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19-06-2024 Eloge Christian LACOSTE

ELOGE DE CHRISTIAN LACOSTE « MAITRE PATISSIER »

EN QUALITE DE MEMBRE ASSOCIE

François-Régis GASTOU
Secrétaire Général de l’Académie du Languedoc

Salle des Illustres – Mairie de Toulouse
Mercredi 19 juin 2024

Monsieur le Maire,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les Académiciens et Membres Associés,
Monsieur,

Depuis un demi-siècle nous avons l’habitude de nous rencontrer entre amis autour de bons plats bien cuisinés et d’excellents desserts bien confectionnés. Mais c’est surtout vers la fin du mois de juin que nous nous retrouvions dans la cour Henri IV de l’hôtel de ville, à l’initiative du Comité des Fêtes de la Ville de Toulouse, pour l’ouverture des fêtes du Grand Fénétra, par la mise en perce du tonneau rempli d’un bon vin de Fronton et par le partage du délicieux« Gâteau du Fénétra »gâteau que vous avez créé ,Monsieur, en 1970

Vous êtes né à Mirande dans le Gers un an avant la fin de l’armistice de la seconde guerre mondiale. Dès l’âge de 16 ans, vous entrez en apprentissage car vous avez une véritable vocation, vous souhaitez devenir « Chef Pâtissier ».  En 1961, vous obtenez votre CAP avec mention Bien et en 1962, vous continuez vos études dans une école de perfectionnement en Suisse dans la ville de Bâle. Vous obtenez en 1963 votre Brevet de Compagnon et en 1966 votre Brevet de Maîtrise. Vous êtes maintenant « Maître Pâtissier ».

A partir de 1967, vous obtenez de nombreux prix assortis de « félicitations » comme le 1er prix Grand Marnier aux Sables d’Olonne et la médaille d’Argent Arpajon ; vous remportez à Paris l’un des plus importants concours en obtenant le 1er prix dégustation, celui de Charles Proust. Vous avez présenté au jury composé des plus grands pâtissiers, une de vos créations, le « Macaron aux pralinés » que vous appelez le « Saint Aubin ».

En 1969, vous réalisez une pièce artistique à l’occasion du 1er Vol de Concorde.

En 1970, dans le quartier de la place Dupuy à Toulouse vous prenez en gérance la pâtisserie qui va devenir pour de nombreux toulousains un repère de bonnes saveurs et pendant près de trente ans vous allez satisfaire les papilles des amoureux de la bonne pâtisserie.

En mars 1970, à la demande de monsieur Christian LACOMBE, alors Président du Comité des Fêtes de Toulouse, un concours est organisé par le Syndicat des Pâtissiers de Toulouse et de la Haute Garonne pour la création d’un gâteau à l’occasion des festivités du Grand Fénétra ; ces festivités d’origine ancienne avaient été relancées en 1963 par le maire de l’époque, Louis BAZERQUE.

Vous avez été retenu comme le meilleur pâtissier parmi l’ensemble des professionnels participants et conformément au cahier des charges votre gâteau fut baptisé :

« Gâteau du Fénétra – Spécialité de Toulouse ».

La forme allongée de ce gâteau, sa recette et quelques secrets de sa fabrication ont été révélés lors de votre démonstration devant les membres du jury.

C’est donc en juin 1970 pour l’ouverture des festivités du « Grand Fénétra » devant le président Christian LACOMBE et Pierre BAUDIS, maire de Toulouse, que fut partagé le premier « Gâteau du Fénétra », votre chef-d’œuvre gourmand.

Pendant plus de trente ans, comme le veut la tradition, vous découperez votre délicieuse création pour l’ouverture des fêtes traditionnelles de Toulouse à la fin du mois de juin, en présence des autorités toulousaines.

Aujourd’hui, votre gâteau est réalisé et confectionné dans de nombreuses pâtisseries de Toulouse et même au-delà dans la région, il fait le bonheur de nombreux gourmands à tous les moments de l’année et attise toujours avec ravissement les papilles gustatives des toulousains mais aussi des touristes.

Nous devons dire, sans trahir le secret de réalisation que cette pâtisserie a été créée comme un gâteau pouvant être transporté et pouvant voyager facilement. Il est réalisé à base d’une pâte sablée parfumée au zeste de citron, de jus d’orange et d’abricot confit, mélangée aux amandes et aux noisettes. C’est une partie de votre secret qui réveille toujours avec délice notre gourmandise.

