Prix DIEUZAIDE 2023

Prix de la photographie Jean DIEUZAIDE
attribué à Philippe GUIONIE

Présentation par Bernard POULHIES 29ème fauteuil

C’est pour moi un réel plaisir que de venir ce soir vous présenter celui que l’Académie du Languedoc a décidé d’honorer et de récompenser, en lui décernant le prestigieux prix de photographie Jean DIEUZAIDE, tant apprécié des photographes, professionnels ou amateurs, et bien sûr, tout particulièrement des Languedociens.

Notre heureux récipiendaire est Philippe GUIONIE, bien connu des connaisseurs avertis du monde de la photographie ; âgé d’une petite cinquantaine, notre lauréat affiche un parcours atypique.

Son bac en poche, il va s’inscrire à la fac du Mirail devenue depuis « Faculté Jean Jaurès » où il obtiendra un DEA d’Histoire. Et c’est ainsi que tout naturellement il deviendra professeur d’histoire au service d’un établissement scolaire.

Son avenir professionnel était donc parfaitement inscrit sur des rails, lorsqu’à 27 ans il démissionnera de l’Education nationale pour se lancer à corps perdu dans la photographie où il fera rapidement sa place.

Ce brusque changement radical d’orientation professionnelle à surement été impulsé ou favorisé par sa rencontre avec le même jean DIEUZAIDE. Et depuis lors il se consacre professionnellement à 100% à son art.

Au fil des années sa carrière professionnelle a évolué : au début il a passé une grande partie de sa vie à courir le monde pour le compte des agences françaises ou étrangères qui lui confiaient des reportages.

Il parcourra ainsi 14 pays d’Afrique, l’Asie et toutes les contrées lointaines, théâtres de guerre, où l’actualité l’appelait, tel était son terrain de jeu.

Parallèlement il a réalisé de nombreuses expositions photos, notamment au fameuses « Rencontres photographiques d’Arles », à la « Galerie du Château d’Eau » bien conne des toulousains, ainsi que dans différents Instituts culturels en Afrique et en Amérique du Sud.

A titre permanent, c’est la Galerie parisienne POLKA qui le représente.

Pour lui la photographie c’est cet Art difficile et multiple qui permet de créer du lien entre les gens, de rapprocher des individus qui ne se connaissent pas, qui ne se rencontreront ni ne se connaîtront jamais, mais qui vont vibrer d’une même émotion artistique. Et la photo doit aussi jouer pleinement son rôle de simulateur de mémoire.

C’est précisément à ce rôle de simulateur de mémoire collective que vous avez voué une grande partie de votre énergie créatrice : Parmi les 5 ouvrages que vous avez déjà consacré à la photographie, (le 6ème est en préparation), il en est un qui représente le fil rouge sur lequel vous travailles depuis 25 ans qui s’intitule « Le tirailleur et les 3 fleuves », ouvrage dans lequel vous vous efforcez de sortir de l’anonymat ces tirailleurs sénégalais, sortes de supplétifs venus prêter main forte à nos armée lors des deux conflits mondiaux.

Parler d’eux, faire revivre et préserver de l’oubli collectif ces combattants de l’ombre c’est aussi faire œuvre de mémoire pour les 150 ans de relations étroites entre la France et l’Afrique francophone.

Et si, au fil du temps, ses reportages se sont peu à peu espacés, il est alors revenu à ses premières amours puisque depuis 15 ans il enseigne à l’ETPA, l’école de photographie de Toulouse. Il ne leur enseigne pas la technique de prise de vue, car il se plait à rappeler qu’en matières de photo, il est autodidacte ; non, il leur enseigne bien sûr l’histoire de la photo, cet art riche, bien que récent, support devenu indispensable à toute action de sauvegarde de la mémoire.

Et au surplus enfin, en sa qualité de Commissaire de l’exposition des Rencontres de la Photo africaine, de Bamako, il parraine les jeunes talents, et tout récemment ses deux derniers protégés ont été lauréats et ont obtenus le prix NIEPCE, l’équivalent du Goncourt pour les photographes.

C’est dire qu’en plus de son action d’enseignement de l’histoire de la photo il sait aussi transmettre à de jeunes talents cette sensibilité artistique acquise par lui sur le terrain.

Alors souffrez, mon cher Philippe, vous qui avez consacré votre vie à mettre en lumière des anonymes, souffrez qu’aujourd’hui, juste retour des choses, l’Académie du Languedoc vous mette ce soir en pleine lumière en vous décernant le Prix Jean Dieuzaide que vous avez amplement mérité.

Tonnerre d’applaudissements.