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L’art d’être grands-parents

L’art d’être grands-parents

par Robert MOSNIER

Parcourir un temps long avec deux petits enfants âgés de neuf et cinq ans est un défi permanent aux lois de la pesanteur, descente des escaliers sur trois étages sur le postérieur, impératif de rappels, voix éraillées, oublis permanents imposant efforts salutaires de mémoire.

            C’est une vigilance de chaque instant, une surveillance laissant place à l’initiative, un contrôle bienveillant des leçons et devoirs, un espace de jeux où l’imaginaire s’enrichit de la réflexion, une temporalité stricte : horaires réglés au métronome.

            Ajoutez à cela des transports multiples où en voiture le slalom est de rigueur, les vélos avec ou sans cabine se déplacent dans tous les sens même interdits et des piétons sur des trottoirs étroits encombrés de poussettes.

La communication est singulière, la transparence et l’absence de retenue donnent une saveur particulière aux échanges, nos repères d’antan sont bousculés et l’on passe pour des dinosaures , nos affirmations sur la vie d’autrefois leur paraissent exagérées proches de la galéjade.

            Il n’y avait ni mobile ni ordinateur, un seul programme à la télé. Comment croire de telles inepties ?

            La tenue à table, les coudes éloignés du corps, les jambes pendantes ou repliées sur la chaise nécessitent des remarques sans bouderie mais répétées. Ils sont très gentils, veulent aider ou faire par eux-mêmes bien plus adroits et avertis que nous l’étions enfant.

Ils sont exposés très jeunes à l’instabilité de leur environnement  à une certaine obligation de réussite.  Que devient le temps de l’innocence?

            Le romantisme survit malgré un climat de violence, les mangas ou bandes dessinées de super-héros inscrivent des fixations où le réel côtoie l’imaginaire. Les images très mobiles traduisent leur appétence et leur déception à ne pouvoir tout saisir en l’instant, conférant à l’immédiateté sa prééminence.

                        Les questions sociétales dont nos Parents nous préservaient abondent. Certes,la petite fille ne nait pas dans les roses, son frère dans les choux, mais souvent par piqûre. L’amour de deux êtres, leur désir d’enfant peut se résoudre de différentes manières, surtout si le masculin ,complice d’agression est à redouter.

                        Une Maman célibataire, par conviction, a eu trois petites filles épanouies ,bien élevées, un Mari ou un Compagnon est il indispensable ?

                        Epineuse question et renvoi à la position de ma petite fille vis à vis de son Père et du manque d’identification dans de telles situations!

                        La pauvreté partout présente est utilisée en terme de pitié et de culpabilité et non de dignité, témoins privilégiés, les enfants se doivent d’y remédier par des sacrifices imposés, oublieux du don de gratuité.

                        Les contes d’antan les ravissent, tout autant que le fantastique ou le magique qui altèrent la réalité.

                        Dans ce Monde du numérique où tout se vaut et s’efface, le relativisme triomphe, autrui n’est pas adversaire ou complice selon les circonstances mais un être original auquel s’applique la bienveillance sans naïveté certes mais avec confiance.

                        L’éducation se doit de respecter les âges, le degré de maturation de chaque enfant.

Nous tentons comme grands-parents d’apporter le sens de la durée, de la continuité propre à l’histoire, du respect des différences, mais aussi d’une dimension de l’invisible qui rapproche de l’absolu, éloigne de tout dogmatisme.

                                                                                              Robert Mosnier

 

16-09-25 Jean MISTLER

ACADEMIE DU LANGUEDOC

COMMUNICATION

L’ACADEMICIEN JEAN MISTLER

Déjeuner mensuel du mardi 16. 09. 25 au restaurant les Arcades Toulouse

Par JF. Gourdou secrétaire perpétuel

A l’occasion du prochain prix de littérature de la séance solennelle du mercredi 8 octobre 2025 au Conseil régional d’Occitanie à Toulouse à l’invitation de la présidente Carole Delga nous attribuerons le prix Jean Mistler, un de nos différents prix littéraires que nous n’avions pas décerné depuis quelques temps.

Aussi pour cette belle opportunité, j’ai le plaisir et l’honneur de vous préciser la raison du choix de ce prix, et de vous rappeler la biographie de Jean Mistler.

En effet Jean Mistler a été un des cofondateur de l’Académie du Languedoc en 1965 , un des premiers président d’honneur de l’Académie du Languedoc avec  André Chamson déjà  membre de l’Académie Française au 15e fauteuil le 17 mai 1956, car tous deux étaient de grands languedociens de Paris et tous deux membres de l’Académie Française dont aussi par la suite Jean Mistler nommé le 13 avril 1967, qui fut ensuite secrétaire perpétuel de l’Académie Française de 1973 jusqu en 1985 .

Tous deux furent les parrains d’Ange Gilles puis d’Ernest Georges Lannes pour inspirer et  créer en 1965  l’Académie du Languedoc à la fois à Paris et à Toulouse un peu à l’image de l’Académie Française. Ange Gilles avait reçu le grand prix littéraire annuel de la langue Française de l’Académie Française en 1961.

Voyons maintenant la biographie de Jean Mistler qui fut un grand homme politique et  aussi un  très grand écrivain.

Celui-ci est né le 1septembre 1897 à Sorèze dans le Tarn sud, petite ville célèbre pour son abbaye école militaire remontant au 17e siècle.

Son nom nordique surprend pour un méridional. En effet, son grand père  était natif d’Alsace et il l’avait quittée après l’annexion, allemande en 1871 pour s’installer à Sorèze  où ses parents furent musicien de l’école privée.

Etudes

Jean Mistler fut ainsi élève de cette école dite de Sorèze puis, en tant qu’élève  plutôt très doué, il termina ses études au lycée Henry IV de Paris

 Mais il y eut la guerre de 1914-1918 pour là qu’elle il fut mobilisé. Il devint lieutenant dans l’artillerie et termina cette douloureuse guerre heureusement sauf.

 En 1919 il fut admis à « normale sup » soit la célèbre école normale supérieure de Paris et ensuite  il fut reçu major à l’agrégation de lettres de Paris.

