Les Druides

Les Druides

par Longin FOURDRINIER (8ème fauteuil)

Dès l’école primaire, mes instituteurs me parlaient des druides en cours d’histoire sur la Gaule.

Au lycée, mon professeur d’histoire évoquait, en 6ème, l’image du druide chez les gaulois cueillant le gui sur le chêne dans la forêt. Puis j’ai découvert en versions latines les textes de Jules César sur les druides dans « La Guerre des Gaules ».

En 1ère, j’ai dû lire « Les martyrs » de Chateaubriand pour découvrir la rencontre d’Eudore chrétien commandant des armées armoricaines sous Dioclétien et la druidesse gauloise Velleda s’aimant jusqu’à la mort.

Mais j’ai été beaucoup plus marqué, il y a fort longtemps, par l’opéra de Bellini « Norma » créé à la Scala de Milan en 1831. L’air de « Casta diva » interprété par la Callas me donne toujours de grandes émotions. Norma, druidesse, aime Pollione proconsul de la Gaule, lequel aime Adalgyse, vierge du temple. Norma s’accuse de la faute de Pollione qui a essayé d’enlever Adalgyse. Il rejoint Norma, condamnée à mort par son père le grand prêtre Orovese, sur le bûcher. C’est un sacrifice humain qui se transforme en double suicide et donne quelques indications sur les lois des druides.

Il était donc tout naturel pour moi de comprendre qui étaient ces druides de l’histoire de la Gaule et savoir ce qu’ils sont devenus.

Les sources littéraires sont très nombreuses. Deux types de sources permettent d’aborder le thème des druides et du druidisme.

Dans la première catégorie, je citerai Poseidonios d’Apamée (135-51 av.J-C), philosophe grec qui a voyagé dans toute la Gaule 40 ans avant Jules César. Il était directeur de l’Ecole du Portique, astronome, géomètre, géographe et historien. Il a été une source très importante pour Jules César dans « La Guerre des Gaules ». Certaines hypothèses lui prêtent également la conception de la machine d’Anticythère. Nous pouvons également retenir Lucain, Suetone, Pline l’Ancien, Ciceron, Tacite…

Une deuxième source complète la première avec une origine différente: ce sont des textes irlandais du VIII ème au XV ème siècles.

Ce décalage chronologique et géographique entre sources continentales et insulaires semble poser des problèmes d’interprétation à certains auteurs.

Jean-Louis Brunaux, historien et archéologue du CNRS écarte les sources irlandaises. Il considère comme seules crédibles les auteurs grecs et latins. Mais l’isolement de l’Irlande aurait permis de conserver la tradition alors que le continent subissait les bouleversements des invasions barbares.

Je vais tenter de traiter ce sujet très vaste en évoquant l’origine des druides et du druidisme, leur rôle dans la société celtique, leur évolution et disparition.

Puis j’aborderai le néo-druidisme. Quelle est sa crédibilité par rapport aux textes anciens?

Je terminerai en évoquant le néo-druidisme et la franc-maçonnerie du XVIII ème siècle à l’époque contemporaine, ce qui ne manquera pas d’en surprendre certains quant à la crédibilité de certaines théories.

Il faut noter un intérêt naissant depuis une soixantaine d’années pour l’histoire du druidisme.

Il existe plusieurs thèses sur l’émergence de l’institution des druides:

    • une origine fondamentale et spécifique de la civilisation celtique.
    • une origine pré-celtique issue du néolithique.
    • une création tardive des derniers siècles du premier millénaire av. J-C avec l’apparition d’intellectuels, notamment de savants versés en astronomie, sur le  pourtour méditerranéen .

Les celtes se sont établis en Europe Occidentale au début du premier millénaire av. J-C.
Les bretons étaient les celtes de Bretagne, c’est à dire la Grande Bretagne (Angleterre,  Pays de Galle, Ecosse).
Les gaëls sont les celtes d’Irlande.
Les gaulois sont établis sur le continent.

Pour les néospiritualistes du XIX ème siècle, le druidisme serait issu d’une science multi millénaire.

Il faut garder en mémoire que les sites mégalithiques (menhirs, dolmens…) existaient avant l’arrivée des celtes (4ème à 2ème millénaires av. J-C) mais les druides ont utilisé ces sites comme lieux de culte.

