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25-12-09 Christian LACOSTE

ELOGE de Christien LACOSTE

Membre associé de l’Académie du Languedoc
le jeudi 16 janvier en  l’église Saint Pierre de BALMA

par le Secrétaire général François-Régis GASTOU

En tant que Secrétaire Général de l’Académie du Languedoc et au nom de tous les Académiciens et Amis de notre Compagnie, nous adressons à l’épouse Jeanne-Marie et à la famille de notre défunt confrère, Christian LACOSTE, nos sentiments les plus chaleureux et nos condoléances les plus sincères.

L’Académie du Languedoc se devait de rendre hommage aujourd’hui à l’un de ses compagnons Christian LACOSTE décédé mardi 09 décembre 2025 à l’âge de 82  ans.

Je relaterai brièvement notre rencontre en 1970, soit déjà plus d’un demi-siècle, à l’occasion des festivités du Grand Fénétra, grande fête traditionnelle de Toulouse. Christian venait de créer l’excellent gâteau « fenêtra » pour cette tradition festive toulousaine grâce à ses grandes qualités de pâtissier, largement reconnu par ses pairs ; quant à moi, je venais d’intégrer tout simplement le Comité officiel des fêtes de Toulouse.

Christian était déjà à cette époque le Maître-Pâtissier de « La Mascotte » pâtisserie renommée de Toulouse, installée dans le quartier de la place Dupuis. Notre compagnon venait d’être honoré par de nombreux prix, médailles et distinctions, dont plusieurs premiers prix et je n’oublierai pas celui obtenu pour la création pâtissière d’une pièce artistique à l’occasion du 1er vol de Concorde en mars 1969.

Mais son souvenir restera pour nombreux d’entre nous la réalisation de l’original et succulent gâteau du Grand Fenêtra confectionné à la demande, en 1970, du maire de Toulouse Louis Bazerque et du Président du Comité des Fêtes Christian Lacombe, dessert qui avait été sélectionné par les représentants de la profession.

Christian a rejoint, il y a quelques années, notre Académie du Languedoc et j’ai eu le privilège de parrainer sa présentation. Je rappellerai, qu’en juin dernier, au cours du soixantième anniversaire de l’Académie, fêté chez notre compagnon Francis CASSIN, nous avons été heureux d’honorer également le 55ème anniversaire de la création de son célèbre gâteau du Fenêtra, devenu la spécialité de Toulouse.

Christian, ton départ précipité nous rappelle subitement la fragilité de la vie. Ton souvenir demeurera présent encore longtemps dans notre Compagnie. Tu avais de grandes qualités professionnelles, un savoir-faire inégalé et tu étais animé d’une réelle passion pour satisfaire le palais des plus gourmands d’entre nous.

Nombreux ont été les plaisirs que nous avons- partagés : déguster et savourer tes préparations, toujours fabriquées avec Amour, étaient de vrais délices.

Bien-sûr, ta présence bienveillante, toujours appréciée, nous manquera lors de nos rencontres mensuelles mais nous ne t’oublierons pas en espérant pouvoir conserver ton nom au sein de notre Compagnie, ton nom devenu un modèle d’exemplarité, dans ce domaine privilégié de la pâtisserie.

L’Académie du Languedoc perd un de ses Compagnons dévoués, mais gardera le souvenir d’un homme fidèle, altruiste, toujours soucieux de son prochain.

Merci Christian, tu étais un homme heureux, tu mérites toute notre reconnaissance.

Repose en Paix maintenant.

 

François-Régis GASTOU   Secrétaire Général de l’Académie du Languedoc

18-11-2025 Les lupanars toulousains

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Les lupanars toulousains

 mardi 18-11-25 
Communication de Jean-Paul RIFFARD

                        Ou « Hot Toulouse ! », pourrait entonner notre regretté Claude Nougaro

Pourquoi de terme de « lupanar » ? Parce qu’il semble plus élégant que celui de « bordel » utilisé à toutes les sauces. De plus, il renvoie à la Rome antique, où   « lupa » – louve désigne la prostituée hurlant comme louve en rut.

La prostitution, de prostare – s’exposer à la vente), qualifiée de « plus vieux métier du monde », existait depuis la plus haute antiquité à Toulouse, mais a laissé peu de traces jusqu’au XV° siècle ; bien que le terme de « bordel » remonte au XII° siècle et celui de « lupanar » (lupa – louve – prostituée criant comme louve en rut) à l’époque romaine. La Grèce avait son Parthénon (« appartement des jeunes filles ») géré par douze conseillers et ses dicteria, bordels déjà étatiques. On connait quelques hétaïres célèbres (hetaira – compagne, ou escort girl actuelle) ayant « accompagné » Sophocle, Phidias, Socrate, Alcibiade ou Épicure. Et n’oublions pas les fresques hautes en couleurs des rues chaudes (sous la cendre) de Pompéi célébrant le dieu Priape et les péripatéticiennes. Ce mot vient de « enseignement en se promenant » comme Aristote, mais ne sera utilisé ironiquement qu’au XIX° siècle pour désigner les arpenteuses du bitume.                                                                                                                                           

Pompéi : lupanar (Ier siècle)

            Avec l’arrivée du christianisme, les empereurs romains vont boucler les lupanars quinze siècles avant la croisade de Marthe Richard, ces deux initiatives ne faisant que favoriser la clandestinité. Dans les siècles suivants la littérature régionale comme les rapports de police se révèlent des plus discrets. Parfois sacrées, esclaves sous les Romains, puis, pas vraiment rejetées et même parfois conviées à des événements, les prostituées seront souvent écartées. Charlemagne les menace en vain de flagellation et du port d’un écriteau autour du cou. Choqué par des « dames ribaudes » en procession pour la sainte Madeleine, leur patronne, Louis IX organisa les maisons de tolérance ou « bourdeaux », après avoir interdit la prostitution, deux ans plus tôt en 1254, maintenant les filles dans des quartiers spécifiques , sorte de « ghettos de la prostitution » (Jacques Le Goff)et leur intimant le port d’une ceinture dorée (1) ou d’un ruban jaune, mais pas de bijoux. D’où le proverbe « Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée ».

(1) : D’où le proverbe « Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée » ; référence à la ceinture dorée des prostituées et non à la richesse, entraînant des fâcheuses confusions aves les riches bourgeoises, et donc l’interdiction de vêtements de luxe chez les « ribaudes folieuses » (M. Du Camp). 

À Paris, au XIVe siècle, elles sont contrôlées par « le roi des ribauds ». À propos de Louis IX, dit abusivement saint Louis, n’oublions pas que nous lui devons la guerre aux cathares, le port de la patte jaune des lépreux, de la rouelle pour les juifs ou la ségrégation des cagots.                                                                                                                                                  Au Moyen Âge, la fréquentation des prostituées est non seulement courante, mais déculpabilisée du moment qu’il y a paiement et plaisir mutuel : « Jouir en payant, c’est jouir sans péché », écrit Le Roy Ladurie dans Montaillou, village occitan, mais pas sans risques, compte tenu des nombreuses maladies vénériennes traitées aux injections locales, à l’ « Eau de Pucelle », à la décoction de vipère, au sel de Saturne (plomb), argent vif, bromure, permanganate, onguent gris (ou napolitain) au mercure et autres préparations réputées « miraculeuses ». qui sévirent au cours des siècles, en dépit de l’ « introduction » des « redingotes appelées d’Angleterre, le condum devenu condom. « Le condom, c’est la loi, ma fille, et les prophètes », écrivait Madame Gourdan à Mademoiselle La Caille, ainsi que l’extinction du rouge lumignon posé sur la fenêtre, en cas de risque sanitaire.      