Curieusement au lieu d’opter pour le professorat il choisit le ministère des affaires étrangères et fut nommé attaché culturel en Hongrie où il fut toutefois professeur de lettres françaises à l’université de Budapest. Puis en  1925 il revint en France au Quai d’Orsay où il fut nommé au service des œuvres culturelles.

En  1928 début de sa carrière politique.  Il va alors  militer au parti radical socialiste RRRS et fera un retour chez lui dans le sud.

Sur le plan régional il sera élu député de l’AUDE du 1 juin 1928 au 31 mai 1942 soit 3 fois élu pendant 14 ans.  Il sera président de la commission des affaires étrangères des députés.
Il sera aussi conseiller général de l’AUDE Canton de Castelnaudary nord  soit pendant 9 ans de 1931 à 1940  et encore Maire de Castelnaudary de 1935 à 1942.

En tant qu’homme politique très parisien il sera nommé dans plusieurs gouvernements

1932-1933 Sous-secrétaire d’état à l’éducation nationale chargé des beaux-arts des gouvernements Herriot 3 en 1932 (6 mois), puis de Paul Boncour en 1933 (6 mois), puis (1 mois).

1933 -1934 Ministre des postes et télécommunications du gouvernement Sarraut 1, (3 mois).

1934  Ministre du Commerce et de l’industrie du gouvernement Daladier, (10 jours).

Il crée aussi à l’époque à Paris  en tant que mélomane l’ orchestre national de la radiodiffusion française ancêtre de l’orchestre national de France.

1940 le 10 juillet en tant que président de la commission du suffrage universel de  la chambre des députés présente à Vichy les pleins pouvoir au maréchal  Pétain.

1942 Arrêt de sa vie politique, démission de tous ses mandats.

Carrière littéraire
Celle-ci débutera en 1925 et se terminera en 1984 avec 41 ouvrages dont :

1925 châteaux en Bavière
1926 madame de Staël et Maurice o ‘Donnell
1932 la maison de docteur Cliffton
1943 Roger Chastel Séquane
1945 la femme nue et le veau d’or
1948 Choderlos de Laclos
1950 Hoffman le fantastique
 1960 à Bayreuth
1964 Le bout du monde sa montagne noire
1971 la route des étangs 
1975 gare de l’Est 
1981 sous la coupole 
1984 le jeune homme qui rode…

En 1945 Carrière administrative à Paris
Codirecteur des éditions du rocher
Secrétaire général puis président de la maison du livre Français
1964 -1969 Directeur du département de littérature générale de la librairie Hachette journaliste ,chroniques et critiques littéraires et musicales dans le journal l’Aurore

1966 L’Académie Française

Jean Mistler sera élu à l’Académie Française le 2 juin 1966 au14e fauteuil de Robert d’Harcourt et sera reçu le 13 avril 1967 par Marcel Brion
1973     15 novembre, élection secrétaire perpétuel après la démission de Maurice Genevoix 1985 Démission pour raisons de Santé

Décès  le 14 novembre 1988 à Thaïs (région parisienne) à 91 ans
inhumation au cimetière dans le caveau de sa famille maternelle Auriol.

Nous voyons bien la très belle carrière de jean Mistler qui fut un des très grand parrain
co- fondateur de notre Académie du Languedoc.

J’ai eu l’honneur et le plaisir de le connaitre avec mon oncle le sculpteur Georges Guiraud lui aussi co- fondateur de notre Académie , avant  mon installation à l’Académie  du Languedoc  en 1987 et par la suite nous  évoquions souvent son souvenir avec notre confrère Albert Mamy alors maire de Sorèze, en particulier lors d’une séance solennelle de notre Académie à Sorèze le 26.06.2009,  puis le 14 .09 .2023 lors de la cérémonie du don de son uniforme et de son épée d’Académicien à la mairie pour le musée de l’école par son petit fils Laurent Lafosse et de l’installation le 14. 09. 2024 de son buste dans la salle des illustres de l’école de Sorèze. J’invite tous nos Académiciens du Languedoc à une belle visite du musée de l’école de Sorèze.

Souvenons-nous de Jean Mistler un de nos plus brillant Président d’honneur.

  1. Gourdou

10-07-2025 Prix Peyre GOUDOULIN

VIIe Retrobailhas academicas de l’estiu
10-07-2025

Prix de poésie Peyre GOIDOULIN
attribué à Paulina KAMAKINE
Présentation par Sébastien LANGLOYS

Chère Pauline Kamakine, vous êtes née en 1989 à Toulouse, où vous avez étudié les langues au point d’en être devenue experte !

Anglais, espagnol, portugais, grec, suédois, néerlandais, roumain, allemand, italien et enfin russe pour renouer avec vos racines familiales.

Vous êtes une authentique linguiste, et une autre de vos qualités, saluée par cette assemblée, c’est votre travail sur une autre langue que vous pratiquez à la perfection : Le gascon.

Vous obtiendrez en 2014 un Master II trilingue Sciences Humaines et Sociales.

Vous vous intéressez au Patrimoine culturel, naturel et immatériel, et c’est tout naturellement que votre vie s’oriente vers la Langue d’Oc. Votre travail poético-littéraire débute avec l’isolecte de Rivière-Basse, le bigourdan, dont vous héritez par transmission familiale : « la langue du cœur ».

Un premier poème en graphie fébusienne est retenu et publié dans la revue Mic Romania dirigée par le Comité belge du Bureau européen pour les Langues moins répandues.

Au fil des années, vous écrivez sans relâche « dès que la muse s’avance ». À partir de l’année 2015, vos poèmes commencent à être remarqués et plus d’une dizaine de prix littéraires vous sont par la suite décernés notamment en italie, en Béarne et à paris.

Vous consacrez votre temps à la lecture, à l’écriture, à la poésie, ainsi qu’à l’étude des variantes dialectales occitanes. Outre vos poèmes, qui sont traduits en basque, italien, alsacien, catalan, portuguais et franco-provençal, vous écrivez aussi des contes pour enfants, des nouvelles et de la prose poétique.

