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Remerciements AJ GALLEGO 28-11-23

Séance solennelle du Sénat

28 Novembre 2023-10-29

Remerciements d’André-Jérôme GALLEGO (13ième fauteuil)
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Au nom de tous les Miens…

Ne jamais oublier d’où l’on vient !

Pour la plupart, ils étaient d’origine étrangère, mais combien de fois ils avaient traversés la Méditerranée pour venir défendre le pays dont ils rêvaient. Oui, rêver d’avoir un jour leurs « papiers français », comme ils aimaient à le dire.

Un jour, en Afrique du nord, le Continent de leurs origines, où ils avaient connu gloire et fortune. Ils pensaient même avoir bâti des fondations éternelles, qu’ils ne pouvaient que transmettre à leurs lignées. Jamais ils n’auraient pensés devoir, un jour, tout abandonner, devoir partir à la hâte, avec seulement quelques valises. Prendre le bateau qui les fera toucher définitivement le Continent européen, devoir tout recommencer ailleurs.

L’accueil ne sera pas chaleureux, l’Homme a la mémoire courte. Mais ils ne s’en plaindront jamais… Chez eux,la valeur d’un homme, ne se mesurait pas au nombre de fois qu’il était tombé. Mais à la vitesse à laquelle il s’était relevé.

On habitait le nouveau quartier de Toulouse, baptisé : Bagatelle. Les immeubles, sans ascenseurs avaient quatre étages et les appartements étaient luxueux et grands.

On n’était pas riche…
Mais on était heureux de vivre.
Il n’y avait jamais de gagnant à la triche.
Ô mon Dieu qu’est-ce qu’on s’aimait.
Qu’est-ce qu’on aimait la vie, rire, se taquiner.

On avait pour prénom Daniel, Driss, Lissandro, Joseph, Simon, Nessim, Pascal, Ernest, Joachim, André, Raphaël, Paul, Miguel, Elie, Felipe, Djamel, Jean, Jérôme, Isaac, Joâo, Yaël, Cristiano, Farid, Diego…

On les courtisait, les Rachel, Angèle, Laura, Sylvie, Alicia, Judith, Laurence, Salomé, Rebecca, Sarah, Martine, Isabel, Tatiana, Malika, Danielle, Ariella, Déborah, Chantale, Aïda, Célia, Joana, Karima, Paloma…

Mais, entre-nous, il ne se passait jamais rien, car elles nous boudaient et surtout, elles ambitionnaient de ne fréquenter que des gars qui n’étaient pas de notre quartier, au standing plus élevé.Des gars qui ont de la « classe », comme elles nous le disaient, par provocation.

Pourtant, il ne fallait pas nous toucher, car sinon, toutes ces lionnes, sortaient leurs griffes, et faisaient face à nos adversaires. La réciproque était au moins, aussi forte.

Nos parents, eux, ils étaient là pour nous montrer l’exemple, comme ils nous le répétaient. Chez eux pas de chômage, quand ils manquaient de travail, ils faisaient, quand même, mine d’aller assumer leurs tâches quotidiennes. Il ne fallait surtout pas que le voisin s’en rende compte, ça aurait fait mauvais genre.C’était le temps des 60 heures et plus. Sans jamais se plaindre, ils étaient les premiers à s’engager pour des heures supplémentaires. Car elles garantissaient des fins de mois, plus légères.

On n’était pas riche…
Mais on était heureux de vivre.
Alors, on disait que l’argent, on s’en fiche.
Oui, l’argent qu’est-ce que c’est ?

Nos jeux étaient simples, pas de terrains de foot, pas de gymnase, de dojo, pas de maillots, ou de chaussures aux marques prestigieuses. Seulement, le parking des voitures, la rue, le trottoir, étaient nos seuls terrains de jeux. Avec, pour suprême interdiction, de ne jamais faire rebondir le ballon contre le mur de l’immeuble. Sinon, c’était la sanction, infligée par le concierge. Plus, il recevait le soutien de nos parents voire les recommandations pour ne rien nous laisser passer. Nous éduquer à la vie était leur règle première, comme ils nous le rappelaient, trop souvent à notre goût. Mais aujourd’hui, on se doit d’admettre qu’ils avaient raison.

On s’était inventé un jeu, à nous, le ‘’Pikchak’’. Une chambre à air, découpée en rondelles, rassemblées par une ficelle. Elle nous servait de « pelote à jongler », jusqu’au but, et à marquer, sans qu’elle ne touche le sol.

Au football, on rêvait de devenir les Fontaine, Kopa, Piantoni, Ben’Barek, Pelé, Di Stefano, Puskas… Nous étions les meilleurs et l’on gagnait quasiment tous les tournois de la région. Mais les trophées, il fallait les cacher sous le lit, car nos parents nous croyaient à réviser nos devoirs, chez un complice.

L’été, il fallait aller travailler, pour en comprendre la rudesse et nous encourager à mieux écouter en classe, disaient nos mères qui nous préparaient toujours un large goûter. Il fallait que leurs enfants ne manquent de rien. Tant pis si eux, nos parents, se privaient de beaucoup de choses.

Nous avions entre 13 et 14 ans, et notre usine, « Les Biscottes Paré », était installée dans le quartier voisin. Elle était renommée pour sa fabrication de biscottes, mais pas seulement, des gâteaux aussi, des biscuits secs. Voilà 60 ans, elle a même créé le « Bichoco », mis sous emballage individuel, et dédié aux écoliers. Une magnifique entreprise, avant-gardiste, pleine d’ambition. Elle existe toujours.

Accompagné, de mes copains, le trajet, depuis la maison, se faisait à pied ? Car, en ce temps-là, nos parents savaient les rues des plus sécurisées. Nos horaires de travail, nous faisaient pourtant commencer, à 4h pour finir à 13h, avec une pause offerte par l’entreprise à 10h.

On n’était pas riche…
Mais on était heureux de vivre.
Alors, on disait que l’argent on s’en fiche.
Oui, l’argent qu’est-ce que c’est ?
Il n’y avait jamais de gagnant à la triche.
Ô mon Dieu qu’est-ce qu’on s’aimait.
Qu’est-ce qu’on aimait la vie, rire, se taquiner.