Notre Compagnie, qui compte en général parmi ses membres, plutôt des écrivains, des scientifiques, des poètes ou des artistes, est heureuse aujourd’hui d’honorer l’artisan Maître-Pâtissier que vous êtes et a décidé à l’unanimité de vous nommer Membre Associé de l’Académie du Languedoc.

Nous vous adressons,Monsieur, tous nos plus sincères compliments.

 

 

Soirée du Président 24 juin 2024

ACADEMIE du LANGUEDOC

Soirée exceptionnelle du Président
lundi 24 juin 2024

Restaurant « Les Arcades »
Place du Capitole TOULOUSE

Les photographies de cet article sont de Julie COUSSE, photographe.
Merci à elle.

A l’invitation du Président Henri COUSSE, en remerciement à ses soignants et à ses amis.

 

Allocution du Président de l’Académie du Languedoc Henri COUSSE

Introduction de la soirée par l’Académicien Georges BENAYOUN,  (23e fauteuil) maître des cérémonies.

Prix de chirurgie Professeur Paul DAMBRIN au Professeur Camille DAMBRIN
éloge prononcé par le Dr Jean-François GOURDOU Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

Prix de médecine Professeur Philippe PINEL au Professeur Hugues CHAP
éloge prononcé par le Dr Jean-François GOURDOU Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

Prix d’anesthésie Professeur Louis LARENG à
l’équipe d’anesthésiologie de Rangueil : Drs J. CAZAVET et G. CEREA
éloge prononcé par le Dr Jean-Louis DUCASSE (27e fauteuil) et le Dr Claude RUDELLE (16e fauteuil)

Prix de musique et de chant DEODAT de SEVERAC à Jean-Michel BALESTER
éloge prononcé par Bernard POULHIES (29e fauteuil)

Séance solennelle du 19 juin 2024

Académie du Languedoc

Séance solennelle de printemps du 19 juin 2024
Salle des Illustres au Capitole
Toulouse

Allocution du Maire de Toulouse ou de  son représentant

Allocution du Secrétaire perpétuel Jean-François GOURDOU

Présidences d’honneur :

M. Sylvain BESANÇON Président de l’Association Nationale des Membres de l’Ordre National du Mérite (section 31)
éloge par Georges BENAYOUN 23e fauteuil

M. Hugo CAVAGNAC Maire de Fronton 31
éloge par Jean-François GOURDOU Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

M. Jean-Claude NOUGARET Secrétaire perpétuel de l’Académie Via Domitia Pierre- Paul RIQUET
éloge par Secrétaire perpétuel de l’Académie du Languedoc

Membre titulaire :

M. Michel PORTOLA Proviseur honoraire installé au 31e fauteuil
éloge par Alain DREUILHE 20e fauteuil

Membres associés :

M. Christian LACOSTE Maître pâtissier
présenté par François-Régis GASTOU Secrétaire général de l’Académie du Languedoc 54e fauteuil

Remise de Prix :

Prix de littéraire André SOUBIRAN à Thérèse BRIARD
présentation par Jean-François GOURDOU 1e fauteuil

Prix d’Histoire régionale Ernest ROSCHACH à Michel LUCIEN
présenté par François-Régis GASTOU 54e fauteuil

Prix de peinture Renée ASPE à Isabelle HASS
présenté par Georges BENAYOUN 23e fauteuil et Sylvie ABADIE Membre associée

Prix de sculpture Georges GUIRAUD à Bernard MAGES
présentée par Sébastien LANGLOYS 5e fauteuil

Prix d’art contemporain à Julien FOGAROLI
présenté par Bernard POULHIES 29e fauteuil

Véritables histoires corses

Véritables histoires corses

par Alain DREUILHE (20e fauteuil)

Mardi 21 mai, notre ami Alain Dreuilhe, académicien au 20e fauteuil a tenu en haleine, pendant plus d’une demi-heure, son auditoire, en racontant, souvent avec humour, des situations singulières réellement vécues en Corse, alors qu’il était directeur de cabinet du préfet de police dans les années 1990. Situations si singulières que certains ont cru qu’elles avaient été inventées pour la circonstance….
Il a conclu sa brillante prestation par cette boutade qui circule dans l’ile de beauté. « La corse est une île magnifique mais il faudrait l’immerger un quart d’heure, sauf que certains Corses seraient capables de tenir l’apnée 16 minutes ».

Pace e salute a tutti, bona fortuna, vi ringrazziu e viva corsica.