Vos premières grandes publications voient le jour en 2020-2021 : Lou Petìt Ausèth prend son envol ! Vous nous proposez un univers poétique dans lequel votre amour pour la dialectologie romane se révèle plus fort que jamais. Votre Anthologie en est d’ailleurs le reflet : 76 poétesses contemporaines rassemblées en deux tomes, respectant la variante dialectale de chacune. Vous dites : « Je suis passionnée par l’écriture poétique occitane, nous avons vraiment un grand trésor à partager avec le monde ! ». Le tome 2 arrive ! vous pouvez le commander. Vous y verrez sur la couverture une très belle œuvre de Sylvie Abadi bastide. Le tome 1 à été également réédité avec Sylvie à l’honneur.

C’est avant tout votre désir d’animer la reviscolada poético féminine du vingtième-et-unième siècle qui a donné naissance à cet ouvrage qui retrace la vie littéraire et expose les poèmes les plus représentatifs des poétesses occitanes. Les années à venir verront la parution de 3 autres tomes venant compléter cette œuvre en regroupant 200 poétesses sorties grâce à vous de l’ombre et de l’oubli, soulignant ainsi votre incroyable travail d’anthologiste. Ils seront à chaque fois accompagné d’un très beau portrait de femme, réalisé par Sylvie abadi bastide, notre peintre de l’académie.

Vous traduisez également de nombreuses œuvres en langue d’oc, afin de porter la langue à son plus haut degré d’expression et d’inspiration. Ce fut le cas pour l’œuvre de Rainer Maria Rilke qui est pour vous une source intarissable de beauté et d’émerveillement.

Vous voyagez régulièrement en Europe et sillonnez l’Occitanie, de la Côte Atlantique à l’Isère en passant par l’Aude et la Bigorre.

Vous êtes une écrivaine voyageuse bigourdano-carcassonnaise » qui ne délaisse jamais ses paysages audois, bigourdans et landais (La Canau), où vous passez une grande partie de votre vie.

Sensible, votre style littéraire se décline en poèmes courts, d’expression lyrique, traduisant souvent un sentiment fort, un enracinement profond et sincère pour votre pays d’oc. Vos écrits fleurissent dans divers ouvrages et revues de différents pays.

Vous écrivez également des livres poétiques pour enfants, pour la transmission de la langue afin d’éveiller leur âme aux subtilités des sons et de la mélodie des mots.

Vous êtes conviée à de nombreux événements afin d’animer des lectures poétiques pour inonder le monde de poèmes, votre plus grand rêve.

Depuis quelque temps, vous venez d’ajouter une nouvelle corde à votre arc de l’art. Vous trouvez des mélodies, mettez en chanson vos textes, et parcourez les festivals pour partager cette nouvelle passion que vous avez trouvé dans la chanson. Vous devenez une nouvelle référence dans le monde de la poésie occitane chantée. Et votre voix est céleste.

Vous dites : « La musique permet à l’âme de s’envoler et aux mots de rejoindre les contrées les plus proches du cœur – l’Art Littéraire et l’Art Poétique qui se rencontrent en musique sont la parole qui manque au monde – il faut qu’elle lui soit d’urgence restituée. »

Vous sublimez la poésie Gasconne, dans laquelle vous faites apparaître la forêt des Landes et l’océan qui nous appelle, vous donnez vie à l’Adour et à la rivière basse qui ont eu la chance de vous voir naître. Vous faites grandir Cailhavel, où votre demeure devient celle de l’art et des artistes que vous réunissez pour garder éternellement vivante cette langue, pour que vive l’âme Gasconne en vous à travers vos textes et votre énergie de création.

Que le silence se nourrisse de vos mots pour faire jaillir la poésie partout où l’on trouve les amoureux de la langue.

Vous êtes depuis peu maîtresse ès jeux floraux, et c’est avec un grand honneur que nous vous remettons aujourd’hui le prix Peyre Goudouli pour l’ensemble de votre œuvre déjà incroyablement riche.

Je vous donne la parole pour que vous nous parliez un peu de vos actualités, vous étiez hier soir en duo musical près de Bordeaux sur scène avec Esteban Deos. Vous faites réapparaître la langue gasconne, et vous préparez d’ailleurs un nouveau CD de fado gascon (a manège). J’en profite pour saluer également votre premier CD,  Hilha de Gasconha, fille de Gascogne, saluée récemment par l’académie des jeux floraux, et vous nous parlerez aussi de votre nouveau recueil quadrilingue, l’autre demeure, dont je vous apporte aujourd’hui, c’est une surprise les premiers exemplaires.

Je vous donne la parole.

10-07-2025 Prix Henri Martin

VIIe Retrobailhas academicas de l’estiu
10-07-2025

Prix de peinture Henri MARTIN
attribué à Julie d’ARAGON
Présentation par Patrice de VIGUERIE

 

Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Monsieur le Président,
Monsieur le Vice -Président,
Monsieur le Secrétaire Général,
Monsieur Francis CASSIN, notre hôte,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

J’ai l’honneur d’accueillir Madame Julie d’ARAGON.

L’Académie du Languedoc vous a attribué le prix HENRI MARTIN, prix prestigieux de peinture, pour vos œuvres.

Madame

Votre famille est implantée dans le Tarn depuis deux siècles et a donné à ce département, un Président du conseil général, et deux députés du Tarn. Vos parents souhaitaient que vous repreniez l’exploitation agricole familiale ce qui vous a dirigé naturellement vers l’école supérieur d’agriculture de Purpan d’où vous êtes ressortie avec un diplôme d’ingénieur.

Mais votre violon d’Ingres était tout autre,

En effet, Enfant, vous avez commencé avec un premier coup de crayon, le trait était sûr et précis, ce fut le premier dessin, suivit de nombreux autres, puis des croquis dans des carnets de voyage qui vous accompagnaient, suivi de quelques aquarelles pour saisir l’instant et l’atmosphère d’un paysage, enfin la noblesse de la peinture à l’huile. Sur des formats de toiles ô combien différents.

D’abord poser la perspective sur la toile, puis faire naitre les formes, leur donner vie avec les couleurs, marquer les ombres, enfin avec du plus clair ou du blanc accrocher la lumière.

Ce fut ensuite vos premières expositions. Puis plus récemment l’intérêt de galeristes d’art pour vos toiles avec en 2018 Bordeaux puis Madrid.

