Prix d’Histoire GRATIEN LEBLANC 2022

Prix d’Histoire Gratienn LEBLANC :

Guillaume DRIJARD et associés

Présentation par Dr Jean-Louis DUCASSE (27ème fauteuil)

Monsieur le maire,

Monsieur le secrétaire perpétuel, Monsieur le président, Monsieur le secrétaire général, chers collègues de l’académie du Languedoc,

Mesdames, Messieurs,

L’ouvrage qui ce soir reçoit le Prix d’Histoire GRATIEN LEBLANC 2022 est donc « La Prison Saint-Michel à Toulouse, en images, des origines à nos jours ». Il s’agit, et j’y reviendrais, d’un ouvrage collectif coordonné par le Comité de Quartier Saint-Michel à Toulouse et la personne qui se tient à mes côtés pour recevoir ce prix est le président de ce Comité Mr Guillaume DRIJARD.Même si j’ai été informé de l’honneur qui m’était fait de présenter ce livre accompagné d’un lapidaire « Fais court ! »,je vais quand même me permettre de prendre le temps de vous expliquer « pourquoi ce livre ? » et « pourquoi un prix Gratien Leblanc ?».

Ce livre a séduit l’Académie qui a donc souhaité l’honorer car il met en valeur l’histoire d’une partie du patrimoine toulousain. Il est constitué de reportages photographiques réalisés sur cet ensemble assez unique par des personnes aussi connues en photographies que DIEUZAIDE oule STUDIO HENRI MANUELet par des personnes que l’on attendrait plus sur un autre terrain comme Clément POITRENAUD ancien international de rugby et toujours très actif au Stade Toulousain.

A propos des photographies de DIEUZAIDE, il faut lire l’émouvant témoignage de la rencontre en 2014 entre les membres de l’association de quartier et Mme Jacqueline Dieuzaide et de son cadeau à l’association de la photographie faite en 1968 par Jean Dieuzaide de l’ « arrêt facultatif Prison ».

Cet ouvrage est riche de ces images sans fard et pour toutes celles et tous ceux qui n’ont jamais vu l’intérieur d’une maison d’arrêt ou d’un centre de détention je suppose que sa vue provoquera la même surprise que la première fois que j’y suis rentré … mais je vous rassure j’étais en mission SAMU ! Il est également riche de toute une recherche sur l’histoire de cet ensemble avec les plans détaillés de l’architecte (Jacques-Jean ESQUIÉ) dont vous apprendrez au passage que c’est le même que celui du centre hospitalier Gérard Marchant … et vous comprendrez mieux pourquoi au 19ième siècle on parlait du grand enfermement pour les malades psychiatriques ! Comme je l’ai dit en préambule il n’y apas d’auteur principal et sur la jaquette du livre il y a la liste des personnes ayant contribué essentiellement par leurs reportages photographiques à sa réalisation … le tout étant coordonné donc par le Comité de Quartier Saint-Michel qui a souhaité mettre en valeur un lieu tout à la fois connu (le Castelet donne de plein pied sur la grand-rue Saint-Michel et nul ne peut l’ignorer) qu’inconnu car son terrain d’emprise est de près de 2 hectares. Et surtout un lieu de mémoire avec tous ces résistants durant la deuxième guerre mondiale qui y ont été incarcérés et pour bon nombre exécutés. Et avec la crainte du Comité de Quartier qu’il soit livré à la spéculation immobilière plus qu’au culte de la mémoire et au bien-être de la population.

Une fois que la direction de l’Académie a décidé d’honorer cet ouvrage pourquoi lui remettre un Prix d’Histoire Gratien Leblanc ? Parce que Gratien Leblanc qui est né à Castres en 1904 a fait sa carrière de professeur d’histoire quasi exclusivement aux classes préparatoiresdu Lycée Pierre de Fermat à Toulouse. Son enseignement, ses écrits, surtout des articles consacrés au patrimoine, sont la base d’un engagement pour sauvegarder ce patrimoine ; comme ce fut le cas remarquable pour les remparts du faubourg Saint Cyprien avec leurs 4 tours. En fait, dès l’âge de 22 ans, il s’est impliqué dans la défense du Pont Neuf et de l’Hôtel Dieu ; il a plus tard contribué entre autres à la restauration de la façade de l’Hôtel Dumay. Et dans le monde associatif, il a œuvré et successivement présidé 3 grandes associations toulousaines, les Toulousains de Toulouse, l’Académie des Sciences et Belles-Lettres et la Société d’archéologie.

Sa vie est imbriquée très largement à Toulouse, cette ville où il a étudié, enseigné, vécu, contribué à la vie culturelle et surtout obtenu des succès dans la difficile préservation du patrimoine et l’Académie du Languedoc perpétue donc son souvenir en attribuant depuis 2000 un prix d’histoire Gratien Leblanc.

Un détail puisque nous avons la chance d’avoir Mr LATTES comme représentant Mr le maire de Toulouse et que je sais son rôle dans cette action particulière : je pense qu’au vue de ce que la ville de Toulouse a bénéficié des actions de Gratien LEBLANC elle pourrait baptiser une rue de son nom pour contribuer à son souvenir. Et il y a probablement une piste du côté de la rue Franc où il a vécu, de son mariage en 1929 jusqu’à sa mort en 1993.

Pour terminer, un mot, court bien sûr, sur Guillaume DRIJARD. Il préside ce comité de quartier Saint-Michel et j’ai appris à le connaître à travers son action à la tête de l’Union des Comités de Quartier de la Métropole Toulousaine où j’essaye de le suivre pour l’association de quartier Chalets Roquelaine que j’y représente. C’est un homme de dialogue mais aussi de conviction ; c’est un homme qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts, c’est un homme dont la parole est rare mais toujours juste et je crois surtout que c’est un homme de concertation. Mais attention pour lui, comme pour moi, la concertation n’est pas simplement prendre l’avis des autres … ça c’est de la consultation … mais la vraie concertation celle de l’action de « projeter de concert », celle de la volonté de s’entendre pour agir ensemble dans l’intérêt de tous.

Guillaume, je suis heureux que Jean-François GOURDOU, secrétaire perpétuel de l’Académie, te remette le Prix Gratien Leblanc 2022 de l’Académie du Languedoc pour cette belle réalisation autour de la Prison Saint Michel à Toulouse et pour le combat du Comité de Quartier, à l’image de ceux de Gratien Leblanc, pour la préservation du patrimoine toulousain.

Le 24 novembre 2022 – Salle des Illustres