             « Enfin ! J’ai ma mesure !                                                                                                        Au sein de la luxure,     
             Vite, allons nous plonger.   
              Caché dans la baudruche,     
             Je veux comme l’autruche, 
 
             
Ne plus croire au danger                                                                                                                    (Dr Camuset : Préservatif)                                                                      

Et donc :           « Entrer dans le bordel d’une démarche grave,   
                                Comme un coq qui s’apprête à jouer de l’ergot ;
                                Demander Jeanneton, faire chercher Margot   
                                Ou la jeune bourgeoise, à cause qu’elle est brave
».
                                           (Saint-Amant (!) : sonnet                                                                 

À propos de préservatif, la cité gasconne de Condom avait tenté devenir la capitale du préservatif avec logos et production locale. Mais le projet a capoté !                                                                                                                    Le Roman de la Rose (vers 1230) est catégorique : « toutes estes, serez, ou fustes de fait ou de volonté putes ».   
                À côté de la prostitution sauvage, chaque ville a sa « maison commune », souvent bâtie sur les deniers communs, véritable service public surveillé par les consuls (ou les capitouls chez nous), dans un désir d’ordre et de sécurité. Par ses ordonnances de 1254 et 1269, c’est le roi Louis IX qui, le premier, interdit la prostitution. C’est encore lui qui a créé le mot « bordel », les filles étant déplacées dans des baraques en bois, dites « bordes ». À propos de Louis IX, dit abusivement saint Louis, n’oublions pas que nous lui devons la guerre aux cathares, le port de la patte jaune des lépreux, de la rouelle pour les juifs o la ségrégation des cagot, peuple maudit de nos régions.

En 1367, le prévôt de Paris leur assigne des endroits autorisés comme les rues Trousse-Putain ou Brise-Miche, près du Champ-Fleuri.« Item soient boutées hors communes ribaudes, tant de champs comme de villes ».   
À Toulouse, les premières réglementations sur la prostitution remontent au milieu du XII° siècle. Dès 1212, le sinistre Simon de Montfort confirme que « depuis 1188 on percevait des droits sur le commerce de la prostitution ». En 1201, sur requête des prud’hommes (très prudes) du quartier et plainte de Bernard Raymond, les consuls interdisent aux filles publiques la rue du Comminges (actuelle rue des Moulins) et les abords de la Garonne, à l’intérieur des murs de la ville. En novembre 1389, exaspérées des perpétuelles discriminations, les Toulousaines en appellent au roi Charles VI, alors en visite à Toulouse, qui les autorise à se vêtir normalement : « faisons savoir à tous présents et à venir que oye la supplication à nous faicte de la part des Filles de Joye du bordel de notre grande ville de Toulouse, dit La Grande Abbaye… portent et puissent porter et vestir telles robes et chaperons et de telles couleurs, comme elles voudront. Moyennant ce, elles seront tenues de porter autour de leur bras une enseigne… ». De plus, elles se retrouvent cloitrées, n’étant autorisées à sortir que pour assister à la messe !  Le terme d’abbaye pour un bordel est lié à celui d’abbé ou d’abbesse donné à leurs tenanciers. Le bordel public remonterait à 1363. C’est alors que s’édifie un établissement rue du Grand Selve, actuelle rue de l’Etoile au quartier Saint-Aubin.   
       C’est bien souvent la pauvreté ou la dissolution de la famille qui qui pousse les « filles forcées » à se vendre dans la rue. En 1410, un chroniqueur (en un seul mot) écrit que les « fillettes » sont si bon marché qu’on peut en avoir quatre pour le prix d’un œuf. Beaucoup sont victimes de violences ou mariées de force pour être exploitées Mais certaines n’hésitent pas à se plaindre aux capitouls.                                    Le bourg Saint-Cyprien a longtemps traîné la réputation de « quartier riche en prostituées ». Elles en furent chassées en 1291, à la suite d’une charte leur interdisant d’exercer sur le gravier de Saint-Cyprien. Inlassablement, le parlement poursuit « femmes dissolues et publiques », ainsi qu’un certain Guilhem Delcunh (2), dit « l’enfant de la ville », devenu « l’abbé des fillettes » se consacrant « au fait de rufianage (débauche ; de Rufus, valet-maquereau), battement de gens et roberies (larcin) ». Ce dernier est accompagné de Jehannette qui se prostitue dans plusieurs villes d’Occitanie avant de se fixer à Toulouse. Il sera privé de tout office public et de port d’armes en 1452.

(2) : Est-ce un parent du célèbre chevalier Pierre de Cunh de Rabastens, mort en 1322, et de son frère Guillaume de Cunh qui enseigne le ius civile à l’Université de Toulouse de 1314 à 1317 ?

     En 1425, Charles VII ordonne que des sergents assurent l’ordre dans le « bordellum » de Las Croses, en proie aux exactions de ribauds et mauvais garçons protégés par des ordres religieux et y fait apposer un panonceau fleur de lis. Le droit des capitouls à l’exploitation par un fermier était reconnu par l’autorité royale et le bail au nom de l’abbesse. En 1470, un procès oppose l’une d’elles, Jeanne Bérenger, au parlement pour non-paiement de la taxe. La défense des « fillettes », assurée et perdue par Me Groselier, rappelle : « que la plus ancienne d’elles, laquelle l’en a acoustimé à Thoulouse nommer abbesse du bourdel… Que ledit hostel leur appartient… et bien clos », la protection des filles libres assurée le jour par le sous-viguier de et la nuit par le capitaine du guet. C’est ainsi qu’en 1433, le capitaine du guet Pierre Darganhac gère avec un prostituée la maison publique de Toulouse.                       

     Après la fermeture des bains et étuves en 1478, les capitouls qui luttent contre la prostitution expulsent de leurs « tavernes et autres lieux » 1.500 « entremetteurs et ribaudes » en 1499 et ouvrent un « ostal del public » dont les revenus serviront à payer robes et manteaux… d’eux-mêmes, un jambon de Bayonne et du fromage de Roquefort. Critiqués, assimilés à des proxénètes, les capitouls affecteront le produit du dit commerce à l’hospitalisation des « roignouses », femmes atteintes du « mal de Naples » (3) (délibération municipale du 20 mai 1528).                                                                                                                En 1503, c’est la chasse aux maquereaux. À Toulouse, les capitouls font fouetter les « femmes mal vivantes », traînées dans les tombereaux destinés à ramasser les ordures. Souvent connues par dénonciation, elles étaient parfois marquées au fer rouge, avant d’être bannies de la ville ou envoyées au quartier de la force de l’hôpital de La Grave ou même exécutées. En 1559, trois sont pendues au portail du couvent des Augustins qui les hébergeait.

(3) : Sous François Ier, lui-même souvent frappé de mal napolitain, des frictions étaient appliquées par des « frotteurs de vérole ». 

            En fait, peu rentable, la prostitution « d’État » sera rapidement « nationalisée ».  Cette maison, anciennement située à la Porte du Bazacle, fut transférée sur le bas des actuelles allées Jean-Jaurès, à la suite en 1527 de l’achat par les capitouls d’une borde du sieur Bertrand de La Jugie, dans le noble dessein de contrôler le commerce de la chair et de le repousser hors de la ville. Elle sera connue sous le nom de Château Verd (4), en remplacement de la Grande Abbaye de Las Croses dont la taulière devient mère abbesse, avec interdiction d’en sortir sous peine de fouet. La sentence ayant été effectivement appliquée, les pensionnaires choisiront le salut par la fuite. Selon un texte, l’établissement « jouissait » d’un certain confort, d’une cour et d’un verger, « entièrement clos de telle manière que, de nuit, personne ne peut y entrer sans autorisation ». Sa destruction fait suite à la restauration des remparts de la ville.                           Pour mémoire, citons les bordels de la rue Bertrand David, du Nag Cagarrefes, le Grand Selve de la porte Saint-Étienne, le Petit Bernard de la Porte Serdane, contre le couvent de Saint-Orens, autour du Bazacle, de la Porte Pouzzonville. Des maisons autour du Château Narbonnais abritant « des gens sans aveu et de mauvaise vie » furent démolies. Vers 1485, la rue Saint-Rémésy, aux Carmes, est citée pour des femmes y menant une vie dissolue, ainsi que la place Mage.                                                     
       Même des lieux religieux sont désignés : le couvent des Mille-Vierges (un comble !), le cloitre Saint-Étienne ou le couvent des Augustins (5).

 (4) : À Albi, existait le Castel Blanc.                                                                             (5) : À Saint-Étienne, « les chanoines tiendraient des femmes en leur maison, et certains se comporteraient comme des hommes mariés », cite Agathe Rouby.                                                                           
     

        En 1608, Violante de Bats du Chasteau, courtisane toulousaine, multiplie les amants dont le religieux augustin Pierre-Arrias Burdeus et quelques notables. Il est alors décidé de se débarrasser d’un vieil époux pas assez complaisant en l’assassinant. Découverts, les criminels seront condamnés à mort, sauf Violante qui sauve sa tête… et le reste. Après avoir avoué sous la question, le père Burdeus avait essayé, en vain, d’échapper à la décapitation en abjurant le catholicisme.

