Prix de poésie Clémence Isaure (Archive)

LE GRAND PRIX « Clémence ISAURE » DE POESIE

par Jean-François GOURDOU (Secrétaire perpétuel)

Ernest Georges LANNES créa ce premier prix annuel en 1964 à Paris puis à Toulouse. Cela  au début de l’Académie du Languedoc quand celle-ci était surtout à Paris. Il fallait alors faire bien connaître Clémence ISAURE de TOLOSA à Paris lors des réunions parisiennes en particulier dans les fastueux salons du Sénat où se déroulaient certaines séances. Depuis, ce prix a été arrêté dans l‘Académie du Languedoc puisqu’elle siège actuellement uniquement à Toulouse.
Cela en respect de la vénérable Académie des Jeux Floraux de Toulouse qui en réclamait à juste titre la paternité. Les nouveaux secrétaires perpétuels de l’Académie des Jeux Floraux Mr SERMET, le Professeur Roger MERLE, Mr le président NEYRAL DE PUYBUSQUE, Mr le professeur Georges Mailhos et le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc, Mr José BADIE d’ARCIS et Mr André GASTOU secrétaire général, tous trois plus conciliants, se sont concertés et très amicalement l’Académie du Languedoc a « rendu » en 1998 le prix Clémence ISAURE à l’Académie des Jeux floraux.
Aussi, d’excellentes relations se sont rétablies entre les deux Académies, l’Académie du Languedoc devenant ainsi l’amie, la fille spirituelle de l’Académie des Jeux Floraux.
Depuis, nous sommes très honorés de voir le secrétaire perpétuel ou un mainteneur des jeux floraux  répondre et assister à nos séances annuelles, qu’ils en soient remerciés pour l’honneur et l’amitié qu’ils nous font.

            Restant attaché toutefois à la grande Muse, Egérie de TOULOUSE, nous rappellerons la belle histoire de Dame Clémence Bertrande ISAURE, dénomination dérivant de Dame Clémence Bertrande YZALGUIER

 Elle était issue d’une riche famille Toulousaine les YZALGUIER en occitan devenue ISAURE en français, habituée à la pratique des Arts et des Lettres.
Le sieur Yzalguier vivait au XIVe siècle titulaire d’une nomination royale sur Toulouse d’où sa fortune et fit un  « leg » notable sous forme de « fleurs d’argent » pour « exciter » la jeunesse à l’éloquence, après la terrible guerre des Albigeois et l’inquisition qui s’en suivit qui avait étouffé la culture occitane languedocienne par des gens venus du nord de la langue d’oil de Francie. Un renouveau apparu au début du 14e siècle après ces terribles évènements.
En 1323, fut créé le consistoire du Gai Savoir par sept troubadours de Toulouse en vue de ressusciter et de maintenir les traditions du lyrisme courtois occitan.
Un grand prix poétique et littéraire fut alors créé qui prit le nom en reconnaissance de la vierge Clémence mais aussi de Dame Clémence Bertrande Yzalguier puis Dame Clémence Isaure en souvenir de ses actions et du leg de son mari mais aussi de sa beauté et de sa culture.
Une immense et magnifique fresque signée de Paul LAURENS illustre le premier concours de poésie. On peut l’admirer en montant l’escalier monumental qui mène à la salle des Illustres de la mairie de Toulouse le Capitole.
« Lou Consistori de la Subregaya Companhia Del Gai Saber », invita tous les poètes de la Langue d’oc par un courrier qui a été conservé miraculeusement, à venir au printemps suivant dans un verger sis au faubourg des Augustines quartier St Aubin à Toulouse, disputer un concours de poésie dont le premier prix était une « violette d’or ».

Ainsi, le 03 mai 1324 la « Joïa » fut attribuée à Arnaud VIDAL de CASTELNAUDARY pour une canso en l’honneur de la vierge. Depuis chaque année, les concours se sont perpétués à la même date jusqu’à nos jours.
En 1356, les « legs d’amour » les Lois d’Amour furent promulguées codifiant la métrique, la grammaire et la rhétorique de la Langue d’oc.
Depuis 1527, l’éloge de Clémence ISAURE fut chaque année prononcée pour la fête du 3 mai.
Au 16e siècle la compagnie devint le collège de rhétorique et admis à ses concours des œuvres en français.
Au 16e siècle, après la fronde et le soulèvement du Languedoc par le duc de Montmorency, la compagnie fut suspendue mais en 1694, sur la demande des consuls de TOULOUSE et du président du Parlement de l’époque Pierre de PAPUS de LA CASSAGNERE le roi Louis XIV par lettres patentes octroyées à FONTAINEBLEAU rétablira la compagnie qui fut érigée en « Académie des Jeux Floraux » composées de 40 mainteneurs. En 1773, Louis XV confirma les privilèges de l’Académie.
A la fin du 18e siècle, un roman de Florain popularisa la légende de Clémence ISAURE, incarnation de la poésie mystique des troubadours languedociens.
L’Académie fut supprimée sous la Révolution comme toutes les Académies mais elle fut rétablie en 1808 sous Napoléon.
En 1895, grâce à la générosité du banquier Théodore OZENNE, l’Académie des Jeux Floraux de Clémence ISAURE fut logée somptueusement avec cinq autres sociétés savantes dans l’Hôtel d’Assezat où l’Académie des Jeux Floraux poursuit ses activités depuis plus de 6 siècles autour de la statue de « Dama Clémensa ».
La « patronne » des Jeux Floraux. Ses membres Académiciens sont appelés « Mainteneurs » et sont toujours au nombre de quarante.
Chaque année tous les 3 mai est organisé un concours de poésie dont les prix sont toujours des fleurs réalisées par un orfèvre, une fleur d’or et huit d’argent, violette, lys, œillet, souci et églantine comme pour le célèbre « Fabre d’Eglantine » de la Révolution, si fier de son prix qu’il en fit son nom.
Ainsi, l’Académie du Languedoc s’honore de ses excellents rapports respectueux et amicaux avec l’Académie des Jeux Floraux dont elle est quelque part la fille spirituelle ayant «rendu » amicalement Dame « Clémence ISAURE » à l’Académie des Jeux Floraux en 1998.