Comme de logique, c’était l’occasion pour ses dirigeants, de nous proposer les produits créés dans l’usine même. Premier public, pour goûter les nouveautés, les surprises qui étaient acclamées, jamais aucun refus.J’en mangeais peu, car je préférais réserver ma part à mon petit frère et à mes sœurs qui, comme on l’imagine, chaque jour, attendaient, mon retour avec impatience.

Avec le temps, l’usine était devenue, pour nous, un terrain de jeu, qui nous imposait le challenge de chercher à battre tous les records de production… de nos aînés. Quel qu’en soit l’endroit, les circonstances, il fallait que l’on soit toujours les meilleurs, une promesse faite, à nos parents.Oui, il y avait d’écrit en nous, les enfants de là-bas, un défi, à relever coûte que coûte, notre marque de fabrique, notre label, jusqu’au dernier jour, la fierté de ce que nous étions, défendre nos racines, notre nom, la France, fiers d’être Français.

Nos Mères partageaient leurs recettes de cuisine, et nous étions aux premières loges pour tout goûter, et critiquer, car le jeu était aussi, là. Les Jours de fêtes, des uns ou des autres, on ne faisait pas de différences entre Noël, Pessah, Epiphanies, Roch Hachana Pâques, Hanoukkah, Pentecôte, Ramadan. Pourim, Yom Kippour, l’Aïd al-kabîr, Hégire, Ashura… Seuls comptaient les délices des pâtisseries et les cadeaux, à partager, les plats aussi.

Chaque famille, malgré les difficultés quotidiennes, tenait à tout partager, marquer le jour. Comme un devoir, c’était inscrit dans la culture de chacun, une forme de respect de l’autre. Mais surtout une promesse faite au Très-haut. Dieu nous le rendra, disaient-ils, nos parents.Je leur dois ce que je suis !

Ils n’étaient pas riches…
Mais heureux de vivre.
Alors, ils disaient l’argent, on s’en fiche.
Oui, l’argent qu’est-ce que c’est ?
Chez eux, il n’y avait jamais de gagnant à la triche.
Ô mon Dieu qu’est-ce qu’ils s’aimaient.
Qu’est-ce qu’ils aimaient la vie…
Ils gardaient toujours, foi en demain…
La France était leur richesse à transmettre, à défendre.

 

Chez nous,
on ne mesure pas la valeur d’un homme,
au nombre de fois qu’il est tombé.
Mais à la vitesse, à laquelle, il s’est relevé.

 

Un dernier mot, à l’intention des Instituteurs,
des Professeurs, des Chefs d’entreprises,
des Amis, qui ont tout fait, parfois sacrifié aussi,
pour que je devienne aujourd’hui, ce que je suis.
Il n’y a quasiment pas un jour, qui me voit,
ne pas penser à eux, prier même…

Diplôme d’honneur à Marek HALTER

Diplôme d’honneur à Marek Halter
Cérémonie solennelle du 28 novembre 2023 au Sénat Paris.

 Présentation par André-Jérôme GALLEGO (13ème fauteuil)
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« Il rêvait de changer le Monde »

C’est le titre de l’un de ses tout premiers ouvrages. À lui seul, il pourrait définir la personnalité et la vie de Marek Halter.

Marek Halter est un écrivain français,de confession juive, né à Varsovie, en Pologne,un 27 janvier 1936. Il est naturalisé français en 1980.Dans ses ouvrages, il aborde l’histoire du Peuple Juif, mais pas seulement. En humanisme engagé, dans chaque coin de la Terre, il va chasser à sa manière l’injustice et l’horreur.

Fils de Salomon Halter, issu d’une lignée d’imprimeurs, et d’une poétesse yiddish, Perl Halter, à l’âge de cinq ans,Marek, en compagnie de ses parents, s’échappe du ghetto de Varsovie. À leur arrivée en Ukraine, une patrouille de l’armée rouge les dirige vers Moscou. Puis, au début de la guerre germano-soviétique, Marek et les siens sont envoyés à Kokand, en Ouzbékistan. Sa sœur cadette,Bérénice, alors âgée de trois ans, n’y survivra pas. Ses parents, eux-mêmes,sont frappés par la dysenterie.Marek, qui n’a pas encore six ans,prendra les choses en mains, et parviendra à les sauver.

En recherche de vivre, coûte que coûte, tout sera bon pour y parvenir. Malgré son jeune âge, il sera bien souvent un pionnier dans la méthode à appliquer, une marque de fabrique, un instinct naturel, qui le suit toujours et encore aujourd’hui, à plus de 80 ans.

En 1945, c’est au titre de délégué des pionniers de la« République socialiste soviétique d’Ouzbékistant » qu’à peine âgé de neuf ans, il sera parmi les invités, à la fête de la victoire à Moscou, pour offrir,sur la « Place Rouge », des fleurs à Staline. 

En 1946, entouré des siens, il reviendra en Pologne.Mais c’est à Paris, dès l’année 1950, qu’ensemble, ils s’installent en France.En 1951, et pour la première fois, il visitera Israël et ira travailler dans un kibboutz. À quinze ans, il est mime dans la compagnie de Marcel Marceau, mais son ambition reste d’être un artiste peintre reconnu. Alors,il s’inscrit à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. En 1954, il est même lauréat du prix international de peinture de Deauvilleet de celui de la Biennale d’Ancône. Puis,il exposera à la galerie Cimaise de Paris. Dans les années 50-60, il illustrera les recueils de poésie de sa mère.

Militant de la paix,en 1967,à la veille de la guerre dite des « 6 jours », en Israël,il lance un appel international en faveur de la paix au Proche-Orient.

Puis il va fonder le « Comité international pour la paix, négociée, au Proche-Orient », il est même à l’origine des premières rencontres entre Israéliens et Palestiniens.

En 1968, il fonde la revue « Éléments » dirigée par son épouse, la regrettée, Clara Halter. C’est la première publication à laquelle collaborent à la fois des Israéliens, des Palestiniens et des Arabes.

En 1972 il anime le comité pour la libération de l’écrivain juif soviétique Edouard Kouznetsov, et en faveur des Juifs d’URSS. 

