Diplôme d’honneur à Marek HALTER

Diplôme d’honneur à Marek Halter
Cérémonie solennelle du 28 novembre 2023 au Sénat Paris.

 Présentation par André-Jérôme GALLEGO (13ème fauteuil)
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« Il rêvait de changer le Monde »

C’est le titre de l’un de ses tout premiers ouvrages. À lui seul, il pourrait définir la personnalité et la vie de Marek Halter.

Marek Halter est un écrivain français,de confession juive, né à Varsovie, en Pologne,un 27 janvier 1936. Il est naturalisé français en 1980.Dans ses ouvrages, il aborde l’histoire du Peuple Juif, mais pas seulement. En humanisme engagé, dans chaque coin de la Terre, il va chasser à sa manière l’injustice et l’horreur.

Fils de Salomon Halter, issu d’une lignée d’imprimeurs, et d’une poétesse yiddish, Perl Halter, à l’âge de cinq ans,Marek, en compagnie de ses parents, s’échappe du ghetto de Varsovie. À leur arrivée en Ukraine, une patrouille de l’armée rouge les dirige vers Moscou. Puis, au début de la guerre germano-soviétique, Marek et les siens sont envoyés à Kokand, en Ouzbékistan. Sa sœur cadette,Bérénice, alors âgée de trois ans, n’y survivra pas. Ses parents, eux-mêmes,sont frappés par la dysenterie.Marek, qui n’a pas encore six ans,prendra les choses en mains, et parviendra à les sauver.

En recherche de vivre, coûte que coûte, tout sera bon pour y parvenir. Malgré son jeune âge, il sera bien souvent un pionnier dans la méthode à appliquer, une marque de fabrique, un instinct naturel, qui le suit toujours et encore aujourd’hui, à plus de 80 ans.

En 1945, c’est au titre de délégué des pionniers de la« République socialiste soviétique d’Ouzbékistant » qu’à peine âgé de neuf ans, il sera parmi les invités, à la fête de la victoire à Moscou, pour offrir,sur la « Place Rouge », des fleurs à Staline. 

En 1946, entouré des siens, il reviendra en Pologne.Mais c’est à Paris, dès l’année 1950, qu’ensemble, ils s’installent en France.En 1951, et pour la première fois, il visitera Israël et ira travailler dans un kibboutz. À quinze ans, il est mime dans la compagnie de Marcel Marceau, mais son ambition reste d’être un artiste peintre reconnu. Alors,il s’inscrit à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. En 1954, il est même lauréat du prix international de peinture de Deauvilleet de celui de la Biennale d’Ancône. Puis,il exposera à la galerie Cimaise de Paris. Dans les années 50-60, il illustrera les recueils de poésie de sa mère.

Militant de la paix,en 1967,à la veille de la guerre dite des « 6 jours », en Israël,il lance un appel international en faveur de la paix au Proche-Orient.

Puis il va fonder le « Comité international pour la paix, négociée, au Proche-Orient », il est même à l’origine des premières rencontres entre Israéliens et Palestiniens.

En 1968, il fonde la revue « Éléments » dirigée par son épouse, la regrettée, Clara Halter. C’est la première publication à laquelle collaborent à la fois des Israéliens, des Palestiniens et des Arabes.

En 1972 il anime le comité pour la libération de l’écrivain juif soviétique Edouard Kouznetsov, et en faveur des Juifs d’URSS. 

C’est en 1976,à Paris, que Marek Halter publie son premier livre, « Le Fou et les rois », qui est consacré à la paix au Proche-Orient. Ce livre deviendra un best-seller, et obtiendra le Prix littéraire « Aujourd’hui ». Depuis, tout en consacrant une part importante de sa vie à la défense des droits de l’Homme, partout où ils sont bafoués, il est tour à tour Président de l’Institut Andréï Sakharov, de l’Institut international de la culture juive,et cofondateur de SOS Racisme…

Il va alors publier près d’une cinquantaine d’ouvrages.Parmi lesquels, et après plus de six années de recherches, il termine enfin le roman historique d’une vie, celui d’une famille juive deux fois millénaire, en partie la sienne, intitulé: « La Mémoire d’Abraham ». Cet ouvrage est vendu,à travers le monde,à plus de cinq millions d’exemplaires. Il obtient en France le prix du « Livre Inter »,et reste pendant huit semaines sur la liste des best-sellers du New York Times. 

