19-02-2025 Prix Georges Mailhos à M.C. GUILMIN

ACADÉMIE DU LANGUEDOC

Cérémonie solennelle salle des Illustres au Capitole
Soixantième anniversaire de l’Académie
19 février 2025

Remise du Roman Georges Mailhos à
Marie-Chantal GUILMIN

par Maryse CARRIER (52e fauteuil)

C’est arrivé par hasard (Marie-Chantal Guilmin)

Marie-Chantal Guilmin, née dans le département du Tarn, est écrivain, journaliste, historienne et se consacra très tôt à l’écriture. C’est ainsi qu’elle publiera essai, parodie philosophique, thriller et plusieurs romans.

               Après la publication du roman biographique « Elsa Z » (qui est déjà entré dans les écoles), lui sera décernée en 2019 la médaille « Grand Or » pour le devoir de Mémoire, remise par Serge Klarsfeld et par l’ambassadrice d’Israël en France.

              Elle est sociétaire de la Société des Gens de Lettres et Chevalière de l’Ordre des Arts et Lettres.

              Enfin en 2024 elle publie le roman intitulé « C’est arrivé par hasard » (aux Editions Ramsay), livre commencé avec l’un des rescapés de la tragédie d’Oradour-sur-Glane, Robert Hébras, qui décèdera en 2023 pendant l’écriture de ce livre.

            Dans ce roman en grande partie historique vous décrivez le parcours de la tristement célèbre 2ème division blindée « Das Reich », qui le 8 juin 1944 quittera Montauban sur ordre d’Hitler pour rejoindre au plus vite la Normandie suite au débarquement du 6 juin. Après avoir drastiquement sévi tout au long de son déplacement, cette « unité d’élite » (qui comptait entre autres des Alsaciens – volontaires ou des Malgré-nous) atteindra bientôt Oradour-sur Glane, où le 10 juin 1944 est perpétré le pire massacre de civils commis par les forces allemandes en France : 642 victimes pour terroriser la population avec comme simple prétexte la recherche d’armes de maquisards, alors qu’aucun maquis n’avait vu le jour à Oradour.

             Pour retracer ces évènements si tragiques, l’auteur va insérer une fiction qui se conjugue habilement avec la grande Histoire. C’est ainsi que le drame d’Oradour sera vécu conjointement et avec une intense émotion par des élèves français et allemands lors d’un voyage scolaire organisé par leurs professeurs d’histoire respectifs, dans cette ville martyre pour laquelle de Gaulle en 1945 demandera « la conservation en l’état de ruines ».

            L’annonce de cette visite à Oradour fut parfois accueillie avec un certain ressentiment de la part des familles, d’un côté comme de l’autre de la frontière...

Les premiers émois, l’enthousiasme, la flamme de la jeunesse de deux  adolescents, Pauline, une jeune et jolie Française et Nikolaus, un jeune et bel Allemand, suffiront-t-ils alors à renverser toutes les barrières à la fois historiques, psychologiques et même sociales ?

            Rien n’est laissé au hasard dans votre roman et l’histoire – ô combien symbolique – d’une photo d’Hitler cachée dans une petite valise… illustrera un cas de conscience à valeur universelle.

           Inutile de décrire le bonheur immense de tous ces adolescents en apprenant qu’en 2014 l’Allemagne participa à hauteur de 390 000 euros à la restauration de la nouvelle église d’Oradour, qui s’élève « au dessus des ruines de l’ancien village », ces ruines que Robert Hébras – animé d’un exemplaire esprit de résilience – fit visiter sa vie durant, en tant que l’un des seuls 7 survivants – et précieux témoin – de cette horrible tragédie.

              Je tiens d’ailleurs à préciser que Marie-Chantal Guilmin donne tous ses « droits d’auteur pour la sauvegarde des murs d’Oradour par le biais d’Agathe Hébras, petite-fille de Robert Hébras… qui a repris aujourd’hui le flambeau de son grand-père au niveau de la Fondation du patrimoine du Limousin ».

           

             En conclusion je soulignerai le fait qu’au-delà d’une ode à la jeunesse, ce roman historico-psychologique s’inscrit sous le signe de votre inébranlable volonté d’un devoir de mémoire et d’un louable et inéluctable combat contre l’oubli.

            Mais n’oublions jamais les derniers vers en guise d’avertissement de Bertolt Brecht en 1941 dans sa fameuse pièce de théâtre intitulée : « La résistible ascension d’Arturo Ui », parabole sur la prise du pouvoir d’un certain Hitler.

Or a prévenu le dramaturge : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde », épilogue à ne surtout pas désapprendre, alors que le salut nazi a récemment et honteusement resurgi sur nos écrans, plongeant l’humanité dans la sidération…

                                           Marie-Chantal Guilmin ! C’est pour votre courageux et passionnant roman « C’est arrivé par hasard » que l’Académie du Languedoc est heureuse de vous attribuer aujourd’hui le Prix du roman Georges Mailhos !