La poésie de Lotte KRAMER

Communication : « La poésie de Lotte Kramer »

par Nathalie Vincent-Arnaud (Membre associée)

 

Lotte Kramer, poète britannique d’origine allemande et juive, née Lotte Wertheimer à Mayence en 1923, s’inscrit dans la lignée de ces figures littéraires qui portent en elles la mémoire des remous d’une partie de l’Histoire du XXe siècle et des douleurs engendrées par celle-ci. Son parcours existentiel et artistique s’est édifié sur l’expérience du Kindertransport, système d’acheminement des enfants juifs d’Allemagne en Angleterre au début de la Seconde Guerre mondiale afin de leur permettre d’échapper aux exactions nazies et au destin funeste qui les attendait. Trouvant refuge dans des familles d’accueil, obligés de délaisser leur langue maternelle au profit de l’anglais, ces enfants ont enduré une fracture familiale et identitaire dont les résonances sont encore très fortes comme l’attestent les écrits, pour l’essentiel autobiographiques ou poétiques, de plusieurs auteurs eux-mêmes issus du kindertransport et installés au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Cet épisode particulièrement traumatique de la Seconde Guerre mondiale, auquel la dramaturge britannique Diane Samuels a consacré dans les années 1990 une pièce intitulée Kindertransport, est peu connu en France malgré la magistrale traduction française du roman Austerlitz de l’écrivain Winfried Georg Sebald en 2001. À travers un long processus d’anamnèse qui est celui du personnage principal, ce roman de Sebald met en scène cette « tentation du silence » (expression de George Steiner dans son ouvrage Language and Silence) à laquelle toute parole émergeant de l’horreur est exposée.

N’ayant jamais quitté l’Angleterre depuis son arrivée par le Kindertransport, tout d’abord peintre puis poète, ayant choisi l’anglais comme unique langue d’écriture, Lotte Kamer est l’auteur de plusieurs recueils rassemblés depuis en un seul volume, More New and Collected Poems (paru chez Rockingham Press en 2015), largement consacré au questionnement identitaire et au retour mémoriel aux origines. Jusqu’aux années soixante, le langage artistique de Lotte Kramer fut la peinture à travers de nombreux tableaux, natures et paysages. La venue à la poésie marqua pour elle la sortie du silence comme elle l’évoque notamment dans son poème « The Cry » (« Le Cri »).

Le caractère salvateur et donc nécessaire de l’écriture se nourrit de la relation intime que l’auteur entretient avec la peinture mais aussi avec la musique, deux arts abondamment représentés dans sa poésie aux côtés des voix et des figures du passé qui refont surface. Les aspects visuel, sonore, rythmique des poèmes rappellent à tous moments cette incorporation de ces langages artistiques qui offre un exutoire à une intériorité habitée tout à la fois par la mémoire du passé et par la jouissance d’un présent dont la poète sait goûter les saveurs. Les poèmes sont le témoignage d’une errance entre deux mondes, deux langues, deux cultures qui ont forgé l’identité, comme en témoigne notamment le poème « Bilingual » (« Bilingue »), riche d’images s’y rapportant.

À travers ma traduction française de 60 poèmes – l’œuvre complète en comptant plus de 400 – j’ai tenté d’en retrouver la petite musique intérieure, immanente, celle qui, au-delà des singularités de chaque idiome, fait entendre un rythme, un élan, une voix, fait surgir des images et des fulgurances. Tous ces éléments définissent une manière d’être au monde et de partager une expérience humaine fondatrice.

Voici les liens vers le site et la page Facebook d’Interstices d’éditions où cette traduction est parue : https://www.interstices-editions.fr/ ; https://www.facebook.com/people/Interstices-%C3%89ditions/100070156417713/?locale=ms_MY&_rdr).

Comme me l’a précisé Géraldine Schwarz, autrice de l’essai Les Amnésiques (2017) dans lequel Lotte Kramer et une partie de sa famille sont évoqués, le Mémorial du Camp des Milles à Aix-en-Provence a retracé le parcours de quelques familles juives allemandes ayant été internées aux Milles après avoir fui l’Allemagne nazie, dont la famille Wertheimer/Löbmann. Leur parcours ainsi que des photos se trouvent sur une grande stèle à l’extérieur. 

Note biographique

Née à Toulouse, j’ai grandi à Cahors, j’ai fait des études littéraires à Toulouse et à Montpellier et suis devenue enseignante-chercheuse en études du monde anglophone à l’Université Toulouse-Jean Jaurès où mes domaines de spécialité sont la stylistique, la traduction, ainsi que les relations entre musique, danse et littérature. Je suis également traductrice.