            Le 8 mai 1527, est notifiée l’installation du bordel public au jardin de Saint-Paul, ce qui provoqua des réactions des riverains. Fermé, le Château Verd deviendra, en 1558, la maison de Saint-Roch. Ces dames suivront les garnisons ou les grands chantiers comme celui du canal du Midi. Rappelons-nous que le pont des Demoiselles se nommait aussi « pount de las putos ». Quant aux soldats et prostituées, ils forment un « couple indissociable », comme le rappelle Nadine Roger.   Ce qui a pu leur attribuer le surnom de « filles à dragons » à Montauban.             
              Parmi les mesures contre la débauche, expulsion, amende, bannissement, la plus pittoresque reste le supplice de la gabio, cité en 1508. Il s’agissait d’enfermer blasphémateur, entremetteuse ou femme de mauvaise vie dans une cage en fer et à les tremper trois fois de suite dans la Garonne, histoire de leur rafraîchir le fond de commerce. Ce joyeux spectacle se déroulait habituellement au Pont-Vieux de l’Ile de Tounis. « Maquerelle mouillée : ce même jour (4 juin 1749) à 3 heures du soir, on mit dans la cage accoutumée, sur la rivière, une appareilleuse, qu’on dit être de cette ville… nue en chemise, le casque à plumes avec les sonnettes sur la tête, et un écriteau devant et derrière avec ces mots : Maquerelle publique ». Ce, devant plus de 10.000 personnes. Conduite à l’hospice après plus de trois heures de supplice, la malheureuse succombera quatre jours plus tard.  

            « Quand s’agis de regla la Villo, 
             Uno gabio non sufis poun, 
            M’an dit que ne fan douxe millo       
                              De trabaillaran neit & joun…
 ».

           En 1516, Mathieu Menou, prédicateur capucin, « convertit beaucoup de Filles qui se prostituaient dans ce lieu public appelé Château vert. Il les porta même à se cloitrer », ce qui devint le couvent des Repenties ou de la Madeleine.                                                                          
           En 1534, une ordonnance des Capitouls dénonce les tenues « scandalleuses » des prostituées « et aultres lubriques, maulvivans et cantonnières, usant de meschanceté en ladite ville, faubourgs et environs ». C’est la peste de 1549, suivie de celle de 1557, qui précipita le sort du Château Verd qui deviendra la maison Saint-Roch, patron de la peste et de la Santé de la ville. Mais la prostitution ne régresse pas pour autant.                                                             
             1561 voit sortir l’ordonnance d’Orléans par Michel de l’Hospital accordant la liberté de culte aux protestants et rendant la prostitution illicite, notamment sous la pression de l’Église, Réforme et Contre-Réforme, et les ravages de la syphilis. Mais, déjà, nombreux bordels ont cessé leur activité. L’adultère est lui aussi condamné, mais rarement réprimé, car il faut un flagrant délit, « nu contre nu », rappelle Agathe Roby.                                                                                           À partir de 1760, on recourt à « l‘asinade ». « Il s’agit d’une course humiliante où la condamnée, juchée à l’envers sur un âne et coiffée d’un chapeau de paille garni de grelots et de plumes, doit parcourir la ville sous les huées du public, affublée du fameux cartel qui relate son crime ». En 1763, une d’entre elles est condamnée à passer par les verges de 100 hommes (un comble !), place Royale, « à la vue d’un peuple infini », relate Pierre Taverne. Les filles ont alors investi les bains publics installés rue des Couteliers et supprimés sous l’Empire.              Toulouse est alors un terrain de chasse pour les maquerelles qui placent de très jeunes filles, si possible vierges, venues de la campagne pour le plaisir de quelques notables, religieux ou bourgeois. Hygiène et contraception sont assurées par le « laver avec de l’eau et du vinaigre ».

             Sous le Directoire, « La France n’est qu’un vaste lieu de prostitution », constatent les Goncourt.                       

               Et, à l’époque dite romantique, les filles soumises mènent une existence obscure, écrit Jean Fourcassié. Il est, en effet, rare que les journaux ou même les rapports de police parlent d’elles. En 1840, elles sont 157 à être « soumises au dispensaire ». La consultation des prostituées, visant à se protéger des « coups-de-pied de Vénus », s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans le Service de Dermatovénérologie de l’hospice de La Grave. La police doit être débonnaire à leur égard. On ne retrouve que par rafales, en 1844 par exemple, des procès-verbaux dressés contre les cabaretiers pour avoir admis chez eux des filles publiques.

                À la Belle-Époque, qui porte bien son nom, on peut citer des établissements connus, du plus huppé aux plus humbles : rue de la Pleau (6) dont la spécialité est la « Vénus pendula », la dame en écuyère, rue du Sénéchal où Violette propose des jeux de rôles dont « la petite écolière », rue Devic, ou chez Denise au n° 15, rue Dalayrac et son Bijou-Hôtel. Enfants, notre grand-mère nous amenait écouter la messe dans a chapelle de Notre-Dame des Grâces, à l’angle des allées Jean-Jaurès. On y accédait par un étroit escalier. Les premiers bancs étaient occupés par ces dames, plus très jeunes, enveloppées du manteau de fourrure royalement offert par leur souteneur. Ces messieurs allaient jusqu’à prêter des Jaguar E dont le capot servait de « présentoir » aux filles sur les allées proches. Notre-Dame des Grâces ou des garces ? Ce qui ne lui a pas porté bonheur, puisque l’édifice, désacralisé en 2011, a été la proie d’un promoteur immobilier qui en a fait on siège régional, après quelques travaux de réhabilitation.               
                           Rue Caffarelli et ses nombreux hôtels, ou encore rue des Moutons, autour de l’actuelle place Belfort. Mais aussi les alentours de la gare, les casernes et les bords du canal, sites stratégiques. Du côté de la rue Arnaud-Vidal, certaines maisons closes affichent des noms évocateurs de la III° République : La Présidence au 11, Le Sénat au 14 (face-à-face !), La Préfecture au 9. Ou encore Le 59, rue du Canal, actuelle rue des Sept-Troubadours (7), à deux pas du poste de police situé au n° 49. Vers 900, le préfet de Toulouse, Léon Bourgeois, demanda à un cocher de la gare de l’emmener à la Préfecture et se retrouva rue Arnaud-Vidal !                      
                  On cite aussi Le Cénacle, rue Deville, tenu par Denise, non loin de La Protection de la Jeune Fille, maison de famille, la Banque de France et l’Oratoire Notre-Dame de la Compassion. Rachel officie 40 bis rue Agathoise, ou, fleurant le parisianisme, Le Chat Noir et le Moulin Rouge. N’oublions pas les « filles à soldats » des quartiers de casernes, Compans-Caffarelli, Niel ou Pérignon.

(6) : La maison de la rue de la Pleau avait été si célèbre en son temps que l’expression « aller rue de la Pleau » était couramment employée par métonymie et euphémisme pour désigner la satisfaction engendrée par les amours tarifées. Cette renommée avait atteint son sommet après l’invasion de la zone sud quand la rue de la Pleau avait été promue au rang de fournisseur officiel de tout ce que Toulouse comptait d’allemand ou de pro-allemand. Les clients y avaient leur parfum personnel pour éviter de ramener à la maison d’autres effluves suspectes (M. Zink). Plus tard, profitant de l’extension du musée Paul-Dupuy mitoyen, le cul a fait le lit de la culture.  

(7) : La rue des Sept-Troubadours était si fréquentée par les prostituées qu’il fut décidé, en 1874, d’y créer un dispensaire « pour filles soumises travaillant ». En 1882, un arrêté municipal interdit le proxénétisme, sauf dans ce quartier. « Sur son parcours, à la fin du XIX° siècle et hier encore, s’alignaient presque sans interruption, surtout dans un de ses segments, cafés borgnes, garnis à filles et maisons closes ; là se glissaient les employés, les étudiants et les soldats en quête de galanteries tarifiées » (H. Puget). En 1889, les débitants de boissons de la rue lancent une pétition pour le retour des Troupiers interdits de séjour et vantent la qualité des lieux : « le Troupier qui est bien traité dans lesdits établissements (…) y passe quelque temps à peu de frais et y est tranquille », se plaignant de plus que « la Ruine est imminente » (P. Salies).

Toulouse-Lautrec – Salon de la rue des Moulins, 1894

Rue du Sénéchal, « la délicieuse Violette »pratique les jeux de rôle avec « la petite écolière » et « le « voyage en train avec arrivée du contrôleur ».

