L’accélération du Temps Sociétal

L’accélération du Temps Sociétal  

  Lorsque le temps s’accélère l’évolution sociétale renvoie à la célèbre diatribe de l’évêque Rémi lors du baptême de Clovis à Reims « Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé ! »

           Nous y sommes aujourd’hui exposés sous le diktat d’une prétendue égalité, conversion et acceptation de ce qui auparavant faisait horreur ou que nous ne soupçonnions pas, expression d’un chaos étranger à nos influences, bousculant nos représentations mentales, source d’incompréhension, de repli et d’amertume prolongée.

           Ce qui était masqué mais non exceptionnel paraît à visage découvert, livré à tous, trompant l’innocence des plus jeunes, volonté de revanche et assurance d’une normalité qui aurait auparavant été confisquée.

            Il en résulte besoin de réparation, ébranlement des consciences, réécriture de l’Histoire, conflits antagonistes perpétrant replis ou révoltes.

            Cela se manifeste de manière insidieuse et déplacée, prenant en otage des évènements telle la pandémie où les positions radicales expriment le malaise d’une liberté contrainte ou excessive. La raison, en dépit de la pédagogie active est impuissante car le problème est ailleurs, suggestion d’un pouvoir qui ment et infantilise détourne de l’essentiel, la peur d’un avenir et surtout endort les Cassandre.

            Tout est mélange, projection, flou entretenu où les ambitions personnelles, les enrichissements indécents croissent sur les malheurs des populations englobant sans discernement les préoccupations du quotidien : religion rythme avec division, morale avec asservissement des mœurs, immigration portée par la misère avec terrorisme ou remplacement.

           Les pires phantasmes ont valeur d’autorité, la générosité serait-elle naïveté ? La suspicion s’installe avec son cortège de complotisme ?

           Le besoin de sécurité triomphe, il appelle comme au temps de la terreur, la sûreté et le risque de lois liberticides !

           Le populisme surfe sur ces vagues, apaisement souhaité de rêves brisés, tentation d’un retour qui n’était pas si idyllique mais où le sentiment de submersion n’imprégnait pas les pensées.

           Certains préconisent un retour en arrière, pour conserver la nature, dompter l’humain dans ses vices et son consumérisme, instituer un parcours minutieux de contrôles et d’interdits, afin de tenter de juguler une démographie qui s’emballe, un monde fini qui courrait à sa perte. Cela serait tentant mais est-ce raisonnable ?

           Il reste alors en concurrence nos démocraties fragiles malmenées par les bourrasques où les individualités des plus généreuses aux plus perfides s’affrontent et les dictatures où le politique réfute toute opposition, confisque les fruits de la croissance au profit de quelques-uns ou de la collectivité parfois, abrasant les plus méritants.

            A cela s’ajoute une géo-politique qui ordonne et condamne, exploite et abandonne, réfute tout multi-latéralisme, au profit des intérêts des puissants.

           La nostalgie s’installe avec ce doute sceptique quant à la notion de progrès dénoncé sous la dictature du profit, bienfait suspect à moyen ou long terme !

           Le choix est alors ou l’évitement, le narcissisme ambiant, le renoncement !

           Si nous prenons quel qu’élévation, distanciation et comparaison, la catastrophe n’est pas aussi imminente, l’humanité évolue plutôt en bien, les inégalités régressent lentement certes mais l’attention aux plus démunis, aux minorités progresse, notre jugement tient compte de la personne tout autant que des situations !

          Si l’avenir est incertain par nature, il existe, nous pouvons l’influencer, le pire n’est pas sûr, l’optimisme demeure redoutable et la foi en l’homme abat bien des montagnes !

 

           Robert Mosnier. Académicien 21ème fauteuil