Prix de peinture Henri Martin 2022

Eloge de Nicolas GIRAUD Prix de peinture Henri Martin
par
Serge JOP (24ème fauteuil)

Monsieur le Maire,
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,C
hères consœurs et confrères  Académiciens,
Mesdames, messieurs, Chers amis de l’académie

Il m’échoit ici l’honneur de vous présenter un artiste 100% occitan

NICOLAS GIRAUD dit « 100taur »

Nicolas est né en 1982 à Montauban. Il a d’abord travaillé à Toulouse puis s’est installé depuis plus de 10 ans, dans son atelier de Saint-Orens-de-Gameville.

« J’ai commencé plein de formations artistiques différentes, jusqu’aux Beaux-Arts de Toulouse, dit-il, mais, je séchais les cours d’art vidéo ou de nouvelles technologies, car, moi, ce qui m’intéressait c’était la peinture, la sculpture, les nus : la technique pure ». Sa formation, la vraie, il la trouve auprès de l’artiste-graveur Marc Dautry, Nîmois installé à la fin de sa vie près de Montauban, aujourd’hui décédé. « Il était et il reste mon maître, m’a-t-il confié : j’ai eu la chance d’être pendant quelques temps son élève, comme à l’origine des formations artistiques« . 

Nicolas Giraud a aussi baigné toute son enfance dans un milieu artistique, auprès d’un grand-père qui peignait très bien à l’huile et une famille pour qui la culture artistique était très importante et, très jeune, il a été plongé dans les livres d’art.

C’est finalement un paradoxe : histoire de l’art, ouvrage d’art, formation avec un graveur… On pourrait s’attendre à ce que Nicolas Giraud soit devenu un artiste disons… plutôt classique ! Mais cette culture artistique lui a au contraire servi à créer son propre monde, en se rattachant au mouvement « Low Brow », surtout connu aux Etats-Unis, à San Francisco : c’est un courant qui développe une culture populaire, éloignée des formations académiques, et qui s’exprime sur tous les supports.

Le premier contact avec les œuvres de Nicolas Giraud, alias 100Taur, quand on ne connaît pas encore son univers, c’est une grande claque ! En fait, c’est visuellement un choc…et puis, en s’approchant, on découvre un monde incroyable et un travail minutieux, celui d’un perfectionniste, un touche à tout (graff, peinture, sculpture, etc) pour qui « peindre est un labeur, dans le bon sens du terme »

Dans cet univers, celui de 100Taur, on trouve des monstres, des personnages revus et corrigés, comme des cauchemars couchés sur la toile. Et quand on lui demande ses sources d’inspiration, l’artiste répond pêle-mêle : la mythologie grecque, les divinités hindouistes, des dessins animés des années 80, la littérature fantastique, Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft, et même… des figurines de jeux pour enfants.

Des références éclectiques complétées par les livres d’anatomie qu’il feuilletait dans son enfance« dans une famille où tout le monde, sauf lui, est médecin » et  aussi, il faut le souligner, par une passion pour la nature et la biologie.

En effet,  quand il ne travaille pas, il pêche, se promène dans les bois et étudie la nature qui est pour lui une fabuleuse source d’inspiration

Mais la mythologie reste le pilier à l’origine de sa création. Nicolas Giraud a choisi en effet le pseudonyme de 100Taur en référence à la créature chimérique du centaure Chiron auquel il voue une passion dès le plus jeune âge. 

Cet intérêt pour les monstres s’en ressent évidemment dans tout son travail. Gardant toujours en tête la célèbre citation de Goya : « Le sommeil de la raison engendre des monstres», les toiles de 100Taur sont habitées par des êtres hybrides fantastiques, croisés entre des humains et des animaux étranges. 

Malgré l’aspect apparemment repoussant de ses créatures, on ne peut que les trouver attachantes, tant le peintre joue sur les notions de différence et d’innocence dans ses tableaux. 100Taur a cette faculté de poser un regard attendri sur les monstres de son enfance et de nous les rendre inoffensifs.

 

100Taur est un artiste qui vit de son travail, et même si « le marché de l’art est régulièrement  en crise en France « , il ne se plaint pas : il estime avoir la chance de vivre de ce qu’il aime, avec  principalement, des achats à l’étranger et également des commandes municipales ou nationales.

Mais c’est surtout un artiste dans son temps qui considère qu’il ne suffit pas d’avoir du talent pour vivre de son art, mais que le travail est nécessaire : « En France, m’a-t-il confié, on pense encore souvent que les artistes sont des bohèmes qui passent les trois quarts de leur temps à la débauche… mais est ce bien là la réalité ?

  Il dit d’ailleurs de lui-même qu’il est comme un artisan qui peut travailler 11 heures par jour et qui cherche à faire son travail le mieux possible, pour atteindre SA perfection« .

 

Ses œuvres sont visibles un peu partout en France, en Europe (Angleterre, Espagne, Italie,…) et aux Etats-Unis (San Francisco, Philadelphie,…).

Et sans aller aussi loin, à Paris bien sûr,  par exemple sur le Mur Oberkampf l’été dernier, lorsqu’il y était en résidence… mais pour admirer de visu ses créations à votre aise, à Toulouse une de ses œuvres couvre, au 13 rue des Anges, près de 400m², à Montauban où il a réinterprété plusieurs célèbres tableaux du grand maître Dominique Ingres,  et tout dernièrement dans sa Ville de Saint Orens : il vient en effet d’y réaliser une remarquable fresque pleine de mystère qui vous entraînera, à la nuit tombée, dans les Jacasseries de la farandole des animaux de la forêt.

En fait, derrière chacune de ses créations, une histoire attend d’être découverte.

Alors, tentez l’expérience et laissez vous guider par votre intuition :   vous  partagerez alors le monde enchanté de cet artiste au talent internationalement connu…et reconnu.

Mais, pour l’heure c’est avec un immense plaisir que, dans cette salle des Illustres, l’Académie du Languedoc honore 100Taur et, vous décerne, Monsieur Nicolas Giraud, le Prix de Peinture Henri  Martin !

Serge JOP (24ème fauteuil)