« Tu viens, chéri ? » – De la rue Bonrepos (actuelle de Stalingrad) à la rue du Canal, c’est un tout autre métier qui se pratique : ces Dames, tout comme Aspasie à Athènes, y font le trottoir. Leur audace est si grande qu’on les rafle. En décembre 1924, dans un souci louable d’assainissement moral autant que médical, la police des mœurs cueille les demoiselles que l’on est convenu d’appeler « soumises » sans doute par ironie. Toulouse, que les étudiants-soldats américains appelèrent « to loose la Perdition », glissait lentement sur le plan incliné de la corruption irrémédiable ; et M. Feuga, notre lord-maire, risquait fort, étant le Premier dans la cité, de subir l’injuste sort du bouc chargé de la luxure d’Israël. Mais nous sommes sauvés : on arrête (au poste de police de la rue du Canal) une vingtaine de ces dames qui, le soir venu, prennent des fluxions de poitrine aux courants d’air des carrefours, en faisant le pied de grue dans l’attente du consommateur. Une fois de plus, la Vertu triomphe à Toulouse. Ici, la tradition des petits métiers ne s’est pas perdue ! » G. Leblanc).

            Non loin, le quartier de la rue de Bayard, desservant la gare, est réputé comme étant le secteur « chaud » de la ville. Même les « maîtresses » de l’école religieuse de Notre-Dame-des-Victoires s’y sont faites : elles font partie du paysage, lit-on dans La Dépêche du Midi du 17 novembre 1988. « Elles sont intégrées à la vie du quartier, Place Belfort, les commerçants saluent la mère C » qui, à 64 ans, racole toujours sous les néons des sex-shops. Jeune adolescent, pour aller de mon domicile du quartier Saint-Aubin à celui des Chalets visiter mes grands-parents, je coupais court par la rue Dalayrac, connue pour sa chapelle de N.-D. des Grâces et ses prostituées. Aux mœurs, on se souvient des batailles homériques qui ont eu lieu il y a deux ans lorsque les premières ghanéennes ont voulu prendre pour territoire de racolage la rue Stalingrad. Depuis, les prostituées noires ont été repoussées jusque sous les arbres du canal où elles ont maille à partir avec les étourneaux. Un départ que regrette ce commerçant : « Avant, elles nous gardaient le pas-de-porte. L’an passé, nous avons été cambriolés ». Le commissaire Noilly conclue : « Ce n’est pas Chicago, mais c’est pas complètement calme ».                         
            Ironie du sort : certaines rues vouées à l’amour vénal portent des noms de troubadours ayant célébré l’amour courtois : Bertrand de Born, Arnaud Vidal ou les fameux sept troubadours. La rue Saint-Cyr (Saint-Georges) a pris cette appellation pour faire effacer son ancien nom de la Tonne, réputée abriter des prostituées. Jacques Arlet nous rappelle que, le 31 janvier 1903, on décrète la fermeture, dès 22 h., des cafés et buvettes du quartier des « Jardiniers » (allées Lafayette), car « des gens sans aveu forment avec les filles publiques la clientèle habituelle de ces établissements (…). Les demoiselles de mœurs immédiates y règnent en souveraines. Dès 8 h. du soir, des nuées de câlineuses, en toilette de bataille, s’abattent sur les passants (…). Les femmes mariées et les jeunes filles s’exposent à être prises pour ce qu’elles ne sont pas ».       

                Impérial : En 1852, au lieu-dit Jolimont, voulant discrètement goûter aux délices d’un bordel réputé du Jardin de l’Observatoire, Napoléon III s’en vit refuser l’accès. Vexé, il fit installer des bornes pour gêner l’accès aux calèches des amateurs. Comme quoi il y a des bornes à tout, y compris la (maison de) tolérance ! En fait, le parc Marengo, décrit comme « un lieu de plaisir et de rendez-vous pour la jeunesse », n’était pas aussi sulfureux qu’ont voulu le laisser croire les moralistes d’alors. Donc pas d’allusions à un joli mont de Vénus.

Les jetons : Au XIX° siècle, les bordels fonctionnent avec des jetons portant leur nom et leur adresse, ce qui permet, au passage, de faire sa pub. Le principe existait déjà sous l’ancienne Rome. 

 
             « Bienvenu au club » : Dans les années 60, descendant ma rue Gabriel-Péri, je passais devant le bar-dancing Kit-Kat, puis l’enseigne-néon bleutée de « Chez Elle » au n° 22. Maintenant, ça s’appelle des bars américains ou des clubs privés.                                                     
               Après que la « vertueuse » eut fermé ces maisons pourtant déjà closes, une des dernières disparues dans des conditions rocambolesques fut « le Mayflower » de la rue de Quéven (8), derrière Décathlon (autres sports !), dans un bel immeuble de style néogothique fermé en 1978. Profitant d’un imbroglio juridique, des squatteurs au bon goût s’y installèrent en 1996, le baptisant « Le Clandé », avant d’en être délogés par la force publique fin 2006. Rénové, il abrite des logements dits sociaux. Un des plus près de nous semble être le bar L’Écrin, 1 rue Léonce Castelbou, ouvert en 1971. Devenu un cabaret-club de strip-tease à la clientèle huppée de nombreux artistes jusqu’à François Mitterrand au printemps 1989.

(8) : Ce quartier des Chalets traînait déjà une réputation de « quartier de cocottes », ces femmes entretenues, dites « demi-mondaines ».

                 Un chroniqueur des années 60 n’est pas tendre avec ces professionnelles, les déclarant « ignares, paresseuses ou abandonnées… d’un niveau intellectuel très bas », à « la pitoyable carrière » finissant à l’asile. La passe est alors autour de 150 F., soit un revenu mensuel d’environ 4.500 F., le salaire d’un haut fonctionnaire ! Contrebalancé, il est vrai, par divers frais : loyer, toilette, loisirs au bistro, santé, « dîme élevée à leur protecteur », agressions, etc.

            Effet de la mondialisation, le marché s’est ouvert à l’Europe de l’Est et au continent africain. Le fichier national sanitaire et social des dames « en carte », destiné à lutter contre la syphilis, sera supprimé en 1960 ; comme, plus tard, la pittoresque consultation à l’Hôpital de La Grave qui permettait au professeur Salvador d’exercer son talent et sa culture truculente.

            En 2014, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, interdit la prostitution sur deux quartiers : Ponts-Jumeaux-Minimes et Matabiau-Bayard, zones qui seront régulièrement étendues, suivant les pas des péripatéticiennes. « Le trottoir ne rapporte plus rien », déclare Pamela.

Marthe Richard, espionne et prostituée :  

            Cette dame n’était qu’une ancienne « michetonneuse » mythomane, pseudo Mata-Hari, se vengeant de son trouble passé. Accusée d’escroquerie en en 1949, elle sera amnistiée pour « le patriotisme ardent dont elle a fait preuve ». Elle avait été surnommée « la veuve qui clôt ».     
            De toutes façons, les ponctions du fisc, la pression de la police, les frais, la distribution d’enveloppes, rendaient la gestion des bordels de plus en plus aléatoire, d’où la reconversion vers les hôtels de passe. Seules semblent avoir souffert les grandes institutions, comme le fameux One two two (pour 122, son adresse rue de Provence) et Le Sphynx, à Paris ou certaines bonnes misons en province. Avec ses 40.000 filles, la profession ne fera que se déplacer et entrer dans la clandestinité.                                                                                                            

Dubout – 1946, on ferme

Le fichier national sanitaire et social des dames « en carte », destiné à lutter contre la syphilis, sera supprimé en 1960.
Sacha Guitry, marié cinq fois à des artistes, affirmait que «les femmes que l’on paye coûtent moins cher que celles que l’on épouse».

           

            QUELQUES SYNONYMES DE PROSTITUÉE

Anciens : accrocheuse –allumeuse (active à l’allumage des réverbères) – bagasse – catin – femme de joie – fille de barrière ou à soldats, en carte (racoleuse),            ou en numéro (en bordel) – fille soumise – fillette – folieuse – gourgandine – greluche – grue – jeanneton – linotte – maraude – marcheuse – marmite – paillasse – pierreuse – poupine – ribaude – voyageuse.

