fauteuil

Membres associés :

Mme Laure BARTHET Conservateur Musée Saint Raymond Toulouse
présentée par Jean-François GOURDOU Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

M. Philippe EMERY Journaliste
présenté par François-Régis GASTOU Secrétaire général de l’Académie du Languedoc (54e fauteuil)

M. Pierre DONNADIEU Proviseur
présenté par Louis GALTIE Trésorier de l’Académie du Languedoc (17e fauteuil)

Remise des Prix :

Prix André SOUBIRAN à Michel DUTHIL pour « Dans l’arrière pays du silence »
présenté par Maryse CARRIER (52e fauteuil)

Prix d’histoire Gratien Leblanc-Michel BASELGA au collectif de Balma
présenté par Alan DREUILHE (20e fauteuil)

Prix de poésie André GASTOU à Anne-Marie VERGNES pour « Frissons de vie »
présentée par Maryse CARRIER (52e fauteuil)

Prix du livre jeunesse à Karine GUITON
présentée par Louis GALTIE (17e fauteuil)

Prix Pierre de FERMAT à Julie BATUT
présentée par Michel CARRIER (33e fauteuil)

Prix de musique Déodat de Séverac à Marie CUBAYNES
présentée par Jean-Jacques CUBAYNES (6e fauteuil)

17-09-2024 Communication « Le Cri »

Le Cri (1893)

Edvard Munch (1863-1944)

 Communication de Maryse CARRIER (52e fauteuil)

« Le Cri » de Munch date de 1893 et voici ce que notait le peintre dès 1889 dans son Journal : 

« On ne peindra plus des scènes d’intérieur avec des hommes en train de lire ou des femmes qui tricotent. Il faut que ce soient des êtres vivants, qui respirent, qui sentent, souffrent et aiment ».

Qu’en est-il de ce tableau, qui fait partie d’une série intitulée « Frise de la vie », sachant qu’il est d’une importance capitale dans l’histoire de l’art ?

Sur l’une des cinq versions réalisées par Munch (trois peintures, un pastel et une lithographie), ce dernier écrira : « Ne peut avoir été peinte que par un fou » !

Tentant d’expliquer l’origine de ce tableau, certains historiens de l’art affirment que le personnage serait une imitation d’une momie péruvienne chachapoya, ce peuple péruvien qui a résisté entre 800 et 1470 à la conquête inca et qui inhumait ses défunts, les doigts liés ensemble et attachés à la tête. Or cette momie a été dévoilée à Paris lors de l’Exposition universelle de 1889, et nous savons que Munch était présent à cette date-là dans la capitale française.

En tout cas ce tableau de Munch, l’un des plus célèbres au monde, est aussi l’un des plus reproduits de l’histoire de l’art : affiche du film d’horreur « Scream » (Wes Craven – 1997), celle de « Maman j’ai raté l’avion » (Chris Columbus – 1990), sans parler de la panoplie de la fête païenne d’Halloween. Mais nous retrouvons également « le Cri » dans des séries d’animation japonaises, des bandes dessinées (dont une où le tableau a été parodié par Uderzo), dans des jeux vidéo et même l’informatique s’en est emparé (voir un certain Emoji de nos portables) !

Mais que savons-nous de l’auteur de ce fameux tableau et quel fut son parcours jusqu’à la réalisation de ce « Cri » et même au delà ?

 Peintre norvégien, considéré souvent en Norvège comme le plus grand,  Munch est né en 1863 à Loten au nord-est d’Oslo et décédera dans sa propriété près d’Oslo en 1944, des suites d’une pneumonie, un mois et quelques jours après ses 80 ans. Il appartenait à une famille d’une part relativement aisée (père médecin militaire) et d’autre part très puritaine, son père affichant d’ailleurs de fortes convictions religieuses.

Edvard, le deuxième d’une famille de 5 enfants, fut un adolescent mélancolique et sera un adulte disons torturé… Alors que son père désirant que son fils devienne ingénieur, l’avait inscrit dans un collège technique où il ne restera qu’un an, il entrera à 18 ans à l’Ecole nationale d’Art et d’Artisanat d’Oslo.