Beaucoup d’auteurs du XIX ème siècle ont inventé des origines mythiques aux celtes, allant jusqu’à affirmer que la langue celtique était la mère de toutes les langues…et parlée par Adam et Eve eux-mêmes… ou que le druidisme était l’ancêtre de l’indouisme…

Certains inventent une origine nordique (Scandinavie), mais le druidisme n’a jamais existé chez les vikings.

Autre hypothèse, les Atlantes: on pourra se reporter à la description par Platon de l’Atlantide, continent disparu et certains témoignages d’auteurs de l’antiquité évoquant le peuple des vénêtes qui ont donné  leur nom à la ville de Vannes en Armorique et Venise en Italie. Ce serait une civilisation antérieure aux celtes.

Les gaulois sont des celtes habitant au second âge du fer (entre -500 et le début de notre ère) la France actuelle, la Belgique, l’Allemagne cisrhénane, la Suisse et l’Italie cisalpine.

L’étymologie du mot « druide »est discutée, mais tout le monde s’accorde pour reconnaître dans le second terme de ce composé la racine « weid » (savoir, voir). en langue allemande « wissen » est le verbe « savoir ». Le  premier terme est souvent interprété comme le préfixe intensif indo-européen « dru » (dur, fort comme le chêne) d’où la traduction courante « les très savants ».

Depuis les romains, avec Pline l’Ancien et Lucain, on a pensé que le mot « druide » était associé au chêne  (« drus » en grec) à cause des rites associés à cet arbre. Les linguistes et les philologues ont établi que ce terme celtique, présent dans les textes  de Jules César et ceux du Moyen Âge provenait de « dru-wid-es » qui signifie « très savant ».

Une parenthèse au sujet du chêne et du gui:

Aux yeux des anciens, le chêne a représenté l’axe vertical qui relie le monde souterrain des puissances génératrices de la vie au monde céleste d’où provient toute la lumière.
Le bois de chêne possède la faculté d’emmagasiner une forte concentration de charges électriques, il attire souvent la foudre. Il est devenu le siège de Zeus, maître des orages.
Les druides considéraient le chêne comme une manifestation de la puissance céleste.
Selon le témoignage de Pline l’Ancien, les druides n’ont rien de plus sacré que le gui et l’arbre qui le porte pourvu que ce soit un rouvre, autre nom du chêne.
Ils n’accomplissent aucune cérémonie religieuse sans son rameau. Ils croient que le gui, pris en boisson, donne la fécondité à tout animal stérile, que c’est un remède contre tous les poisons.

Pline signale néanmoins la rareté du gui sur le chêne car l’écorce du chêne est trop dure et le gui ne  parvient à s’implanter que sur les arbres très jeunes. On notera que le gui se trouve plus facilement sur les  pommiers, pruniers, érables.
Le gui a des vertus thérapeutiques et les gaulois l’employaient contre l’épilepsie et  la résolution des tumeurs.
Aujourd’hui, le gui est reconnu comme hypotenseur, tonique cardiaque, diurétique, sédatif.
Les gaulois, selon Pline, l’appelaient « celui qui guérit tout ».
Mais son action importante sur le système nerveux peut générer, en cas d’excès, des risques mortels par paralysie.
On peut retenir que les druides extrayaient du gui de chêne une liqueur spiritueuse analogue au sôma des brahmanes, boisson divine et initiatique associée au dieu lunaire Sôma.

Vous avez tous reconnu la potion magique que Panoramix fournit à Astérix…

Je ferme cette parenthèse pour rappeler que le druide est un personnage très important de la société celtique et des gaulois.

Il est à la fois ministre du culte, théologien, philosophe, gardien du savoir et de la sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerrière. Il est l’intermédiaire entre les dieux et les   hommes.

Il est chargé de la célébration des cérémonies sacrées et lui seul a le droit de pratiquer les sacrifices.

Le druide le plus célèbre est DIVICIACOS cité par César dans la Guerre des Gaules et Cicéron dont il fut l’hôte.

Comme pour beaucoup d’éléments de la civilisation celtique, nous ne disposons d’aucun texte d’origine interne. Les druides considéraient que la parole écrite est morte et ont privilégié l’oralité et la mémoire pour la transmission du savoir.

La société celtique est divisée en 3 ordres sociaux

  • l’ordre sacerdotal qui possède le savoir et fait la loi qui administre le sacré et le religieux.
  • l’ordre des guerriers qui gère les affaires militaires sous le commandement du roi
  • l’ordre des producteurs (artisans, agriculteurs, éleveurs) qui doit subvenir aux  besoins de l’ensemble de la société.