Récents : abeille – agenouillée (fellatrice) – amazone, pompeuse (en voiture) – ambulante – araignée de    pissotière – arpenteuse de bitume, asphalte ou trottoir – arthurine – asticot – attoucheuse – baleine – béguineuse (gratos) – barboteuse – baronne (supérieure âgée) – bédo – belle-de-jour  ou de-nuit – bête à plaisir – biche (travesti) – biftèque – bitumeuse, roulante ou compteur (sur le trottoir) – bizenesse – blanchisseuse de tuyaux de pipes – blioteuse – boite à vérole – braguette (sous les porches) – bucolique ou zonarde (dans les bois) – cagole (Marseille) – call-girl (par téléphone)  – caravelle (hôtels, aéroports) – chagasse – chandelle (sous un éclairage) – cocotte-minute à l’abattage) – crocheteuse de culottes – dessalée – échassière , entraineuse ou serveuse montante (dans les bars) – étoile filante ou ménagère (occasionnelle de fin de mois) – fenêtrière (depuis sa fenêtre) – fleur de bitume ou de tunnel – foutinette – gagneuse – galérienne (dans les galeries-marchandes) – gironde ou chouette jolie) – michetonneuse ou siroteuse (terrasses de cafés) – garage à bite – langouste (stations balnéaires) – leveuse – limace – louve –morue –  moule à pute – paillasse (bas de gamme) – pain de fesses – perle – pucelle de la rue Maubuée Paris) – raie – roubiou laide) – soulageuse professionnelle – tapineuse – T.G.V. (rapide) – traînard (sans souteneur) – tricoteuse (au domicile du client).

Équivalents d’activité de prostitution : affourchée sur ses ancres (racoleuse au repos) – aller au persil, aux asperges ou aux épinards – aller au trot – allumer la quitourne (à la fenêtre) – arpenter le bitume – carburer à l’huile de fesses – aspro  (rapport sexuel avec prostituée) – au Bois – battre le trimar – bitumer –

            Veuillez m’excuser si j’en oublie ; Bob, le dictionnaire d’argot, affiche une liste « nativement triée » de 483 synonymes !

 

 Quelques lectures :

Arlet J. : Toulouse à la Belle-Époque – Loubatières / 1999 
Béalu M. : La Poésie Érotique – Seghers / 1971 
 Boudard A. : La fermeture – Laffont / 1986     
 Bur G. :Police et prostitution – n° 546 Archives Municipales / 1997 
Camuzet : Les sonnets du docteur – Laboratoires Camuset                        Chalande Jules : Histoire des rues de Toulouse – Douladoure / 1919   
Chaumartin H. : Cythère – XVIII° siècle – Petite Histoire de la Médecine / 1952
Duby G. : Histoire de la France Urbaine – Seuil / 1981
Fourcassié J. : Toulouse, une ville à l’heure romantique – Plon / 1953
Grasso Silvana : Au XVIII° siècle, les nuits roses d’un Toulouse coquin – Archives Municipales – La Dépêche du  Midi / oct. 2016 
 Leblanc G. : La vie à Toulouse il-y-a 50 ans – Privat / 1978 
 Le Roy Ladurie : Montaillou, village occitan – Gallimard / 1976              Perret P. : Le parler des métiers – Laffont / 2002                                               Remplon L. – Viala A. : L’Auta / Février 2003    
Roby A. : La prostitution en Midi toulousain à la fin du Moyen Âge (XIII°- XVI° siècles / 2016 
Roby A. : La prostitution au Moyen Âge – Loubatières / 2025 
Rochelandet B. : Histoire de la prostitution du Moyen Âge au XX° siècle – Cabidita / 2009
Rouch J.-J.: Le Toulouse coquin à l’époque des maisons closes – La Dépêche du Midi / fév. 2005
 Salies P. : Les Toulousains et leur Garonne – Archistra / 1998 
Salies P. : Dictionnaire des rues de Toulouse – Milan / 1989       
Taverne Pierre : À la recherche du passé toulousain – La prostitution à Toulouse – Toulouse Information N° 145 / Nov. 1967                         Vignaux A. : Fillettes et capitouls – Lagarde & Sébille /1899   
Wolff Ph. : Histoire de Toulouse – Privat / 1972
Wolff Ph. – Dieuzaide : Voix et images de Toulouse – Privat / 1962       Zink M. : Un portefeuille toulousain – Édit. du Fallois / 2007

Et la complicité de François-Régis Gastou.

Jean-Paul Riffard (Toulouse – 2025) 

25-10-08 Eloge Mme DELGA

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Séance solennelle au conseil régional d’Occitanie à Toulouse 
Le mercredi   8 octobre 2025 à 17 h
Sous la présidence de madame la présidente Carole DELGA
et de monsieur le conseiller régional Serge REGOURD

Éloge de Madame la présidente Carole DELGA nommée présidente d’honneur de l’Académie du Languedoc

 par le docteur JF GOURDOU Secrétaire perpétuel

 

Chère Madame Carole DELGA Présidente de la Région Occitanie 

L’Académie du Languedoc vous remercie chaleureusement de votre invitation au conseil régional d’Occitanie de Toulouse qui honore beaucoup notre Académie du Languedoc, car en effet le nom d’Occitanie est équivalent du nom du Languedoc.

Votre invitation correspond aussi à une tradition, puisque c’est la troisième fois que l’Académie du Languedoc est reçue ici dans ce magnifique palais de région.
La première fois Le 28 avril 2011 par madame Nicole Belloubet, alors vice-présidente puis la deuxième fois le 4 juin 2015 par le président Martin Malvy.

Nous avons donc l’honneur, à votre tour, de vous installer présidente d’honneur de l’Académie du Languedoc. En effet vous en avez hautement toutes les qualités requises d’origine languedocienne et de bonnes qualités socio professionnelles.

ORIGINE LANGUEDOCIENNE

Sur le plan languedocien vous êtes en effet née à Toulouse le 19 aout 1971, toutefois vous êtes originaire de Martres Tolosane superbe village en circulade du milieu de la Haute Garonne, célèbre pour ses faïences.

ETUDES

Vous avez de bonnes études au lycée de Saint Gaudens puis à l’université de Toulouse avec un diplôme en sciences juridiques puis à l’université de Pau avec un master en droit des collectivités locales. En 1994 vous êtes reçue au concours d’attaché territoriale et en 2002 à l’examen professionnel de la discipline.

CARRIERE ADMINISTRATIVE

Vous optez alors pour une carrière administrative, tout d’abord de 1994 à 1996 fonctionnaire territoriale à la mairie de Limoges, chargée des monuments historiques et archéologiques, puis vous revenez chez vous de 1998 à 2005 comme Directrice Générale des services du syndicat des eaux de la Barousse du Comminges et de la Save

En 2005 vous intégrez le conseil Régional midi Pyrénées comme directrice adjointe de l’aménagement du territoire puis en 2007 du développement économique et durable.et en 2010 vous arrêterez votre profession au conseil régional.

CARRIERE POLITIQUE

Car dans le même temps au début vous allez débuter une brillante carrière politique
En 2004 vous adhérez au parti socialiste. 

MAIRE DE MARTRES TOLOSANE : Le 16 mars 2008 vous serez élue, maire de votre commune de Martres Tolosane. Vous serez réélue en 2014. Mais étant nommée la même année au gouvernement vous devez démissionner du poste de maire, tout en restant 1 adjointe, chargée de l’administration générale et des investissements.

VICE PRESIDENTE DU CONSEIL REGIONAL MIDI-PYRENEES

En 2010 vous avez été élue vice-présidente du Conseil Régional Midi Pyrénées sur la liste du président Martin Malvy chargée de la ruralité, des services publics en milieu rural et des technologies de l’information et de la communication. Vous démissionnerez pour respecter le cumul des mandats de ce poste lors de votre élection de députée.

DEPUTE DE LA HAUTE-ARONNE

Le 20 juin 2012 à juillet 2014 puis de 18 juillet 2015 au 20 juin 2017 vous avez été élue députée de la Haute Garonne de la 8e circonspection du Comminges-Saves.

SECRETAIRE D ETAT

De 3 juin 2014 au 17 juin 2015 vous serez nommée Secrétaire d’état, chargée du commerce de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire, dans les 2 gouvernements du premier ministre Manuel Valls I puis II, sous la présidence de Francois HOLLANDE. Vous avez été à l’origine de décrets créant la mention « fait maison » pour les restaurants et les métiers, valorisant l’artisanat, artisan d’art, artisan fromager, artisan cuisinier, avec un fond d’innovation sociale

PRESIDENTE DU CONSEIL REGIONAL D’OCCITANIE

En 2015 vous vous lancez pour la campagne des régionales de la nouvelle grande région, qui sera nommée alors l’Occitanie. Vous êtes élue le 13 décembre 2015 et vous assurez le passage à la grande région d’Occitanie, fusionnant Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, réunissant 13 départements, avec organisation générale des services, tout en conservant les 2 sites administratifs historiques, Toulouse et Montpellier et en soutenant la SNCF régionale

Vous créez de nouvelles instances régionales, le Parlement de la mer et celui de la montagne avec une Assemblée des territoires, représentant les anciens Pays de la nouvelle grande région d’Occitanie.

En 2021 vous êtes brillamment réélue avec votre liste « l’Occitanie en commun. »

PRESIDENTE DE L’ASSOCIATION DES REGIONS DE FRANCE
Le 9 juillet 2021 vous avez été élue, première femme à occuper cette fonction

Depuis cette date jusqu’à ce jour de 2025, vous présidez toujours avec succès la région Occitanie et en 2025 vous avez créé un parti politique « la République en Commun » pour participer à l’action politique régionale et nationale.

Vous êtes devenu une grande présidente de la région d’Occitanie aussi nous sommes très honorés de vous installer présidente d’honneur de l’académie du Languedoc.

Recevez votre diplôme d’honneur et d’appartenance. Félicitations.

.

 

25-10-08 Ouverture Région

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Séance Solennelle du Conseil Régional d Occitanie
de Toulouse

Mercredi 8 octobre 2025 17 h 30

Allocution D’ouverture
par Le Secrétaire perpétuel Le Dr JF Gourdou

 

Madame La Présidente de la Région Occitanie Carole DELGA,
Monsieur le Président Occitanie Livre et Lecture Serge Regourd,
Chères consœurs, chers confrères, chers lauréats,
Chers amis de l’Académie du Languedoc,

J’ai l’honneur d’ouvrir cette séance solennelle dans le cadre encore de notre 60e anniversaire ce qui fait depuis 1965 plus de 150 séances solennelles.

L’Académie du Languedoc est très honorée d’être reçu au Conseil régional d’Occitanie à Toulouse pour la troisième fois.

Nous en remercions chaleureusement la présidente Carole Delga qui nous avez promis de longue date d’être présente mais qui s’excuse pour aujourd hui étant retenue hors de Toulouse du fait du contexte national et international. Malgré son indisponibilité physique elle sera nommée comme promis, présidente d’honneur de notre Académie et j’aurai l’honneur de faire son éloge.

Nous remercions aussi chaleureusement monsieur le professeur Serge Regourd qui la remplace très bien par ses grandes qualités culturelles de président de la culture au conseil régional, de plus vous l’avez déjà remplacé lors de notre 60 eme anniversaire et vous êtes déjà des notre en tant que président d’honneur, présidant encore cette séance solennelle toutefois j’aurai l’honneur de faire aussi votre éloge qui n’avait pas été faite à notre anniversaire.

Nous allons avoir une tes belles séances avec 2 installations de marque et classiquement selon nos traditions 3 prix de notre large palette culturelle, en terminant comme d’habitude par le prix de musique avec sa sérénade.

Merci de votre attention bonne séance.

Dr JF Gourdou SP.

25-10-22 Allocution d’ouverture

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Séance solennelle en l’hôtel de la préfecture de  TOULOUSE.    MERCREDI 22 OCTOBRE 2025, A 17 H 30

Allocution d’ouverture
par le DR Jean-François Gourdou, secrétaire perpétuel

Monsieur Pierre-André DURAND,
Préfet de la région Occitanie et Préfet de la haute -Garonne,
Mesdames, messieurs les autorités, civiles, militaires et religieuses,
Chères consœurs, chers confrères, chers lauréats, chers amis, de l’Académie du Languedoc,
Mesdames, Messieurs,

Monsieur Pierre- André Durand, Préfet de la région Occitanie et Préfet de la Haute- Garonne, l’Académie du Languedoc est très honorée de votre invitation officielle, en ce jour de séance solennelle, dans ces magnifiques lieux chargés d’histoire de l’ancien Palais des Archevêques de Toulouse, dont en particulier celui de l’Archevêque Ministre Loménie de Brienne. Celui-ci embelli si bien Toulouse sous Louis XVI. Puis ce fut la Préfecture, depuis la Révolution de 1789, de tous les Préfets successifs, d’abord de la Haute- Garonne, avec le Conseil Général de la Haute- Garonne, dans ce magnifique amphithéâtre, puis maintenant uniquement de la Préfecture de la Haute- Garonne et de la Région Occitanie, réunissant les deux anciennes régions Midi -Pyrénées et Languedoc -Roussillon.

L’Académie du Languedoc vous remercie très chaleureusement de votre invitation, moi-même en tant que secrétaire perpétuel, Michel Carrier en tant que président, Francois Régis Gastou en tant que secrétaire général, et Louis Galtié, en tant que trésorier, les membres du Bureau, les 60 membres Titulaires, les 20 membres Associés et les Présidents d’Honneur que vous allez rejoindre.

 L’Académie Languedoc est née en 1965 à Paris et à Toulouse crée par les Toulousains de Paris, à l’image de l’Académie Française, car ses premiers parrains, cofondateurs, en étaient membres, en particulier, André Chamson, Jean d’Ormesson et Jean Mistler, originaire de la ville de Soréze, proche de Toulouse, secrétaire perpétuel de l’Académie Française pendant 12 ans jusqu’à son décès.

Sur le plan Toulousain vous allez continuer encore la tradition d’invitation des anciens Préfets, vos prédécesseurs, à l’époque Préfets de la Haute- Garonne, puis de la région midi- Pyrénées. Je citerai, Jacques Corbon, Jean Coussirou , Hubert Fournier, Jean Daubigny, Dominique Bur, Henri- Michel Comet, Pascal Mailhos , Marc Zarouati

Nous vous remercions encore de votre invitation qui s’inscrit dans le cadre pluri-culturel de notre Académie du Languedoc, comme nous allons le voir dans les prix de ce jour, dont celui de musique, des troubadours occitans, de la ville Palladienne de Toulouse, des Arts, des Lettres et des Sciences Académiques.                     Merci de votre attention.

25-11-08 In memoriam Maurice HOLIVIER

ACADEMIE  DU  LANGUEDOC

Obsèques de Maurice HOLIVIER
FRONTON, le 08 novembre 2025

In memoriam
par Jean-Paul ESCUDIER (57e fauteuil)

I. A ta mémoire, Maurice.

J’avais 18 ans lorsque mon père est mort dans sa petite ville de Fronton.

J’avais besoin d’un père de SUBSTITUTION.

J’ai trouvé ce père en toi Maurice, le frontonnais qui avait déjà réussi.

Et depuis 50 ans, j’ai suivi tous tes engagements :

Le Rotary, Les Vignerons du Frontonnais, l’Académie du Languedoc

Les Amis d’Oncopole dans le sillage de notre soutien indéfectible

A Philippe Douste-Blazy.

II. Nos deux cépages frontonnais ont grandi, muri et vieilli ensemble.

Avec ta mort Maurice, je suis devenu ta mémoire d’un long chemin de vie.

III. Je garderai à jamais le souvenir.

De ton regard bleu acier de réalisateur pragmatique.

De ton front large et haut de concepteur de projet.

De ton sourire retroussé en haut et à droite qui trahissait ta BONHOMIE

 

IV. Tu as mis en musique dans un CD tes deux amours : Toulouse et Fronton.

Je voudrais parler ici de ton dernier amour : celui de MAÉVA ton épouse.

Ta dernière épouse : celle de ta mort.

Elle a été ta lumière sur terre.

Elle sera désormais ton étoile dans le ciel.

 

V. Ton regard bleu Maurice s’est éteint pour toujours.

Mais la flamme de ton regard ne s’éteindra jamais.

 

VI. Dans peu de temps, je partagerai avec toi ce même cimetière de Fronton

Qui abrite déjà mes ancêtres et les tiens. 

Alors Maurice, un dernier mot d’adieu

A bientôt ou plutôt A DIEU, mais en deux mots,

puisque nous sommes dans une Eglise

 

VII. Merci à tous pour votre présence

A côté de celui que vous avez à la fois aimé, respecté et admiré.