C’est en 1976,à Paris, que Marek Halter publie son premier livre, « Le Fou et les rois », qui est consacré à la paix au Proche-Orient. Ce livre deviendra un best-seller, et obtiendra le Prix littéraire « Aujourd’hui ». Depuis, tout en consacrant une part importante de sa vie à la défense des droits de l’Homme, partout où ils sont bafoués, il est tour à tour Président de l’Institut Andréï Sakharov, de l’Institut international de la culture juive,et cofondateur de SOS Racisme…

Il va alors publier près d’une cinquantaine d’ouvrages.Parmi lesquels, et après plus de six années de recherches, il termine enfin le roman historique d’une vie, celui d’une famille juive deux fois millénaire, en partie la sienne, intitulé: « La Mémoire d’Abraham ». Cet ouvrage est vendu,à travers le monde,à plus de cinq millions d’exemplaires. Il obtient en France le prix du « Livre Inter »,et reste pendant huit semaines sur la liste des best-sellers du New York Times. 

En 1994, il termine son film « Les Justes », qui ouvre, en 1995, le festival du cinéma de Berlin. En 2003, l’écrivain se voit confier, par le Président de la République, Jacques Chirac, le commissariat général de la participation française au Tricentenaire de la Ville de Saint-Pétersbourg.

Défenseur du dialogue interreligieux, Marek Halter est, en 2017, l’un des organisateurs de la Marche des musulmans contre le terrorisme. Celle-ci, composée d’une trentaine d’imams du monde entier, fait escale dans plusieurs villes d’Europe frappées par le terrorisme djihadiste. Comme Berlin, Bruxelles, Paris, Toulouse, Nice, pour y apporter un message de tolérance. Le 10 juillet 2017, ils se rendent à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans laquelle fut assassiné le Père Jacques Hamel.En 2019, il participe à Toulouse, aux « Résonances Francophones », où il est mon invité.

L’œuvre littéraire, immense, de Marek Halter a été traduite en plus de vingt langues et s’est vendue à des millions d’exemplaires à travers le monde. Il est à noter, que depuis plus de vingt ans, il explore dans des « romans-événements » la place des grandes figures féminines dans les religions monothéistes. Avec des titres comme : « Les Femmes de la BibleSarahTsipporaLilahMarie – La Reine de SabaLes Femmes de l’Islam –FatimaAïcha.

Il va connaître un immense succès avec son livre, « Où allons-nous mes amis? ». Ouvrage dans lequel,dès 2017, il appelle à l’apaisement et à la réconciliation dans une France toujours plus exposée aux tensions religieuses.

En 2019, paraît chez Robert Laffont : « Je rêvais de changer le monde – en 2020 :« Pourquoi les Juifs » – 2021 : « Un monde sans prophètes » – 2022 : « La Juive de Shanghai ».

Il est officier de la Légion d’honneur – Commandant de l’Ordre des Arts et des Lettres – Décoré à Moscou, au Kremlin, du prix « Fiddler on the Roof », par la Fédération des communautés juives de Russie.

Mais je ne peux clore cette présentation sans parler de la son épouse Clara, qui, a toujours été à ses côtés, à le soutenir, l’encourager, parfois même à le pousser à agir. Pas en reste, cette dernière, avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte, a réalisé. « Le Mur de la Paix », inauguré le 30 mars 2000, sur le Champ de Mars. Elle nous a quittés en 2017…

 

Trois pensées qui dépeignent bien Marek Halter :

« Quand je dis « faites-le » beaucoup s’imaginent qu’il suffit de vouloir, pour pouvoir. Ils oublient le troisième volet : le travail. Pour atteindre l’objectif que l’on se donne, il faut bien sûr entreprendre mais surtout travailler, multiplier les efforts, établir une stratégie ».

« Les murs se souviennent de la musique de nos rêves, et c’est ce qui rend fou les nazis, là-bas, en Pologne et en Ukraine. C’est pour ça qu’ils détruisent, détruisent, détruisent encore… Ça ne leur suffit pas, de massacrer les corps de tous les juifs du monde. Il leur faut aussi détruire nos murs pour ne plus entendre nos rêves »

« Nos pires ennemis n’avancent jamais sous le soleil à visage découvert. Ils ont trop peur et vont à la chasse en se dissimulant sous la peau d’un tigre, déjà tué ».

 

Oui, Marek Halter, rêve toujours et encore, de changer le monde.

Merci mon Frère…

Diplôme d’honneur Georges de HABSBOURG LORRAINE

Georges de Habsbourg-Lorraine
Ambassadeur de Hongrie en France
Archiduc d’Autriche,
Prince Royal de Hongrie, de Croatie et de Bohème

Présentation de André-Jérôme GALLEGO (13ième fauteuil)

 

Il est né le 16 décembre 1964 à Starnberg en Haute-Bavière, soit trois ans après la déclaration de renonciation de son père à tous ses droits dynastiques et de prétentions impériales.Son parrain est le pape Paul VI.

Membre de la famille impériale d’Autriche et diplomate hongrois, fils cadet du défunt prétendant au trône d’Autriche, Otto de Habsbourg-Lorraine, et le frère de l’actuel, Charles de Habsbourg-Lorraine. Il est appelé Georg Habsburg-Lothringen en Autriche et Habsburg György en Hongrie, l’usage des titres des Habsbourg n’étant pas reconnu dans ces deux pays.

Comme son père, il parle l’allemand, le hongrois, le français, l’espagnol, l’anglais et l’italien. Il fait des études de droit, d’histoire et de sciences politiques, en Autriche, en Allemagne et en Espagne. Il travaille ensuite dans des entreprises de communication et de télévision. En 1992, il s’installe en Hongrie où, en plus de sa nationalité autrichienne, il obtient la citoyenneté hongroise.

Depuis sa nomination par le gouvernement hongrois, le 16 décembre 1996, il est ambassadeur itinérant et plénipotentiaire de Hongrie. Il a joué un rôle spécifique durant les négociations d’adhésion, de la Hongrie, à l’Union européenne.

Le 18 octobre 1997, il épouse au cours d’une cérémonie célébrée dans la basilique Saint-Étienne de Budapest, la duchesse Eilikavon Oldenburg, née le 22 août 1972 à Bad Segeberg, fille du duc Johann Friedrich d’Oldenbourg et de la comtesse Ilka zuOrtenburg.

De leur union, vont naître trois enfants : ZsófiaMáriaTatjána –IldikóMáriaWalburgaet Károly-Konstantin.