En 2019 Albi avec la Galerie Castel ’Art et aussi Paris à l’ETHIEA

En 2020 à nouveau Bordeaux à la Halle des Chartrons

Puis en 2021 Saint-Flour à la Galerie Duo et à Coutras au centre culturel Maurice Druon

Enfin en 2023 Toulouse sur le thème de « l’art pour l’espoir », Toulouse où vous avez votre atelier au numéro 3 de la rue des Paradoux.

Atelier rempli d’œuvres. Je me suis arrêté devant la magnifique toile d’un paysage du Lauragais, ou peut-être du Gers. Mon ressenti a été celle d’une très chaude journée d’été de mon enfance, vous savez quand la chaleur est accablante, une sieste s’impose alors dans la méridienne de cette maison de campagne. Derrière la pénombre des persiennes entrouvertes, j’entends le chant incessant des cigales, le sifflement des hirondelles qui tournent, au loin la cloche du village puis un coucou, enfin les pas sur le gravier d’une personne qui s’éloigne lentement. Je tombe dans les bras d’orphée. C’est vrai que chacun lit, la toile d’un artiste, avec son vécu, ses souvenirs, son inné, son acquis.

Exposition également à Bordeaux au cours Malby sur le thème des « Mondes enchantés »

Mais votre coup de cœur est certainement pour Rome et l’Italie où vous retournez chaque année pour vous ressourcer.

En 2024 vous avez présenté vos toiles à la galerie Di Asenci au cœur du quartier Trastevere à Rome sans oublier d’aller jeter une pièce de monnaie dans la Fontaine de Trévi.

Mais votre cœur était aussi ouvert cette année-là au profit de l’association « Solidarité Ariège Burundi » pour aider l’Afrique en ouvrant votre atelier pour cette cause au côté de Sylvie de Blay.

                      

Ainsi à travers le beau, il a la toujours la recherche de la vérité, quel que soit l’art. Même chez les surréalistes tel que Savador Dali, Matisse, Derain, Braque, Picasso.

Pablo Picasso disait, je le cite, « que l’art est un mensonge qui nous permet de dévoiler la vérité »

Là, se place les arts de l’esprit, tel que le dessin, la sculpture, et bien sûr, il y a la peinture, avec les sept couleurs de l’arc en ciel. Il y a aussi la musique, avec les sept notes de la gamme, le chiffre sept étant le chiffre de la création et celui de la puissance artistique du créateur.

Dans les arts, le créateur de l’œuvre, trouvera toujours une consolation et une élévation de l’esprit, car il y rencontre, le réel, le vrai, le beau, l’aimable, le bien. L’artiste ouvre son cœur et nous fait partager son émotion et ses sentiments.

Nous trouverons dans l’œuvre de Madame d’ARAGON la réalisation de ces vues élevées, imprégnée de l’esprit et des traditions de notre terre occitane

En regardant ces toiles, c’est un baume d’immortalité qui nous atteint, elles sont pleines d’énergie et d’inspiration pour nos besoins présent et à venir.

Je conclurai en disant que :

L ETERNITE NE SERA PAS DE TROP POUR CONTINUER A ADMIRER CES COULEURS MAGIFIQUES,
GARDONS LES EN MEMOIRE,
CAR LES JOURS S’ENFUIENT DANS L’OMBRE…
ET LES JOURS DISPARRAISSENT…

Je vous remercie.

10-07-2025 Prix Jean Dieuzaide

VIIe Retrobailhas academicas de l’estiu
10-07-2025

Prix Jean DIEUZAIDE
attribué à Julie COUSSE
Présentation par François-Régis GASTOU

 

 

Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Académiciens et Membres Associés
Mesdames et Messieurs
Mademoiselle Julie,

 

C’est avec un grand plaisir que je vous parlerai aujourd’hui de cette jeune artiste dont le talent s’est révélé dans le domaine de la photographie d’Art.

L’Académie du Languedoc a décidé de vous décerner, Julie COUSSE, le Prix de Photographie Jean Dieuzaide, dit Yan photographe Toulousain bien connu, dont les œuvres, comme vous le savez, sont une référence sur le plan national.

Je me permets de vous rappeler que les débuts artistiques de Jean DIEUZAIDE, jeune photographe dans les années 40, ont été réalisés avec des moyens techniques simples. C’était une époque où les grands et longs appareils munis de téléobjectifs et les boites photographiques n’étaient pas aussi perfectionnés. Nous avons bien connu cette période d’après-guerre où de jeunes photographes toulousains ont été attirés par ce nouveau mode d’expression qui s’est très vite vulgarisé par la suite. Pour l’anecdote, je dirai que certains d’entre eux se sont retrouvés dans des situations improbables afin de saisir l’instant primordial. Je pense notamment à l’exploit de Yan qui, perché sur le dos d’un acrobate, a photographié le mariage d’un couple de funambules sur un fil tendu à une hauteur de 22 mètres au-dessus de la place du Capitole…Plus de 20.000 toulousains ont admiré cet exercice saisi par le photographe dans des conditions plutôt périlleuses. C’était le samedi  22 mai 1954 que l’abbé Roger Simon renommé « l’abbé volant ». leur donna la bénédiction.

Cependant Julie, je vous rassure le métier de photographe n’est pas un métier d’acrobate mais avant tout un métier d’artiste et de passion qui révèle votre sensibilité à la beauté. Vous n’êtes pas seulement la technicienne de l’image vous avez aussi le regard esthétique pour fixer la meilleure lumière et rechercher l’instant de poésie.

Je me permets de citer ici une phrase de Roland Barthès critique littéraire et sémiologue du XXème siècle qui écrivait : « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois »

Vos photographies sont des instants uniques, elles nous confrontent à un lieu , un objet  un personnage ou autre mais nous entrainent toujours vers l’infini.

Votre parcours universitaire vous honore, vous avez en 2017 obtenu votre baccalauréat et BEP professionnel Artisanat et métier d’art communication visuelle pluri media au Lycée ND à Castres. Puis vous avez en 2019 obtenu votre BEP photographe à ETPA de Toulouse et en 2023 vous décrochez un Bac + 3 Community manager à l’Institut de Formation Commerciale Permanente (IFOCOP) à Paris.