 Munch va parcourir ensuite une grande partie de l’Europe et fera de nombreux et longs séjours (hélas trop souvent alcoolisés !) dans plusieurs pays : Pays Bas, Danemark (où il fréquentera des milieux anarchistes révolutionnaires), Italie et surtout en France où il séjournera de 1885 à 1892, sur la Côte d’Azur mais aussi à Paris. Il fera alors la connaissance des Impressionnistes, Manet, Pissaro, Seurat, mais aussi de Toulouse-Lautrec, Gauguin, Van Gogh qui exerceront sur lui une influence manifeste, les Néo-Impressionnistes en particulier (cf « Rue Lafayette » et « Rue de Rivoli » de 1891). Il se liera d’amitié avec deux adeptes du symbolisme, le peintre Puvis de Chavanne, et le poète  Stéphane Mallarmé et c’est à Paris qu’il va découvrir le théâtre d’Ibsen et de Strindberg, deux  personnalités qui l’influenceront énormément, son compatriote, le dramaturge Ibsen, faisant preuve d’une sensibilité toujours très aigüe.

Puis de 1892 à 1908 (date importante !), c’est la rencontre décisive avec l’Allemagne, avec Berlin, où il aura une activité considérable (peinture, décoration, gravures sur bois, lithographies). Et c’est en Allemagne que Munch fut à la fois le plus admiré et le plus contesté.  Il faut dire qu’il faisait partie d’un cercle philosophico-artistique et avant-gardiste autour d’August Strindberg, l’écrivain et dramaturge suédois, que Munch admirait beaucoup et qui a souvent exprimé dans son œuvre sa tristesse devant l’imperfection de l’existence humaine…

Ajoutons que ce fameux cercle de Berlin était dominé par l’ombre pesante et pessimiste des deux grands philosophes allemands, Schopenhauer et Nietzsche. Mais une autre personnalité a probablement influencé Munch, bien que n’habitant pas Berlin mais Vienne. Il s’agit bien sûr du médecin Sigmund Freud, car fin 19ème s. la psychanalyse est en pleine expansion, offrant de nouveaux moyens pour explorer la nature humaine.

Mais que voyons-nous sur ce tableau intitulé « Le Cri « ? 

Au premier plan, un personnage épouvanté, dont le corps semble épouser les déformations du paysage. Son visage est cadavérique, cauchemardesque, ressemblant à une tête de mort et de sa bouche grande ouverte surgit un cri terrible, inquiétant, qui domine la composition. En fait ce personnage, qui se bouche les oreilles, semble hurler, car visiblement il est effrayé et ce tableau suscite en nous spontanément un sentiment de grand mystère.

Par chance Munch, s’identifiant au personnage du tableau, a expliqué au verso d’une lithographie, que la scène se déroule au soleil couchant près du fjord d’Oslo (long de 17 km et bordé par la Mer du Nord) :

A l’arrière-plan les amis, qui n’entendent pas le fameux cri, continuent tranquillement leur chemin, ce qui accentue le sentiment de solitude dans laquelle est plongé cet homme si angoissé.

Et le « cri immense de la nature » évoquée par le peintre, semble provoquer la fureur de toutes les lignes, sinueuses, fuyantes de ce tableau tant pour le paysage que pour le personnage, le tout apparaissant sous de gros traits de pinceaux tempétueux, transformant ciel et terre en une grande et terrifiante caisse de résonance ; le personnage se bouche même les oreilles pour ne pas entendre ce cri, c’est dire que nous assistons à une correspondance entre le cri de la nature et son propre cri.

Seuls le pont et le parapet constituent des lignes droites, parallèles et en diagonale dans ce paysage particulièrement animé. Mais pont et parapet (garde-fou peut-être), dominant la mer, semblent projetés vers une destination bien inconnue.

Quant aux couleurs, nous les  entendons presque hurler elles aussi : en effet un incroyable coucher de soleil incendie les cinq couleurs vives et criardes, à savoir le jaune et le rouge d’un ciel sanglant, le bleu sombre, presque noir de la mer, et le violet, le vêtement violet du personnage mettant en exergue son visage. Nous constatons une opposition de couleurs chaudes et froides, complémentaires et riches de symboles : rouge/orangé qui renvoie au feu, au sang, à la souffrance, le bleu presque noir et le violet symbolisant le vide et la mort.

La nature serait-elle donc la source de l’angoisse du personnage ? Précisons que le thème des rapports de l’homme avec un environnement détérioré, à cause de la révolution industrielle, était très tendance au tournant du 20ème siècle en Europe et on le retrouvera souvent, notamment chez les peintres de l’Art Nouveau, tels Gustav Klimt, Alfons Mucha entre autres … ce thème faisant d’ailleurs tristement écho à nos propres inquiétudes actuelles. 

Parfois sur certains tableaux le paysage seul a suffi à Munch pour projeter dans sa peinture les mouvements de son agitation intérieure. Mais le paysage, qui apparaît ici dans un mouvement de lignes vibrantes, est bien comme une image de l’instabilité, du chancellement de la pensée, où prennent naissance avec une force envahissante, les sombres et profonds tourments de l’homme angoissé.

