SAINT EXUPERE

SAINT EXUPERE

A l’angle de la rue Lamarck (11) (nom de rue directement lié au Jardin des Plantes),  l’église Saint Exupère, ancienne église des Carmes Déchaussés, a conservé son cadre ; elle surprend par son parvis enclos de murs, une réminiscence du passé.

La façade, austère, ne laisse pas deviner les richesses qui, à l’intérieur de l’église, impressionnent le pèlerin.

Son tympan s’orne d’une sculpture, un marbre de 1663, qui représente Saint- Joseph et l’enfant Jésus.

Une plaque gravée rappelle que l’église a été rénovée en 2007 et que cette restauration a été officiellement célébrée le 22 décembre.

Les « Carmes Déchaux » ou ‘Déchaussés’, appartiennent à un ordre mendiant, ils ont donc fait vœu de pauvreté, ils vont ‘pieds nus’ dans de simples sandales.

Ils sont présents à Toulouse dès le 13ème siècle, s’installent hors les murs au Férétra d’abord, ensuite dans la Cité : place des Carmes, enfin de nouveau hors les murs. Ils fondent un couvent devant la porte Montgaillard, sur les sites du Théâtre Sorano, du Muséum et du Jardin des Plantes actuels : 1562-1568.

Les « Carmes Déchaux » sont issus de la réforme du Carmel de Saint-Jean de la Croix et de Sainte-Thérèse d’Avila au 16ème siècle.

Ils édifient d’abord un oratoire 1623, puis une chapelle dédiée à Saint-Joseph. La construction s’avère très vite trop exigüe. Les Carmes bâtissent alors un sanctuaire consacré le 25 mars 1665 qui deviendra l’église Saint Exupère.

-La Révolution, en 1793, transforme les locaux du couvent en école de botanique, Muséum d’Histoire Naturelle d’aujourd’hui. L’église quant à elle, devient abattoir de ‘cochons’ et préparation de viande salée pour la Marine.

Après la signature du ‘Concordat’ de 1805, l’église est rendue au culte : décret impérial du 9 avril 1806.

Le 2 janvier 1807, l’Archevêque de Toulouse la transforme en église paroissiale. Ce n’est qu’en 1846 qu’elle accède au statut « d’église de paroisse autonome sous le vocable de Saint Exupère ».

Enfin, en 1993, ce sont les Religieux Assomptionnistes qui reçoivent la charge pastorale de la Paroisse.

*Saint Exupère, évêque, décédé à Blagnac en 417.

C’est une grande figure de l’épiscopat local dans les débuts du « christianisme » à Toulouse. Il succède à Saint-Sylve, prélat éminent, et poursuit la construction de la ‘1ère basilique Saint-Sernin’ que celui-ci avait initiée. Il y fait transférer les reliques du ‘saint martyr’.

Il jouit dans tout l’Empire Romain d’une grande renommée ; il est loué pour sa sagesse.

En 407-408, « …il se dresse contre l’invasion vandale… »Ph. Wolf.

Il a sauvé Toulouse.

L’atmosphère de l’église inspire calme et sérénité.

La simplicité de son architecture : nef et chœur d’un seul tenant, tranche avec la beauté et la richesse de toutes ses composantes, tableaux, sculptures, boiseries, décors, composition qui lui confèrent un remarquable caractère.

La décoration est de style baroque ; les ‘gypseries’ du 17ème siècle, d’une grande finesse, qui entourent 8 beaux vitraux, et les 19 tableaux de la nef invitent à la contemplation. La voûte du chœur, à caissons de bois peints, reste du plus heureux effet. 

Jacques-Pascal Virebent(12) a transformé le chœur en 1807, les stalles sont en noyer ; au-dessus de la galerie supportée par 4 colonnes de marbre rouge, on remarque « La Gloire » et son triangle symbole de la Trinité.

Derrière l’autel de style Louis XVI, se détache un christ du 17ème siècle en bois sculpté, il s’accompagne de deux statues en bois doré : Saint Bertrand et Sainte Rose de Lima.

Dans la nef, 10 grands tableaux du peintre toulousain Despax(13) forment la galerie des prophètes.

A l’entrée, la tribune de l’orgue a été dessinée par Auguste Virebent (le fils). Un orgue magnifique à 4 tourelles, orné d’angelots musiciens, a été créé en 1850 par Théodore et Maurice Puget, facteurs d’orgue réputés. Il se compose de 27 jeux sur 3 claviers et compte 1500 tuyaux.

Enfin, sur le côté droit de la nef sont situées les chapelles de Saint-Joseph et de Notre-Dame de la Salette, et sur la gauche la chapelle Saint-Roch et les fonds baptismaux.

Depuis le Jardin des Plantes, la vue sur le clocher octogonal, haut de 35 mètres, permet d’en apprécier la qualité. Il renferme un carillon de 14 cloches, à la musicalité très agréable, qui marque le temps pour les promeneurs des jardins et les habitants du quartier. Il est de style gothique.

En bordure du Quai des Savoirs, sous la croix, le monument aux morts, (de la Guerre de 14-18 et de tous les conflits du 20ème siècle), dédié aux enfants du Busca, de Saint-Michel et du Port Garaud, s’inscrit, en harmonie, dans le cadre de l’église Saint Exupère.

Serge LEMAIRE – Académicien 30ème fauteuil

 

(10) Villepinte, dans l’Aude, commune toute proche de Carcassonne.

(11) La rue Lamarck, c’est l’ancienne rue du Cocq, ou encore du Jardin des Plantes ; le 12 mai 1886 le Conseil Municipal la baptise : « rue Jean Baptiste de Monet, Chevalier de Lamarck », né en Picardie et  mort à Paris en 1829. Ce passionné de botanique, professeur de zoologie en 1793, auteur d’ouvrages, était le « père » de la théorie du Lamarckisme, base du « Transformisme ».

(12)Jacques-Pascal Virebent, né et mort à Toulouse 1746-1831, était l’Architecte de la Ville de Toulouse. On lui doit l’architecture et le dessin de la Place Wilson, les Arcades et la Place du Capitole, les Boulevards et Allées Jean Jaurès. Il reste le fondateur d’une lignée d’architectes et fabricants d’ornements architecturaux. Les « ateliers » Virebent à Launaguet sont demeurés célèbres jusqu’au 20ème siècle (ils ont fermé en 1960).

(13) Jean-Baptiste Despax, né et mort à Toulouse 1710-1773, avait été l’élève d’Antoine Rivals dont il a épousé la fille. Membre de l’Académie de peinture, sculpture et architecture de Toulouse dès sa création en 1750, il en a été aussi l’un des professeurs.

Il a beaucoup travaillé pour sa Ville : chapelle des Carmélites, chapelle de la Visitation, église Saint Exupère. Il est réputé pour avoir été le « Maître du baroque occitan ».