En 1994, il termine son film « Les Justes », qui ouvre, en 1995, le festival du cinéma de Berlin. En 2003, l’écrivain se voit confier, par le Président de la République, Jacques Chirac, le commissariat général de la participation française au Tricentenaire de la Ville de Saint-Pétersbourg.

Défenseur du dialogue interreligieux, Marek Halter est, en 2017, l’un des organisateurs de la Marche des musulmans contre le terrorisme. Celle-ci, composée d’une trentaine d’imams du monde entier, fait escale dans plusieurs villes d’Europe frappées par le terrorisme djihadiste. Comme Berlin, Bruxelles, Paris, Toulouse, Nice, pour y apporter un message de tolérance. Le 10 juillet 2017, ils se rendent à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans laquelle fut assassiné le Père Jacques Hamel.En 2019, il participe à Toulouse, aux « Résonances Francophones », où il est mon invité.

L’œuvre littéraire, immense, de Marek Halter a été traduite en plus de vingt langues et s’est vendue à des millions d’exemplaires à travers le monde. Il est à noter, que depuis plus de vingt ans, il explore dans des « romans-événements » la place des grandes figures féminines dans les religions monothéistes. Avec des titres comme : « Les Femmes de la BibleSarahTsipporaLilahMarie – La Reine de SabaLes Femmes de l’Islam –FatimaAïcha.

Il va connaître un immense succès avec son livre, « Où allons-nous mes amis? ». Ouvrage dans lequel,dès 2017, il appelle à l’apaisement et à la réconciliation dans une France toujours plus exposée aux tensions religieuses.

En 2019, paraît chez Robert Laffont : « Je rêvais de changer le monde – en 2020 :« Pourquoi les Juifs » – 2021 : « Un monde sans prophètes » – 2022 : « La Juive de Shanghai ».

Il est officier de la Légion d’honneur – Commandant de l’Ordre des Arts et des Lettres – Décoré à Moscou, au Kremlin, du prix « Fiddler on the Roof », par la Fédération des communautés juives de Russie.

Mais je ne peux clore cette présentation sans parler de la son épouse Clara, qui, a toujours été à ses côtés, à le soutenir, l’encourager, parfois même à le pousser à agir. Pas en reste, cette dernière, avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte, a réalisé. « Le Mur de la Paix », inauguré le 30 mars 2000, sur le Champ de Mars. Elle nous a quittés en 2017…

 

Trois pensées qui dépeignent bien Marek Halter :

« Quand je dis « faites-le » beaucoup s’imaginent qu’il suffit de vouloir, pour pouvoir. Ils oublient le troisième volet : le travail. Pour atteindre l’objectif que l’on se donne, il faut bien sûr entreprendre mais surtout travailler, multiplier les efforts, établir une stratégie ».

« Les murs se souviennent de la musique de nos rêves, et c’est ce qui rend fou les nazis, là-bas, en Pologne et en Ukraine. C’est pour ça qu’ils détruisent, détruisent, détruisent encore… Ça ne leur suffit pas, de massacrer les corps de tous les juifs du monde. Il leur faut aussi détruire nos murs pour ne plus entendre nos rêves »

« Nos pires ennemis n’avancent jamais sous le soleil à visage découvert. Ils ont trop peur et vont à la chasse en se dissimulant sous la peau d’un tigre, déjà tué ».

 

Oui, Marek Halter, rêve toujours et encore, de changer le monde.

Merci mon Frère…