Depuis, vous avez pris la décision de vous destiner à la communication visuelle avec comme compagnon préféré, votre appareil photographique. Votre objectif capte avec un œil averti ce qui ne peut être dit avec des mots.

Malgré votre jeune carrière, vous avez déjà un panel de clients très important : dont certaines  marques de vêtements, les restaurants Ocxalis à Lautrec ou le Victoria à Castres, BMV communication, séminaire du groupe Cailleau à Cannes. Et plus de 300 clients à Toulouse ou Castres notamment vous sont toujours fidèles.

Vous vous distinguez également sur le plan international pour la marque Séphora à San Francisco et pour la marque Samsung. Vous êtes aussi ambassadrice du réseau les cafés Business basé à Toulouse et vous avez intégré le réseau BNI Artis à Muret

Merci Julie pour votre regard esthétique lié à votre grande sensibilité intérieure.

Nous savons que votre carrière artistique ne fait que commencer et qu’elle marquera très sûrement notre époque.

L’Académie du Languedoc, fidèle à sa mission de valorisation des talents, est fière aujourd’hui de vous remettre ce prix de Photographie Jean Dieuzaide Yan 2025 qui représente à la fois la reconnaissance de votre expérience mais aussi un encouragement pour votre futur parcours professionnel.

Au nom de notre Compagnie, je vous adresse mes plus vives félicitations et tous mes plus sincères compliments.

J’ajouterai que votre grand-père, Henri, ancien président très apprécié de l’Académie du Languedoc est très fier de vous et nous le comprenons.

Merci Julie.

 

François-Régis GASTOU

Secrétaire Général de l’Académie du Languedoc
Allocution du jeudi 10 juillet 2025
Séance solennelle Champêtre d’Eté
A Borde-Blanque à St Jory

10-07-2025 Prix Gabriel FAURE

VIIe Retrobailhas academicas de l’estiu
10-07-2025

Prix Gabriel FAURE
attribué à Gilbert CLAMENS
Présentation par Louis GALTIE

« Les voyages forment la jeunesse » aurait dit Montaigne ou plus exactement « Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui « .C’est ce qui s’est passé, restons humbles, entre Gilbert Clamens ,son épouse Brigitte et nous deux lors d’un voyage organisé au pays des légendes ,des monstres, des cornemuses et d’une boisson revigorante bien connue.

    Nous avons donc apprécié dans cette rude mais fraternelle atmosphère où »la musique adoucit les mœurs » les qualités profondes liant Gilbert et la guitare classique.

    Je ne pourrai citer maintenant toute la richesse du curriculum vitae musical de Gilbert Clamens . Voici cependant les points forts de cette biographie d’artiste.

Gilbert est né à Moissac en 1953. Une parution du grand John Williams  à la télévision lorsqu’il était à peine adolescent décide instantanément de son choix pour les cordes pincées du bel instrument .   Ses études au Conservatoire de Toulouse et ses stages internationaux l’ont amené au 1er Prix de guitare et à la qualification de professeur certifié de guitare .Lauréat du concours international de Composition d’Alessandria en Italie, membre de la Fédération Mondiale des Concours internationaux de musique ,le catalogue de Gilbert compte plus de 60 œuvres éclectiques (courts métrages ,théâtre ,CD ,radio FM , ….) éditées au Québec, en Italie , et en France .

Parmi ces créations il faut noter « Candella »inspirée  par l’Amour Sorcier de Manuel de Falla et le Boléro de Ravel . Soliste Gilbert se produit en duo avec la soprano Magali Leger ou avec son propre fils Aurélien .En concert il a été dirigé par des chefs prestigieux dont Michel Plasson ,Philippe Jordan, Stéphane Cardon ,Fayçal Karoui (en particulier pour le concerto D’Aranjuez !)

    En résumé en parlant de façon triviale Gilbert Clamens est une pointure !!!

L’Académie du Languedoc a tout naturellement décidé de lui décerner le prix Gabriel Fauré 2025.

    Gabriel Fauré est une de nos grandes gloires nationales et mondiales Il est la gloire éternelle de Pamiers où il naquit en 1845.Directeur du conservatoire de Paris, membre de l’ institut, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, il reçut des funérailles nationales dans l’Eglise de la Madeleine à Paris .

    De façon très modeste et peut être trop personnelle je souhaite citer le concours 1957 des écoles normales d’instituteurs. Ce concours comportait une épreuve de chant qui comprenait 2 morceaux obligatoires. L’un deux, sur des paroles de Sully Prudhome, était la mélodie de Fauré qui nous saisit toujours autant : Le long du quai …

            Le long du quai les grands vaisseaux

            Que la houle incline en silence

            Ne prennent pas garde aux berceaux

            Que la main des femmes balance.

            Mais viendra le jour des adieux

            Car il faut que les femmes pleurent

         Et que les hommes curieux

         Tentent les horizons qui leurrent.

         Et ce jour-là les grands vaisseaux

         Fuyant le port qui diminue

        Sentent leur masse retenue

          Par l’âme des lointains berceaux.

 

Félicitations et merci d’être parmi nous aujourd’hui.

10-07-2025 Accueil par le Secrétaire perpétuel

Accueil par le Secrétaire perpétuel
Jean-François GOURDOU

Jeudi 10 juillet 2025

Domaine Borde-Blanque à Saint-Jory

 

Chères académiciennes, chers académiciens, chers amis de l’académie du Languedoc

Très heureux, félicitations de vous voir aussi nombreux, 94 inscriptions, un record

               Nous sommes aujourd’hui réunis pour notre VII retrobailhas d ‘estiu

 Les premières ayant eu lieu  au château de la Cassagnére au temps de José Badie et d’André Gastou.

       Aujourd’hui, autre lieu, nous sommes donc invités pour la 2 e fois  au château Cassin chez notre confrère académicien Francis Cassin dans cette magnifique propriété de Borde Blanque au bord de ce superbe lac. Cette grande maison est très ancienne remontant au 16e siècle entièrement restauré par Francis Cassin avec ses colonnades intérieures  et ce grand préau au poutres séculaires. En fait Francis habite à Saint Sauveur mais ici c’est sa résidence secondaire son  ermitage, son refuge, son relais de chasse car il est un grand chasseur en France et dans le monde, enfin c’ est   son paradis.