25-11-08 Éloge funèbre Maurice HOLIVIER

ACADEMIE  DU  LANGUEDOC          

ELOGE FUNEBRE DE MAURICE HOLIVIER

 Décédé le mercredi 5 -11-2025   à Toulouse        

 Messe et inhumation à FRONTON
le samedi 8 novembre 2025 A 14 H 30

par le secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU 

TRES CHER MAURICE HOLIVIER   L’Académie du Languedoc est venue en nombre te rendre un vibrant hommage en ce jour de grand départ et présenter ses plus chaleureuses condoléances à ta chère épouse Maeva, ta fille, ta famille et à tous tes nombreux amis de Toulouse et de Fronton ta ville de naissance.

Cher Maurice tu avais été installé membre associé de l’Académie il y a 10 ans, le 9 février 2015, lors d’une superbe séance solennelle dans la salle des illustres du capitole, présidée par le maire de Toulouse premier adjoint Francis Grass qui fut aussi le même jour installé président d’honnneur.   Ton éloge fut prononcé par ton parrain l’académicien Michel Durand.                                                              Celui-ci ne pouvant être présent, s’excuse et t’adresse ses chaleureuses amitiés. Par la suite tu as été un grand académicien de l’Académie du Languedoc, toujours sympathique, toujours assidu à nos déjeuners du mardi et à nos séances solennelles et toujours plein de projets. Tu avais le don de présenter et de parrainer de nouveaux membres de qualité à l’Académie. Yannick Moya et sa chorale « les Males au Chœur de Tolosa » que tu avais connu le jour de ton installation, car il avait reçu le prix Nougaro le même jour, il t’adresse son hommage. Philippe Douste-Blazy ancien ministre, que tu avais bien connu lorsqu’il était maire de Toulouse en 2002, nommé alors président d’honneur de l’Académie. Marie- Laure son épouse,   installée membre associé le 28 Novembre 2019,   Christophe Ghristi, directeur artistique du théâtre du Capitole M.A.,le 30 novembre 2018, le Général Jean-Paul Raffenne le 12 décembre 2023 président d’honneur au capitole, Hugo Cavagnac, maire de Fronton, le 19 juin 2024 président d’honneur au capitole, Mathilde Galinier, pharmacienne à Toulouse, le 8 octobre 2025 M.A. au conseil régional. J’évoquerais encore trois grands souvenirs de ta chaleureuse présence.                                                           

Ta décoration  de notre ordre de  chevalier de l’ordre latin  ici à Fronton pour tes 90 ans avec la Confrérie des vins de Fronton,  puis le 60e anniversaire de l’Académie au Palladia en février dernier ou  tu as produit une magnifique séance de saxophone, ta spécialité, avec Dominique Rieux et Y. Moya. Enfin, il y a à peine 15 jours, ta présence avec Maeva à notre magnifique séance solennelle à la préfecture de Toulouse,   à l’invitation de Pierre- André Durand, préfet de la région Occitanie.

Aussi cher Maurice, toutes nos chaudes félicitations pour toutes tes actions dans l’Académie du Languedoc. Tu vas beaucoup nous manquer, mais nous nous souviendrons toujours de toi, de ton nom et de ton CV, qui sont gravés dans les annuaires de l’Académie.

A Dieu cher Maurice, fidèles amitiés, bon repos dans ta chère ville de Fronton.

25-10-25 Article affiches

« Affiches françaises d’hier et d’aujourd’hui »

 A partir de la communication de François-Régis Gastou, Secrétaire Général de l’Académie du Languedoc, présentée le  mardi 21 octobre 2025

Article de Maryse Carrier  (52e fauteuil)
————– 

 

C’est à la projection de 130 affiches françaises d’hier et d’aujourd’hui d’une grande richesse que les membres et associés de l’Académie du Languedoc ont assisté le mardi 21 octobre dans la grande salle du restaurant « Les Arcades » place du Capitole.

La plupart de ces affiches relèvent de la propre collection de notre Secrétaire Général, certaines ayant appartenu au musée de L’Affiche créé en 1983 par François- Régis, qui resta  directeur jusqu’en 2009…. Nous en retenons les plus emblématiques :

Si au 17e s. et au début  du 18e  s. les textes des premières affiches étaient rédigés en français ou en latin, en noir et blanc, sans pratiquement aucune illustration, la couleur apparut au 19es. avec notamment les premières affiches illustrées et aux couleurs intenses de l’imprimeur Jean-Alexis Rouchon, telle la surprenante « Au Paradis des Dames » (1850), « Vastes magasins de Nouveautés, connus pour vendre très bon marché » !

Mais l’affiche ne connaîtra un développement spectaculaire qu’à la fin du 19es., s’appuyant sur une nouvelle technique d’impression, la lithographie en couleurs, utilisée par Jules Chéret avec ses Cherettes (« Saxoléine » 1890), lequel adoptera même la chromolithographie comme certains grands artistes de l’affiche.

Deux peintres vont réaliser des affiches publicitaires parmi les plus connues de l’époque :

Alfons Mucha, d’origine tchèque et sa lithographie  « Luchon, la reine des Pyrénées » (1885) et surtout Henri de Toulouse-Lautrec, qualifié souvent du titre de « Père de l’Affiche » et adepte des lithographies : nous admirons  notamment son célèbre « Moulin Rouge » avec ses rares 3 titres rouges (1891) ainsi que « Le Divan japonais » (1892) mettant en scène Jane Avril, amie et muse du peintre ou  « Aristide Bruant  au Mirliton » (1893).

L’Affiche « La Dépêche de Toulouse » du peintre nabi Maurice Denis (1892)  nous informe que ce quotidien est même en vente à Paris !

Grande émotion devant l’affiche du « Cachou Lajaunie » qui voit le jour en 1880 à Toulouse chez le pharmacien Léon Lajaunie mais dont la production vient de prendre fin en 2025 !

La séduisante Misia Natanson, égérie et mécène des arts à la Belle Epoque, illumine l’affiche de Toulouse-Lautrec « La Revue blanche » (1895), célèbre revue souvent contestataire créée par les frères Natanson.

C’est l’affiche « JOB » ( 1896) pour le papier à cigarettes, qui va rendre célèbre à 26 ans la Toulousaine Jeanne Atché !

La fameuse affiche pour « Lorenzaccio » (1896), pièce de théâtre  d’Alfred de Musset, œuvre emblématique de Mucha, qui représenta surtout de jeunes femmes et surtout fer de lance du style Art Nouveau (avec ici ses arabesques) a incontestablement contribué au succès de Sarah Bernardt dans le rôle phare de cette pièce jouée au théâtre de la Renaissance.

De nombreuses et belles affiches éveillèrent en nous de succulents souvenirs de jeunesse et d’adolescence :

«  Biscuits de Lefèvre-Utile » (1897) signés encore Mucha, puis plusieurs affiches de Firmin Bonisset : « les Petits – Beurre Lu » (1897), au symbolisme surprenant et original, Lu étant en outre l’acronyme de Lefèvre-Utile, « le Chocolat Poulain » (1898) dont le slogan « Goûtez et comparez » rappelle le célèbre « Goûté et approuvé » qui donna « Lu et approuvé » et « Le Meilleur Biberon …est le Biberon Robert » du nom de l’inventeur du fameux biberon Robert, à l’origine du terme argotique qui désigne les seins des femmes !

Certaines affiches nous donnent des conseils thérapeutiques : l’excellente  « Liqueur du Père Kermann » (1900) « le plus grand hygiéniste du Siècle »,  nous rappelle que « …l’homme ne meurt que de vieillesse » et « le Thermogène » (Cappielo »-1907) guérit « Toux, Rhumatismes, Points de côté, etc.), Cappielo pouvant même se permettre en 1933 de faire la publicité du « Papier à cigarettes JOB » !

D’autre part plusieurs affiches sont des témoignages de la politique française de colonisation du 19e siècle en Indochine (« Exposition nationale coloniale de Marseille 1922 Indochine » signée Georges Capon) au « Maroc, en Tunisie… Dans un autre contexte c’est un tirailleur sénégalais (de nombreux tirailleurs sénégalais ayant combattu aux côtés des Français lors de la Seconde Guerre mondiale) qui en 1959 fera la publicité du Banania  avec la célèbre formule : « Y’a bon Banania » !

A la même époque « l’Exposition internationale Arts décoratifs et industriels modernes » à Paris en 1925 connait un succès public incontestable et marquera l’apogée de l’Art déco.