En décembre 2020, il est nommé ambassadeur de Hongrie à Paris en remplacement du comte György Károlyi. Il remet ses lettres de créance, au Président de la République, Emmanuel Macron, le 12 avril 2021. Lors de cette rencontre officielle, il a expliqué au Président Français, les raisons pour lesquelles il se sentait un peu chez lui au Palais présidentiel… Tout simplement, car son arrière-arrière-grand-mère, Louise Marie Thérèse d’Artois, petite-fille du roi de France Charles X, y était née, en 1819.

Évoquer la généalogie des Habsbourg-Lorraine, c’est prendre rendez-vous avec toute l’histoire de l’Europe. Les titres portés actuellement par les membres de la maison de Habsbourg-Lorraine, sont attribués par le « chef de maison ».

Soit, pour ce dernier et depuis le 16 décembre 1964 : Son Altesse impériale et royale l’archiduc GeorgevonHabsburg-Lothringen, archiduc d’Autriche, prince royal de Hongrie, de Bohême et de Croatie.

Selon la tradition dynastique, Georges de Habsbourg-Lorraine pourrait se faire appeler Son Altesse impériale et royale l’archiduc d’Autriche, mais aussi Prince de Hongrie, de Bohême et de Croatie. Ses passeports autrichien et hongrois portent plus simplement le nom de Georg Habsburg-Lothringen, et il n’a plus le choix, contrairement à son grand-père Charles, dernier empereur d’Autriche, qui habitait entre ses trois châteaux, de cent pièces chacun, à Budapest, Vienne et Prague.

Son épouse réside en Hongrie, où elle dirige une fondation aidant,grâce à la thérapie par le cheval,les jeunes, défavorisés ou handicapés.Quant à leurs trois enfants, ils sont étudiants aux quatre coins de l’Europe.

Georges de Habsbourg-Lorraine dès qu’il a été nommé Ambassadeur à Paris, s’est fixé pour mission première de soutenir et faciliter les relations bilatérales entre les deux pays. Ainsi,  la France est implantée dans de multiples secteurs en Hongrie, que ce soient la finance l’industrie, l’énergie, la pharmacie ou la distribution. PSA, Michelin, Valeo, Auchan… sont présents, tout comme de nombreuses PME et entreprises de taille intermédiaire. Six cents sociétés françaises donnent du travail à 40.000 Hongrois.

Plutôt que de s’étendre sur son ascendance, le plus souvent,il ne manque pas de rappeler, que «la France est le quatrième investisseur étranger en Hongrie». A l’instar de son père, il est un Européen engagé par le cœur et par le sang, il a été durant vingt années, député à Strasbourg.

Il revendique un catholicisme affirmé. Il me confiera que : «Le christianisme est considéré chez nous comme indissociable de l’identité dans la nation. Pendant des siècles, les Habsbourg ont été élevés pour servir leur pays et leur empire, règle profondément inscrite en nous, à laquelle s’ajoute un fort sentiment d’appartenance à l’Europe.»A ce propos, son frère Paul est prêtre à Notre-Dame d’Auteuil, à Paris.

Mais surtout, les Habsbourg ne se disent-ils pas qu’ils sont un peu les inventeurs de ce «vivre-ensemble pacifique de différentes nations, sous un même toit» ?


Madame Judith JORZEF représentante de l’ambassadeur

 

 

 

Mise à l’honneur : POUDEROUX – DELOUPY

Mise à l’honneur de Guillaume POUDEROUX et Bernard DELOUPY
suite au Prix littéraire de la ville de Toulouse et de l’Académie du Languedoc décerné le 8 juin 2023 salle des Illustres au Capitole de Toulouse pour l’ouvrage 

« Freight Dogs ou les Forçats du fret »

 Sénat 28 -11 2023 

Présentation par Maryse CARRIER (51ème fauteuil)

 

 Madame la Sénatrice, Mmes et Ms les Académiciens, chers amis.

 

Le roman « Freight Dogs ou les Forçats du fret », écrit à 4 mains, est l’œuvre de Guillaume Pouderoux, Officier pilote de ligne chez Air-France et de Bernard Deloupy, journaliste, écrivain et coach littéraire.

Leur  thriller haletant, au souffle épique, nous transporte de Tromsöe à Longyearbyen, puis quelque part sur un morceau de banquise de l’océan Arctique : sabotage, « Mission Top secret », « relents de guerre froide », notre planète comparée à un « marigot où s’ébrouent les sauriens »… bref, les grands prédateurs de ce monde semblent bien être à l’œuvre !

Comment Yann, notre héros, pilote d’avion-cargo ou forçat du fret ainsi que quelques intervenants généreux ou surdoués vont-t-ils pouvoir déjouer les chausse-trappes de tous ces cyniques rois du monde ?

Je laisse aux futurs lecteurs le plaisir d’édifiantes découvertes grâce à ce roman destiné à susciter un sursaut de l’humanité dans le but de « construire ensemble un monde meilleur », car comme l’a dit Saint-Exupéry, l’un de vos modèles : « Dans cet océan de ténèbres, les rares lumières signalent le miracle d’une conscience ».

 

Guillaume et Bernard, j’ai eu l’honneur récemment au Capitole, à Toulouse, et de façon plus exhaustive, de présenter votre roman et ses deux auteurs pour l’obtention du Prix Littéraire de l’Académie du Languedoc et de la Ville de Toulouse, accompagné d’un chèque qui vous est remis aujourd’hui,

     Avec nos chaleureuses félicitations !

 

Prix José CABANIS : Gérard MULLER

Attribution du Prix José CABANIS à Gérard MULLER
pour son ouvrage « Sous le sable des tropiques »

Présentation par Maryse CARRIER (52ème fauteuil)

28-11-2023 au Sénat à Paris

 

 Madame la Sénatrice, Monsieur le Secrétaire perpétuel et Monsieur le Président de l’Académie du Languedoc, Mmes et Ms les Académiciens, chers amis.