J’écris de la poésie depuis mon adolescence. Éprise des langues, de la littérature, je le suis aussi tout particulièrement de la musique et de la danse, que je pratique en amateur et qui influencent beaucoup mon écriture. Deux recueils de poèmes, Clés d’août (2020) et Déchants (2023) ont été publiés chez Interstices éditions et d’autres recueils sont en préparation. Mes poèmes ont été primés lors de plusieurs concours (Académie des Jeux Floraux, Société des Poètes Français, Prix de Poésie Thomas Sankara, Académie du Languedoc…).

Dans le domaine de la recherche universitaire, j’ai écrit une soixantaine d’articles et chapitres d’ouvrages, dirigé ou co-dirigé une vingtaine d’ouvrages et de numéros de revues. Je suis également co-autrice de deux ouvrages pédagogiques. Je dirige la collection Amphi 7 aux Presses Universitaires du Midi. Je fais partie du comité éditorial ou du comité scientifique de plusieurs revues universitaires.

J’ai traduit de nombreux poèmes ainsi que des essais sur la poésie, le style, le langage, la musique, parus dans des ouvrages et des revues universitaires. J’ai également traduit les ouvrages suivants :

. Kennaway, James, Mauvaises vibrations, ou la musique comme source de maladie : histoire d’une idée, Limoges, Lambert-Lucas, 2016, 240 pages.

. Joseph, John E., Saussure, Limoges, Lambert-Lucas, 2021, 808 pages.

. Poèmes choisis de Lotte Kramer, Bon-Encontre, Interstices éditions, 2024, 90 pages.

« Polar Observer » avec Jean-Louis ETIENNE

« DU LABORATOIRE AU PÔLE NORD »

Par Michel CARRIER1 (33ème fauteuil)

I Présentations :

  • Le CRITT2 Mécanique et Composites : structure de recherche et développement fonctionnant seulement sur contrats industriels.
  • La Mission Banquise : Observation scientifique de la banquise en se laissant dériver à bord d’un vaisseau polaire.
  • Jean Louis ETIENNE : Médecin aventurier explorateur.

II La capsule « POLAR OBSERVER » :

Problèmes à résoudre : mécaniques, thermiques, électriques, logistiques, marins et de survie.

Les réponses : des matériaux composites pour leur légèreté, leur résistance et leur capacité à régler le problème de l’isolation thermique. Un chauffage au gaz naturel, une fabrication d’électricité avec des panneaux photovoltaïques et une pile à combustible stockée dans une batterie au lithium. Une capsule flottante et démontable pour le transport en Antonov 74.

III Conception, calculs et fabrication :

Conception et calculs : Réalisation par conception assistée par ordinateur et calculs par éléments finis.

Fabrication : matériaux composites en structure sandwich à partir de tissus préimprégnés et polymérisation en autoclave.

IV Transport de la capsule :

Par camion jusqu’à TROMSOE (Nord de la Norvège) puis en Antonov 74 jusque sur la banquise avec passage par Longyearbyen au Spitzberg.

La capsule est montée sur la station russe BARNEO à 100 km du Pôle Nord puis est hélitreuillée par un hélicoptère MI8 russe jusqu’au Pôle.

V Les hommes :

Le 4 avril 2002 ils font le voyage Toulouse, Paris, Oslo, Longyearbyen (température moyenne –18°C). Le 8 avril, départ pour Barnéo (température moyenne –35°C) où la capsule est montée. Le 11 avril, installation au Pôle Nord puis, pour l’équipe technique, retour à Toulouse en empruntant le même itinéraire.

VI Les résultats :

Le 4 juillet 2002, Jean-Louis ETIENNE et Polar Observer sont récupérés par le brise-glace à propulsion nucléaire YAMAL  (75 000 CV).

Les résultats scientifiques sont nombreux et exploités par les laboratoires commanditaires.

  • Température et salinité de l’océan sous la banquise,
  • Mesure de l’épaisseur de la banquise,
  • Contrôle de la vie sous la banquise,
  • Mesure des rayonnements solaires
  • Température de la glace sur son épaisseur,
  • Relevé de pollens en suspension dans l’air,
  • Détection des aérosols.

Sans bouger, Jean-Louis ETIENNE et sa capsule ont parcouru environ 450 km en dérivant sur la glace.

1 Directeur du CRITT Mécanique et Composites de l’Université Paul Sabatier à TOULOUSE.
2 CRITT : Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie