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Création-Installation

ACADEMIE VIA-DOMITIA Pierre-Paul RIQUET

Cérémonie de Création – Installation
Parrainage de l’Académie du Languedoc

Au Château-Abbaye de CASSAN (12ème siècle)  – 34320 Roujan

Samedi 7 mai 2022

C’est avec les honneurs de la Farandole Biterroise (dirigée par Serge BOYER) que le Collège de Parrainage composé de Jean-François GOURDOU (Secrétaire perpétuel), Henri COUSSE (Président), Louis GALTIE (Trésorier),  Michel CARRIER (Secrétaire général adjoint, Webmestre) et Jean-Claude MARTINET (Trésorier adjoint), Longin FOURDRINIER, Maryse CARRIER et Pierre CARAYON, a été accueilli dans le Château–Abbaye de Cassan. Entrée sous les cerceaux fleuris de la haie d’honneur exécutée par la Farandole Biterroise.

Jean-Claude NOUGARET, futur Secrétaire perpétuel de l’académie VIA-DOMITIA Pierre-Paul RIQUET, ouvre les festivités en nous rappelant que Béziers est une ville d’Art et d’Histoire, plus ancienne ville de France, ville natale de Pierre-Paul Riquet et nous fait part du désir que cette nouvelle Académie soit tournée vers la jeunesse.

1 – Monsieur le Maire de Béziers ne pouvant arriver qu’un peu plus tard, c’est avec Lola ROQUIER (élève de terminale du lycée d’Aurillac), lauréate du concours d’éloquence régional, que commence la partie culturelle de la cérémonie :
Sujet : « Tout le monde veut que ça change mais personne ne veut changer » (Einstein). C’est une très brillante plaidoirie qui nous a été présentée avec de nombreux exemples : l’espion russe Oleg Penkovsky et son  correspondant britannique Greville Wynne qui par leur attitude ont évité la guerre nucléaire lors de l’affaire de Cuba. Mais aussi les vies volontaires de Marie Curie, Rosa Parks, Mandela, Simone Weil, Badinter,…. Et cette belle citation de Gandhi : « Vous devez être le changement que vous  voulez voir ».
Lola ROQUIER fut très longuement applaudie par toute la salle.

2 – Quatre élèves latinistes de la classe de 3ème du collège St Théodard de Montauban présentent la Via Domitia.  Leur professeur hospitalisée ne pouvant être présente, c’est Jean-Claude Nougaret qui lit son message. A tour de rôle, les élèves entourant Clémentine (petite fille de JC Nougaret) nous font part de leur travail et nous rappellent que la Via Domitia a été créée par le général Domitius pour relier Rome à l’Espagne.

3 – Arrivée de Monsieur Robert MENARD,  Maire de Béziers accompagné de Madame PISSARO première adjointe déléguée à la culture.

  • Jean-Claude Nougaret accueille les arrivants. C’est par son attachement à cette ville qu’il a voulu créer l’Académie VIA-DOMITIA – Pierre-Paul RIQUET à Béziers. La naissance légale de l’Académie a eu lieu le 29 mars 2021 par le dépôt des statuts en préfecture. « Ayons de grands desseins, pensons à l’avenir, à notre jeunesse, défendons nos valeurs conformes aux préoccupations humanistes, aux valeurs d’échange, combattons l’ignorance et la discorde…… »
  • le Maire prend la parole et évoque sa visite de la veille en Ukraine et se plait à rappeler que c’est aussi la culture qui est défendue par les Ukrainiens dans cette guerre. Il souligne que Béziers est une ville culturelle et que cette nouvelle Académie VIA DOMITIA Pierre-Paul Riquet y sera parfaitement à sa place.

Monsieur Jean-Claude Nougaret annonce à Monsieur MENARD qu’il est Président d’honneur de la nouvelle Académie.

 Pierre CARAYON, membre associé de l’Académie du Languedoc lit à l’attention de Robert MENARD un poème slamé qu’il a composé. (Pierre Carayon et Robert Ménard étaient camarades d’enfance).

4-  Intervention d’un orchestre de jeunes violonistes (de 4 ans à 12 ans), « Violonistes juniors », dirigés et accompagnés par leur professeur Stéphanie MALFETTE. Ces enfants apprennent le violon grâce à la méthode Suzuki comme on apprend sa langue maternelle. Le résultat est spectaculaire.

Entracte : boissons, petits gâteaux et visites des salles du château ainsi que des jardins.

5-  Installation des membres fondateurs, membres du bureau de l’Académie.

  • Jean-Claude NOUGARET, Secrétaire perpétuel-Président, par Jean-François GOURDOU, Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc.
  • Peggy ALBERT-VASSALLO, Secrétaire générale, par Jean-Claude NOUGARET, Secrétaire perpétuel de l’Académie de l’Académie Via Domitia – Pierre-Paul Riquet.
  • Jean-Pierre LE GAC, Trésorier dispensateur, par Louis GALTIE, Trésorier de l’Académie du Languedoc.
  • Yves MARCEROU, Conseiller Culture Jeunesse, par Henri COUSSE, Président de l’Académie du Languedoc.
  • Jean-Michel BALLESTER, Maître de Cérémonies, par Jean-Claude MARTINET, Trésorier adjoint de l’Académie du Languedoc.
  • Serge BOYER, Conseiller Culture Jeunesse adjoint, par Yves MARCEROU, Conseiller Culture Jeunesse de l’Académie Via Domitia – Pierre-Paul Riquet.
  • Claude NOTO, Communication Webmestre, par Michel CARRIER, Secrétaire général adjoint, webmestre de l’Académie du Languedoc.

6- Pierre-Paul Riquet et le Canal du Midi sont présentés par une délégation des élèves de CM1 de l’école PIC de Béziers accompagnés de leur professeur.

7- « Le Petit Chœur d’Occitanie », ensemble de 5 cantatrices dirigé par Jean MERCIER,  est accompagné  par la pianiste  Valérie BLANVILLAIN, chef de chœur et de chant de l’opéra de Montpellier.

8-  Un ensemble choral interprète des œuvres de compositeurs français de la Renaissance. Il termine avec un magnifique « Halleluia » de la cantate n°15 de Buxtehude.

9- Une chanteuse solo s’accompagnant de sa guitare interprète ses compositions.

10- Poèmes (poésie biterroise) déclamés par le groupe Arcadia.

11- Jean-Michel BALESTER (Baryton), chef de chœur à l’opéra, interprète « Je vous salue Marie » musique de Georges Brassens, paroles de Francis Jammes puis l’air du Toreador (Escamillo) de « Carmen » de Bizet. Magnifiques interprétations accompagnées par la pianiste de l’opéra de Montpellier.

12- L’ensemble du nouveau bureau de l’Académie Via Domitia – Pierre-Paul Riquet monte sur scène et interprète le « Se canto » occitan  repris en chœur par toute la salle.

C’est dans les jardins du Château-Abbaye qu’un apéritif-cocktail exceptionnel et particulièrement succulent est servi sous les frondaisons et les senteurs parfumées de cette nature printanière.

Au final nous avons vécu une Création-Installation de l’Académie VIA DOMITIA – Pierre-Paul RIQUET qui restera dans les annales.

Michel CARRIER (33ème fauteuil)
Secrétaire général adjoint – Webmestre
Académie du Languedoc

à partir de notes prises par

Maryse CARRIER (52ème fauteuil)
Académie du Languedoc.

Quelques vidéos:

Mozart : « La Flûte enchantée »

   « La Flûte enchantée »

Communication de Maryse Carrier

 « La Flûte enchantée » (« Die Zauberflöte » en allemand), ultime chef-d’œuvre de Mozart, au succès jamais démenti, fut créé à Vienne le 30 septembre 1791, durant une période particulièrement difficile pour le compositeur : problèmes de santé (il décèdera le 5 décembre 1791 à l’âge de 35 ans), difficultés financières, perte de son génial librettiste Lorenzo da Ponte… C’est avec enthousiasme qu’il accepta alors la proposition de son ami chanteur, directeur d’un théâtre à Vienne (Theater auf der Wieden), Emanuel Schikaneder : composer un « opéra populaire » inspiré d’un conte oriental, un Singspiel (alternant chants et dialogues parlés), proche de l’opéra comique français.
Dans la première scène de cet opéra, dont l’action se déroule dans une Egypte imaginaire, un jeune prince, Tamino, est aux prises avec un « serpent maléfique » ; il s’évanouit et sera sauvé par trois Dames qui vont abattre le monstre. Lorsque Tamino reprend ses esprits, il voit s’approcher un personnage truculent, volubile et même un peu fruste, l’oiseleur Papageno, qui se vante d’avoir lui-même tué le serpent ! Il sera puni par les 3 Dames qui poseront un cadenas sur sa bouche, car diront-elles, un tel cadenas sur la bouche des menteurs ferait régner partout «amour et fraternité » à la place « du fiel, de la calomnie et de la haine » ! En fait Mozart ici règle ses comptes avec le Clergé et la Cour de l’Empereur autrichien réactionnaire Léopold II, qui par la calomnie et des mensonges se sont opposés à « L’Enlèvement au sérail », « les Noces de Figaro » et bien sûr « La Flûte enchantée », ces 3 opéras défendant respectivement les principes de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité (thème majeur du dernier opéra) ! Notre devise républicaine, qui aurait été initiée par les francs-maçons et qui deviendra la leur en 1848 transparaît donc à travers trois opéras de Mozart ! (Précisons que la franc-maçonnerie, dont le berceau présumé serait l’Egypte, et venue d’Angleterre au 18ème siècle, s’est répandue très vite dans toute l’Europe et qu’elle avait le vent en poupe sous le règne de l’empereur d’Autriche Joseph II (frère et prédécesseur de Léopold II), protecteur de Mozart qui comme son librettiste Schikaneder fréquentait des loges maçonniques. Léopold II par contre, convaincu de la responsabilité de la franc-maçonnerie lors de la Révolution française de 1789, tiendra Mozart à distance.)
Et voici qu’apparaît sur son trône étoilé, la Reine de la Nuit : dans une magnifique aria, la Reine promet à Tamino la main de sa fille Pamina (dont le jeune homme s’est follement épris à la seule vue du portrait apporté par les trois Dames !), à condition que ce dernier la délivre du « scélérat », du « démon », du tyran » qui a osé l’enlever à sa mère, à savoir un certain Sarastro. Il est évident que ce nom fait référence à Zarasthustra, réformateur religieux iranien (en partie légendaire) du 7ème siècle avant notre ère, qui professa le mazdéisme (du dieu Ahura Mazda), religion monothéiste reposant sur les 2 principes du Bien et du Mal, dualisme régissant l’humanité entière.
Tamino va recevoir ensuite une « flûte d’or » et Papageno « des clochettes d’argent », instruments magiques aux pouvoirs surnaturels, grâce auxquels ils pourront par exemple dans le domaine de Sarastro charmer des animaux sauvages et neutraliser des esclaves menaçants armés de chaînes : ces instruments de musique font en effet régner « l’harmonie universelle », c’est-à-dire une fraternité universelle, sans laquelle « il n’est nul bonheur sur terre ».
En outre trois jeunes garçons « beaux, gracieux et sages » guideront les deux jeunes gens jusqu’au château (où le Maure Monostatos, le chef des esclaves, poursuit Pamina de ses assiduités) et sur un rythme ternaire ils conseilleront à Tamino d’être « ferme, patient et discret ». Il ne peut pas nous échapper à quel point le chiffre trois, chiffre maçonnique, symbole d’équilibre et d’harmonie, est présent dans cet opéra, tel un véritable leitmotiv.
A la fin du premier acte, Sarastro fait conduire les deux jeunes gens « dans le temple des épreuves, tête voilée, pour y être purifiés.»
Dans l’acte Il le rideau s’ouvre sur le temple de la Sagesse, où se déroule l’Assemblée solennelle des Prêtres, « serviteurs des dieux égyptiens Isis et Osiris », ces dieux dont certains philosophes francs-maçons, épris d’égyptomanie, tentent au 18ème siècle de réinventer les mystères. Sarastro, qui se présente ici tel le « Vénérable » d’une loge maçonnique lors d’une « Tenue », c’est-à-dire une réunion d’Initiés, évoque à présent l’initiation de Tamino, qui veut « déchirer les ténèbres qui voilent son regard pour apercevoir la lumière suprême ». Mais pour cela il va devoir affronter des épreuves dangereuses, pour lesquelles il aura besoin du soutien des prêtres, qui l’aideront sur le chemin de la Connaissance. Elèves, prêtres, Grand Prêtre, tout ceci rappelant les trois grades des loges maçonniques : apprenti, compagnon et Maître.
Le parcours initiatique des deux jeunes gens, inspiré des rites maçonniques, débutera (comme pour « l’apprenti ») par l’épreuve du silence : l’oiseleur, qui n’en a cure, va multiplier ses pitreries, animé uniquement du désir « de dormir, boire, manger et de mettre un jour la main sur une jolie petite femme… une tourterelle !
Tamino par contre se soumettra en élève modèle à cette épreuve, malgré le risque de plonger un jour Pamina dans un profond désespoir, car il ne répondra pas à ses questions. Persuadée qu’il ne l’aime plus, dans une magnifique aria exprimant une émouvante douleur élégiaque, Pamina envisagera même la mort libératrice comme la seule issue à ses tourments.
En fait Pamina dans un autre registre subit elle aussi une série d’épreuves : le mutisme inexplicable de Tamino, les assiduités insupportables de Monostatos qui veut toujours assouvir sa passion malsaine pour elle, mais auquel Mozart toutefois a attribué de sincères sentiments humains. Et elle devra également affronter le courroux de sa mère, la Reine de la Nuit, dont la voix explose dans un air mondialement connu de haine et de vengeance, avec Fa suraigus, spectaculaires arpèges lancées jusqu’au contre-fa, périlleux triolets, que quelques sopranos seulement parviennent à chanter ; cette Reine au bord de la folie, ne se maîtrisant plus, demande en effet à sa fille de tuer Sarastro et de lui rendre le « puissant cercle solaire aux 7 auréoles » que Sarastro porte sur sa poitrine. Car le mari de la Reine, le père de Pamina, le prédécesseur de Sarastro, a légué à Sarastro et non à elle, son épouse, ce fameux instrument du pouvoir, dont elle s’estime frustrée : « Si Sarastro ne succombe pas de ta main… tu ne seras plus ma fille… Ecoutez, dieux vengeurs ! Ecoutez le serment d’une mère ! » s’écrie-t-elle à la fin.
Dans une célèbre réponse, Sarastro (remarquable voix de basse), prônant le pardon, le triomphe de l’amour sur l’esprit de haine et de vengeance, explique à Pamina qu’il sait tout sur les intentions et les sentiments de la Reine.
Or ces deux passages, les imprécations de la Reine et la réponse de Sarasto (couple ô combien antagoniste !) constituent le nœud central de toute l’œuvre : la Reine de la Nuit, dont le nom à lui seul évoque les ténèbres, symbolise l’ignorance, les préjugés, les mensonges, l’obscurantisme ; mais dans ses excès, sa passion dévastatrice, elle est également la représentante du « Sturm un Drang » (« Assaut et Tempête »), un courant du 18ème siècle, précurseur du romantisme allemand, qui s’opposait au courant précédent, appelé « Aufklärung » ou Philosophie des Lumières, dont Mozart était un adepte. Et Sarastro, le Grand Prêtre de la Lumière, donc de la connaissance, de la vérité, de la sagesse, qui va jusqu’à pardonner à ses ennemis, n’est donc pas « le démon puissant et maléfique » décrit par la Reine, mais il évoque par maints aspects le « despote éclairé », tolérant, généreux, affirmant que « la sagesse et la raison vaincront ».
Malgré le fait qu’il séquestre Pamina, qu’il a enlevée, malgré la présence d’esclaves dans son domaine et son apparent mépris des Noirs, qu’il peut même faire fouetter, malgré quelques propos misogynes, il est bien le représentant des idées propagées par tous les philosophes du siècle des Lumières (Montesquieu, Diderot et d’Alembert, Rousseau, Voltaire…), avec souvent leurs contradictions… D’autre part nous savons que la plupart de ces philosophes, écrivains, ainsi que des hommes politiques, comme d’ailleurs une grande partie de l’intelligentsia européenne dite « éclairée » du 18ème siècle, furent très influencés par les idéaux de la franc-maçonnerie.
En tout cas et pour le plus grand bonheur de Mozart, ce fameux « Air de Sarastro » était chanté régulièrement dans la loge maçonnique de « l’Espérance couronnée » que le compositeur a fréquentée à la fin de sa vie après celle de la « Bienfaisance ».
Ce deuxième acte se termine sur un grand Finale composé de 5 remarquables tableaux :
Dans le premier, l’intervention providentielle des trois Garçons empêche Pamina de se suicider.
Dans le second sont évoquées la victoire sur la peur de la mort et la purification par les quatre éléments (feu, eau, air, terre : fameux quaternaire maçonnique) – mais nous n’en verrons que deux. Et voici Pamina, magnifique Pamina, qui va à présent remplacer Papageno, ravi de laisser sa place : elle veut en effet rester à côte de Tamino, pour affronter les deux dernières épreuves, les plus dangereuses, les épreuves du feu et de l‘eau, et surtout pour le « guider », faisant d’elle une femme étonnamment moderne, courageuse, « digne d’être initiée » précisent Tamino et les maitres d’armes !
Mozart, qui prônait l’ère de la franc-maçonnerie mixte, adresse en fait ici indirectement et audacieusement une critique à tous ceux qui s’opposaient à l’égalité de l’homme et de la femme, à savoir l’Eglise, la Cour, la Franc-maçonnerie, la société en général… cette problématique trouvant un écho certain au sein de la société actuelle…
« Joue de ta flûte enchantée » dit ensuite Pamina à Tamino, « qu’elle nous protège sur notre route !», ajoutant : « Par la magie de la musique, nous traversons sans peur les ténèbres de la mort !», ce qui signifie que la flûte est magique et non enchantée, car elle ne subit pas l’enchantement, elle le crée. Et c’est bien cette flûte que l’on entendra durant la traversée des épreuves, sachant que dans tout cet opéra l’orchestration – fait unique dans l’histoire de l’opéra – a privilégié les instruments à vent (surtout clarinettes, cors de basset et solennels trombones), traditionnellement associés aux rituels maçonniques.
Les épreuves symboliques du feu et de l’eau, destinées à conduire le futur couple vers la Connaissance et la Lumière des Initiés, ayant été brillamment franchies, un chœur triomphal célèbre leur victoire : « Vous avez triomphé du danger ! Vous êtes initiés aux rites d’Isis ! Venez, pénétrez dans le temple !»
Le troisième tableau nous permet de retrouver Papageno, sauvé in extremis du suicide par les trois Garçons : il avait été en effet séparé de son être cher, Papagena, car un officiant lui avait dit qu’il n’était « pas encore digne d’elle » ! Mais voici le double féminin de l’homme-oiseau qui réapparaît, ce qui donne lieu au célèbre duo du bégaiement aux comiques onomatopées, tous les deux envisageant déjà la « ribambelle » de petits Papageno et Papagena qu’ils vont se mettre à fabriquer tout de suite !
Nous saisissons bien ici que ce couple « populaire », destiné à plaire à un large public par son caractère naturel, spontané, par son côté un peu « commedia dell’arte », est destiné aussi à alléger l’atmosphère entre des scènes parfois tendues, comme ce fut le cas précédemment et avant la suivante.
Dans le quatrième tableau, la Reine de la Nuit, les trois Dames et Monostatos vont être engloutis dans les ténèbres éternelles alors que, tels des conspirateurs, ils s’étaient introduits furtivement dans le temple pour massacrer tous ses occupants.
Et dans le cinquième et dernier tableau Sarastro proclame en ces termes la victoire du Bien sur le Mal : « Victoire du soleil sur la nuit et fin des imposteurs » tandis que le chœur flamboyant des Prêtres célèbre la force morale, la sagesse et la beauté du couple noble et élu, digne représentant du plus bel « opera seria », destiné à succéder à Sarastro et à régner sur le royaume de la Lumière, qui sera repeuplé par Papageno et Papagena….