Hiérarchie et structure de l’ordre sacerdotal:

Cet ordre est hiérarchisé en 3 classes d’hommes faisant l’objet d’honneurs extraordinaires:

Les bardes, les ovates, les druides suivant la description faite par Strabon.

  • Les bardes sont les chantres sacrés. Ils sont spécialisés dans la poésie orale et chantée, leur rôle est          de faire la louange, la satire ou le blâme.
  • Les ovates sont les devins qui s’occupent des cérémonies religieuses et interrogent la nature. Ils s’occupent  plus particulièrement du culte, de la divination et de la médecine.
  • Les druides professent, indépendamment de la phisiologie ou philosophie naturelle, l’éthique ou la  philosophie morale. Ils interviennent dans la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poésie, la   divination… En tant que ministre de la religion, les druides procèdent à tous les rites cultuels y compris les sacrifices.

Les sacrifices humains de prisonniers de guerre sont attestés mais ils étaient réservés à des circonstances exceptionnelles.Les sacrifices animaux (chevaux, taureaux, porcs..) ou symboliques sont les plus courants.

Ils ont la responsabilité de l’enseignement par une transmission orale du savoir.

Ils se chargent de l’instruction des enfants de l’aristocratie dont certains deviendront druides à leur tour. Dans la tradition irlandaise, le druide mythique CATHBAD aurait eu 150 élèves.

En contrepartie de cette longue initiation (20 ans), ils sont exemptés d’impôts et n’ont pas à porter d’armes, mais ils peuvent participer à la guerre.

Certains sites archéologiques laissent penser que les druides étaient également  chirurgiens. On y a trouvé des instruments métalliques ( scies, scalpels, pinces, sondes, couteaux en bronze) mais aussi des os ressoudés, des crânes trépanés.

Dans le contexte celtique, le domaine juridique fait partie de la théologie et relève de la religion. Les druides sont donc juristes et juges. Magistrats, ils tranchent pour les conflits graves entre les tribus gauloises et pour les litiges entre particuliers.

Le non respect d’un contrat est sanctionné par des peines qui sont codifiées selon la nature de la  faute et le rang des parties dans la hiérarchie sociale.

Selon César, ils tiennent leur assemblée générale annuelle dans la forêt des Carnutes (près de l’actuelle ville de Chartres).

Ils sont les acteurs de l’unité gauloise et considérés comme la résistance à la présence romaine ce qui expliquera l’attitude hostile des empereurs romains à leur encontre (ce qui participera à leur disparition progressive).
En tant que savants et garants du savoir, ils interviennent dans les domaines de la  philosophie, de l’histoire, de la généalogie. Ils maîtrisent plusieurs langues (grec, étrusque, latin).
Leur grande connaissance de l’astronomie leur a permis de conceptualiser le temps: le calendrier de Coligny date de l’époque gallo-romaine et ses inscriptions constituent un calendrier en langue gauloise.
Le roi exerce sa souveraineté sous l’inspiration du druide qui lui doit le conseil. Le pouvoir politique est sous la dépendance du pouvoir spirituel.

 

Les pratiques:

Selon certains textes irlandais, les druides interviennent au moment de la naissance pour donner un nom à l’enfant et pratiquer une lustration que l’on peut assimiler à un baptème.
Ils interprètent les présages, expression de la volonté divine et leur parole est sacrée. Le mot irlandais « geis » est une incantation constituée d’obligations et d’interdits que les membres  de la classe des guerriers doivent respecter sous peine de mort. La « geis »a force de loi, elle s’adresse également au roi et recouvre l’ensemble des activités de la vie quotidiene.

Les éléments participent à cette religion:

  • L’eau a un pouvoir de lustration.
  • Le feu sert aux sacrifices ou à la purification des troupeaux.
  • Le vent a le pouvoir d’égarer ou d’anéantir et le brouillard permet de se déplacer de manière invisible.