 

Monsieur Bernard Muller, ingénieur de l’aéronautique, vous êtes aujourd’hui retraité d’Airbus Defense & Space et consultant en ingénierie spatiale pour PME et Startup.  Ce qui ne vous empêche pas d’animer un atelier littéraire dans lequel vous coachez de « jeunes » auteurs. Je précise que votre propre production littéraire est très vaste et vos œuvres furent très souvent distinguées. Par ailleurs vous aimez beaucoup voyager et chaque grand voyage est pour vous source d’inspiration d’un roman :

                C’est ainsi que Bernard et Nathalie, un couple de Toulousains, héros de votre roman intitulé « Sous le sable des tropiques », s’envoleront un jour vers des îles paradisiaques, les Caraïbes, plus précisément vers la République Dominicaine.

                Or dès le début de ce roman Bernard, confronté à une série d’échecs à la fois sur le plan sentimental et professionnel et se définissant lui-même comme un « écrivain raté, un journaliste ignoré », souffre visiblement d’un sentiment de déréliction.

              Le deuxième thème de ce roman est celui inopiné du tropisme de la réussite : Bernard en effet en tant que talentueux maître d’hôtel et manager, va bientôt assumer la direction disruptive de onze établissements, en République Dominicaine puis sur l’île voisine de Sainte-Lucie.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Bernard va également  « à l’insu de son plein gré », devenir père pour la première fois de 3 beaux bébés, fruits d’une unique copulation des plus inattendues avec une Haïtienne et une Brésilienne, très, très proches l’une de l’autre.

 Mais notre manager, « bon capitaliste », ne peut ignorer la petite voix de sa « belle âme de gauche » et il envisage de créer une remarquable « institution philanthropique et écologique consacrée aux enfants défavorisés, souvent orphelins ». Sauf que ce « Children’s Dream » va rapidement permettre à la direction et aux actionnaires du groupe « d’engranger encore plus de bénéfices » !

               Abordons à présent le troisième et dernier volet de ce roman, celui des paradoxes et des dilemmes. Sur ces îles des Caraïbes règnent en effet  sous forme systémique, je cite : « La pauvreté, la prostitution, la pédophilie, la pollution et surtout une corruption endémique » (fin de citation)… sous la férule d’une mafia souveraine qui rackette, assassine, ou exerce d’odieux chantages, comme on peut le constater à plusieurs reprises.

Or Bernard va illustrer certes une complicité voire une compromission inéluctable avec le mal, mais sans toutefois sacrifier sa foi en l’être humain, toujours pour le bien d’autrui.

                    Bref ce roman passionnant, au style alerte et plein d’humour, est un roman de défis permanents, illustrant moult scories de la société mais il est aussi un roman d’espoir, apte à transformer, malgré tout, les affres de ce monde en une certes modeste mais ô combien opportune leçon d’humanité.

                 C’est pourquoi, l’Académie du Languedoc est heureuse d’offrir le Prix de littérature José Cabanis à Monsieur Gérard Muller, qui mérite tous nos applaudissements !

 

DAN DOBRIN Diplôme d’honneur

ÉLOGE DE DAN DOBRIN, artiste peintre

pour son diplôme d’honneur attribué par l’Académie du Languedoc
Mardi 28 novembre  2023 au Sénat à PARIS

par
Michel CARRIER secrétaire général adjoint (33ème fauteuil).
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Monsieur DAN DOBRIN, vous avez d’abord été militaire, conduisant une colonne de blindés puis architecte enseignant à Tel Aviv.  Mais c’est la guerre qui a permis votre carrière d’artiste peintre. Plus précisément une blessure de guerre vous clouant au lit et où vous tuiez le temps en  dessinant quelques croquis des personnes vous entourant.

Survient, pour une mission humanitaire une dame qui, trouvant vos dessins remarquables, vous incite à la suivre à Paris. C’était Madame Nadine de Rotschild. La suite, on la connait, c’est une remarquable carrière internationale.

Votre dernière œuvre « La Bible sublimée » a ceci de remarquable qu’à travers une technique totalement assumée au couteau ou au fusain, vous interprétez magistralement votre vision personnelle, culturelle et spirituelle de ce texte.

Vous dites vous-même que « Ce projet tente d’apporter la lumière recherchée et nécessaire et ce, au travers d’un ensemble inédit et jusqu’ici jamais dévoilé d’œuvres d’art. »

Pour l’ensemble de votre œuvre, l’Académie du Languedoc a décidé de vous décerner un diplôme d’honneur.

Avec toutes nos félicitations.

Installation Robert ABADIE

ÉLOGE du Dr Robert ABADIE

pour son installation au  51ème fauteuil de l’Académie du Languedoc
Mardi 28 novembre  2023 au Sénat à PARIS

par
 Michel CARRIER secrétaire général adjoint (33ème fauteuil).
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Madame la Sénatrice,  mesdames et messieurs les Académiciens, mesdames et messieurs, chers amis,

J’ai le grand plaisir et le grand honneur de faire devant vous l’éloge du docteur Robert ABADIE  pour son installation au 51ème fauteuil de notre Académie du Languedoc.

C’est seulement depuis votre présentation en tant que membre associé de notre Académie le 19 novembre 2021 par notre Président Henri COUSSE que nous avons pu faire connaissance.

Français né à TEBESSA en Algérie vous êtes très rapidement arrivé en France et à Toulouse en particulier où vous avez réussi de très brillantes études au Lycée Pierre de Fermat d’abord puis à la faculté de médecine.  Après votre concours de l’internat en région sanitaire de Bordeaux, vous obtenez votre doctorat de médecine en 1981. C’est ensuite la gériatrie et l’informatique qui  seront vos fils conducteurs.  En quelques minutes je ne peux dresser une liste exhaustive de votre cursus professionnel car il est particulièrement riche et brillant : Interne en psychiatrie à Pointe-à-Pitre, médecin généraliste avec orientation gériatrique, attaché des hôpitaux en endocrinologie et diabétologie. A ce niveau, vos capacités informatiques vous permettent de développer un programme pour l’éducation nutritionnelle des patients diabétiques. Vous avez également été chargé de cours à l’Université Paul Sabatier, médecin responsable du centre de convalescence Ste Marie rattaché à la clinique St Jean Languedoc.

Parallèlement à votre activité professionnelle, vous avez initié un projet de recherche débouchant sur le logiciel « CARDIO-EXPERT » d’aide à l’enseignement pour l’interprétation des ECG avec intégration dans le système « SURVCARD » utilisé par le SAMU 31.  Vous avez également initié des travaux collaboratifs « d’évaluation gérontologiques standardisé en EHPAD » ainsi que des travaux sur « les besoins palliatifs et de fin de vie en EHPAD »

A la retraite depuis 2017, vous avez présidé le conseil des experts de la société ANISEN et vous êtes toujours médecin coordonnateur en EHPAD actuellement sur deux établissements.