  C’est ainsi que sur ce tableau, personnage et paysage conjuguent leur signification morale et leurs implications esthétiques en un même élan, un élan éminemment expressionniste.

C’est pourquoi Munch est considéré comme le précurseur de ce mouvement artistique important appelé l’Expressionnisme. Ce tableau, l’une des œuvres essentielles de l’histoire de l’art, est admis comme la première œuvre, la première « dramaturgie géniale » de l’Expressionnisme, née avant le mouvement historique, comme nous allons le voir.

Définition pertinente de l’Expressionnisme : « Portant à un degré de tension accentuée les émotions humaines et singulièrement les émotions douloureuses et angoissées, la peinture expressionniste est lyrique et dramatique et se caractérise par des lignes épaisses, des couleurs violentes; ce n’est pas un style avec des règles précises, mais plutôt une volonté d’exprimer les tourments de l’artiste. L’Expressionnisme est la peinture de la tristesse, du malheur et de la peur qui étreignent l’humanité ».

Or pour comprendre Munch, il faut savoir en effet que la peur a habité cet homme toute sa vie et cette peur récurrente a eu plusieurs visages :

Observons tout d’abord  le tableau  « Autoportrait sous le masque d’une femme » (1893), où le visage de la femme est effrayant avec sa bouche immense et ses yeux charbonneux. Ce qui ne nous surprend pas, car Munch éprouvait en réalité une véritable peur des femmes (souvent infidèles, pensait-il).

Paradoxalement, alors que sa beauté un peu sévère exerçait une grande séduction auprès des femmes, il éprouvait beaucoup de méfiance à leur égard.

Quant aux deux tableaux « Le Vampire » (1893) où une femme inflige une morsure à la nuque de son amant et « La Madone » (1894), qui nous offre une autre image de la femme, ils illustrent tous deux  parfaitement la dualité de la vision de la femme chez Munch, à savoir : attirance et peur/ érotisme et mort.

Cette image de la femme, tantôt Madone, tantôt Vampire, toujours autant désirée que redoutée, fut un thème obsessionnel chez lui et se situe au centre des angoisses du peintre en proie à son enfer personnel, ce qui n’est pas d’ailleurs sans rappeler Strindberg. En tout cas les thèmes de l’amour et de la mort furent les thèmes de prédilection de Munch, qui les a d’ailleurs souvent reliés….

Une sévère mésaventure sentimentale l’a beaucoup ébranlé : une riche Norvégienne que Munch refusait d’épouser, simula son propre décès pour ensuite « ressusciter », espérant ainsi que le peintre remis de sa frayeur, accepterait le mariage dans la joie ! Mais cette mise en scène macabre ne fit que justifier ses raisons de voir chez la femme l’incarnation de l’esprit du Mal et il ne se résoudra jamais au mariage !

Autre source de cette peur quasi viscérale chez Munch, la peur de la maladie et de la mort :

Deux tableaux presque identiques « L’enfant malade » de 1885 et celui de 1896 sont deux émouvants souvenirs de Sophie, sœur chérie d’Edvard, sa sœur ainée qui sera victime de la tuberculose.

Datant de la même année (1899) : « La Mère morte et sa fille » et « L’enfant et la mort ».  Nous assistons ici à la mort de la mère avec l’enfant qui chaque fois se bouche les oreilles, comme si la mort était pour elle une musique funèbre qu’il n’est pas supportable d’écouter. Quant à Edvard, il était très jeune (cinq ans), lorsque sa mère mourut, victime elle aussi  de la tuberculose et il en fut très affecté.

 Toute sa vie Munch évoquera la disparition et l’absence tragique de ces 2 femmes, sa mère et sa sœur. On peut dire qu’il ne s’en est jamais remis et que leur perte fut certainement en partie à l’origine de ses obsessions et de sa révolte.

« La mort dans la chambre mortuaire » (1892), qui rappelle à nouveau la mort de sa sœur, est un tableau familial avec les parents et les cinq enfants. Et c’est le père que l’on aperçoit debout devant la mourante assise dans un fauteuil et représentée de dos. Ce père, que l’on surnommait « le médecin des pauvres », et qui souffrira plus tard de dépression, emmenait souvent son fils avec lui au cours de ses visites chez les patients. Ce contact précoce avec la maladie et la mort a profondément perturbé Munch, dont une autre sœur d’ailleurs sera victime de maladie mentale. Quant à son frère il décèdera jeune.

On peut dire que la vie de Munch fut jalonnée d’une succession de disparitions familiales, laissant penser au peintre que sa famille entière était vouée à la disparition, voire à la malédiction.

