19-02-2025 Prix Georges Guiraud à Véronique BRILL

ACADÉMIE DU LANGUEDOC

Cérémonie solennelle salle des Illustres au Capitole
Soixantième anniversaire de l’Académie
19 février 2025

Remise du Prix Georges GUIRAUD à
Véronique BRILL

par Sylvie ABADIE BASTIDE (59e fauteuil)


Résumer le travail de Véronique Brill n’est pas simple.

Comme elle le dit souvent elle-même : elle va là où le vent la porte. Au gré de ses hasards, au gré de ses contraintes, son inspiration vient, parfois pour du land art ou pour de la sculpture, parfois pour la photo ou pour une performance.

Autodidacte, elle a débuté sa carrière sur des plages, en levant des pierres, juste deux ou trois, qui, mises dans un équilibre subtil et sensible, suggèrent une silhouette qu’elle nomma Guetteur. Guetteurs montrés dans une première exposition en 1998 à La Ciotat – Le peuple des pierres. Puis à Marseille, Arles, Avignon, etc.

Le travail de Véronique Brill sur les volumes, ses sculptures, a ceci de particulier qu’elle n’utilise pas le burin ou le ciseau mais crée des assemblages jouant sur la sensualité et l’esthétique des formes.

Ses installations au bord des rivages l’ont amenée à croiser des jeunes gens des cités et sachant combien le travail sur l’équilibre peut être riche d’enseignements, elle les a entrainés, en une action sociale revendiquée, dans ses aventures créatives aboutissant à des performances où tout le monde est convié à lever des pierres (Les Guetteurs du siècle à La Ciotat en 1999, Les Guetteurs du millénaire à Marseille en 2000 et 2001, etc.).

Par la notoriété de ces événements, peu communs à l’époque, nombre de festivals l’ont invitée à réaliser des performances : le – Festival Itinérant Pyrénéen – Homenatge a l’Aigua (l’Hommage à l’Eau) du Pla de Beret jusqu’au Delta de l’Ebre, en Catalogne espagnole, de 2002 à 2004, à Ault en Picardie pour un film en 2005, etc..

En 2006, elle s’installe à Albi puis à Toulouse en 2012.

2014 elle participe à la 1ère édition des Arts en Balade à Toulouse, association qui organise tous les ans les ouvertures d’ateliers d’artistes dont elle est devenue une des chevilles ouvrières.

Tout en exposant aussi son travail de photographe, elle continue son travail de land artiste, invitée à Uzech les Oules en 2010 , en 2013 pour une série de performances avec le public sur les chemins de TransHumance, un des grands projets de Marseille Capitale Européenne de la Culture en 2013, en 2017 en Sicile, au Larzac en 21, etc.

En 2019, reçue en résidence, elle a réalisé des œuvres pérennes de grandes dimensions – L’Éclosion, ou la résilience des turbulences – installée dans la cour du lycée St Exupéry à Beauzelle, composée de 3 mâts réacteurs d’A380 et le nez d’un avion plus modeste, et – Et il devint oiseau – installée dans l’allée principale du lycée agricole Pierre Paul Riquet à Castelnaudary fait avec les tronçons d’un platane trouvés dans le parc.

 

Plus récemment son intérêt s’est porté sur la création de sculptures composées des douelles d’un très vieux foudre, récupéré à Moux dans l’Aude, et de fûts provenant du Médoc. La beauté des cristaux dont quelques douelles étaient recouvertes lui a inspiré ses TRACES D’IVRESSE, motivées par le désir de révéler la magie du processus naturel de vinification, dans le secret du ventre des fûts et du temps qui passe.

Comme à chaque fois, respectant ce qui lui est offert, les douelles ne sont pas retaillées, les cristaux sont protégés tout en conservant leur couleur naturelle, le bois est très soigneusement poli pour en exalter la sensualité. Puis érigées et assemblées les douelles sont ensuite installées sur des supports métalliques, ainsi mises en valeur en volumes aériens.

Ces Traces d’Ivresse ont notamment été montrées en 2023 dans la librairie Ombres Blanches en 2024 à Pin Balma lors des Arts Conjugués, dans le Château de Portets en Gironde et très récemment au Domaine de Rombeau à Rivesaltes.

– Toutes les œuvres de Véronique Brill, tant en land art qu’en sculpture ou en photo ne sont pas dans l’ordre de la conformité. Elles sont dans l’écart, dans l’échappée, dans le débridement du monde.

Tous chemins qui sont dans l’étrange territoire de l’art -*

*Jean-Louis Marcos – Journaliste, amateur et critique d’art