Toute cette activité professionnelle et de recherche ne suffisait pas à votre envie de servir, c’est ainsi que vous avez été fondateur et président de l’association de formation médicale continue (FMC), administrateur de l’association Alzheimer Nord-est toulousain, administrateur et trésorier de l’association « Géronto Pastel 31 », vice-président puis président de la fédération des médecins coordonnateurs d’Occitanie.

En février 2020 vous êtes devenu membre associé de la « Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie », enfin le général de division Charles Bourillon vous a intégré le 28 mars 2023 à la réserve citoyenne de défense avec le grade de Lieutenant-colonel.

Cette dernière nomination, si elle correspond à vos qualités professionnelles, s’adresse également au grand sportif que vous êtes tant au plan footing que natation. Vous arrivez d’ailleurs d’un trek de 14 jours au Népal de Lukla avec ascension à 5400 m d’altitude au camp de base de l’Everest.

Par votre épouse Sylvie, artiste-peintre, et membre associée de l’Académie du Languedoc, vous vous intéressez à la peinture sans oublier, entre autres,  le cinéma et la lecture.

Il se trouve que vous êtes né à TEBESSA et c’est dans cette ville d’Algérie que le grand père de Jean François Gourdou, notre Secrétaire perpétuel, était médecin militaire. Il est fort probable qu’ils s’y soient rencontrés. C’est grâce à votre père qui cherchait un local pour votre installation et à Jean-François Gourdou qui cherchait à céder le cabinet de son père rue Ozenne que les deux familles se sont retrouvées. L’amitié entre le médecin Robert ABADIE et le chirurgien Jean-François GOURDOU dure depuis plus de 35 ans.

Cher Robert ABADIE,  recevez maintenant  les attributs  d’appartenance à notre Académie : votre cordon avec votre médaille gravée à votre nom, votre diplôme d’appartenance et votre cape !

Félicitations ! Applaudissons notre nouvel Académicien du Languedoc.

Cérémonie solennelle 28 novembre 2023

Cérémonie solennelle de l’Académie du Languedoc
mardi 28 novembre 2023
au Sénat, PARIS

Photographies Maryse et Michel CARRIER

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Ouverture de la séance par le Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU

Allocution de Mme la Sénatrice Brigitte MICOULEAU

Allocution du Président de l’Académie du Languedoc Henri COUSSE

Installations d’Académiciens :

44ème fauteuil : Michèle DOERFLINGER.
Éloge prononcé par le Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU (1er fauteuil)

                  Remerciements de Michèle DOERFLINGER

56ème fauteuil : M. Michel MONSARRAT.
Éloge prononcé par H. COUSSE (9ème fauteuil)

                  Remerciements de Michel MONSARRAT

51ème fauteuil : Robert ABADIE.
Éloge prononcé par Michel CARRIER (33ème fauteuil)

                  Remerciements de Robert ABADIE

13ème fauteuil : André-Jérôme GALLEGO
Éloge prononcé par le Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU

                   Remerciements de André-Jérôme GALLEGO

Mises à l’honneur :

Vanessa DUC-PUGET par le Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU (1er fauteuil)

Véronica ANTONELLI par Henri COUSSE (9ème fauteuil)

Guillaume POUDEROUX et Bernard DELOUPY par Maryse CARRIER (52ème fauteuil)

Remises de Prix de l’Académie :

Prix littéraire José CABANIS à Gérard MULLER remis par Maryse CARRIER (52ème fauteuil)

Prix de peinture art moderne à Annie BECCO remis par Robert ABADIE (51ème fauteuil) et Sylvie ABADIE (membre associée)

Remises de diplômes d’honneur à :

Mme la Sénatrice Brigitte MICOULEAU par le Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU

M. l’Ambassadeur de HongrieGeorges de HABSBOURG-LORRAINE représenté par Mme Judith JORZEF par André-Jérôme GALLEGO (13ème fauteuil)

Mme Eva BURANYI par André-Jérôme GALLEGO (13ème fauteuil)

M. Dan DOBRIN par Michel CARRIER (33ème fauteuil)

M Marek HALTER par André-Jérôme GALLEGO (13ème fauteuil)

Arthur Richard DILLON

Arthur Richard DILLON, Monseigneur.

Un prélat d’Ancien Régime, avant la Révolution Française.

Par Serge LEMAIRE Académicien (30ème fauteuil)

Les Toulousains, aujourd’hui, connaissent tous le ‘cours Dillon’. Au 19ème siècle et jusqu’en 1914, il était l’une des promenades dominicales préférées des habitants de la Ville Rose qui aimaient profiter de ses avantages.

De la Barrière de Muret à l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques, il offrait une belle perspective et s’ornait, côté sud, des fameuses grilles de Joseph Bosc que l’on peut admirer au Grand Rond.

Ce mail doit son nom à monseigneur Arthur Richard Dillon, archevêque de Toulouse qui en fut le promoteur.

Je voudrais formuler deux remarques préalables :

  • Les éléments de sa biographie, très denses, et d’origines diverses, le présentent comme un grand seigneur, certes, mais homme aussi, attachant par ses qualités et ses défauts. Il nous évoque des grands noms de l’histoire qui doivent, ou qui ont, peu ou prou, eu leur vie et leurs réussites régies par des mères ou des épouses… Je pense au grec Ménélas, au romain Jules César ou encore au corse Napoléon-Bonaparte.

Arthur,l’Irlandais, s’est aussi, fort bien accommodé d’une grande aile tutélaire et féminine, j’en reparlerai.

  • Il ne faut pas non plus, le confondre avec « Château Dillon », classé Haut Médoc et Grand Cru Bourgeois, également inscrit au titre des monuments historiques !

Le domaine a gardé le nom de son propriétaire, Robert Dillon, qui l’a racheté au début du 18ème siècle (1705). Je n’ai pas trouvé de lien de parenté flagrant, mais le doute est plus que permis[1]

Il est situé sur la commune de Blanquefort. Il est propriété de l’état (le ministère de l’agriculture), et Lycée agricole réputé.