             Nous sommes encore cette année 2025 dans le soixantième anniversaire de la création de notre Académie du Languedoc. Celle-ci fut donc crée à Paris au Sénat et dans le même temps à Toulouse .

A l’occasion de la réédition de notre 4e annuaire historique, que vous pouvez acquérir aujourd’hui, j’ai approfondi l’histoire de l’origine de notre académie.

L’académie du Languedoc a  été créé en 1965 par Monsieur Ange Gilles, notable homme de lettres et du début de la télévision de Paris, natif bien sûr du grand Languedoc à Aubagne, qui en eut l’idée car  il avait  reçu en 1961 le grand prix et la médaille de l’Académie Française  par son ami le célèbre Académicien André Chamson originaire aussi du Languedoc.

Aussi ils créèrent une académie qu’ils nommèrent Académie du Languedoc car elle regroupait des célébrités parisiennes dont Ernest George Lannes qui lui succéda rapidement et des membres de l’association Toulousaine des Toulousains de Paris, originaires du Languedoc.

Comme je le dit souvent notre académie du Languedoc perpétue donc les traditions académiques de l’Académie Française de 1635 et plus anciennement de l’académie de Platon à Athènes au 3e siècle avant JC dont le nom provient par francisation du célèbre général héros grec Akademos, sauveur d’Athénes, au 5e siècle avant JC.

Revenons maintenant à aujourd’hui 10juillet 2025. Nous allons honorer plusieurs personnes de qualité et de talent du Languedoc, selon nos buts et traditions, en premier madame Francoise Ampoulange, conseillère municipale de Toulouse, celle ci sera installée académicienne membre d’honneur, par son parrain l’académicien  Pierre Perez et nous décernerons ensuite 4 prix pendant notre grand déjeuner banquet.

Mais tout d’abord nous voulons honorer et remercier notre hôte Francis Cassin en lui décernant notre belle médaille de l’ordre latin de l’Académie du Languedoc.

Cher Francis je vais préciser à notre compagnie vos  grades, qualités et mérites, qui sont nombreux.

Natif le 3 mai 1941 à Toulouse d’une famille de Saint Sauveur en  Haute Garonne, d ‘origine italienne, vous vous êtes marié avec Irène Polato et êtes père de 2 fils Patrick et Nicolas.

Après un retour familial en Italie ou vous avez fait vos études primaires, puis un nouveau  retour en France à 13 ans avec vos 3 frères et 2 sœurs, vous avez pendant votre adolescence travaillé dans l’exploitation familiale à St Sauveur.

Puis c’était l’époque du service militaire et de la guerre d’Algérie, vous serez militaire, affecté à 20 ans pendant 2 ans en 1961 et 1962, dans l’est de Algérie à l’oasis de Biskra. Vous serez honoré de plusieurs médailles militaires  et vous deviendrez  membre de la FNACA.

En 1963 de retour en France vous vous  lancez  avec succès dans la création d’une entreprise de bâtiments en débutant par construire peu à peu la moitié des maisons de votre  village de Saint-Sauveur,  puis vous allez créer 4 sociétés prospères.  

1983 société Cassin Travaux publics, voirie, Bâtiments,

2 1993 société Cassin demolitions et recyclage .    2007société Cassin  usine de valorisation des matériaux recyclés dont le béton.  

3 2015 société Cassin désamiantage démolition      

4 2016 société Cassin création de bâtiments et rénovations

Soit au total le Groupe F.Cassin et Associés, a 57 ans d’activités et 250 collaborateurs.                    

Magnifique réussite, Félicitations.

Enfin, le 19 novembre 2021, installation membre associé de l’Académie du Languedoc par l Académicien Jean-Claude Mamar, lors de la soirée de gala dans l’amphithéâtre et le salon opéra de l’hôtel Palladia.

Aussi mon cher Francis vous avez bien mérité la médaille de l’ordre latin de notre Académie du Languedoc, félicitations, recevez  votre  médaille et son diplôme.

Applaudissons Francis Cassin  le nouveau médaillé de l’Ordre Latin de l’Académie du Languedoc.

 

10-07-2025 Domaine CASSIN

VIIe Retrobailhas academicas d’estiu

10 juillet 2025

Domaine de Borde-Blanque

 

Montage vidéo réalisé par Nadine et Michel PORTOLA

Ouverture et réception des invités par le Secrétaire  général Jean-François GOURDOU

Membre d’Honneur : Présentation de Madame Françoise AMPOULANGE par Pierre PEREZ (38e fauteuil)

Prix de Poésie Peyre Goudoulin à Paulina KAMAKINE présentée par Sébastien LANGLOYS (5e fauteuil)

Prix de photographie Jean Dieuzaide à Julie COUSSE présentée par François-Régis GASTOU (54e fauteuil) Secrétaire général

Prix de peinture Henri Martin à Julie DARAGON présentée par Patrice de VIGUERIE (2e fauteuil)

Prix de musique Gabriel Fauré à Gilbert CLAMENS présenté par Louis GALTIE (17e fauteuil)

Remerciements et fin de cérémonie par le Président Michel CARRIER (33e fauteuil)

 

17-06-2025 CAUSES ET CONSEQUENCES DE LA GUERRE DE TROIE

CAUSES ET CONSEQUENCES DE LA GUERRE DE TROIE

par Emile PENA Membre associé

Lorsqu’on évoque la guerre de Troie, on pense évidemment à Homère qui l’a chantée dans l’Iliade et l’Odyssée. Cependant ce grand poète a relaté la dernière année d’une guerre qui a duré dix ans et dont les préparatifs ont requis plusieurs années également.

Comment tout cela a-t-il commencé ?

Cela débute par un banquet. C’est celui des noces de Pélée, le roi des Myrmidons, et de la néréide Thétis. En effet Thétis est l’une des filles de Nérée, l’un des dieux de la mer. De son côté, Pélée est le petit-fils du grand Zeus, le dieu des dieux. Il s’agit donc d’un mariage très important et l’on a convié tous les dieux et toutes les déesses de l’Olympe.

