29-11-2024 Prix André Soubiran à Michel DUTHIL

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Prix du roman André Soubiran à Michel DUTHIL
pour son roman « Dans l’arrière pays du silence »
par
Maryse CARRIER (52e fauteuil)
 
 
29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

 

      Michel Duthil, vous êtes un pur Languedocien, né à Pamiers de parents toulousains. Vous êtes marié et père de famille.

     Très tôt vous vous êtes orienté vers l’enseignement, avant d’opter pour une formation de psychologue scolaire puis clinicien. Mais une approche approfondie de la psychanalyse vous ouvrira la porte des centres psychiatriques en direction des parents et des enfants puis en cabinet.

    La retraite actuelle ayant réactivé votre désir latent de création littéraire, vous êtes l’auteur du roman intitulé « Dans l’arrière pays du silence » édité en 2024 chez Az’art Atelier Editions.

 

         Votre roman s’inspire d’un évènement réel, un concert de chant grégorien donné à la chapelle des Carmélites de Pamiers et suivi dans la nuit du décès – subit –  de la Prieure.

     Il faut dire que votre roman, à l’écriture fluide et au vocabulaire particulièrement choisi, tissera une longue suite de situations surprenantes, voire mystérieuses !

     Nous apprendrons tout d’abord que votre héroïne Elise fut une jeune-fille brillante, étudiant les Lettres à l’Université de Toulouse, mais elle sera profondément meurtrie par l’échec d’une intense relation amoureuse avec un personnage atypique, qui refusera de reconnaître l’enfant qu’Elise va mettre au monde. La jeune mère optera alors pour une décision douloureuse qui s’inscrira à « l’encre indélébile sur son registre mémoriel ».

      Suite à ces déceptions successives et profondément troublée par ses lectures philosophiques et surtout théologiques, Elise va prendre une seconde décision lourde de conséquences elle aussi : entrer au Carmel de Pamiers, régi par  une Règle particulièrement exigeante.

     Stupéfaction de la part de ses proches, tous la priant de ne pas sacrifier sa vie dans cet « enfermement mortifère », au risque d’éprouver ensuite des regrets.

     Mais Elise ne déviera pas « du parcours sisyphéen de son engagement » et même, dit-elle un jour à son amie, s’« il me vient parfois des images sensuelles et si mon corps a des frémissements… tu sais bien à qui désormais je voue mon Amour… » (avec un A majuscule).

     …« Dieu est-il celui que l’on croit ? » se demande-t-elle pourtant, sa  foi en effet pouvant lui paraître parfois ébranlée par le virus du doute.

    Cependant Mère Elise de Saint Augustin, devenue Prieure, tenue en haute estime par toutes les nonnes, va « offrir, 35 ans durant, son corps et son âme à une laborieuse immolation », car dit-elle « J’ai pris le layon étroit qui me mena du Spirituel nébuleux au Religieux incarné… ».

 

        Vous orchestrez ensuite votre roman sur la voie d’une enquête policière, un dangereux criminel s’en prenant aux Carmélites dans plusieurs villes de France, promettant de « vider tous ces couvents inutiles », voués par ailleurs à la disparition, mais par manque de vocations !

       Et voici qu’est soupçonné comme tueur des carmels le fameux Bruno Giovanni, le chef de chœur du concert donné, nous le savons, à la chapelle des Carmélites de Pamiers, lors du Festival Gabriel Fauré, ce compositeur de l’ineffable, natif de Pamiers, en quête perpétuelle d’un « au-delà » de la musique et dont on célèbre cette année le centenaire de la disparition.

      D’autre part comment expliquer le décès subit de la Prieure au terme de ce concert dirigé par ce brillant chef de chœur ?

      Tous ces évènements laisseront très perplexe l’inspecteur de police qui suite à la mort mystérieuse de la Prieure poursuivra ses investigations « dans un dédale d’incertitudes », tentant de se satisfaire de la sentence d’un vieux psychanalyste disant « L’identité n’est pas une, elle est multiple ». 

       Et c’est la toute dernière ligne du roman qui nous fournira la clé de toutes ces énigmes que bien entendu je ne dévoilerai pas !

    

 En conclusion nous pouvons dire que votre roman passionnant fourmille de questionnements, de secrets, de mystères, les principaux personnages étant en fait tous… en quête d’une vérité.

       Or la Prieure Mère Elise de Saint Augustin n’est-elle pas le plus bel exemple de la quête suprême de la Vérité lorsqu’elle se demande « Qui peut répondre à notre angoisse existentielle ?». Evoluant du religieux au mystique, elle trouvera l’apaisement chez St Thérèse d’Avila et surtout dans le chef-d’œuvre de la poésie espagnole du 16e s. « La Vive Flamme d’amour » de Jean de la Croix, ce dernier expliquant « que le spirituel est au dessus du sens ».

      C’est ainsi que votre héroïne illustre parfaitement l’éternel et insondable mystère de la foi, cette vérité inaccessible dépassant les limites de l’intelligence et de la raison, ce mystère dont votre roman est une brillante métaphore.

 

Monsieur Duthil, l’Académie du Languedoc est heureuse de vous offrir le Prix du roman André Soubiran pour votre roman « Dans l’arrière pays du silence » !