Quelles sont les origines de cet ‘Homme d’église’ ? Il faut, un peu, remonter le temps et parler de son géniteur, lui aussi Arthur, né en 1670.

Arthur Dillon, d’une riche et noble famille irlandaise, a soutenu et combattu aux côtés de Jacques II d’Angleterre, (seconde révolution anglaise), comme aussi son père l’avait fait avant lui. En 1690[2], il est parmi les vaincus de la bataille de Limerick, province du Leinster. (Où bien d’autres, que nous connaissons, ont connu depuis, la pâle défaite !…)

Il passe en France, avec ses hommes, et appartient à la « Brigade irlandaise » que créée alors Louis XIV.

Il commande un régiment qui porte son nom et qui a été levé aux frais de son père.

Il est Maréchal de Camp à 34 ans, 1704, Lieutenant général à 36 ans ! Il fait campagne en Espagne, en Italie, en Allemagne… De 1717 à 1725, il est, à Paris, Ambassadeur de Jacques-François Stuart, héritier des trônes d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande.

Il est riche, il est Comte, il est « pair » d’Irlande, il a un fils en 1721 (son quatrième enfant), Arthur Richard Dillon. Il meurt en 1733. Son fils n’a que 12 ans.

Arthur Richard Dillon, est donc né le 14 septembre 1721 à Saint-Germain en Laye, il mourra à Londres le 5 juillet 1806.

  • Il est destiné à l’église.

Il étudie à Saint-Sulpice puis en Sorbonne, obtient son diplôme de théologie. Carrière fulgurante ! D’abord abbé, puis

  1. A 26 ans, il est nommé vicaire général de Pontoise.
  2. A 32 ans, évêque d’Evreux.
  3. Cinq ans plus tard, archevêque de Toulouse.
  4. Archevêque de Narbonne. Une consécration qui le fait « Primat de la ‘Gaule’ Narbonnaise » et Président né des « Etats de Languedoc ». Le premier personnage de la Province… Il a 41 ans. Il le restera 28 ans.
  5. Il devient, abbé commendataire de Saint-Etienne de Caen, un siège de prestige, une abbaye qui lui procure de substantiels revenus. Ses biographes estiment ceux-ci entre 500 000 et 800 000 livres/an, soit en monnaie d’aujourd’hui, de 31 à 49 millions d’euros/an… On imagine !

Le roi Louis XVI le nomme « Commandeur de l’Ordre du Saint-Esprit » en 1776 ; il a le droit de porter le « fameux cordon bleu ». Il est encore président de l’Assemblée du Clergé en 1785 et la préside de fait avec rigueur.

Enfin, à Toulouse, il est Académicien des Jeux Floraux depuis 1761.

Un magnifique parcours ! Avec quelques revers…

  1. Il n’est pas élu aux Etats généraux.
  2. Il refuse la ‘constitution civile du Clergé’ et ne signe pas le serment constitutionnel. Réfractaire, il doit s’exiler, comme toute la noblesse, ou presque, à Coblence ! Puis il gagne Londres.

De même, pour certains auteurs, il refuse le concordat de 1801, appliqué en 1802. Pour d’autres, avec 13 autres évêques, il redonne à Napoléon, la possibilité de nommer les évêques aux sièges ainsi libérés…

  • L’administrateur.

Ses biographes le définissent comme un administrateur visionnaire, un homme entreprenant ! Comme un Grand Seigneur qui se consacre davantage au ‘temporel’ qu’au ‘spirituel’.

Il réalise de grands travaux d’utilité publique : ponts, canaux, routes, ports… Il crée des chaires de chimie (pour Chaptal par exemple) et de physique à Montpellier et à Toulouse.

Homme de cœur, il essaie de réduire la pauvreté à Toulouse et surtout à Narbonne.

On lui doit le Cours Dillon à Toulouse, le Quai Dillon à Narbonne et le canal de jonction de la Robine au canal du Midi…

Pourtant, il n’était pas aimé ou apprécié de son clergé, cet ‘homme du nord’ ne semble pas avoir eu beaucoup d’atomes crochus avec les Occitans… Il n’est donc pas élu pour siéger aux Etats généraux de 1789. C’est pour lui un échec cuisant et durement ressenti…

Il décède à Londres en juillet 1806, il est inhumé au cimetière de l’église de Saint Pancras.

Mais lors de l’extension, récente, de la gare internationale Saint Pancras, le cimetière est détruit.

La dépouille d’Arthur Richard Dillon est alors transférée à Narbonne, le 16 mars 2007.

Son caveau se trouve dans la chapelle Saint-Martin de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur qu’il avait contribué à faire achever. C’est monseigneur Lustiger qui a présidé les cérémonies officielles de ce transfert.

Arthur Richard Dillon a donné lieu à une importante littérature depuis Dom Vayssette à Toulouse, jusqu’aux « mémoires d’une tante » par madame la comtesse De Boigne, ou ceux de sa petite nièce madame la marquise De La Tour Du Pin qui, avec madame la comtesse De Rothe, veilla fidèlement sur sa maison.

L’étude que je préfère est signée de Léon Dutil, un professeur du Lycée de Toulouse, également chargé de cours à l’Université de la rue Lautmann, entre les deux guerres mondiales.

Léon Dutil y dresse le portrait d’un prince de l’église, avant la Révolution Française. Portrait de l’Homme, portrait du prélat, et portrait du président en action, à la tête de ses Etats de Languedoc.

  • Léon Dutil publie, dans les Annales du Midi, en l’année 1941.

D’après des témoignages de contemporains du prélat, il délivre, dans les annales, plusieurs importants articles. (tomes 23 et 24 des annales).

Ses sources : il les dissèque pour nous, en faisant la part du sentimental et de l’affectif, ou encore de la bienséance. Mais il en reconnait la sincérité. Je l’ai donc suivi !

  • le chanoine Sabarthès, qui publie dans « Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne », s’efforce à une objectivité qui respecte les convenances. (1940 ou1941).

L’archevêque de Narbonne, de fait, Président des Etats de Languedoc, y est présenté comme le ‘Primat de la Narbonnaise’ ou encore ‘le Vice-roi du Languedoc’. Le chanoine lui accorde des circonstances atténuantes quant à son manque de ‘pugnacité’ religieuse…

Léon Dutil écrit « il occupe en 1785, la plus haute situation qu’un ecclésiastique puisse rêver dans le royaume ».