Toutes ? Non pas. On a oublié d’inviter une déesse et, par malchance, cette déesse, c’est Eris, la Discorde. Celle-ci va se présenter devant l’immense table dressée pour accueillir les mariés et les divinités et elle va lancer sur cette table une pomme en or sur laquelle sont gravés les mots « à la plus belle ».

Aussitôt, trois déesses vont se disputer cette pomme : Héra, l’épouse du grand Zeus, Athéna, guerrière et parée de toutes les vertus et enfin Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté. Comment faire pour départager ces trois divinités ?

Zeus lui-même est ennuyé, ne voulant déplaire ni à son épouse, ni à ses filles. Il a donc une idée et propose que la pomme soit décernée par une main innocente.

Pour trouver cette dernière, il faudra battre la campagne aux alentours. Et l’on va trouver un jeune berger qui garde ses moutons. On l’amène devant Zeus qui lui explique ce qu’on attende lui. Ce berger qui se nomme Pâris, et parfois Alexandre, demande à réfléchir et se retire sous une tente. Tour à tour, les trois déesses en compétition viennent le trouver. C’est d’abord Héra qui lui promet de faire de lui l’empereur d’Asie s’il lui attribue la pomme. Puis arrive Athéna qui, lui promet la sagesse et la gloire. Enfin Aphrodite lui promet l’amour de la plus belle des mortelles.

Pâris est un grand sentimental et il décerne la pomme à Aphrodite. Aussitôt, il s’attire le courroux de Héra et Athéna, les deux principales déesses. Aphrodite révèle également à Pâris qu’il n’est pas un berger mais, en réalité, un prince de la lointaine Troie, qu’on nomme aussi Ilion, cité qui se trouve au Proche Orient, dans l’actuelle Turquie. En effet, lorsque la reine Hécube de Troie allait donner le jour à un enfant, un oracle avait prédit que cet enfant causerait un jour la ruine de Troie. La reine avait alors ordonné qu’on l’en débarrasse et le bébé avait été abandonné dans une contrée lointaine.

Sachant cela, Pâris n’a de cesse que d’atteindre Troie et de se faire reconnaître par ses monarques, le roi Priam et la reine Hécube. Il y parvient. Devenu prince aux côtés de son frère aîné Hector, il se lasse vite de sa vie dorée et son père lui fait une proposition. Priam souhaite de bonnes relations avec les royaumes voisins et il demande à Pâris d’y porter ses intentions de paix et de bonne entente. Pâris accepte ce rôle d’ambassadeur qu’il mène avec succès. Puis il s’embarque vers la Grèce pour y continuer sa mission.

Un jour, il arrive à Sparte, royaume dirigé par le roi Ménélas. Celui-ci l’accueille favorablement et organise un festin en son honneur. Lorsque la reine Hélène paraît, Pâris est immédiatement convaincu qu’il est en face de la plus belle des mortelles. Aphrodite instille alors dans le cœur de la reine une violente amour pour Pâris. En catimini, les deux jeunes gens se retrouvent et s’avouent leur amour. Finalement Pâris enlève Hélène et la conduit à Troie.

Lorsque Ménélas se rend compte de cette trahison, il est trop tard, les tourtereaux sont déjà loin. Furieux, il va trouver son frère aîné, Agamemnon, roi de Mycènes, le plus important de Grèce. Celui-ci, considérant que Pâris et Hélène ont entaché l’honneur de la famille, décide de porter la guerre à Troie et de ramener Hélène. Cette expédition va être très longue à préparer. Cela va prendre des années : il faut rallier à cette cause les autres rois de Grèce, constituer une armée importante, construire de nouvelles nefs et le sort s’acharne contre les Achéens ainsi que l’on nomme parfois les Grecs. Finalement, la flotte traverse la mer Egée et l’armée met le siège devant Troie. Au cours des escarmouches qui ne manquent pas de survenir, les Achéens se battent sans grande conviction car un oracle a déclaré que le prince troyen Hector serait vainqueur pendant neuf ans.

Un autre oracle, il y en a beaucoup dans la mythologie, a également prédit que la prise de Troie ne serait possible qu’avec la venue de Achille. Mais qui est Achille ? C’est le fils de Pélée et de Thétis dont les noces sont à l’origine de ce conflit. Le temps a bien passé (il est très aléatoire en mythologie) car Achille est leur septième fils et c’est déjà un adolescent.

Comme un oracle a déclaré qu’il périrait devant Troie, sa mère a voulu le rendre invulnérable. Pour se faire, alors qu’il était bébé, elle l’a trempé dans les eaux du Styx, l’un des fleuves qui entourent les Enfers. Elle l’a tenu par un talon, seule partie qui n’a pas touché l’eau et qui n’a pas été protégée. Par ailleurs, alors qu’il est devenu un adolescent, elle l’a caché, déguisé en fille, parmi les princesses de Scyros, un royaume voisin. Mais le rusé Ulysse, roi d’Ithaque, chargé de retrouver Achille, va le démasquer et l’amener à Troie.

Achille étant pratiquement invincible, le sort de la guerre va tourner. A l’orée de la dixième année de luttes, Achille va se trouver face au prince Hector. Les deux hommes vont se livrer un combat épique et, finalement, Achille va tuer Hector. C’est la consternation chez les Troyens alors que les Achéens exultent, pensant la victoire proche.

Achille est fêté en héros, mais c’est un jeune homme vaniteux, sûr de son invincibilité. Il a pris l’habitude de parader à bord de son char devant les murs de la ville, se moquant des Troyens qui le regardent depuis le haut des remparts. Un jour qu’il s’approche très près de ceux-ci, Pâris, devenu un redoutable archer, lui décoche un trait. Ce trait va être dirigé par le dieu Apollon, demi- frère d’Aphrodite, qui a pris fait et cause pour Pâris et Hélène. La flèche va toucher Achille exactement à son talon vulnérable et, comme elle est empoisonnée, Achille meurt. Le cours de la guerre se stabilise.