Admirée par Goethe et Beethoven, « la Flûte enchantée », à la fois comédie populaire et conte initiatique, testament philosophique et spirituel de Mozart, testament maçonnique, atteint au grandiose grâce à sa musique qui sublime un livret parfois énigmatique, voire ésotérique. Or cette musique est un « cas unique dans l’histoire de l’opéra », Mozart créant un nouveau genre d’opéra allemand, en juxtaposant la musique populaire viennoise, le Singspiel, avec les accents nobles et grandioses de « l’opera seria » et les vocalises les plus acrobatiques du « bel canto » italien.
Et grâce à ce mélange des genres le compositeur a su rendre attrayants et accessibles au plus grand nombre « le message élevé de la philosophie des Lumières » et tous les messages qui lui tenaient à cœur la veille de sa disparition, cette comédie populaire étant visiblement et surtout destinée à adresser un appel vibrant à l’humanité en vue de l’édification d’un monde meilleur.

Toulouse, le 18 janvier 2022

La Monarchie anglaise

La Monarchie anglaise

De la Symbolique au fonds de Commerce

par

Robert MOSNIER  (21ème fauteuil)

La monarchie anglaise, détachée depuis la Révolution de 1688 de la politique en direct, est un symbole qui vire au mythe.

La personne sacrée de la Reine, au physique comme au moral, lien d’union entre le Royaume et l’Empire du Commonwealth, est le garant de l’entraide et de la paix entre ses états membres, sans antagonisme de leur appartenance et de leur puissance relative.

Mythe où s’accorde l’identification des divers peuples à une même famille dont les joies, les soubresauts, les travers rappellent les Dieux de l’Olympe, errements et contradictions de la pensée humaine.

Cette attache où s’expose une vie idyllique dans un cadre enchanteur, une proximité relative et contrôlée, n’en est pas moins secouée de désordres et scandales retentissants.

Miroir, où chacun se projette et autorise dans des raccourcis fallacieux,une réassurance, la monarchie s’en relève, les frasques de ses membres éveillent la curiosité et distraient d’une vie terne et parfois monotone leurs sujets au quotidien dont la vie ne présente pas le même  relief. L’extrême pesanteur du protocole auquel princes et princesses sont assujettis autorisent cet aspect pulsionnel mais les débordements ne doivent pas compromettre le bon fonctionnement de l’Institution, la Cour y veille, le peuple s’en amuse mais ne saurait tolérer certaines déviances rendues publiques où l’aspect criminel ou complice est dénoncé.

Ce fut le cas du Prince Andrew, héros des Malouines et compromis dans des affaires de mœurs, rappelant l’ancien adage des Romains  «La Roche Tarpéienne est tout près du Capitole.»

Entrer dans l’intimité de la famille royale, c’est entrer en religion. Abandonner qui l’on est, renoncer à ses gestes, ses actes, ses espoirs pour appartenir à un ordre supérieur dicté au jour le jour, celui d’une constante bienveillance, d’un intérêt soutenu immédiatement oublié.

Ce n’est pas une éternelle représentation, un formalisme à l’évolution lente et mesurée mais un socle qui pérennise le fondement de la monarchie, distance qui n’est plus hiératique et figée mais qui demeure raisonnable au travers d’une apparente familiarité.

Il importe de se laisser guider, l’émotion est retenue, les sentiments bridés ou exposés avec mesure car les chausse-trappes sont légions, les interprétations d’une presse à scandales indignes et perverses.

Le caractère sacré domine le temporel. Jusqu’au Traité d’Amiens 1802, les armoiries   anglaises, écartelées aux Lys de France rappelaient le pouvoir thaumaturge de ses rois et reines même s’ils le manifestaient moins que leurs frères continentaux.

L’édifice s’est ébranlé, mais si cela correspond à un vent de modernité, une tolérance se change en renouveau et l’influence de la famille s’accroit, un souffle de vie remplace un repli nostalgique.

La Reine l’a parfaitement intégré en acceptant chez ses petits enfants des unions improbables, non convenues mais conformes à l’esprit du temps, choix personnel mais qui ne doit pas déroger aux fondamentaux et lois organiques propres à la monarchie.

Celle-ci repose sur le temps long, l’arbitrage est le fait du souverain, se soumettre ou se démettre telle en est l’alternative!

Aujourd’hui, elle doit lutter contre une déviance plus redoutable qui fragilise et met en péril l’institution, cette inscription de tout ou partie de l’héritage dans un complexe commercial où la couronne réduite à une valeur marchande serait dévoyée, le peuple britannique l’a parfaitement saisi, l’enjeu en serait une rupture définitive et une désaffection qui conforteraient la minorité hostile à cette alliance millénaire d’un peuple avec une famille, le mythe disparaitrait à jamais !