Dutil évoque encore le portrait de l’archevêque exposé au musée Saint-Raymond, haut en couleurs, et voisin de celui de Loménie de Brienne… Deux personnalités que tout oppose ! L’un que Dutil verrait bien représenté en guerrier, l’autre tout en finesse que nous connaissons…

L’étude de ce tableau, que fait Léon Dutil, ne manque pas d’intérêt.

  • Madame la marquise de La Tour Du Pin, « Journal d’une femme de cinquante ans ».

La marquise, ancienne comtesse de Gouvernet, est la petite-nièce de l’archevêque, dont le père était le 6ème propriétaire du régiment de Dillon, au service du roi de France, distingué soldat, mais joueur invétéré, dont Arthur Richard Dillon payait les dettes, dont les auteurs affirment qu’elles étaient considérables…

« Jusqu’en 1787, son mariage, on peut dire que la marquise tenait la maison de l’archevêque », dit Léon Dutil ; ou encore « que l’archevêque vivait chez ses nièces ».

*Madame la comtesse de Boigne, dans « Récits d’une tante », rapporte les propres observations de sa mère, une Dillon !,cette demoiselle, Dillon de Roscommon (le comté de Roscommon était le berceau de la famille Dillon), branche pauvre, établie à Bordeaux, épousa le marquis d’Osmond, contre l’avis de sa famille. L’archevêque en fut froissé.

Il recueillit le couple qui vivait ainsi au domaine de Hautefontaine, en Picardie. Leur fille épousa en 1781, l’aventurier général comte de Boigne…

  • Enfin madame la duchesse d’Abrantès, « L’Histoire des salons de Paris », qui vivait de sa plume (dureté des temps oblige!), acérée…

Voilà pour les sources de Léon Dutil qui, à travers tout cela, a recherché l’homme, le prélat, le grand seigneur.

  • La vie quotidienne de monseigneur Dillon est ordonnée, avec fermeté, par sa nièce, madame la comtesse de Rothe. C’est une personne très autoritaire qui règne sur la vie du prélat ! Lequel, d’ailleurs, semble parfaitement s’en accommoder.

En hiver, de novembre à avril, il vit à Paris, rue du Bac, ou dans son archevêché de Languedoc, quand il préside les Etats.

D’avril à octobre, le ‘clan Dillon’ vit au château de Hautefontaine, dans l’Oise, à quelques vingt lieues de Paris.

J’aurais aimé vous parler de sa vie à Hautefontaine, de ses voyages en Languedoc, de sa présence à la Cour, mais cela aurait par trop alourdi mon propos, je vous prie de me le pardonner…

Grand seigneur, prince de l’église, sur le podium des célébrités de son temps, Arthur Richard Dillon reste aussi un personnage qui présente quelques facettes attachantes ou légères.

Fidèle soutien des siens, il règle leurs dettes, il les recueille, il montre dans toute sa vie que ‘famille’ n’est pas un vain mot. Il ne se sépare jamais de son entourage familial.

Il est conscient de la grandeur de son nom, de la réalité de sa noblesse, fier de sa famille issue des pairs d’Irlande et d’Ecosse. J’y vois plus qualité que défaut…

Il se montre digne aussi dans les choix de sa fin de vie ; tout au moins conserve-t-il une cohérence de pensée : « constitution civile du clergé », « concordat » qu’il refuse.

Il montre également des côtés plus légers ou plus pragmatiques : homme actif, homme d’action, épicurien, amateur d’art, de plaisirs sportifs ou intellectuels, et d’autres encore…

Il pose des questions.

Incontestablement plus versé dans le temporel que dans le spirituel, ce n’est pas un contemplatif ; il fut sans doute bon administrateur, voire même très bon, mais archevêque ?… Certainement pas un modèle !

Quels étaient ses gros défauts ?

Orgueilleux, hautain, conscient que sa noblesse propre honorait l’église et non l’inverse. Ses biographes, ses nièces, l’abbé Sabarthès, Léon Dutil, se montrent fort pudiques. Est-ce important ?…

Pour moi, j’ai pris plaisir à le découvrir, à le voir vivre, et j’ai passé de bons moments, du bon temps avec lui, au cours de cette recherche. J’espère vous en avoir donné aussi, un peu, et vous remercie de votre patiente et aimable attention.

Pour l’Académie, ce mardi 20 novembre 2018.

[1] Vivait à Bordeaux une branche de la famille Dillon, porteuse du nom : Dillon de Roscommon. Le comté de Roscommon est le berceau de la famille Dillon, dans la province du Connacht, au plein cœur de l’Irlande.

[2] Une autre source nous donne 1688 comme date de la seconde Révolution anglaise.

 

 

Capitole

                     Capitole

Du haut de ton fronton Pallas-Athéna, fille
De Zeus, protectrices des arts et des cités
Tu promets à tes « fils » quelques félicités
Et sur le bleu du ciel ton cimier aux yeux brille.

Tu donnes tes soins à notre dame Clémence
Douce mère protectrice des troubadours
Qui de la langue d’Oc a permis les beaux jours
Et dont notre Cité ordonne la présence.

Tu cèdes à la « Force » emblème du roi Louis
Qui, nos grands ennemis, vient de mettre en bouillie
Et de leurs prétentions a fait de la charpie,
Sur son trône affermi, le grand Roi éblouit.

Tu honores « Justice » au front majestueux.
Louis le « bienaimé », aussi Louis le « juste »
Ainsi donc le nommait son peuple affectueux,
Et pourtant ses actes ne le font pas Auguste.

Pallas, tu veillais sur Melpomène et Tallie
Muses de la ‘tragédie’ et la ‘comédie’.
Le théâtre ici, ouvre ses portes en grand
Il chérit l’Opéra et fleurit le talent…

Capitole ! Ces six statues ornent ton front,
Majestueuses, et de très belle facture,
Elles sont l’œuvre du sculpteur Louis Parant*
Enfant de Carcassonne, professeur à l’école
Des Beaux-Arts de Toulouse…

Serge LEMAIRE – 30ème Fauteuil

*Louis Parant, 1702 – 1772.