Un autre duel va avoir lieu, un duel d’archers. Pâris va se confronter à un Achéen nommé Philoctète. Ce dernier est un ancien compagnon d’aventures du grand Héraklès et celui-ci lui a offert des flèches qu’il a trempées dans le sang de l’Hydre de Lerne. Les deux hommes sont de force égale et ils s’atteignent mutuellement. Alors que le trait de Pâris blesse Philoctète trop légèrement pour que le poison soit efficace, celui de l’Achéen le touche plus sérieusement et Pâris décède. La guerre maintenant s’enlise.

C’est alors que l’ingénieux Ulysse imagine le stratagème du cheval. Il demande aux menuisiers de son armée de construire un immense cheval creux. Il y fait entrer une cinquantaine de soldats en armes. Par un espion, il fait courir le bruit que les Achéens, lassés, décident de lever le siège en abandonnant sur la plage ce cheval en hommage aux dieux. Et, effectivement les Grecs font mine de s’embarquer et de voguer vers le large. Les Troyens, fous de joie, estimant avoir résisté victorieusement à leurs ennemis, vont s’approprier le cheval et le traînerjusque dans leurs murs. Dans la nuit qui suit, alors que tout dort, les guerriers achéens sortent du cheval, ouvrent les portes de la ville et l’armée grecque, revenue, investit la cité par surprise. Ce sont alors des scènes d’apocalypse, des tueries, des boucheries, des destructions, des incendies. Cependant un autre prince se trouve dans Troie. Ce n’est pas un fils de Priam et d’Hécube, c’est leur gendre. Il a épousé une de leurs filles, Créuse, dont il a un fils, un jeune garçon nommé Ascagne ou Iule. Enée, c’est son nom, est un pur héros. Dans la mythologie, le terme héros n’a pas la même acception que de nos jours. Un héros est un demi-dieu, fils d’un mortel ou d’une mortelle et d’un dieu ou d’une déesse. Enée a pour père Anchise et pour mère la déesse Aphrodite.

Ayant combattu avec son habituelle bravoure, Enée se rend vite compte que tout est perdu, la ville est aux mains des Achéens. Il n’a dès lors plus qu’un but : sauver sa famille et donc quitter Troie. Prenant sur ses épaules son père qui est devenu un vieillard impotent, avec Créuse et Ascagne, il tente de gagner une porte de la cité. Le groupe se trouve mêlé à des échauffourées et, à un moment, Enée ne voit plus Créuse qui a disparu. Il la cherche vainement et une vision lui fait comprendre qu’elle est décédée. Le cœur lourd, il va réussir à quitter la ville. Un peu plus tard, c’est Anchise qui meurt. En s’éloignant du lieu tragique, Enée et Ascagne rencontrent un groupe de Troyens qui ont également pu s’enfuir. Enée prend leur tête et, après avoir construit des nefs, ils s’embarquent sur la Méditerranée, abandonnant pour toujours ce pays. En effet, un oracle a prévu que Enée retrouverait la terre de ses ancêtres.

Au cours de ce voyage, Enée et les siens abordent à Carthage où la reine Didon les reçoit avec faste. Entre Enée et Didon, c’est le coup de foudre. Enée est tenté de rester près de Didon et d’y couler des jours heureux mais les dieux le poussent à partir vers la terre de ses ancêtres. Il va donc abandonner la reine qui, de désespoir, se suicide avec le glaive que le héros lui a lui-même offert. Finalement Enée et Ascagne vont aborder cette fameuse terre qui se trouve être l’actuelle Italie. Ils arrivent au Latium, pays dirigé par le roi Latinus. A ce moment, le roi est en butte avec l’un de ses voisins, Turnus, roi des Rutules. En effet, il a promis à ce dernier la main de sa fille Lavignie. Or celle-ci ne veut pas de Turnus et, après maintes rebuffades, le roi des Rutules a déclaré la guerre à Latinus. Arrivé dans ce contexte, Enée prend le parti de Latinus qui vient de l’accueillir, d’autant plus que Lavignie ne lui déplaît pas et que celle-ci semble également attirée vers lui. Comme souvent, la guerre va se terminer par un duel au cours duquel Enée tue Turnus. La paix revenue, notre héros épouse la princesse.

Quelques années plus tard, Ascagne, devenu un homme, quitte le Latium et va fonder une ville. Ce sera Albe la Longue. Trois siècles plus tard, selon la légende, un descendant d’Ascagne, le roi Numitor est sur le point de devenir père. Son épouse, la reine Rhéa Sylvia, met au monde deux jumeaux. On dit que le vrai géniteur serait Arès, le dieu de la guerre. C’est à ce moment que Amulius, frère de Numitor, renverse ce dernier et prend sa place sur le trône. Aussitôt, il se dit que les deux petits jumeaux risquent, en grandissant, de lui porter tort. Aussi il demande à un serviteur de l’en débarrasser. Celui-ci les abandonnera dans une contrée sauvage. Ils seront recueillis et allaités par une louve : il s’agit, bien sûr, de Romulus et Rémus.

Devenus grands, les deux frères comprennent un jour que leur oncle est un usurpateur et qu’ils sont les véritables princes héritiers. Ils tuent Amulius et remettent Numitor sur son trône. Mais les deux jeunes gens, aventureux et audacieux, quittent bientôt Albe la Longue car un oracle a prédit qu’ils trouveraient une vallée merveilleuse entourée de sept collines et qu’ils y fonderaient une ville qui resplendirait sur le monde. Ils trouvent cette vallée mais leur entente se brise. Chacun d’eux pense qu’il sera le seul à bâtir une ville dont il sera le roi. Ils se disputent et, finalement, au cours d’un duel fatal,

Romulus tue Rémus. Romulus fonde la ville de Rome et en devient le premier roi.

La lignée de Romulus qui remonte jusqu’à la déesse Aphrodite va prendre le nom de Gens Julia, tirant ce nom de Iule. Quelques siècles plus tard, dans cette lignée naît un personnage important : Jules César. Ainsi, Jules César pourra prétendre qu’il est d’essence divine puisque par ses ancêtres il peut remonter jusqu’à une déesse.

Mais alors, et depuis longtemps déjà, la légende avait fait place à l’Histoire.