La création récente des chemins de fer au début du 19es., les grands transports maritimes furent mis en lumière sur des affiches explicites signées souvent Adolphe Mouron dit Cassandre : « Etoile du Nord Pullman » (1927), « Nord Express » (1927), « Lys Chantilly » (1930), « Etat » (1932) ou « Grande Navigation Paquet » affichant le paquebot du Maréchal Lyautey, toutes ces affiches étant réalisées dans le plus pur style Art déco avec leurs formes géométriques et pures  !

Dans les années 30 Charles Kiffer se spécialisa dans la représentation d’artistes, chanteurs tels que « Edith Piaf » et « Charles Trenet » (1936)… de même que plus tard Leo Kouper réalisera une magnifique affiche du génial Charlie Chaplin dans « Les Temps Modernes » (1954).

La révolution psychédélique née à San Francisco se diffuse en Europe entre 1965 et 1969  et cette contre-culture s’exprimera spécialement dans une grande production d’affiches, telles que l’affiche de concert des « Pink Floyd » (1966) d’un artiste anonyme ou celle du concert « The Doors » présenté par Bill Graham à San Francisco.

Quelques affiches font référence à des « indésirables », comme par ex. celle de Daniel Cohn-Bendit « Nous sommes tous  indésirables » (1968) ou l’affiche érotique « Emmanuelle » (1974) illustrée par l’allégorie du serpent et de la pomme, publicité pour le film homonyme qui suscitera bien des désaccords ! 

Si le « Larousse » (1972) de Folon est une affiche intemporelle,  par contre « Vedette » (1973)  avec la Mère Denis, de son vrai nom Jeanne-Marie Le Calvet,  est étroitement liée à l’invention récente de la machine à laver le linge.

En 1979 Foré qui fit ses études aux Beaux-Arts de Toulouse et qui obtint un prix de l’Académie du Languedoc, dont il était  membre et créateur de notre médaille,  rendit  hommage à un corps de métier particulièrement valeureux   « Les Pompiers de Paris » (1979)  qui « ne mesurent pas leur dévouement », tandis que Hervé Morvan intitule son affiche: « Un Père Noël pour tous les Français »… « avec le Secours  populaire français » (1980).

Peu à peu les affiches évoluent vers l’abstraction comme on peut le constater avec les 2 belles affiches « Bally » (1981) de Jacques Auriac ou le « Champagne de Castellane » (1988) de notre confrère François-Régis Gastou, qui nous présentera un florilège de ses propres créations : 3 affiches pour le « Grand Fénétra » (1980, 1981, 1984),  le « Cachou Lajaunie » (1981) « pour changer la vie », la « Journée du Maire, Fête des enfants » (1984), le « Théâtre du Capitole » avec le chanteur basque Iprintzina, « Enfants de Pub. Vive la Pub » (1993), le « Salon des Arts ménagers » (2008), « La Danse fait son cinéma » (2012) et la sublime « Toulouse, capitale wisigothique » (2019), pertinent clin d’œil à la sérigraphie de Raymond Moretti, « Les Wisigoths » (1997 « Galerue » des Arcades du Capitole)

Et tandis que l’agence Avenir s’affirme en 1981 comme « l’Afficheur qui tient ses promesses » avec une jeune fille disant « le 2 septembre j’enlève  le haut »  et « le 4 j’enlève le bas » ne montrant alors que le dos de la jeune personne… plusieurs publicités nous invitent à un mode de vie plus raisonnable et plus responsable correspondant à une certaine évolution sociétale : « Contrex… avec un régime raisonnable» (1982) de Bernard Villemot ou « Gardez la France propre » (1982) de Raymond Savignac et « Economie d’énergie, circulez sport »  (1989) de F.R. Gastou, tandis que les amoureux de Peynet se délectent toujours tendrement dans d’élégantes flûtes à champagne, mais « Champagne Perrier-Jouët » (1995) bien sûr !  

A la fin de la communication, François-Régis Gastou a distribué à chacun d’entre nous un petit dossier de 12 reproductions d’affiches format A5 cartonnées. Un grand merci à lui !  

Maryse Carrier  (52fauteuil).

22-10-2025 Conclusion

ACADÉMIE DU LANGUEDOC

SÉANCE SOLENNELLE DU 8 OCTOBRE 2025

Hôtel de la Préfecture
1 Place Saint-Etienne TOULOUSE

Conclusion par Michel CARRIER
Président de l’Académie du Languedoc

Monsieur le Préfet, Chers amis,

Comme toutes les Académies, l’Académie du Languedoc a un Secrétaire perpétuel qui, à ce titre, a ouvert la cérémonie solennelle de ce jour. Mais notre Académie est une association loi 1901 et, comme telle, elle possède un représentant juridique qui en est son Président.

C’est à ce titre et dans le cadre du partage de nos tâches que je vais conclure cette séance et vous remercier tous  d’avoir participé nombreux à cette cérémonie.

Tout d’abord un très grand merci à Monsieur Pierre-André DURAND, Préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne, qui a bien voulu nous inviter dans ce très bel hôtel de la préfecture et particulièrement dans cette belle salle du conseil anciennement dédiée aux débats du conseil départemental.

Un grand merci aussi à ses services qui ont toujours répondu avec clarté et promptitude à toutes nos interrogations. Je tiens à souligner ici l’efficacité de  Monsieur Jean-Baptiste MERIMEE, Chef de Bureau des Affaires Générales et de la Représentation de l’Etat pour toute l’aide qu’il m’a apporté dans la préparation de cette journée.

Merci aux différents Académiciens pour les éloges prononcés et encore toutes nos félicitations à tous les lauréats.

Maintenant place à la musique avec Valentin KRUGER.

 

 

22-10-2025 Fabienne HAVARD

ACADEMIE DU LANGUEDOC

Séance solennelle du 22 octobre 2025
Hôtel de la Préfecture – Toulouse

Prix de peintured’Art contemporain décerné à
Fabienne HAVARD

présentée par Sylvie ABADIE (59e fauteuil)

FABIENNE HAVARD Prix d’Art Contemporain 

Il existe des parcours qui ne cherchent ni l’éclat ni la reconnaissance, mais qui tissent, jour après jour, une œuvre discrète et nécessaire. Celui que nous honorons aujourd’hui est de cette trempe rare : un engagement au long cours, porté avec une opiniâtreté humble et une fidélité sans faille à l’art et à la transmission.

 

Formée à la philosophie et aux arts plastiques, Fabienne HAVARD a su faire de sa pratique un véritable lieu de pensée incarnée. En 2005, elle fonde L’Art Mutin du Temps qui Passe, dans le quartier de Rangueil à Toulouse, un espace de respiration où enfants, adultes et passionnés de tous horizons trouvent un refuge de beauté et de réflexion. Ce lieu, qui célèbre cette année ses vingt ans, incarne cette conviction profonde : la culture n’est pas une abstraction, mais une pratique vivante, accessible, presque familière.

Son engagement ne s’est pas contenté des murs rassurants de l’atelier. Pendant plus de dix ans, elle a animé des ateliers artistiques et philosophiques au centre pénitentiaire de Seysses, menant un combat nécessaire pour que l’art rétablisse un lien d’humanité même dans les lieux les plus fermés. Elle y a compris que la création demeure, toujours, un acte de liberté capable de redonner sens et dignité.

Cofondatrice des Arts en Balade à Toulouse, elle a tissé des ponts entre créateurs et public, rencontrant plus de cent vingt artistes toulousains. Car son œuvre ne se mesure pas seulement en créations tangibles, mais aussi en liens humains tissés dans la durée.

Son travail personnel autour du Rouleau Alchimique explore depuis 2013 le lien entre matière et esprit, entre image et symbole. Cette quête patiente a donné naissance à une œuvre monumentale de vingt-cinq mètres de long qui continue de s’écrire comme un geste ininterrompu, accueillant chaque instant, chaque rencontre, transformant le temps qui passe en matière poétique et spirituelle.

Vestale moderne, gardienne du feu de la culture, cette artiste poursuit depuis plus de vingt-cinq ans un chemin singulier où création et partage ne font qu’un. C’est cette simplicité même, cette opiniâtreté discrète et cette générosité sans calcul que nous célébrons aujourd’hui. Car les véritables bâtisseurs de culture sont ceux qui, dans la continuité du quotidien, font de l’art un acte de résistance douce et de la transmission un geste d’amour.