Brève Histoire des Facteurs de Croissance Plaquettaires et de la Médecine Régénérative

par Philippe ADAM
Académie du Languedoc
(Mardi 16 juin 2020, Hôtel Crowne Plaza)

Synopsis :

Comme souvent en médecine une découverte par hasard : contact entre un sarcome de souris et un ganglion de poulet ! Un agent mystérieux provoque la croissance des cellules du ganglion ! Dans les années 50 la collaboration de 2 chercheurs permet la découverte des facteurs de croissance. Premier facteur de croissance nerveuse : Rita Levi-Montalcini. Stanley Cohen découvre le second facteur de croissance épidermique. Ces substances se fixent sur des récepteurs et favorisent ainsi la prolifération des cellules. A la clef un prix Nobel commun en 1986. Russell ROSS découvre un facteur de croissance dépendant des plaquettes en 1976. C’est le début de l’usage depuis les années 2000 des facteurs de croissance plaquettaires en injection locale pour cicatriser les tendinopathies et soigner l’arthrose. Du sang est prélevé chez le patient puis les facteurs de croissance autologues sont séparés avant injection. Un grand bond de précision est apporté avec le guidage des procédures par échographie vers la cible. Les normes sont fixées. Des millions de patients sont traités, et pas seulement des sportifs comme au début. Des synergies sont possibles avec d’autres substances : acide hyaluronique, cellules souches. La Bio-Médecine Régénérative est en marche !

Médecine régénérative

L’origine des noms de famille

par Jean-Pierre UGUEN
Académie du Languedoc
(Mardi 18 février 2020, Hôtel Crowne Plaza)

Synopsis :

Se lancer à la recherche de l’origine de son nom est une initiative qui a le mérite d’ouvrir l’esprit et qui se révèle toujours très instructif. Il est toutefois préférable d’être averti de ce à quoi l’on doit s’attendre.
Les noms existants en France sont liés aux origines de la population française, formée par les colonisations, les invasions et l’immigration. Chacun a apporté avec lui sa propre langue et donc ses propres noms. En effet, l’onomastique est étroitement liée à la linguistique, la plupart des noms ayant une signification précise.
Jusqu’au 11e siècle, les personnes ne portaient qu’un nom de baptême. Au 12e siècle, l’explosion démographique oblige les populations à donner des surnoms aux individus afin d’éviter les confusions. La Chine est le pays à avoir utilisé le plus tôt le nom de famille, depuis 5000 ans environ.
On estime que plus d’un nom sur deux est un nom venant du prénom d’un ancêtre.
On donne aussi comme nom de famille la ville ou le village dont la personne est originaire.
On peut aussi avoir des noms qui désignent un endroit particulier où vivait l’ancêtre.
Ce peut être aussi le nom d’un métier, d’une fonction, d’une dignité.
On peut également compliquer la chose, en parlant de nom usuel et de nom d’usage.

Personnages illustres de la Corse

par Maryse Carrier
Académie du Languedoc
(Mardi 19 novembre 2019, Hôtel Crowne Plaza)

Synopsis :

Si l’une des figures les plus populaires du 19ème siècle est aujourd’hui encore Colomba, héroïne sauvage, gardienne des traditions corses, selon la nouvelle de Prosper Mérimée publiée en 1840, nous savons que bien d’autres personnalités ont émergé au fil des siècles sur cette île de beauté, de tout temps convoitée et occupée par des envahisseurs. Or durant  la période qui succèdera à la « Paix pisane » (1077-1284),  la Corse entre le 13ème et le 18ème siècle se débattra contre les Génois mais aussi parfois contre les Français et verra s’imposer quelques fortes personnalités : le fougueux Sampiero Corso et son impardonnable « féminicide », le médecin né à Corte Jean-Pierre Gaffori dont le nom est resté lié à celui de son épouse, l’héroïque Faustina, Pascal Paoli, le véritable « Père de la Nation », le plus grand patriote corse, nourri des idées des Philosophes des Lumières et enfin Napoléon Bonaparte, dont les relations avec son île natale ne furent pas toujours un « long fleuve tranquille ».
Mais bien d’autres personnalités corses viendront compléter cette liste jusqu’à nos jours…