Les fêtes religieuses:

L’année celtique comporte quatre grandes fêtes religieuses au caractère obligatoire.L’année est marquée par une saison sombre et une saison claire.
Samain (dont le sens est « réunion ») a lieu aux alentours du 1er novembre. C’est la fête la plus  importante.   Elle inaugure une période de noirceur et d’épreuves. C’est le passage d’une année à l’autre. Elle dure une semaine qui est hors du temps favorisant les contacts avec « l’autre monde ». C’est le moment où les vivants et les morts se rapprochent. Elle se caractérise par des festins et des beuveries.
Imbolc qui signifie « lustration » a lieu aux alentours du 1er février. C’est la purification qui marque  la fin de la période hivernale. Cette fête évoque l’éveil, le printemps. C’est le temps de la  régénération.
Beltaine ou « les feux de Bel » aux alentours du 1er mai. Fête sacerdotale en rapport avec Belenos et Belisama. Elle marque le passage de la saison sombre à la saison claire avec le changement d’activités.   Les druides allument de grands feux pour protéger le bétail marque de richesse. C’est la deuxième date importante du calendrier.
Lugnasad ou « assemblée de Lug » est célébrée aux alentours du 1er août. Cette fête est associée  aux moissons, aux bénéfices, à l’abondance. C’est l’occasion de conclure toutes sortes de contrats (commerciaux, matrimoniaux, juridiques).

Le druide, ce philosophe :

Pour l’historien et archéologue Jean-Louis Brunaux, les druides ne sont ni de gentils professeurs, ni de cruels sacrificateurs. Il faut voir le druidisme comme une école philosophique « à la grecque » qui aurait régné sur la Gaule du V ème au IIème siècles av. J-C pour décliner et disparaître au tournant de l’ère chrétienne. Lorsque César (100-44 av.J-C) part en campagne en 58 av.J-C, il ne reste presque plus de druides. Un siècle et demi avant Suetone, les druides pouvaient être considérés comme les alter ego des  philosophes grecs.

Selon César, « les druides apprennent par cœur un grand nombre de vers car ils estiment que la religion interdit de confier leurs cours à l’écriture alors que pour les comptes publics et privés, ils utilisent  l’alphabet grec. Ils discutent sur les astres et leur mouvement, sur la grandeur du monde et de la terre, sur la nature des choses »…. « ils cherchent à établir que les âmes ne meurent pas mais passent après la mort, d’un corps dans un autre ». C’est la croyance dans la transmigration des âmes. La prohibition de l’écriture s’impose pour conserver le secret de l’enseignement, de l’initiation, de la pratique de l’astronomie….
Selon Jean-Louis Brunaux, de nombreux auteurs grecs se sont interrogés sur les ressemblances  entre les idées pythagoricienes et celles des druides (Pythagore vers 580-497 av. J-C).

Il ne faut pas exclure des liens entre les premiers cercles pythagoriciens et le druidisme car dès les plus hautes époques, les contacts entre le monde celte et la Méditerranée sont fréquents en  particulier via la colonie grecque de Phocée (Marseille).

L’ascension des druides cesse brutalement entre la fin du IIème siècle av. J-C et la conquête romaine.
Parmi les causes principales, deux catastrophes guerrières: la main mise romaine entre 125-121 av.  J-C  puis l’invasion des Cimbres et des Teutons de 110 à 101 av. J-C. Il faut ajouter des conflits internes aux peuples gaulois eux-mêmes entre les Arvernes, les Eduens,   les Séquanes et les Allobroges. Les récits de Cicéron suite à ses entretiens avec DIVICIAC, un des derniers grands druides connus  évoquent ces évolutions.

DIVICIAC donnera une orientation pro-romaine au parti populaire et aidera César dans ses actions en Gaule en essayant de profiter du contexte pour lui-même et ses proches.

L’émancipation des populations au bénéfice des valeurs civilisatrices romaines est une cause importante de la disparition des druides. Il faut également retenir que les druides et leur culture ont été victimes des attitudes très hostiles des empereurs romains tels AUGUSTE, TIBERE, CLAUDE…

Les nombreux écrits consacrés au cours de l’histoire aux druides datent d’une période où ils avaient disparu en tant que corps constitué et où ils n’étaient plus représentés que par des  survivants isolés. La tradition pédagogique des druides s’est perpétuée jusqu’à la fin du IVème  siècle de notre ére. mais le christianisme prend très lentement le pas sur le druidisme avec des réminiscences de pratiques païennes encore présentent au XVIIème siècle en Bretagne. Pour trouver la trace des druides, il faudra les rechercher dans les iles britanniques.