Mais les angoisses de Munch peuvent trouver leur origine ailleurs : certains critiques d’art soulignent en effet que ce cri est poussé par le peintre dans une société scandinave très conformiste, bourgeoise et puritaine, dont faisait justement partie le père de Munch.

Or le peintre, nous l’avons vu, a fréquenté assidûment des milieux anarchistes, à Copenhague, à Berlin notamment. C’est pourquoi ce « Cri » pourrait être compris comme une révolte sociale, Munch ne pouvant peut-être pas exprimer sa colère, sa révolte autrement.

N’oublions pas d’autre part le contexte historique, car on est en 1893, à mi-chemin entre la guerre de 1870 et la Première Guerre mondiale (environ 20 ans après et 20 ans avant).

 Et grâce à leur extrême sensibilité, ce sont peut-être bien les artistes qui étaient les mieux à même de ressentir les prémices de l’apocalypse future (1914-1918), exprimant dans cette sphère d’influence expressionniste et avec des images particulièrement torturées, leurs sentiments visionnaires, leurs anxiétés, leurs angoisses existentielles et celles auxquelles était sujette l’humanité toute entière.

Mais force est de constater que nous demeurons toujours ignorants de ce qui détermine vraiment ce fameux cri, l’image ne nous donnant pas le secret du bouleversement intérieur, ce qui contribue bien sûr au mystère de sa composition. En outre dans le titre même du tableau Munch a étrangement privilégié cette sonorité, le cri, la dimension sonore de l’angoisse, celle qui ne peut pas transparaître physiquement d’un tableau mais qui suggère les troubles intérieurs qui confèrent à ce Cri sa puissante motivation d’inquiétude.

Toutes ces angoisses ne pouvaient qu’accroitre chez Munch une vision pessimiste du monde et nous savons à quel point il a toujours redouté de devenir fou. D’ailleurs il prononcera un jour cette phrase capitale : « La maladie, la folie et la mort sont les anges noirs qui ont veillé sur mon berceau et m’ont accompagné toute ma vie ! » Or en 1908, Munch sera victime de graves troubles psychiques (une importante consommation d’alcool n’étant pas étrangère au problème !). Souffrant de dépression nerveuse et d’hallucinations, il sera interné en 1908 à la clinique psychiatrique du Professeur Daniel Jacobson à Copenhague.  Il ne se remettra jamais de cette dépression qui altèrera énormément son génie artistique et l’on peut dire que c’est avant 1908, entre 1892 et 1908, que Munch a réalisé en fait en peinture tous ses chefs d’œuvres.

 Mais je ne peux pas m’empêcher de comparer le tableau de Munch avec le célèbre tableau de Van Gogh « Route avec cyprès et ciel étoilé « (1890), véritable délire pictural ! Occupant en effet pratiquement la même place que le cyprès de Van Gogh, le personnage qui pousse le fameux cri, est l’alter ego parfait du cyprès du peintre hollandais, que Munch (surnommé parfois le « Van Gogh du XXe siècle ») avait rencontré à Paris. Dans les deux cas nous constatons un aspect convulsif identique, ce qui dénote incontestablement le manque de sérénité et de stabilité des deux peintres qui ont d’ailleurs utilisé pratiquement les mêmes procédés techniques : des couleurs accolées les unes aux autres à l’aide de larges coups de pinceau, au détriment du dessin. C’est ainsi que Van Gogh après sa première période impressionniste sera classé lui aussi parmi les expressionnistes. 

Mais dans la série des précurseurs de l’expressionnisme, citons le peintre belge James Ensor que l’on oublie souvent de mentionner, et qui fut le spécialiste de la représentation de masques et de la mort (cf «Le peintre Skeleton » -1895). Et nous savons que sa vision torturée de la réalité a influencé de nombreux artistes, notamment des artistes du mouvement expressionniste « Die Brücke » :

« Die Brücke » und « Der Blaue Reiter » (soit « Le Pont » et « Le Cavalier Bleu ») furent en effet les deux courants constitutifs du mouvement expressionniste historique, si peu connu en France. Il a concerné  surtout les pays d’Europe du Nord, l’Allemagne et l’Autriche en particulier, de 1905 à 1914 et même au delà. Il fut l’une des tendances majeures de l’art au début du 20ème siècle.

 Le groupe « Die Brücke » créé à Dresde en 1905, eut comme principal représentant son créateur Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938). Voir  « Autoportrait en tant que soldat» (1915) avec sa main droite amputée…

Emil Nolde (1867-1956), très influencé par James Ensor, a appartenu également à ce groupe. Peintre du Nord de l’Allemagne, il représentera souvent sa région natale, ses « Maisons frisonnes » (1910) et cette Mer du Nord,  qu’il aimait tant.

