25-10-04 Via Domitia PP Riquet

Séance solennelle d’Automne de l’Académie
Via Domitia Pierre-Paul Riquet

Abbaye de Sylvanès (4 octobre 2025)

par Maryse Carrier
Académie du Languedoc (52e fauteuil)

C’est dans le splendide cadre de l’Abbaye cistercienne de Sylvanès que s’est déroulée, lors du week-end du 4/5 octobre 2025, la Séance solennelle d’automne de l’Académie Via Domitia Pierre-Paul Riquet, dont le Secrétaire perpétuel Jean-Claude Nougaret, les membres et amis de l’Académie étaient accueillis par Michel Wolkowitsky, Directeur artistique de l’Abbaye, mais également maire de Sylvanès.

Quelques membres de l’Académie du Languedoc avaient répondu présents à l’aimable invitation de Jean-Claude Nougaret et s’étaient rendus dans cette petite commune de l’Aveyron située dans une vallée près de Millau.

L’ensemble de cette cérémonie s’inscrivit sous le signe du talent et de l’excellence, conjuguant remises de Prix et performances musicales après un fort agréable apéritif d’accueil gracieusement offert.

C’est dans le remarquable cadre de la Salle Capitulaire que le discours d’ouverture par Jean-Claude Nougaret, fondateur de l’Académie, fut suivi de « L’Automne » de Vivaldi, avant la remise des Prix :  

Le premier récipiendaire fut Michel Carrier, Président de l’Académie du Languedoc à Toulouse : il reçut le Titre de Président d’Honneur de la part de Jean-Claude Nougaret qui auparavant avait fait son éloge.

Yannick Moya, fondateur du chœur « Les Mâles au chœur de Tolosa », nous offrit ensuite quelques « Chants traditionnels catalans et occitans ».

Le Grand Prix de peinture fut attribué à Alain Fabre (nom de famille célèbre en Occitanie !), PDG de RAGT, entreprise éclectique très connue dans le monde rural ainsi qu’à l’étranger et dont l’ascension fut spectaculaire. La profonde amitié entre Pierre Soulages et Alain Fabre incita ce dernier à réaliser l’un de ses rêves, devenir peintre, car dit-t-il : « Etre chef d’entreprise n’est pas incompatible avec une activité artistique ». 

Monsieur Patrick Couffin, professeur d’occitan passionné lui aussi, investi dans la transmission de la langue et l’échange entre les générations, nous présenta ensuite une passionnante conférence sur le « Collectage des Traditions et Musiques occitanes ». Jean- Claude Nougaret lui remit le Grand Prix « Culture et Traditions 2025 ».

Intermède musical à nouveau avec le duo Alyane (contraction d’Alain et Aline !) qui nous offrit une sélection de chansons de qualité, signées Georges Brassens, Guy Béart, Françoise Hardy…

La poésie fut elle aussi à l’honneur sous la plume de Bénédicte Gendron avec un « Florilège de poèmes d’Automne » intimistes, fervents et profondément émouvants.

Puis vint Andreï Freidine, brillant professeur de clarinette au Conservatoire de Béziers, qui ravit l’auditoire avec sa « Clarinette dans tous ses éclats », nous interprétant entre autres la fameuse « Sonate pour clarinette » de Francis Poulenc, source d’éternelle et profonde méditation, l’une des dernières œuvres du compositeur.

Pour clôturer cette belle cérémonie matinale, le duo Alyane, Yannick Moya, Andreï Freidine et le chœur des Académiciens offrirent un Meli-Melo enjoué et passionné à un public déçu que cette matinée se termine déjà

Un déjeuner convivial pris dans le scriptorium fut vivement apprécié et l’après-midi sera en grande partie consacrée à une visite guidée de l’Abbaye :

Un jeune guide très compétent nous révéla la genèse de ce haut lieu de l’architecture cistercienne, depuis sa fondation en 1136 par le seigneur Pons de Léras (repenti et devenu convers) jusqu’aux heures sombres de la Révolution, qui mit à mal le magnifique cloître, la bâtisse étant même vendue à des Américains mais fort heureusement sauvée par Prosper Mérimée.

Le deuxième sauveur fut le Père dominicain André Gouzes (1943-2024), célèbre compositeur de chant liturgique, qui intercéda pour éviter la vente de ce chef-d’œuvre du patrimoine et qui fit appel à des bénévoles, parmi lesquels en 1975 Michel Wolkowitsky, chanteur lyrique, pédagogue de la voix, metteur en scène,  et surtout Directeur général et artistique du Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Sylvanès.

Cette Abbaye romane avec sa nef gigantesque, sa voûte en berceau brisé, son chevet plat impressionne toujours le visiteur, surpris par le grand orgue du 20e siècle, le plus grand d’Occitanie, avec ses quatre claviers, 4600 tuyaux et 59 jeux. Conçu selon les idées du grand compositeur Jean-Louis Florentz (1947-2004) et inauguré en 1997, il est doté d’une exceptionnelle acoustique sublimée par sa voûte en tuf édifiée par les Cisterciens !

Nous admirerons également les vingt-trois verrières incolores de l’église abbatiale, conçues en totale harmonie avec l’esprit du lieu, cistercien et sobre, ces œuvres étant dues en 2017 à l’artiste Jean-François Ferraton et au maître verrier Philippe Brissy.

 Mais les plaisirs spirituels, qui avaient dû faire place un instant aux plaisirs matériels avec un dîner servi à nouveau au scriptorium, vont être longuement entretenus durant la soirée :

Michel Wolkowitsky, dont l’investissement sans faille suscite toute notre admiration, va nous retracer l’historique de ce Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Sylvanès, fondé en 2015 : ce dernier offre tout au long de l’année des actions de formation dans le domaine de l’art vocal, de nombreuses rencontres culturelles, des actions de médiation et de sensibilisation en direction du jeune public sans oublier le remarquable Festival international de Musiques sacrées et de Musiques du Monde, créé en 1977 et qui jouit d’une renommée internationale.

Michel Wolkowitsky dédicacera ensuite longuement son livre « Sylvanès, l’aventure d’une vie », évoquant également un projet d’aménagement de l’Abbaye, financé par la Région Occitanie et les Fonds européens Feder, qui permettent d’espérer une inauguration en 2026 lors du 49ème Festival.

Après un concert piano et clarinette, seul ou en duo avec Yannick Moya ou Aline, brillamment accompagné par tous les merveilleux artistes que nous avions applaudis le matin même, Michel Wolkowitsky interprètera quelques célèbres chansons, d’Yves Montand entre autres.

 Le lendemain matin, dimanche 5 octobre, est consacré à la visite de « l’Eglise russe  orthodoxe… en bois », construite en Russie, qui grâce à un mécénat SNCF fut transportée en 1993 jusqu’à  Sylvanès à la demande du Père Gouzes.

C’est ainsi que Sylvanès, haut lieu de Culture, d’Art et de Spiritualité, devint  au fil du temps un centre culturel et spirituel à forte dimension œcuménique.

Toutes nos félicitations et un grand merci aux organisateurs de cette belle cérémonie !

Photographies de Maryse Carrier et ?