En résumé, on peut retenir trois figures distinctes dans l’appelation « druide »:

  • le druide historique connu exclusivement en Gaule
  • le druide irlandais ou littéraire
  • le druide mythique, création moderne qui peut être qualifié de médiatique

LE NẺODRUIDISME

Tout a vraiment commencé au XVIIème siècle à Oxford au sein du « Bosquet druidique » MOUNT HAEMUS qui daterait de 1245. Mais, selon certains, il aurait existé à Oxford deux cents ans plus tôt un autre bosquet dont les membres perpétuaient la tradition druidique.

Deux personnages fréquentèrent le bosquet d’Oxford: Elias Ashmole et John Aubrey.

Elias Ashmole était alchimiste, docteur en sciences physiques, historien, archéologue, musicien et membre de la Royal Society. Il fut reçu franc-maçon en 1646. Il passe pour le prototype du rose-croix. Il meurt en 1692. D’après la tradition du Druid Order, il aurait été à l’origine des premiers rituels initiatiques transmis aux francs-maçons spéculatifs, rituels inspirés du druidisme.

Quant à John Aubrey chef druide du Bosquet Mount Haemus, il est connu pour ses recherches archéologiques sur les sites d’Averay et de Stonehenge. Il associa les monuments mégalithiques aux druides… !! Il forma un disciple, l’irlandais John Toland et lui confia la mission de regrouper tous les adeptes de la tradition druidique. Le 21 septembre 1716, jour de l’équinoxe d’automne, un hérault mandaté par John Toland, proclama au sommet de la Primrose Hill à Londres, la convocation de « tous les druides pouvant exister de par le monde pour l’assemblée qui aurait lieu le 22 septembre 1717 à Londres, à la Taverne du Pommier ». L’assemblée décida la fondation du Druid Order dont John Toland fut institué le premier chef-druide.

On pourra retenir qu’en juin 1717 naissait la Grande Loge de Londres et en septembre 1717 renaissait le celtisme.

A noter que la Taverne du Pommier était une des quatre tavernes londoniennes où se réunissaient les Francs-Maçons.

Le mouvement néodruidique s’est répandu dans le monde entier. Les diverses branches dérivent la plupart du « gorsedd » (ou assemblée) des Bardes de l’île de Bretagne créée en 1792 par Edward Williams (1747-1846). Il a mélé des textes apocryphes à ses propres compositions littéraires, élaborant le règlement interne et le rituel de son organisation.

Il faut considérer le néodruidisme comme un mouvement philosophique, littéraire et idéologique moderne soucieux de conserver en héritage certains pans du passé: la langue, la défense, l’illustration poétique et littéraire de l’identité culturelle celtique. Le néodruidisme « gorseddique » a acquit une place très importante dans le renouveau national et linguistique gallois au travers de festivals poétiques et musicaux très importants et populaires.

Naissance du Gorsedd breton:

Le processus d’exportation du néodruidisme gallois en Bretagne a démarré en 1899 lors d’assises à Cardiff en présence d’une vingtaine de bretons qui venaient de créer en août 1898 l’union régionaliste bretonne à Morlaix.

Le 1er septembre 1900 à Guingamp se tient la première assemblée du Gorsedd des bardes de la presqu’île de Petite Bretagne dirigée par son premier « grand druide » Jean Le Fustec.

De 1945 à nos jours:

Après la seconde guerre mondiale, les assemblées sont plus discrètes avec une tendance plus philosophique et néopaîenne. Cette évolution a généré des scissions donnant naissance à des sociétés plus ésotériques :

  • « Croyance celtique » en 1936
  • « Confrérie philosophique des druides » en 1975

Le nom complet du Gorsedd de Bretagne est aujourd’hui « Fraternité des druides, bardes et ovates de Bretagne ».

Qui sont les nouveaux druides bretons ?

Des groupes druidiques émergent dans de nombreux pays (Australie, Nouvelle Zélande, Allemagne, Etats Unis). Au Royaume Uni, le néodruidisme est reconnu comme une religion. Cette tendance néopaïenne renaît depuis les années 60 mais les groupes druidiques ont leurs propres rites et caractéristiques. Mais ils ont tous le culte de la nature. En fait le Gorsedd n’est pas une religion mais plutôt une société de pensée humaniste ou philosophique. L’esprit, la matière, les animaux, la nature, tout l’univers est divin. C’est une société très hiérarchisée et ne devient pas druide qui veut. Pour intégrer la communauté, le postulant doit faire ses preuves pendant au moins deux ans. Après cette période de probation, il devra choisir entre deux grades: bardes ou ovate. Les premiers (tel Assurancetourix) sont recrutés parmi les musiciens, les écrivains poètes ou artistes. Les seconds parmi les menuisiers, ingénieurs ou agriculteurs; ils ont la capacité à transformer la matière. Tous pourront ensuite postuler au titre de druide après avoir acquis une certaine maturité et connaissance du Gorsedd. Enfin le collège druidique élit son Grand Druide chargé notamment de présider les 4 grandes cérémonies annuelles: Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad qui sont les 4 fêtes religieuses majeures celtes.