 Le groupe « der Blaue Reiter », plus intellectuel que « die Brücke », fut créé à Munich en 1911 par deux peintres : Vassily Kandinsky d’origine russe (qui évoluera vers l’abstraction) et Franz Marc (1880-1916), aidés du peintre August Macke (1887-1914). Voir les nombreux tableaux représentant des « Chevaux bleus » admirés par les deux créateurs, la couleur bleue symbolisant à leurs yeux le masculin austère et le spirituel, le jaune le féminin.

Mais n’oublions pas deux célèbres Autrichiens : Egon Schiele (1890-1918) et Oscar Kokoschka (1917-1980).

Le fameux tableau « La Famille » (1918) de Schiele, est particulièrement émouvant, car il met en scène le peintre lui-même, sa compagne et leur futur enfant qui ne naîtra jamais, les parents en 1918 étant victimes à quelques jours d’intervalle de la grippe espagnole.

 Le Suisse Paul Klee appartiendra également à ce groupe mais il s’orientera bientôt vers le cubisme et le surréalisme.

Et nous retrouvons Munch lors d’un événement véritablement scandaleux : Le 18 juillet 1937 en effet la ville de Munich accueillera l’exposition la plus tragiquement célèbre de l’histoire sur le thème « Entartete Kunst » (« Art dégénéré »). Car pour les Nazis il s’agissait de dénoncer et surtout de tourner en ridicule tous les représentants de l’abstraction, du cubisme, du dadaïsme et surtout de l’expressionnisme, tous ces artistes étant mis à l’index ! Et c’est ainsi qu’en 1937, 82 tableaux de Munch sont confisqués et exclus des musées allemands par les Nazis, ce qui provoquera l’ire de Munch.

Parmi ces peintres honnis on compte aussi entre autres, Marc Chagall, Picasso et un certain Emil Nolde… Car ce dernier, partisan convaincu du nazisme dès le début, tombera bientôt en disgrâce, ses tableaux « trop expressionnistes » ayant déplu bien sûr… à Hitler !

La musique permettant de concrétiser des émotions par le langage des sons et des dissonances discordantes, trois célèbres compositeurs autrichiens, Arnold Schönberg (1874-1951), Alban Berg (1885-1935) et Gustav Mahler (186061911) relèvent eux aussi de ce mouvement expressionniste.

Il en est de même avec des réalisateurs tels que Murnau (1888-1931) ( « Nosferatu, le vampire »), Fritz Lang (1890-1976) (« Metropolis », « M le Maudit », « Docteur Mabuse »…), ainsi qu’avec le dramaturge August Strindberg et le grand metteur en scène et réalisateur autrichien Max Reinhardt :  tous ont su  en effet dans leurs compositions plastiques, musicales, littéraires et sur les traces de leurs brillants prédécesseurs, exprimer eux aussi  leurs émotions les plus intimes, leur mal-être et surtout leur conception tourmentée de la vie.

Et en France ? Certains veulent voir en France un prolongement de ce mouvement expressionniste à travers le Fauvisme, mouvement éphémère  qui se définit par « une palette vive et une facture rageuse ». Il  durera entre 1904 et 1908, représenté notamment par Matisse (« La Femme au chapeau » 1905), précurseur et principal représentant du mouvement, Derain (« Le phare de Collioure » 1905) et Vlaminck (« Le Fauve rugissant » 1905). L’appellation  de « Fauve » étant due, lors du Salon d’automne de 1905, à une exposition de jeunes peintres dans une salle du Grand Palais. A cause des couleurs et de la façon dont celles-ci étaient utilisées, cette salle fut qualifiée par un critique d’art de « Cage aux fauves » !

               En  conclusion l’on peut dire que « Le Cri », ce célèbre tableau de Munch, au retentissement  certainement jamais imaginé par le peintre, est en fait une œuvre autobiographique, un aveu, l’expression de l’horrible cauchemar d’un homme et de sa tentative, grâce à l’art, de s’en libérer dans un cri. Mais ce tableau est aussi une métaphore de nos angoisses existentielles. N’aurions-nous pas en effet quotidiennement l’occasion de pousser nous aussi un cri d’horreur, en nous identifiant en quelque sorte au personnage de ce célèbre tableau ? Le «Cri » de Munch aurait donc une portée universelle et l’Expressionnisme, cet art de la souffrance, de la révolte, de l’angoisse existentielle, serait en fait une manifestation de « l’esprit universel » (Gesamtgeist), comme l’affirma un jour un écrivain autrichien peu connu en France, un certain Hermann Bahr.