29-11-2024 Prix Fermat à Julie BATUT

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Prix Pierre de FERMAT à Julie BATUT
par
Michel CARRIER (33e fauteuil)
 
 
29-11-2024 Salle des Illustres au Capitole Mairie de TOULOUSE

Julie BATUT est une pure languedocienne née d’une mère ariégeoise et d’un père tarn-et-garonnais.

Maitre de recherche au CNRS c’est une chercheuse exceptionnelle qui se distingue par son engagement remarquable envers la science et l’innovation.

Passionnée par l’embryologie et la nécessité de comprendre comment une cellule va donner un organisme, c’est au Centre de Biologie du Développement sous la codirection de Marc Moreau et Isabelle Néant qu’elle a fait sa thèse en embryologie -sujet : « La caractérisation des gènes cible du calcium impliqués dans l’induction neurale chez le xénope » Evidemment, nous savons tous que le xénope est un amphibien type crapaud utilisé en laboratoire pour sa facilité d’élevage.

En 2004, thèse en poche, Julie BATUT passe 3 ans à Londres en tant que post-doctorante. Elle en reviendra avec une connaissance approfondie des techniques de pointe en imagerie.

Depuis 2004 elle travaille sur la mise en place de l’organe olfactif chez le poisson zèbre. Il s’agit de caractériser les processus qui permettent de coordonner l’acquisition de la forme et de l’identité des cellules olfactives pour former l’organe olfactif au cours du développement. Pourquoi le poisson zèbre ? Car son embryon est transparent ce qui facilite l’imagerie. Je n’entrerai pas ici dans le détail des recherches en cours mais le but est d’avoir des pistes pour réparer les dysfonctionnements de l’organe olfactif humain.

Sa démarche est empreinte d’une vision systémique, ce qui lui permet de développer des approches interdisciplinaires et de collaborer avec des chercheurs d’horizons variés : mathématiciens pour modéliser la formation de l’organe olfactif, automaticiens du LAAS pour développer une puce olfactive microfluidique permettant de tester des agents pharmacologiques, les bio-informaticiens pour l’analyse d’images et le séquençage de l’ARN.

Vous l’avez compris, il s’agit d’une chercheuse de haut niveau qui s’appuie sur une équipe dont Julie BATUT dit qu’elle est merveilleuse.

 

Mais, si aujourd’hui Julie BATUT a été choisi par notre Académie, ce n’est pas seulement pour ses qualités de chercheuse de premier plan, mais parce qu’elle incarne aussi un modèle d’engagement envers la transmission des connaissances et la formation des nouvelles générations de scientifiques.

Julie Batut est particulièrement engagée dans la promotion et le soutien des études scientifiques auprès des filles.

Elle participe activement à plusieurs associations : administratrice de « Femmes et sciences », coordinatrice nationale de « Vers les scolaires », conférencière de « Les Maths en scène », vice-présidente de l’association « Les Chemins Buissonniers », etc., etc., Son engagement se manifeste de plusieurs manières :

  • Elle œuvre particulièrement pour encourager les jeunes filles à s’intéresser aux sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM). Par ses initiatives, elle vise à briser les stéréotypes de genre souvent associés à ces domaines.
  • Julie Batut s’investit dans des programmes de mentorat, où elle accompagne personnellement des jeunes filles, leur offrant des conseils et des ressources pour les aider à poursuivre des études scientifiques.
  • Elle organise des ateliers, des conférences et des événements où des femmes scientifiques partagent leurs expériences et leur parcours, inspirant ainsi les jeunes générations à suivre des voies similaires.
  • Julie BATUT collabore avec le système éducatif (de la maternelle aux universités) pour mettre en place des initiatives visant à rendre les études scientifiques plus accessibles et attrayantes pour les filles.
  • Elle s’exprime également sur l’importance de l’égalité des sexes dans le domaine scientifique et s’emploie à sensibiliser le public et les décideurs sur les obstacles que rencontrent encore les filles et les femmes dans ces domaines.

Quand on sait qu’aujourd’hui les études supérieures comprennent 56% de filles et que les filières scientifiques telles que « Numérique et science informatique » ou « science de l’ingénieur » n’en comprennent que 10 % à 13%, que les CPGE et les écoles d’ingénieurs n’en comptent que 26%, il est effectivement importante de soutenir des actions telles que celles menées par des personnes comme Julie BATUT.

Pour toutes les qualités que je viens de citer et que représente Julie BATUT, l’Académie du Languedoc lui décerne le Prix Pierre de FERMAT 2024.

Avec toutes nos félicitations, applaudissons la lauréate.