La filiation entre ce néodruidisme et les druides de l’Antiquité est peu probable car il existe très peu d’écrits de l’antiquité. Il n’y a ni filiation historique ni texte fondateur. On peut se poser la question de dérives sectaires.

L’Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier (ADCS) considère le druidisme comme une religion à « mystères ».

  • un ensemble de mythes, de rites, de postulats
  • un cheminement, un cursus, une progression dont l’accès suppose une initiation.

Tout membre de l’ADCS se doit

  • d’honorer les dieux, de respecter les ancêtres et la nature
  • de cultiver le savoir sous toutes ses formes
  • de respecter les autres, en particulier par la correction du langage et de l’écoute attentive de sa pensée et            de son expression
  • de respecter la tradition comme véhicule d’un travail légué par ceux qui nous ont précédés
  • de respecter la parole donnée

Le rituel druidique de l’ADCS s’appuie sur le mythe et sur une certaine conception de l’espace et du temps. Il a de multiples formes et de multiples buts: saisonniers, propriatoires, rites de passage y compris les passages de la vie (naissance, mariage, funérailles…)
L’ADCS célèbre au minimum huit fêtes dans l’année.

Quel est le chemin?

  • sur la voie bardique, le chemin s’appuie sur la parole
  • sur la voie de l’ovate, le chemin s’appuie sur le chemin de l’être
  • sur la voie du druide, le chemin est amour équilibré, détaché de tout projet sur l’autre

Toute personne demandant son admission au sein d’une clairière en devient « mabinog » ou « marcassin ».
Etre « mabinog », c’est être symboliquement en contact avec la terre et son humus.

Le cheminement du barde:
Le barde est le chantre de la tradition, il est diseur, trouvère. C’est la fonction la mieux codifiée. Ils sont les garants de la transmission du mythe, de    l’histoire des lieux, des lois, de la généalogie.

Le cheminement des ovates:
L’ovate est un magicien, un devin, un guérisseur. Il parle aux esprits, ceux des arbres, des animaux, des plantes, des sources.

Le druide est à la fois un théologien, philosophe, historien, savant, juriste. Il est l’intermédiaire entre les hommes et les dieux, le sage, le prêtre et le gardien du savoir.

(Rappel):
On le représente comme un homme à barbe blanche vêtu de la saie et portant une faucille en or et un collier d’ambre.

Les 6 cérémonies initiatiques :

L’année celtodruidique commence au solstice d’hiver avec la cérémonie de la « Modra Necht ». Cette fête est marquée par la cueillette du gui. Le gui symbolise la maturation de l’être désincarné en état de mort physique. En officiant on coupe le gui en disant « O Gehle an Heu » (« Le blé se lève »). Cette phrase a été traduite par « Au gui, l’an neuf ».
L’équinoxe de printemps (Alban Eilir) avec l’offrande d’un plant de trêfle symbole du printemps.
Les noces de Lug (Eured Lug): la cérémonie est célébrée le 15 août. Elle rend hommage à Lug et Gaéa. Mais les attributs irlandais de « Lugus » n’ont rien à voir avec le Lug gaulois, dieu de lumière. Ses attributs sont l’éclair dans le sens de flambeau.
L’équinoxe d’automne (Alban Elved): les forces conjuguées de l’air, de l’eau, du feu, de la lumière et de la terre ont oeuvré en commun pour fournir au règne animal et au genre humain les éléments indispensables au maintien de l’existence. C’est la période des récoltes.
Samonios (les semailles): c’est la fête de contact avec le monde des morts et celui des vivants. L’officiant ordonne la libation rituelle pour les défunts et les héros:

  • le lait pour les druides
  • l’hydromel pour les guerriers et chevaliers (représentés par les bardes)
  • le vin pour les agriculteurs (représentés par les ovates)

On célèbre le cheval blanc, bénéfique, symbole du soleil et de la divinité protectrice des vivants et des morts. On se garde par la magie des maléfices du cheval noir.

LES ORIGINES CELTES de la FRANC-MAÇONNERIE ?

En 1898, Albert Churchward, franc-maçon du 33ème degré, écrivait dans « Origin and Antiquity of Free Masonery »:
… » Les franc-maçons sont des druides contemporains »….
Whiliam Hutchinson écrit dans « L’esprit de la maçonnerie » à la fin du XVIII ème siècle :
… »la franc-maçonnerie a emprunté plus de doctrines et de cérémonies des druides qu’elle en a pris ailleurs »…
Thomas Paine, philosophe anglo-américain, écrit au début du XIXème siècle (1804-1805) que la franc-maçonnerie trouve ses racines traditionnelles dans les derniers héritages de la religion préchrétienne et celtique d’occident.
Ces éléments sont éloignés des textes fondateurs de la Franc-Maçonnerie des bâtisseurs de cathédrales que nous connaissons.

Quelques éléments de comparaison sont intéressants à analyser:

On trouve de nombreuses similitudes entre la symbolique maçonnique et la symbolique néo-druidique.

« Le cabinet de réflexion »:

La littérature païenne et le folklore irlandais connaissent un séjour souterrain dans les tumuli, demeures des peuples de la déesse Dana. Lieux de culte matriciel en Grande Bretagne. Les druides contemporains utilisent le terme de « tombeau des gestations ».

« Le dépouillement des métaux »

Voir la tradition irlandaise où le fer est inconnu.

« Le maillet du Dieu Taranis »

Outil sacerdotal tenu de la main droite

« L’épée », outil royal, est tenue dans la main gauche.

« Le sautoir » est commun aux francs-maçons et certaines écoles druidiques.

« La fraternité et la chaîne d’union »: ce rite se trouve dans les initiations guerrières des Gaëls.

« Les morts rituelles » par le fer, l’eau, le feu et les purifications initiatiques.

« L’incinération du testament »: lors des funérailles, les gaulois livraient des lettres adressées aux parents décédés, comme si les morts les liraient (selon texte de Diodore de Sicile)

Une Loge maçonnique:

« Trois la dirigent, 5 la composent, 7 la rendent juste et parfaite »

Pour le néodruidisme:

  • Un triumvirat de dieux primordiaux irlandais: Dagda (dieu-druide), Ogma (dieu de la magie     guerrière), Nuada (royauté)
  • Cinq dieux constituent l’état-major des Tuatha Dê Danann en ajoutant le dieu médecin Dianceth et le dieu forgeron Goibniu
  • Sept – le groupe est parfait avec en plus Luchtaine (dieu charpentier) et Credne (dieu chaudronnier)

L’orientation celtique se prend face à l’orient.
En loge, les Francs-maçons se tournent face à l’orient.
Les circumambulations sont identiques.
Qu’est-ce qui supporte votre loge ?
Pour les F.M., trois grands piliers: Sagesse, Force et Beauté.

Dans la société celtique

  • Sagesse pour les druides
  • Force pour les guerriers
  • Beauté pour les producteurs.

L’acclamation, les batteries, l’accolade fraternelle sont pratiquées de la même manière dans les deux traditions.

Mais nous n’irons pas au-delà de cette brève évocation car les textes fondateurs de la Franc-Maçonnerie réfutent les thèses des adeptes et fondateurs du néodruidisme, mais c’est une autre conférence ….

BIBLIOGRAPHIE:

Elle est très vaste, de l’antiquité à nos jours…

Les auteurs de l’Antiquité:
César – Lucain – Suetone – Tacite – Poseidonius d’Apamée – Pline l’Ancien – Cicéron…

Les auteurs des XXème et XXIème siècles:
« Les druides – Des philosphes chez les barbares » – Jean-Louis BRUNAUX
« Les religions gauloises » – Jean-Louis BRUNAUX
« Les celtes et le druidisme – Racines de la tradition occidentale » – Raimonde REZNIKOV
« Les druides » – GUYONVARC’H et LE ROUX
« Les druides – Science et Philosophie » – Paul et René BOUCHET*
*( Paul BOUCHET est « Grand druide des Gaules »)
La collection des 37 BD « ASTERIX » de R. GOSCINNY et A. UDERZO…..

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